UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2009-2010 UNIVERSITE DE NANTES Vascularisation artérielle de l’atrium droit Par Her Stanislas LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. R. ROBERT Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • • • • • • • Laboratoire : Pr. O. ARMSTRONG Pr. O. BARON Pr. G. BERRUT Pr. C. BEAUVILLAIN Pr. D. CROCHET Dr. H. DESAL Pr. B. DUPAS Dr E. FRAMPAS Dr A. HAMEL Dr O. HAMEL Pr. Y. HELOURY Pr A. KERSAINT-GILLY Pr. J. LE BORGNE Dr M.D. LECLAIR Pr. P.A. LEHUR Pr. O. RODAT S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique 1 Remerciements Je tiens sincèrement à remercier mon référent, le Pr J. Leborgne, pour sa disponibilité à m’aider dans la réalisation de mon mémoire. Je remercie également les hémodynamiciens D. Crochet et E. Lebrun pour m’avoir donné de leur temps afin de me faire mieux appréhender la coronarographie. Je remercie enfin messieurs Y. Blin et S. Lagier pour leur aide apportée à mes dissections et leur bonne humeur. 2 Sommaire I. Introduction 5 II. Rappels d’anatomie 5 5 5 II.1. Cœur II.2. Atrium Droit II.3. Structures de l’atrium droit II.4. Vascularisation artérielle de l’atrium droit dans la littérature II.4.1.1. Généralités sur l’artère coronaire droite II.4.1.2. Généralités sur l’artère coronaire gauche 7 7 7 9 II.4.2.Artères atriales II.4.3.Artère sinu-atriale 9 10 II.4.3.1.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire droite II.4.3.2.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire gauche II.4.3.3.Autres vascularisations 11 12 13 III. Methodes et matériel 13 IV. Résultats 14 14 14 18 20 22 II.4.1. Artères coronaires IV.1. Artère sinu-atriale IV.1.1.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire droite IV.1.2.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire gauche IV.1.3.Double vascularisation du nœud sinu-atrial ? IV.2. Autres artères de l’atrium droit V. Imagerie V.1. Coroscanner V.2. Coronarographie VI. Clinique : la dysfonction sinusale VI.1. Généralités sur les troubles du rythme et sur la dysfonction VI.2. Clinique de la DS VI.3. Etiologies de la DS VI.3.1. DS aiguë VI.3.2. DS chronique VI.4.Traitement de la DS 25 25 25 26 sinusale 26 27 27 27 27 27 VII. Conclusion/discussion 28 VIII. Bibliographie 29 3 I. Introduction Le cœur, organe complexe et passionnant, est, comme chacun le sait, la pompe de toute la circulation sanguine. Il possède une vascularisation propre et particulière : le système coronaire. La connaissance de ce réseau est primordiale puisqu’en cas d’atteinte de ce dernier, un certain territoire du cœur souffrira potentiellement. Plus particulièrement, l’atrium droit, renfermant le « pacemaker physiologique » c’est à dire le nœud sinu-atrial, possède son propre réseau sanguin. Ainsi l’étude de celui-ci est en rapport avec les affections du nœud sinu-atrial (possiblement dues à une anomalie dans l’arrivé de sang): les troubles du rythme. On va donc ici étudier les données morphologiques disponibles dans la littérature sur la vascularisation de l’atrium droit, avant de les comparer avec mes propres observations à partir de dissections comme à partir d’imagerie spécifique. Puis on s’intéressera à quelques applications cliniques concernant cette vascularisation. II. Rappels d’anatomie Avant de détailler la vascularisation artérielle elle-même, il convient de connaitre l’anatomie, ne serait-ce que générale, de la cible de ces artères. C'est-à-dire l’atrium droit et ses structures. II.1. Cœur Organe vital situé dans le médiastin moyen, le cœur, a la forme d’une pyramide renversée à base postéro-supérieure et dont l’apex pointe vers le bas, l’avant, et la gauche, à 45° des 3 plans fondamentaux. Il est constitué de 4 cavités : *atrium droit *atrium gauche *ventricule droit *ventricule gauche II.2. Atrium Droit Ce dernier est situé en arrière du ventricule droit. Ses parois musculaires sont bien peu épaisses comparées à celles des puissants ventricules. Il reçoit le sang veineux coronaire et de la grande circulation. L’atrium droit envoie ce sang veineux vers le ventricule droit via la valve tricuspide à chaque diastole. 