Dans la figure 2, la ligne continue est le profil calculé, basé sur un modèle mécanique
entièrement quantique, qui montre un bon accord avec les données expérimentales
(points rouges). Comme dans tout calcul quantique, la covalence implique une cohérence
de phase pour la fonction d'onde entre les molécules voisines, ce qui conduit à des
franges d'interférence représentées par la ligne ondulée continue. La ligne brisée est le
profil calculé, basé sur le modèle électrostatique classique, qui montre peu d’anisotropie
et ceci n’est pas du tout en accord avec les données.
Si les électrons des liaisons hydrogène ne sont pas dans une configuration prédites par le
modèle électrostatique classique, les protons doivent être aussi conformes à la
mécanique quantique. En d'autres termes, un proton pourrait être à deux endroits
(délocalisés) le long de l’axe O-H···O, reliant la liaison covalente de la molécule d'eau
‘donneur’, à la liaison hydrogène de la molécule ‘accepteur’.
Des chercheurs du FOM Institute for Atomic and Molecular Physics, l'Institut FOM pour la
physique atomique et moléculaire aux Pays-Bas, ont utilisé des pulsions ultrarapides de
l’ordre de la femto-seconde (10-15 s) de lumière infrarouge pour exciter et sonder la
vibration de la liaison covalente O-H dans l'eau liquide, de manière à capturer la
délocalisation du proton entre les atomes d'oxygène des deux molécules d'eau voisines
[9]. Ils ont trouvé que l'énergie requise pour cette délocalisation est étonnamment basse,
correspondant à moins de 20% de l'énergie de dissociation de la liaison O-H de la
molécule d'eau dans la phase gazeuse.
Cela est dû à l'interaction anharmonique – celle dans laquelle la force de rappel n'est pas
proportionnelle au déplacement - entre la vibration d'élongation O-H de la liaison
covalente et la liaison hydrogène. En utilisant les calculs de la mécanique quantique des
fonctions d'ondes vibratoires, les chercheurs ont pu reproduire le spectre d'absorption
expérimental. Un diagramme de potentiel le long de l’axe O-H···O, basé sur le modèle,
qui est présenté dans la Figure 3.
Figure 3 - Schéma du potentiel le long de l’axe O-H···O, avec les trois fonctions d'onde
vibratoire de la plus basse énergie (v = 0, 1, 2), dans le potentiel pour R (distance O-O)
égal à 2,7 Å
Le proton excité se trouve simultanément à une distance de la liaison d'équilibre O-H de
l'oxygène de gauche dans O-H···O, et à la même distance de l'oxygène de droite (dans les
deux puits de potentiel), d’une part, et une diminution d'énergie pour l'état excité (v = 2)
comme si la liaison hydrogène n'existait pas (comme dans la phase gazeuse), d’autre
part. Par conséquent, ceci augmente également la probabilité d‘un transfert de proton.
L'énergie d'excitation à l'état délocalisé v = 2 de 6.500 cm-1 (0,82 eV) est inférieure à
20% de l'énergie de liaison d'O-H qui est de 38.750 cm-1 (4,8 eV).
Des mesures de la distribution quantitative du mouvement des protons
Récemment, des chercheurs dirigés par le physicien George Reiter à l'Université de
Houston, au Texas, ont obtenu une preuve directe de la cohérence quantique à la fois par
la supraconductivité des protons de l'eau confinée dans les nanotubes de carbone et
dans d'autres nanoespaces. Ils ont utilisé la diffusion profondément inélastique des
neutrons à l'installation ISIS ddu laboratoire Rutherford Appleton à Oxford, au Royaume-
Uni, pour mesurer la distribution de la quantité de mouvement des protons dans les