PHÉOCHROMOCYTOMES ET PARAGANGLIOMES : ASPECTS RÉCENTS 245
teur RET, constitué d’une portion extracellulaire comprenant un domaine riche en
cystéines, un domaine transmembranaire et un fragment intracellulaire composé de
deux domaines tyrosine-kinases. Cette protéine est une sous-unité d’un complexe
multimoléculaire dont les ligands sont des facteurs de croissance de la famille du
GDNF (glial-derived nerve growth factor). Les mutations « gain de fonction » de
RET associées aux NEM2 entraînent une autoactivation constitutive du récepteur
qui induit la transduction de signaux de croissance et de différenciation de certains
tissus, dont ceux dérivant de la crête neurale.
Les corrélations génotype-phénotype entre mutations de RET et NEM2 sont
désormais bien connues. Dans la NEM2A, elles siègent majoritairement dans
l’exon 11 (cystéine 634) et, dans 15 à 20 % des cas, dans l’exon 10 (cystéines
609-611-618-620-630). D’autres mutations localisées dans les exons 10, 11, 13 et
15 ont été rapportées dans un nombre de cas restreint. Dans environ 97 % des cas
de NEM2B, une mutation de RET est retrouvée dans la région codant le domaine
intracellulaire tyrosine kinase (méthionine 918, exon 16) et, dans moins de 5 % des
cas, dans l’exon 15 (alanine 883). L’association PHEO avec mutations sur les codons
634 et 918 a été clairement établie [11-12].
Une mutation du gène RET doit être recherchée chez tout patient porteur d’un
CMT mais aussi chez un patient présentant un PHEO et/ou une HPT atypique (jeune
âge au diagnostic, forme bilatérale). Un contexte familial de CMT (et/ou PHEO, et/
ou HPT) rend le diagnostic de NEM2 très probable. L’identifi cation dans l’enfance
des apparentés à risque permet un diagnostic et une prise en charge précoce. Une
thyroïdectomie prophylactique peut être proposée en fonction du génotype qui
détermine la précocité et l’agressivité du CMT [13].
MALADIE DE VON HIPPEL-LINDAU (VHL)
C’est une affection héréditaire prédisposant au développement de tumeurs bénignes
ou malignes touchant le système nerveux central, la rétine, les reins, les surrénales et
le pancréas [14]. Il s’agit d’une pathologie de transmission autosomique dominante,
liée à des mutations du gène VHL, dont l’incidence est estimée à 1/36 000. La maladie
de VHL se révèle en général chez l’adulte jeune, entre 18 et 30 ans, mais peut aussi
survenir dès l’enfance. Les principales manifestations cliniques sont les hémangio-
blastomes du système nerveux central (atteignant le cervelet, le tronc cérébral et/ou la
moelle épinière) et de la rétine. L’atteinte rénale, volontiers bilatérale et multifocale,
se manifeste chez 30 à 70 % des sujets par un carcinome du rein à cellules claires
(RCC) et/ou par des kystes rénaux. Le PHEO touche 10 à 24 % des sujets. Il est
bilatéral dans un cas sur 2 et malin chez 5 % des patients. Il peut aussi s’agir de PGL
extra-surrénaliens. L’atteinte pancréatique regroupe des kystes (30 à 70 % des cas) et
des tumeurs endocrines (12 % des cas), souvent multiples, non fonctionnelles mais
présentant un potentiel malin non négligeable. D’autres tumeurs peuvent également
s’observer telles des tumeurs du sac endolymphatique et des cystadénomes de l’épi-
didyme chez l’homme ou du ligament large chez la femme. Historiquement, l’étude
de grandes familles atteintes a fait défi nir deux types de la maladie. On distingue le
VHL type 1, dans lequel les patients ne sont pas atteints de PHEO/PGL, du VHL
type 2, pour lequel les PHEO/PGL sont fréquents. Le type 2 a lui-même été subdivisé
en 3 sous-types : 2A, dans les familles où l’atteinte rénale et pancréatique est peu
présente ; 2B, où l’atteinte rénale et pancréatique est fréquente ; 2C, caractérisé par
la présence exclusive de PHEO/PGL [15].