4 II.3. Structures de l’atrium droit L’atrium droit est une cavité dont les parois internes sont tapissées de structures différentes. En voici, résumées en un schéma, les principales : sup auricule droit gauche nœud sinu-atrial (au second plan) crista terminalis limbe de la fosse ovale fosse ovale nœud atrio-ventriculaire valve tricuspide orifice du sinus coronaire, et son unique valvule de Thebesius orifice de la veine cave inférieure,et son unique valvule d’Eustache fig.1: Vue antérieure du cœur disséqué et tissus cardionecteur GRAY Henry, Anatomy of the Human Body, 1918 Le tissus cardionecteur Il est nécessaire de s’attarder plus longtemps sur une structure particulière : le tissus cardionecteur (en rouge sur le schéma précédent). Ce tissus lové dans la paroi cardiaque, indifférenciable macroscopiquement (seul un léger renflement du myocarde signe sa présence) a pourtant un rôle singulier parmi les myocytes : celui de conduire l’information électrique autonome du cœur, préalable à sa contraction dans des conditions optimales. 5 Le premier élément sur lequel se pencher est le nœud sinu-atrial, découvert en 1907 par Keith et Flack. Il est situé dans la partie latéro-postérieure de la paroi atriale droite, dans la partie supérieure de la crista terminalis. C’est d’ici que l’impulsion électrique naitra physiologiquement. Il est d’ailleurs aussi appelé « pacemaker physiologique ». Puis vient le nœud atrio-ventriculaire, ou nœud d’Aschoff et Tawara (1906). Celui-ci est situé à la face inférieure de l'atrium droit, près de la partie antéro-inférieure du septum interatrial, sur sa face droite, entre : en arrière : l'orifice du sinus coronaire ; et en bas, la valve interne de la tricuspide. Le nœud d’Aschoff-Tawara est considéré n’être qu’en partie dans l’atrium droit (nœud de Zahn). Cette partie marque la fin du tissus cardionecteur dans l’atrium droit. Le reste du nœud fait alors partie du ventricule droit (crête supraventriculaire ou marginale ou nœud de Wolff). Entre les deux existe 2 ou 3 faisceaux inter-nodaux, non représentés ici, et difficiles à mettre en évidence. II.4. Vascularisation artérielle de l’atrium droit dans la littérature II.4.1. Artères coronaires II.4.1.1. Généralités sur l’artère coronaire droite L’artère coronaire droite naît de l’aorte, au dessus de sa cuspide antéro-droite de la valve aortique (Avec la coronaire gauche elles sont les premières branches de l’aorte.). Son diamètre moyen à l’origine est compris entre 3 et 4 millimètres, et plus grêle que celui de la coronaire gauche. La coronaire droite serpente, cachée dans un coussin graisseux, dans le sillon atrio-ventriculaire antérieur, puis dans le postérieur, entre ventricule et atrium gauche. Si elle est dominante (vascularisation du septum inter-ventriculaire inférieur et de la paroi diaphragmatique) elle donne finalement l’artère inter-ventriculaire postérieure. (Un régime de dominance droit est en place dans 80% des cas.) Voir fig.2 ci-dessous pour les principales branches. 6 sup gauche sup droite fig.2 : Schéma des ramifications des artères coronaires sous dominance droite. MOORE/DALLEY, Anatomie médicale, 2007 7 II.4.1.2. Généralités sur l’artère coronaire gauche L’artère coronaire gauche naît de l’aorte, au dessus de sa cuspide antéro-gauche de la valve aortique. Son diamètre moyen à l’origine est compris entre 3 et 5 millimètres, et plus important que celui de la coronaire droite. La coronaire gauche passe derrière le tronc pulmonaire puis sous l’auricule gauche. Ici, on peut presque parler de trifurcation puisqu’elle donne en peu d’intervalle l’artère inter-ventriculaire antérieure, l’artère circonflexe, et l’artère marginale gauche. L’artère circonflexe continu son chemin dans le sillon atrio-ventriculaire postérieur et donne notamment en cas de dominance gauche (10%. Les 10% restants représentant la possibilité de codominance) l’artère inter-ventriculaire postérieure. Voir fig.2 ci-dessus pour les principales branches. Des anastomoses entre les deux coronaires sont fréquemment décrites. Par exemple entre la circonflexe et la coronaire droite, ou encore entre les inter-ventriculaires antérieure et postérieure. II.4.2.Artères atriales Il