Enfance et violence:
le miroir des médias
Vers une culture de l’immaturité
Dominique Ottavi1
Il est difficile aujourd’hui de parler de l’école sans
évoquer presque automatiquement le problème
de la violence; le syntagme de la «violence des
jeunes» est entré dans le langage courant même
s’il est porteur de généralisations abusives. La
polémique est proche, lorsqu’on essaie de savoir
quelle réalité cet usage recouvre: les jeunes
sont-ils plus violents qu’auparavant, ou s’agit-il
d’un fantasme sécuritaire des adultes? Ce type
de polémique empêche de voir qu’une préoccu-
pation diffuse peine à s’exprimer. La reconnais-
sance du fait est implicite dans la pratique offi-
cielle du classement des établissements sco-
laires par le ministère de l’éducation qui manifes-
te une inégalité dans les conditions de travail. Or,
ce ne sont pas les professeurs ni les moyens qui
font la différence; c’est, avant tout, la violence
qui y règne, l’atmosphère de violence plutôt.
Cette violence n’est pas toujours physique, elle
peut être verbale, virtuelle, feinte, ou résider dans
des comportements que l’on qualifie d’«incivils».
Ces comportements révèlent un changement
essentiel: les signes de la violence, un style vio-
lent, sont devenus la norme des rapports
sociaux.
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1 Dominique Ottavi est maître de conférences en Sciences de l’éducation
à l’Université de Paris 8, elle a notamment publié, avec Marie-Claude
Blais et Marcel Gauchet Pour une philosophie politique de l’éducation,
six questions d’aujourd’hui, Paris, Bayard, 2002