Communication avec le patient et sa famille 441
donc l’équipe médicale qui prend les décisions pour le patient, tant que celui-ci n’a pas
retrouvé ses capacités mentales» [11].
3.1.2. COUR DE CASSATION 25/02/97
L’arrêt de la Cour de Cassation du 25 février 1997 impose à tout médecin d’être en
mesure de prouver que le patient a reçu toute l’information préalable avant un acte dia-
gnostique ou thérapeutique proposé. Cette information doit comporter 3 parties :
1- Décrire le protocole de l’acte en expliquant son utilité voire sa nécessité.
2- Enumérer les risques de l’acte, surtout les plus graves même s’ils sont rares.
3- Signaler les risques encourus en cas d’abstention.
3.1.3. L’OPINION DES SOCIÉTÉS SAVANTES
La SRLF et la SFAR ont élaboré des réflexions relatives à l’information en réani-
mation ; celles-ci, bien que récentes, ne traitent que très succinctement du risque en
réanimation : d’après la SRLF, «l’information globale doit préciser que la fragilité des
patients de réanimation les expose particulièrement aux affections iatrogènes et aux in-
fections nosocomiales, et que de nombreux actes techniques pratiqués en réanimation de
façon non exceptionnelle sont potentiellement agressifs.» [3]. La SFAR recommande tout
d’abord d’informer sur l’incertitude même quant au risque : «Il est légitime de fournir aux
proches des nouvelles si le patient ne s’y oppose pas. Mais il est particulièrement difficile
de fournir des informations sur ce qui est imprévisible. Souvent, lors de l’admission en
réanimation, la pathologie dont le patient est atteint n’est pas connue en totalité et l’éta-
blissement d’un pronostic est incertain. Le patient et ses proches doivent être prévenus de
cette difficulté et informés de la possibilité de développements ultérieurs. L’information
initiale est capitale pour le climat de confiance de la relation ultérieure» [12].
3.2. CE QUE VEUT SAVOIR LA FAMILLE
L’étude de Molter sur les besoins des familles en réanimation a mis en évidence les
informations essentielles à communiquer avec la famille : sentir qu’il y a de l’espoir,
savoir que le patient reçoit ce qu’il y a de meilleur pour lui (soins, docteur, hôpital), être
prévenue si... (aggravation, décès, décision de passage au bloc opératoire...) ; ce ne sont
donc pas des informations médicales, scientifiques mais des informations de bon sens,
d’humanité, cependant souvent oubliées par les médecins [7].
Dans une étude récente la satisfaction des familles était reliée à sept facteurs : l’un relié
à la famille, la descendance française (ce facteur reflétant probablement le problème de
la barrière linguistique en présence d’une famille dont la langue maternelle est différente
de la langue maternelle du médecin) et six facteurs reliés aux soignants : l’absence de
sensation de contradiction entre les soignants, l’information donnée par un interne, le ratio
patients/infirmière < 3, la connaissance du rôle de chaque soignant, l’aide du médecin
traitant, un temps suffisant d’entretien entre médecin et famille [5].
3.3. CE QUE CROIT LE SOIGNANT
En réanimation, il a été montré que les réelles attentes des familles ne correspondent
pas à ce qu’imaginent médecins et infirmières [13, 14]. Finalement l’information dans sa
globalité n’est pas satisfaisante pour une famille sur cinq ; il ressort que pour 25 % des
familles, l’information était particulièrement cachée lorsqu’il s’agissait des complications
survenues durant le séjour (infections nosocomiales et autres pathologies iatrogènes) et
aux décisions chirurgicales (possibilité de réanimation post-opératoire prolongée, inter-
ventions engageant le pronostic vital, décisions de réinterventions). En interrogeant plus
précisément les familles sur l’information sur le risque de complications et de séquelles
après réanimation, dans respectivement 52 % et 34 % des cas l’information n’est pas
suffisamment explicite [6].