SOL 6652 Sociologie de l’éducation Plan de cours Hiver 2017 Le cours a lieu le mardi de 9h à 12h (salle C-5117 située au Pavillon Lionel-Groulx, 3150, rue Jean-Brillant, 5e étage) Professeur : Christian Maroy, professeur titulaire, titulaire de la chaire de recherche du Canada en politiques éducatives, www.crcpe.umontreal.ca) Département d’administration et fondements de l’éducation Faculté des Sciences de l’éducation Université de Montréal Pavillon Marie Victorin, local A 520 Tel 343 5615 Courriel : [email protected] Réception des étudiants sur rv. PRESENTATION DU COURS La sociologie de l’éducation est un des champs « classiques » de la sociologie, investie depuis longtemps par la sociologie fonctionnaliste (Durkheim, Parsons) comme par la sociologie critique (marxiste et bourdieusienne). Cependant, avec l’extension de la scolarisation primaire et secondaire à l’ensemble des jeunes, la multiplication des organisations éducatives et la complexification des parcours scolaires, avec l’individualisation croissante des rapports sociaux et la fragmentation des sources de légitimité culturelle, avec la mondialisation, les transformations du marché du travail et des modes productifs, les structures de scolarisation, les politiques éducatives comme les représentations et logiques d’action des acteurs (élèves, enseignants, parents) au sein des systèmes d’enseignement se sont profondément transformées. Parallèlement, les interrogations de la sociologie de l’éducation se sont considérablement élargies et renouvellées, si bien que cette sociologie « classique » tend à présent à se diversifier vers des objets de plus en plus nombreux : différents niveaux d’enseignement depuis l’éducation pour la petite enfance jusque l’enseignement post-secondaire et des adultes-, politiques éducatives, stratégies et logiques des organisations éducatives, pratiques éducatives des familles, construction des expériences et identités subjectives des élèves/étudiants etc. De plus, la sociologie de l’éducation se donne de nouveaux objets au carrefour de sociologies voisines (urbaine, du travail, des organisations, de la déviance, sociologie politique) et tire parti des évolutions paradigmatiques de la sociologie en général : attention à l’acteur et à la pratique, aux processus par delà les structures, à la complexité et à la pluralité des niveaux d’action sociale (du global au local). Si des questions présentent une permanence (sources des inégalités, mobilité et reproduction sociale, rapport école /économie, ancrage des savoirs scolaires dans la société), de nouvelles questions portent à présent sur l’intérieur de la « boîte noire » du système scolaire, sur les programmes et curriculums scolaires, sur les interactions pédagogiques, sur les marges de jeu, stratégies, identités et expériences des acteurs 1 (parents, élèves, professionnels), sur les organisations et acteurs institutionnels, enfin sur les politiques publiques et l’action publique qui s’exerce à l’endroit des systèmes d’enseignement. Plus récemment, dans un contexte de mondialisation, de « nouvelles » politiques éducatives tendent à apparaître générant des interrogations sur la gouvernance et la régulation de l’enseignement, par la compétition, l’évaluation standardisée et les « nombres ». 1. OBJECTIFS SPECIFIQUES Le cours a pour objectif de • Introduire aux théories de base de la sociologie de l’éducation et de la formation • Introduire à la recherche actuelle en socio de l’éducation et à certaines des questions clés d’une sociologie de l’école • Développer une capacité de problématisation sociologique à propos d’enjeux contemporains de l’éducation et de la formation : inégalités, rapports des familles à l’école, rôle des établissements scolaires, expérience scolaire des jeunes, politiques scolaires d’aujourd’hui, l’évolution des curriculums scolaires, l’influence de la mondialisation sur l’éducation, les marchés scolaires … 2. CONTENU DU COURS ET CALENDRIER DES ACTIVITES SEANCE CONTENU DU COURS LECTURE POUR LE SEMINAIRE 1 10 JANVIER Introduction Présentation du cours, des travaux et de l’évaluation Présentation des étudiants répartition des présentations de textes entre les étudiants Notions de base : • reproduction sociale et inégalités scolaires • les conceptions de la justice scolaire 2 Genèse de l’institution scolaire et fonctions Vincent, Guy, Lahire B. et Thin D. (1994) « Sur 17 JANVIER. sociales de l’éducation l’histoire et la théorie de la forme scolaire », in - les différentes formes de socialisation : Vincent, Guy (dir), L’éducation prisonnière de la