Le Banquet ou l’éloge de l’amour
De Platon
Mise en scène Christine Letailleur
Théâtre• grande salle • 2h00
Tout public : mercredi 9 avril • 20 h30
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Le Banquet ou l’éloge de l’amour
De Platon
Traduction : Luc Brisson
M.e.s. Christine Letailleur
Distribution :
Phillipe Cherdel : Phèdre
Julie Duchaussoy : Diotime
Christian Esnay : Aristophane
Manuel Garcie-Kilian : Agathon
Jonathan Genet : Socrate
Simon Le Moullec : Pausanias
Elios Noël : Alcibiade
Lumières : Stéphane Colin
Son : Manu Léonard
Assistante à la scénographie : Bénédicte Jolys
Assistante à la mise en scène : Jessica Batut
Christine Letailleur est artiste associée au Théâtre National de Bretagne – Rennes.
Production déléguée : Théâtre National de Bretagne – Rennes
Coproduction : Fabrik Théâtre / Compagnie Christine Letailleur ; La Passerelle / Scène nationale de
Saint-Brieuc
Création à la Passerelle – Scène Nationale de Saint Brieuc le 8 novembre 2012, dans le cadre du
festival Mettre en Scène 2012
Source du dossier
- Texte : Dossier « Le banquet ou l’éloge de l’amour »
- Visuels: Yves le Moullec et Caroline Ablain
LE BANQUET
Rédigé vers 385 av. JC,
Le Banquet
est une œuvre de la maturité. Platon, alors âgé d’une
quarantaine d’années, a déjà composé plus d’une dizaine d’écrits.
Le Banquet
est un dialogue sur
l’Amour et le Beau ; le Beau étant l’objet de l’Amour des hommes et la cause de leurs transports.
Notons qu’Eros, signifie, ici, l’amour au masculin. On ne peut saisir l’essence de cette oeuvre qu’au
regard de l’éducation grecque ; en effet, celle-ci, visait à faire des citoyens, des êtres bons et beaux –
beaux de corps et d’âme.
Le Banquet
nous montre la place de l’amour, non seulement dans
l’éducation, mais aussi, dans l’initiation à la philosophie. Loin d’être un simple dialogue,
Le Banquet
est digne d’une œuvre théâtrale : il est composé d’un prologue et de trois parties qui épousent une
progression dramatique avec, pour certaines, des coups de théâtre. De plus, Platon harmonise la
structure de son œuvre de dialogues et de discours plaisants, qui ressemblent à de vraies tirades.
Par cette ingénuité, il nous fait suivre, pas à pas, le cheminement de sa quête, de sa réflexion
philosophique : partir de l’expérience sensible pour accéder à l’intelligible ; partir de la beauté
charnelle pour accéder à l’Idée du Beau… Le texte est également ponctué d’intermèdes drôles. On se
souviendra du fameux hoquet d’Aristophane, qui l’empêche de prononcer son discours au moment
où il doit s’exprimer, ou encore de la danse du bel Agathon qui met l’assemblée en émoi…
Texte, Jacques Lacan a dit :
« Il semble que quelqu’un qui lit
Le Banquet
pour la première fois, s’il n’est pas obnubilé par le fait
que c’est un texte d’une tradition respectée, ne peut pas manquer d’éprouver le sentiment
qu’expriment à peu près ces mots – être soufflé. Je dirai plus – s’il a un peu d’imagination historique,
il doit se demander comment une pareille chose a pu être conservée à travers ce que j’appellerai
volontiers les générations de moines et de grimauds, tous gens dont il ne me semble pas qu’ils
étaient par destination faits pour nous transmettre un texte dont il ne peut manquer de nous frapper
que par une de ses parties au moins, par sa fin, il se rattache plutôt, pourquoi ne pas le dire, à ce
qu’on appelle de nos jours une littérature spéciale, celle qui peut tomber sous le coup des
perquisitions de la police. »
LA FABLE
Par une nuit qui suit la victoire du jeune et beau poète, Agathon, au concours de tragédies, quelques
messieurs de la haute société athénienne se rendent, en sa demeure, afin de fêter l’événement
autour d’un symposium, c’est-à-dire d’une « beuverie collective ». Socrate, qui était resté à méditer
dans un vestibule, arrive enfin sur son trente et un. Phèdre annonce le menu de la soirée : chacun
prononcera un éloge de l’amour. Ainsi, Agathon et ses invités s’allongent sur des lits, boivent et
parlent de la plus belle des façons et avec la plus grande des libertés de l’amour ; ils font des rêves
de républiques qui n’existent pas … Socrate, qui, jusqu’à présent, avait écouté les discours, rompt
brutalement le ton, avouant qu’il est bien incapable de faire des discours aussi séduisants et
persuasifs. Par conséquent, il ne parlera pas, il est même sur le point de quitter la soirée, ce qui
jette un froid chez tout le monde. C’est alors que Socrate fait intervenir une prêtresse, Diotime,
d’une grande beauté et à la voix envoûtante, pour exprimer son point de vue : sa conception de
l’amour est bien évidemment tout autre que celle des orateurs ; elle montre en quoi l’amour et la
philosophie se confondent… Diotime disparaît, comme elle est apparue, tel un rêve éveillé ; les
convives n’en reviennent pas, ils en sont tout ébahis… Enfin, Alcibiade, qui était avec une bande de
joyeux fêtards, vient troubler la soirée : il arrive complètement ivre chez Agathon. Il se fait donc
sermonner par ses amis qui lui reprochent son état. Alcibiade se ressaisit et prononce à son tour un
discours : mais au lieu de faire un éloge de l’amour, il fait l’éloge de Socrate et déclare publiquement
son amour pour le philosophe. Socrate reste imperturbable devant les déclarations d’Alcibiade qui,
pourtant les larmes aux yeux, s’effondre dans ses bras… Le banquet s’achève au petit matin ; tous
ont cédé à la fatigue ou à l’ivresse. Socrate reste seul et lucide ; il laisse ce petit monde endormi et
retourne vaquer à ses méditations…
POINT DE VUE DE LA METTEURE EN SCENE
Le Banquet
est l’un des textes
fondamentaux de notre culture
occidentale, un incontournable, un
classique. Il eut un large
retentissement dans l’histoire de
la littérature et de la pensée en
Occident. Il est aussi, parmi les
dialogues de Platon, le plus
célèbre, le plus séduisant et peut-
être le plus audacieux et le plus
singulier. Outre sa dimension
philosophique, politique, il est d’un
grand intérêt littéraire et
dramatique. Il ne faut pas oublier
que Platon s’intéressait de près au
théâtre et qu’il écrivit, dans sa jeunesse, des textes dramatiques.