faut noter à ce point que dans la littérature, la classification des artères atriales peut varier un peu. Par exemple, certains auteurs décrivent par les artères atriales : * antéro-médiale droite, *antéro-intermédiaire droite, *postéro-latérale droite, *postéro-médiale droite, et leurs homologues gauches (vu dans Surgical-Radiologic Anatomy, 1995, 17 : 19-26). A l’inverse d’autres séparent les artères atriales en seulement 2 catégories : artères atriales :*antérieures droite, *postérieures droite, et leurs homologues gauches (vu dans Gray’s Anatomy 28ième édition, 1995). Cependant, en faisant la « somme » des différents points de vue anatomiques, une classification plus simple et plus communément admise ressort : De l’artère coronaire droite *artère atriale antérieure droite *artère atriale moyenne droite *artère atriale postérieure droite Ces artères, naissant de la coronaire droite (2ème segment), vont en haut et en externe vers l’atrium droit pour s’y ficher. 8 De l’artère coronaire gauche *artère atriale antérieure droite *artère atriale moyenne droite *artère atriale postérieure droite Ces artères, naissant de l’artère coronaire gauche à son origine, ou de l’artère circonflexe, courent sur l’atrium gauche (et l’irriguent parfois) et viennent au contact de l’atrium droit ou s’anastomosent avec des artères atriales droites de l’artère coronaire droite. Les artères de l’atrium droit ont un diamètre variant de 0.5 à 2 millimètres maximum, et sont très inconstantes de part leur présence, diamètre, ou trajet. Ainsi on peut retrouver un nombre variable d’artères atriales. II.4.3.Artère sinu-atriale Cette artère, appelée encore artère de Bianchi, provient d’un tronc d’une artère coronaire. Elle fait partie des branches atriales présentées plus haut. Son diamètre n’excède pas 1,5 millimètre. Cette artère est singulière dans la vascularisation de l’atrium droit. Prenant en charge l’apport en sang du nœud sinu-atrial, elle est de ce fait une des garantes de son bon fonctionnement. Une interruption de la principale voie de vascularisation du nœud ne se fera pas sans atteinte de celui-ci. Des troubles du rythme peuvent alors survenir (voir chapitre VI). 9 II.4.3.1.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire droite La fréquence de ce cas est encore sujette à discussion parmi les auteurs d’études. Mais là encore, une tendance se démarque par sa fréquence : L’artère de Bianchi sera à droite dans 60% des cas. Dans environ 53% des cas c’est l’artère atriale antérieure droite qui prendra ce rôle (illustré par la fig.4 ci-dessous). Les 7% restants se partagent entre les artères atriales moyenne et postérieure droites. fig.3 : Comparaison des pourcentages de l’origine de l’artère du noeud sinu-atrial. Surgical-Radiologic Anatomy, 1995, 17 : 19-26 Quoi qu’il en soit, l’artère de Bianchi, lorsqu’elle est à droite, remonte entre l’auricule droit et l’Aorte. Puis elle embrasse l’origine de la veine cave supérieure et donc le nœud de Keith et Flack en un anneau peri-cave. 10 situation du nœud sinu-atrial anneau peri-cave artère atriale antérieure droite, ici du nœud sinu-atrial post gauche fig.4 : Schéma d’une vue supérieure du cœur. Artère sinu-atriale droite Surgical-Radiologic Anatomy, 1995, 17 : 19-26 II.4.3.2.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire gauche L’artère de Bianchi sera à gauche dans 40% des cas. Dans 35% des cas environ c’est l’artère atriale antérieure gauche qui prendra ce rôle (illustré par la fig.5 ci-dessous). Les 5% restants se partagent entre les artères atriales moyenne et postérieure droites. Quoi qu’il en soit, l’artère de Bianchi, lorsqu’elle est à gauche, prend son origine de l’artère circonflexe dans 12% des cas totaux et de l’origine de la coronaire gauche dans 30% des cas. L’artère du nœud sinu-atrial passe à droite ou à gauche de l’auricule gauche, court au dessus de l’atrium gauche et forme aussi un anneau peri-cave. 11 anneau peri-cave artère atriale antérieure gauche, ici du nœud sinu-atrial post gauche fig.5 : Schéma d’une vue supérieure du cœur. Artère sinu-atriale gauche. Surgical-Radiologic Anatomy, 1995, 17 : 19-26 II.4.3.3.Autres