forme scolaire, forme familiale, forme de forme scolaire ? Socialisation et scolarisation dans l’apprentissage, tutorat…. les sociétés industrielles, Lyon, Presses - la genèse de la forme scolaire Universitaires de Lyon, pp 11-50 (ISBN: 2-7297- forme scolaire et diversité des systèmes 0498-1; 227 pages) scolaires - fonctions sociales de l’éducation et de l’école - société d’individus et éducation - 2 3 24 JANVIER Transformation des systèmes éducatifs et permanence/déplacement des inégalités sociales en éducation CSE. (2016). Remettre le cap sur l’équité. Rapport sur l'état et les besoins de l'éducation 2014-2016. Québec: Conseil Supérieur de l'Education. chapitre 3 27-61 Kamanzi, P. C., & Doray, P. (2015). La démocratisation de l'enseignement supérieur au Canada: la face cachée de la massification. Canadian Review of Sociology/Revue canadienne de sociologie, 52(1), 38-65. doi: 10.1111/cars.12060 Mc Andrew, M., Ledent, J., Murdoch, J., Ait-Said, R., & Balde, A. (2013). Le profil et le cheminement scolaire des jeunes québécois issus de l'immigration au secondaire : un portrait statistique. Cahiers québécois de démographie, 42(1), 31-55. 4 31 JANVIER L’évolution de l’analyse sociologique des inégalités 1 Les analyses « classiques »: le débat Bourdieu/Boudon 5 7 FEVRIER L’évolution de l’analyse sociologique des inégalités 2 critiques du « déterminisme sociologique » et retour de l’acteur L’ouverture de la « boîte noire » de l’école : mise en question des pratiques scolaires Bourdieu, Pierre (1966) La transmission de l’héritage culturel, in DARRAS, Le partage des bénéfices, Paris : Minuit, pp 384-­‐421 Boudon, Raymond (2001) Les causes de l’inégalité des chances scolaires, in Boudon R., Bulle N. , Cherkaoui, M. , Ecole et Société. Les paradoxes de la démocratie, Paris : PUF, coll. Sociologies, pp 151-­‐ 170 (ISBN : 2130504701; 297 pages) Mehan Hugh (1992) Comprendre les inégalités scolaires : la contribution des approches interprétatives, in Forquin J.C. (1997) Les sociologues de l’éducation américains et britanniques, Paris : De Boeck Universités, pp 257270 Perrenoud, P. (1992). La triple fabrication de l'échec scolaire. L'échec à l'école, échec de l'école? B. Pierrehumbert. Lausanne, Delachaux et Niestlé: 84102. 6 Les acteurs : les familles 14 FEVRIER Pratiques éducatives et stratégies de scolarisation selon les classes sociales - rapport à l’école et à la scolarité dans les milieux populaires et établissements « sensibles » Lahire Bernard (1994), Les raisons de l’improbable, Les formes populaires de la “ réussite ” à l’école élémentaire in Vincent Guy, L’Éducation prisonnière de la forme scolaire ? Lyon, PUL, 73106 (ISBN: 2-7297-0498-1; 227 pages): Périer, P. (2010). L'ordre scolaire négocié. Parents, élèves, professeurs dans les contextes difficiles. . Rennes: Presses universitaires de Rennes., chapitre III L’investissement scolaire des familles populaires. Le Pape M. C. & A. Van Zanten (2009), Les pratiques éducatives des familles, in Duru-Bellat, M et A. Van Zanten, Sociologie du système éducatif, les inégalités scolaires, (p. 185-205)Paris : PUF. 3 7 Mondialisation et « nouvelles » politiques 21 FEVRIER scolaires : néolibéralisme et régulations « post-bureaucratiques », marchandisation, régulation par les résultats, privatisation Mondialisation , Economie de la connaissance et mise en cause de la forme scolaire ? 8 28 FEVRIER Marché scolaire et choix de l’école par les parents Film « marché scolaire » « Les enfants du palmarès » Les stratégies de choix des parents Ball, S. J. (1998). Big Policies/Small World: An Introduction to International Perspectives in Education Policy. Comparative Education, 119130 Maroy, C. (2008), Vers une régulation postbureaucratique des systèmes d’enseignement en Europe ? Sociologie et Sociétés, vol. 40, n°1. Robertson*, S. L. (2005). Re‐imagining and rescripting the future of education: global knowledge economy discourses and the challenge to education systems. Comparative Education, 41(2), 151-170. doi: 10.1080/03050060500150922 Felouzis, G., Maroy, C., & van Zanten, A. (2013). Les marchés scolaires. Sociologie d'une politique publique d'éducation. Paris Presses universitaires de France. Chapitre 3 Choisir son école 9 7 MARS Les effets sociaux des marchés scolaires Marché scolaire, ségrégation sociale et inégalités Effets sociaux et scolaires de la ségrégation scolaire Rompré, G. (2015). La mixité sociale à l'école . Rapport CSE-CNESCO Conférence de comparaisons internationales (p. 85). Québec Paris: Conseil supérieur de l'Education & Conseil national de l'Evaluation du système scolaire de la France. Maroy, C & Kamanzi, C. (2016, soumis) Marché scolaire, Stratification scolaire et inégalités d’accès à l’enseignement universitaire, (soumis à Recherches socio-graphiques) 10 14 MARS Curriculum et sociétés : sociologie du curriculum et transformation des savoirs scolaires Mangez, E., & Liénard, G. (2008). Curriculum (Sociologie du). Dans A. Van Zanten (dir.), Dictionnaire de l'éducation (p. 103-107). Paris: PUF. Bernstein, B. (2007 (1975)). Classe et pédagogies : visibles et invisibles. Dans J. Deauvieau & J.