Le Banquet
peut être lu comme
une pièce de théâtre dont le thème en serait l’amour, l’amour au masculin.
Le Banquet
est fait pour
être dit. L’oeuvre est originale tant par sa construction que par son contenu et son style. En 2009, j’ai
mené un atelier de pratique artistique sur le
Banquet
de Platon avec sept élèves de troisième année
de l’école du Théâtre National de Bretagne. C’est avec de jeunes comédiens que je voulais aborder et
interroger ce dialogue, afin d’en faire entendre l’insolence de sa pensée et toute sa modernité. Cet
atelier me donna l’occasion de me plonger dans la matière même du texte, d’en explorer les
méandres, les mouvements de la pensée du philosophe, et de composer une adaptation pour le
plateau. Ce travail a été présenté au TNB en juin 2009 dans le cadre des présentations d’ateliers.
Forte de cette expérience et suite aux retours très positifs concernant ce travail, je souhaite,
aujourd’hui, reprendre
Le Banquet
, avec une distribution renforcée autour de certains acteurs qui
ont participé à cette aventure et qui sont depuis rentrés dans le circuit professionnel. Il est vrai que
j’entends ces dialogues avec une certaine insolence, celle de la jeunesse.
Je souhaite mettre en avant certains aspects de l’œuvre. Tout d’abord, faire entendre la langue de
Platon – la matière littéraire, la rhétorique et l’argumentaire des discours – dans une certaine
légèreté, proche du badinage même. Ensuite, rendre cette langue vivante par le plaisir de l’acteur à
dire ces textes et à jongler avec les mots. Enfin, souligner la dimension politique de l’œuvre. Je
trouve que
Le Banquet
de Platon est très moderne de par les questions d’actualité qu’il pose.
N’oublions pas qu’Eros signifie, ici, l’amour des garçons. En Grèce antique, l’homosexualité pouvait
être tolérée, admise… Aujourd’hui, il y a des pays qui répriment, emprisonnent et tuent encore des
gens pour leur sexualité. Au-delà d’un intérêt et d’une curiosité intellectuels, concernant une culture
donnée, ce qui est intéressant avec
le Banquet
, c’est de voir comment le texte résonne aujourd’hui ;
entendre les questionnements, les réflexions qu’il soulève et produit. Il y a encore beaucoup
d’adolescents qui se suicident par crainte des représailles, du regard d’autrui, de la famille… Je
trouve que ce texte suscite de réels débats de fond et de société.
Par ailleurs, ce qui m’intéresse c’est de remettre le corps au centre de l’oeuvre.
Le Banquet
est un
dialogue qui pose question dans l’oeuvre de Platon et dans ce que l’on a fait du platonisme, à savoir
le dualisme de l’âme et du corps. On a souvent parlé de l’amour platonique, sans chair… En
replaçant l’oeuvre dans son contexte, on s’aperçoit que le corps n’est pas un obstacle à la
connaissance : il est l’organe privilégié de l’expérience philosophique.
Dans
le Banquet
, Platon part des beaux corps pour accéder à la connaissance philosophique et ces
beaux corps sont ceux de beaux garçons. Avec le christianisme s’est accentuée la dualité entre
lesprit et le corps, si bien quon a fait de Platon un être désincarné ; le contenu de loeuvre fut
aseptisé. Or ce dualisme ne fut pas, à l’origine, le fait de Platon, pour qui la découverte de la beauté
dans les corps, de la sensualité, de l’érotisme, est la première étape vers la contemplation du Beau.
La philosophie a souvent mauvaise réputation, elle serait inutilement compliquée, un jargon, et
céderait même à la pédanterie. Pourtant, au-delà, d’une philosophie de spécialistes et d’érudits, il y
a des questions que les hommes se posent depuis la nuit des temps, depuis qu’ils osent penser ;
qu’est-ce que l’amour ? La mort ? La justice ? La vérité etc. Loin d’être abstraits, ces
questionnements sont profondément ancrés dans l’existence ; ainsi, et paradoxalement, la
philosophie nous est donc plus familière que l’on ne le croit. De plus, comme pour le théâtre, elle
nous montre l’importance des mots dans la constitution des idées. C’est d’ailleurs un bon exercice
pour l’acteur que de se saisir d’un raisonnement philosophique et de nous en restaurer, à la fois, la
rhétorique et l’éloquence. D’autre part, je pense que par le biais du théâtre, on peut rendre
accessible ce qui peut paraître, à la lecture, parfois confus, difficile ou abstrait… C’est là que le
plateau déploie toutes ses vertus et sa magie.
Christine Letailleur
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