vascularisations L’existence d’une double vascularisation du nœud sinu-atrial droite/gauche est possible, mais assez rare (peu retrouvé dans les études faites). Pour finir, quant à une vascularisation par des vaisseaux extracardiaques, ce genre de configuration est encore moins retrouvé. III. Methodes et matériel Afin d’étudier les artères de l’atrium droit, j’ai premièrement décidé de disséquer un cœur formolé après son prélèvement. Ce cœur provenait d’un sujet féminin frais de 80 ans. Pour le prélèvement j’ai utilisé lames et porte-lame, des ciseaux, et un costotome. Après constitution d’un volet costal en coupant les cotes de part et d’autre du médiastin, j’ai prélevé rapidement le cœur en incisant largement à distance du cœur. (qui aura été dégagé plus tard des structures superflues prélevées). Pour la dissection en elle-même j’ai utilisé des pinces à disséquer de différentes tailles, des ciseaux à bout rond moyens et petits, des pinces à clamper, ainsi qu’un porte-lame et ses lames. 12 J’ai ensuite injecté, avec l’aide de Stéphane et Yvan, 2 cœurs frais prélevés de la même manière que ci-dessus. Les cœurs provenaient pour le premier d’un sujet masculin de 87 ans et pour le second d’un sujet masculin de 49 ans. Du latex de couleur à été injecté par 2 cathéters dans l’origine des coronaires droite et gauche, en passant par l’aorte, suivi d’acide acétique pour catalyser la solidification du latex. La principale difficulté rencontrée fut les fuites de latex, répandant celui-ci à l’extérieur et délaissant certains territoires terminaux des artères. Ceci étant probablement dû à l’imperfection du montage et aux artères pas forcément préservées lors du prélèvement et du montage des cathéters. La troisième pièce a ainsi vu son artère coronaire droite injectée en vert et sa gauche en rouge, ceci afin de les différencier plus aisément dans leurs territoires terminaux. Mais la deuxième pièce, faute de colorant adéquat, n’a été injectée qu’en rouge. Après les injections, les deux cœurs ont été formolés, puis les dissections se sont passées de manière classique, comme expliqué plus haut. Pour résumer : *Pièce n°1 : sujet féminin, 80 ans prélèvement frais puis passage au formol. *Pièce n°2 : sujet masculin, 87 ans, prélèvement frais puis injection puis passage au formol. *Pièce n°3 : sujet masculin, 49 ans, prélèvement frais puis injection puis passage au formol. IV. Résultats IV.1. Artère sinu-atriale Il est assez curieux de constater que dans mes dissections, concernant l’appartenance de l’artère du nœud sinu-atrial au réseau coronaire droit ou gauche, je ne pouvais tomber plus proche des proportions que mes recherches ont fait ressortir ci-dessus (60% du droit et 40% du gauche). J’ai en effet découvert 2 artères de Bianchi droites et une gauche : soit 67% et 33% respectivement ! Mais bien sûr, à cause du petit nombre de cœur disséqués, je ne peux rien en conclure. IV.1.1.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire droite La 1ère et la 3ème pièce ont cette configuration. Les 2 artères sinu-atriales ainsi découvertes sont très similaires (voir fig.6, 7, et 8): D’un diamètre de 1,2 et 1,5mm respectivement pour l’artère du 1er et 3ème cœur, les deux artères sont chacune les premières branches de chaque coronaire d’où elles viennent (l’artère issue de la 3ème pièce est un peu plus distale). Ce sont donc deux artères atriales antérieures droites. 13 Elles cheminent toutes deux entre l’aorte et l’auricule droit en direction de la base de la veine cave supérieure. La première artère de Bianchi plonge ici ab abrupto dans la paroi atriale. Après dissection de l’atrium droit sur cette pièce, on constate que la projection de l’enfouissement de l’artère correspond grossièrement à la zone du nœud sinu-atrial (voir fig.7, la projection y est marqué d’un X). ant. droite aorte a. coronaire droite a. sinu-atriale a. auriculaire auricule droit VCS fig.6 : Photo de la pièce 1 en vue supérieure 14 X sup. ant. VCS zone du nœud sinu-atrial X auricule droit fosse ovale VCI valve tricuspide fig.7 : Photo de la pièce 1. Atrium droit disséqué en vue postéro-latérale droite. (Le X marque la projection de l’enfouissement de l’artère sinu-atriale trouvée précédemment) 15 L’artère sinu-atriale retrouvée sur la 3ème pièce continue un peu sa course et forme un véritable anneau peri-cave. (voir fig.8 et 11) ant. droite aorte a. coronaire droite a. sinu-atriale auricule droit VCS fig.8 : Photo de la pièce 3 en vue supérieure droite. 