C’était hier : plus de 30 ans de lutte contre le
sexisme dans les médias
La lutte contre le sexisme dans les médias au Canada aura bientôt 33 ans! Dès 1973, l’organisme
anglophone Women for Political Action, « Femmes pour une action politique », ouvre le bal
en alertant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de
l’étalement éhonté des stéréotypes et du sexisme dans les médias. Le Comité canadien
d’action sur le statut de la femme (CCA) appuie leur démarche en dénonçant l’absence quasi
totale des femmes au petit écran et aux postes décisionnels de Radio-Canada.
En 1979, madame Jeanne Sauvé, alors ministre canadienne des Communications, demande
qu’un groupe de travail soit formé afin d’étudier la question. Le rapport L’image des
femmes est publié en 1982. Il contient des recommandations qui préconisent une
autoréglementation du CRTC pour une période d’essai de deux ans plutôt qu’une loi
coercitive.
Les normes canadiennes de la publicité (NCP), un organisme privé mis sur pied par des
publicitaires, emboîte le pas et accepte d’inclure une ligne directrice qui concerne la
représentation des femmes et des hommes dans les publicités. NCP révise régulièrement
son code, le Code canadien des normes de la publicité, pour s’ajuster aux fluctuations
des mentalités.
La publicité sexiste au Canada
dans la mire d’Évaluation-Médias/MediaWatch
Quelques femmes membres d’un sous-comité du CCA doutent alors de l’efficacité de
cette manière de faire. Dès 1981, elles fondent MediaWatch (MW), une organisation
féministe qui se donne comme mandat de surveiller les agissements de l’industrie des
médias. En 1983, ce groupe se détache du CCA et s’incorpore sous le nom de National
Watch on Images of Women in Canada, Évaluation nationale des images des femmes dans
les médias (Évaluation-Médias ou ÉM/MW). Son conseil d’administration, installé à
Vancouver, obtient des subventions pour faire un sondage qui révèle que les femmes sont
minoritaires à la télévision. Paradoxalement, elles sont étalées « mur à mur » dans les
publicités où elles jouent des rôles de mères et de séductrices au son d’une voix hors champ
masculine 76% du temps, selon une enquête de ÉM/MW.
En 1987, la ministre canadienne des Communications en poste, Flora MacDonald, accepte de
financer une conférence bilingue, Ajustons l’image/Adjusting the Image, qui réunira, à
Ottawa, le CCA et la Coalition canadienne contre la pornographie dans les médias. C'est une
première rencontre entre les déléguées de groupes de femmes, des représentant(e)s de tous les
secteurs de la radiodiffusion, des organismes culturels et des gouvernements.
Cette conférence donne lieu à une première démarche de la part d’ÉM/MW auprès du CRTC. La
même année, elle mène à la rédaction d’un code déontologique qui prévoit une clause contre la
L’image de la femme dans la publicité : c’est le temps de réagir
d-6 Le marché de la beauté… Un enjeu de santé publique – RQASF