-Y. Rochex (dir.), Les sociologues, l'école et la transmission des savoirs (p. 85-112). Paris: La Dispute. Young, M. (2006). Curriculum studies and the Problem of Knowledge; Updating the Enlightment ? Dans H. Lauder, P. Brown, J.-A. Dillabough & A. H. Halsey (dir.), Education, Globalization & Social Change (p. 734-741). Oxford: Oxford University Press. 11 21 MARS Discussion du projet de travail de session Proposition de travail de fin de session à remettre pour le 15 mars sur Studium 12 28 MARS. Les acteurs : les élèves - sociologie de l’expérience scolaire les rapports aux savoirs des élèves Discussion le 21 mars, (rv à prendre) Dubet, F., O. Cousin, et al. (1991). "Sociologie de l'expérience lycéenne." Revue française de Pédagogie 94: 5-12. Bautier, E., & Rochex, J.-Y. (2007). Apprendre : des malentendus qui font la différence. Dans J. Deauvieau & J. P. Terrail (dir.), Les sociologues, l'école et la transmission des savoirs (p. 227-241). Paris: La Dispute.. 4 13 4 AVRIL 30 AVRIL Les enseignants : nouvelles politiques scolaires et évolution du travail enseignant Remise des travaux finaux via studium (date à confirmer) Lessard C (2006), « Le débat américain sur la certification des enseignants et le piège d’une politique éducative evidence-based », Revue française de pédagogie, n°154, p. 19-31. Osborn, M. (2006). Changing the context of teachers’ work and professional development: A European perspective. International Journal of Educational Research, 45(4-5), 242-253. • 5 3 PEDAGOGIE ET DEMARCHE La première partie de chaque cours sera basé sur des présentations par le professeur ; la seconde partie à des discussions de textes sociologiques. Un étudiant introduit la discussion en présentant une synthèse du/des texte(s) et deux ou trois questions de discussion ouvertes par le texte lu (20 min). (à partir de la séance 4 ou 5) Une première lecture des textes est effectuée individuellement au préalable par tous les étudiants (attention, texte de la séance 8 à lire après la séance) Site Studium à consulter et suivre tout au long du cours. 4 LECTURES Des lectures obligatoires sont associées aux séances : les étudiants sont invités à en faire une première lecture avant la séance. Méthodologie de synthèse du texte et introduction de la discussion : Grille de lecture : Résumé de la thèse et de l’argument : - cerner la thèse développée par le texte et ses idées principales - résumé le fil conducteur et les différentes articulations de l’argumentation en distinguant l’essentiel de l’accessoire Cadre théorique : - résumer le sens des principaux concepts, postulats, hypothèses ou questions qui soutiennent la thèse et la démonstration Méthodologie (si le texte a une nature empirique) - sur quelle démarche méthodologique le texte se fonde-t-il ? quelles données ou matériaux ont servi à la rédaction de ce texte ? - sur quels faits empiriques le texte se base-t-il ? Résumé des principales conclusions Introduction de la discussion (pistes possibles) - situer la pertinence de ce texte en regard de l’objet du cours - formuler des commentaires critiques, cad formuler des questions sur le texte, sa thèse ou ses arguments, sa méthodologie le cas échéant. Souligner ses points forts ou faibles - formuler une réflexion (sous forme de question, d’hypothèse, d’une « idée ») inspirée par le texte, en lien avec la thématique du cours - faire des liens avec d’autres lectures ou avec les thèmes des cours précédents. 