16 IV.1.2.Artère sinu-atriale provenant de l’artère coronaire gauche Une telle configuration s’est vue sur le 2ème cœur, injecté (voir fig.9). D’un diamètre de 1,3 millimètre à son origine, cette artère de Bianchi naît de l’artère circonflexe, à environ 2 centimètres de l’origine de cette dernière. L’artère sinu-atriale court ensuite derrière l’auricule gauche, légèrement enfouie dans le myocarde (que j’ai du ainsi creuser un peu pour faire apparaitre l’artère). Elle passe juste au dessus de l’atrium gauche, et se termine par des ramifications autour de l’origine de la veine cave supérieure, formant l’anneau peri-cave (mieux visible sur la fig.10). L’artère du nœud sinu-atrial est la première ramification de la coronaire gauche à destination des atria. C’est donc ici l’artère atriale antérieure gauche. 17 sup. post. a. sinu-atriale auricule gauche atrium gauche a. circonflexe fig.9 : Photo de la pièce 2 en vue latérale gauche. 18 sup. doite anneau pericave VCS terminaison de l’a. sinu-atriale atrium gauche fig.10 : Photo de la pièce 2 en vue postérieure IV.1.3.Double vascularisation du nœud sinu-atrial ? Sur la 3ème pièce, qui est injectée, une petite anastomose passant derrière l’auricule gauche est visible entre l’artère du nœud sinu-atrial à droite (=artère atriale antérieure droite) et l’artère circonflexe à gauche (voir fig 10). D’après cette observation, on peut penser qu’un double afflux de sang parvient au nœud sinuatrial depuis les artères coronaires droite et gauche. Cependant, à cause de la maigreur de cette anastomose (diamètre inférieur à 0,4 millimètre), l’importance du flux venant du système gauche est d’importance inconnue. 19 Ce point reste donc toujours une interrogation. Cependant, il est certain que des anastomoses sont en place, quels que soient leurs diamètres. En témoigne le latex vert qui est remonté jusqu’à l’origine de la coronaire gauche, en rouge normalement. ant. droite a. circonflexe anastomose droite-gauche a. coronaire droite atrium gauche VCS fig.11 : Photo de la pièce 3 en vue supérieure gauche. 20 IV.2. Autres artères de l’atrium droit Lors des dissections, plusieurs autres artères atriales droites ont été retrouvées. En plus des artères sinu-atriales, on a : Sur la pièce 1, (non injectée) : 1 artère auriculaire droite très grêle (voir fig.6) 3 autres artères atriales. D’un diamètre d’environ 1 millimètre, elles se répartissent sur la face latéro-postérieure du cœur (voir fig.12). sup. ant. atrium droit artères atriales a. coronaire droite fig.12 : Photo de la pièce 1 en vue latérale droite. 21 Nommer ces 3 artères est difficile puisque contrairement à la classification retenue dans la littérature, nous sommes en présence de 4 artères atriales (+une petite auriculaire). Cependant on peut supposer, par leur localisation, qu’il s’agit d’artères atriales moyenne(s) et postérieure(s) droites. Sur la pièce 2, (injectée) : Pas d’autres artères retrouvées. (possiblement dû à une imperfection de l’injection). Sur la pièce 3, (injectée) : 2 artères atriales. D’un diamètre d’environ 1 millimètre, elles se répartissent sur la face latéropostérieure du cœur (voir fig.13) sup. ant. 22 atrium droit a. atriale latérale a. coronaire droite a.atriale postérieure fig.13 : Photo de la pièce 3 en vue latérale droite. Ces deux artères sont sans doute les artères atriales moyenne et postérieure droites. Ci-dessous (fig.14), une autre vue de la pièce 3, donnant à voir une artère auriculaire très fine, partant de l’artère atriale moyenne droite. sup. gauche 23 auricule droit a. atriale moyenne droite a. atriale aorte a. coronaire droite 24 Sur l’ensemble des pièces, exceptées les artères de Bianchi, aucune artère atriale droite n’a été retrouvé dans le système coronaire gauche. V. Imagerie Il est délicat d’observer les artères de l’atrium droit, ce à cause de leur