plus forte implication des acteurs de la société civile. En effet, la coopération au
développement par l’intermédiaire des Etats ayant échoué, le paradigme en cause a
développé, dans une seconde phase de l’aventure du développement pour tous, de
nouveaux protocoles dans lesquels des acteurs comme les ONG se sont
engouffrées. Ici, les Etats et le secteur privé se voient rejoints par une autre
catégorie d’acteurs de développement hétéroclite dont les principes de légitimité
sont, en apparence, la représentativité démocratique et la solidarité. C’est ainsi que
depuis la décennie 80, l’idée que les micro projets feraient mieux que les grands
projets, générateurs de bureaucratie et de détournement, a constitué l’argument
idéologique majeur de cette mutation interne de la vision du développement.
Cependant, la réduction de l’échelle, par expérience, n’est pas véritablement un
changement d’optique. D’ailleurs, le développement de l’industrie des petits projets
par les ONG n’arrive pas à bout des énigmes posées. Tout semble indiquer que les
mêmes erreurs d’optique se reproduisent sur les échelles microscopiques, une sorte
d’erreur fractale. En d’autres termes, la simili proximité avec les populations ne
garantit pas, en elle-même, les effets escomptés. Ces interventions de terrain au plus
prés des populations se réduisent, en définitive, à une proximité d’un face à face
purement physique évacuant la problématique de sens que la relation à l’autre pose
(Lévinas, 1982). Ici, la proximité dévoile ses mystères (Pecqueur et Zimmerman,
2004; Bartholo et Monteiro, 2008). De nombreuses organisations non marchandes se
retrouvent ainsi absorbées par l’industrie du développement et opèrent en gardant les
mêmes valeurs et postulats que les institutions publiques nationales et internationales,
incarnation d’un paradigme en déliquescence.
Si le problème de départ des ONG est d’ordre éthique, elles finissent, souvent,
par gérer un problème technique et stratégique. Ce glissement renouvelle en
apparence le paradigme de référence sans changer en profondeur le point de vue.
Ainsi, en se professionnalisant, les ONG imitent les entreprises classiques dans leurs
méthodes d’action voire même dans leur finalité. C’est ainsi que le marketing social
fait son entrée dans leur management et tout ce qui s’ensuit comme manipulations
(Vermont, 1997). Le jeu interne du pouvoir et des intérêts de ceux qui les dirigent
font le reste. Cette corruption par le paradigme en cause les a conduites
progressivement à voir dans tout problème social, politique ou écologique un marché
« social » à conquérir par tous les moyens. Le but devient la garantie des ressources
de l’organisation (emplois, salaires, privilèges etc.) mais non les véritables besoins
des populations concernées. C’est ainsi que la misère devient, comme par
enchantement, un marché. Ce qui nous fait dire que small is not always beautiful!
De non-gouvernementales, ces organisations de la société civile deviennent des
organisations non garanties aux plans éthique et technique. Pourtant, elles étaient
censées civiliser la violence du «développement parachuté» (Zaoual, 2002, 2005a) à
laquelle contribuent les élites gouvernementales en alliance avec les FMN au dessus
des hommes et des territoires. A vrai dire, les limites du «développement transposé»
ne peuvent être éloigné qu’en dés autonomisant l’économique et en l’encastrant dans
les réalités les plus profondes des contextes concernés par la question du