5 EVALUATION 1) Présentation orale et introduction à la discussion d’un texte (30 points) dont le compte rendu écrit est remis au professeur (via Studium, une semaine maximum après la séance) : maximum 5 pages (times new roman 12, un interligne et demi, 2,5 cm de marges) 2) Travail individuel (70 points dont 10 points pour la présentation du plan préliminaire et d’une bibliographie de base - Travail intermédiaire à remettre sur studium pour le 16 novembre) 6 a. Le travail peut être de deux types. Primo (travail de type A), il peut porter sur une question/sujet/enjeu social/politique, lié à l’éducation ou à l’enseignement, que l’étudiant souhaite problématiser sociologiquement. Les thèmes du plan de cours et la biblio sont un point de départ possible, nullement limitatif. Secundo (travail de type B) , le travail de recherche peut aussi être un travail d’analyse critique autour d’un courant de recherche identifié (ex. les théories de la résistance), d’un concept clé, ou d’une problématique existante en sociologie de l’éducation (ie l’analyse de l’effet de composition du public scolaire) b. Travail de type A. Si vous partez d’un enjeu ou d’une question portant sur « des faits sociaux » (une réalité empirique liée à l’éducation, ici ou ailleurs). Le but du travail de recherche est de présenter un début de problématisation de la question en se basant sur deux sources principales : la littérature sociologique (dont le cours et ses lectures), une littérature «informative » sur l’enjeu ou la question de départ et, si possible et nécessaire (pour un enjeu émergent par ex.), une interview exploratoire réalisée avec un informateur pertinent. Le travail est donc pour partie basée sur un travail de synthèse de la littérature, que vous mobilisez pour « travailler » l’enjeu ou la question de départ que vous vous posez. Il s’agit donc de « construire un objet sociologique », en rompant parfois avec certaines de vos représentations de départ sur un sujet (par ex. les relations écoles/familles). Le travail de problématisation s’appuie sur une présentation de la littérature sociologique mobilisée, en mettant l’accent sur les problématiques et cadrages théoriques présents dans cette littérature et en spécifiant, le cas échéant, la problématisation que vous privilégiez (si plusieurs problématisations possibles). Il s’agit ensuite de mettre en œuvre cette problématique (répondre à la question, appuyer/discuter une ou plusieurs hypothèses interprétatives, en réfuter une autre etc) en partant de votre information empirique sur le sujet/question traitée. Le travail comportera donc deux parties : 1) présentation d’une problématique sociologique, nourrie de la littérature 2) une application/mise en œuvre analytique de cette problématique à l’enjeu ou à la question choisie (ex décrochage scolaire). c. Travail de type B. Si vous présentez un concept, ou un courant de recherche, un auteur ou une problématique de recherche (par ex la sociologie du curriculum, l’ethnométhodologie en éducation), il s’agit d’abord de constituer une bibliographie pertinente ; ensuite de présenter ce courant ou cette problématique dans ses concepts, théories, résultats essentiels ; également, d’en montrer le contexte social et intellectuel d’apparition ; enfin, d’en faire une discussion critique d. Ce travail peut prolonger la présentation orale faite au cours Le travail final devra être remis pour la fin du cours (date à préciser) . Le travail final doit comporter au maximum 15 pages (times new roman 12, un interligne et demi, 7 marges de 2,5 cm ; minimum 12 pages) incluant une table des matières et les références (sans les annexes).. Une présentation de votre projet de travail de recherche est obligatoire (à poster sur Studium pour le 16 novembre) : elle comprendra 1) enjeu, question, concept théorique, courant de recherche abordé et type de travail envisagé 2) une biblio de départ 3) une esquisse de plan . Une rencontre du professeur sur ce plan est obligatoire. (deux pages maximum) Le travail final fera preuve de clarté, de concision et de précision. Il sera rédigé à la 3ème personne. Il y aura une page-titre, une table des matières, une introduction, un développement, une conclusion, une bibliographie et des annexes au besoin. (à poster sur Studium, date à préciser) Les critères d’évaluation seront les suivants : - compréhension des idées et des concepts/théories contenus dans les textes lus - capacité à les organiser, les comparer, les discuter et mettre « en débat » - capacité à présenter ces textes et cette discussion dans une présentation structurée intellectuellement, à partir d’un « fil rouge »; qualité, cohérence, originalité de ce « fil rouge » - capacité d’intégrer des éléments théoriques et conceptuels avec des données empiriques, dans une analyse cohérente et consistante. - capacité à mettre en œuvre la problématique sociologique (cohérence, rigueur conceptuelle, à discuter de façon critique les données/résultats empiriques en lien avec les concepts) (type A surtout) - capacité à discuter les théories de façon critique (type B) - écriture : bien structurée, claire et « professionnelle ». 8