petit calibre, même au cours des examens habituellement prescrit pour l’observation des coronaires (coroscanner et coronarographie). V.1. Coroscanner Le coroscanner est presque inutile dans ce but. Son coût et sa résolution insuffisante ne permettent pas une bonne étude des petites artères de l’atrium droit. V.2. Coronarographie La coronarographie quant à elle est plus performante, même si l’apparition à l’écran d’une quelconque artère atriale est très aléatoire. Ainsi leur caractérisation lors d’un examen coronarographique n’est actuellement pas d’actualité, et ce pour 3 raisons : Par exemple si l’artère de Bianchi n’est pas visible à l’écran, il est en effet impossible de dire si celle-ci est en effet occluse ou si c’est la sensibilité imparfaite de l’examen qui est en cause. D’autre part les causes vasculaires aux troubles du rythmes sont assez marginales (voir chapitre suivant). Enfin, les possibilités d’interventions sur de si petits calibres sont quasi-nulles. Il est cependant possible au détour d’un examen d’apercevoir quelques-uns de ces vaisseaux (surtout l’artère sinu-atriale qui est la plus massive), voir fig.15. 25 a. sinu-atriale a. atriales a. coronaire droite fig.15 : JYoungkeun Ahn et al, coronarographie de l’a.coronaire droite en vue oblique antérieure gauche VI. Clinique : la dysfonction sinusale Comme vu précédemment, le tissus cardionecteur est une structure (de l’atrium droit notamment) tout à fait essentielle au bon fonctionnement du cœur. Plus encore, le nœud sinuatrial est le « pacemaker physiologique », c'est-à-dire que à l’état normal, c’est lui qui dicte le bon rythme de contraction des atria et des ventricules (par l’intermédiaire du reste du tissus cardionecteur). Qu’arrive-t-il lorsque ce nœud voit son apport sanguin altéré ? Une anomalie dans le réseau artériel de l’atrium droit, a fortiori concernant l’artère du nœud sinu-atrial, induira forcément une diminution de la fonctionnalité du tissus cardionecteur selon la gravité de l’atteinte. Ce qui aura des répercussions sur la contraction du cœur entier : cela occasionnera des troubles du rythme. VI.1. Généralités sur les troubles du rythme et sur la dysfonction sinusale La dysfonction sinusale (DS) peut engendrer des troubles du rythme : *bradycardie sinusale *maladie rythmique auriculaire (= maladie des oreillettes, =syndrome de bradycardie-tachycardie) 26 *ou encore blocs atrio-ventriculaire Toutes ces pathologies sont objectivables par l’analyse de l’ECG. VI.2. Clinique de la DS La DS peut se traduire par une association de signes non spécifiques : *malaise/ syncope à l’emporte pièce/ lipothymie *palpitations *déficit intellectuel VI.3. Etiologies de la DS VI.3.1. DS aiguë Une cause incriminée est l’infarctus myocardique aigu (c'est-à-dire ici une imperméabilisation des artères de l’atrium droit, l’artère de Bianchi en première ligne). Les troubles sinusaux apparaissent de +24h à +4jours au maximum pour être reliés à l’accident avec certitude. D’autres étiologies (au total plus fréquentes) existent : infection, inflammation, toxicité (médication aux digitaliques, antiarythmiques, amiodarone…). VI.3.2. DS chronique L’étiologie est souvent imprécise. Une cardiopathie ischémique peut en être la cause. Mais le plus fréquemment il s’agit de DS idiopathique (si l’on exclut les cas où la liaison ischémie-DS est incertaine). VI.4.Traitement de la DS Mis en place seulement si la DS est symptomatique et que la relation pathologie-symptômes est claire. Il consiste en la mise en place définitive de stimulation cardiaque. C’est un traitement symptomatique (la diminution de la mortalité n’a pas été prouvée). Au final, les causes vasculaires (donc directement en rapport avec la vascularisation artérielle de l’atrium droit) représentent une part non négligeables des étiologies possibles des DS (10%). On précise que 5% ou plus des infarctus myocardiques aigus induisent une DS aiguë. 27 VII. Conclusion/discussion Concernant mes méthodes de travail, la première dissection, sans injection, devant m’aider à appréhender pour la première fois les structures inhérentes aux méandres des coronaires, n’a, a posteriori, pas apporté beaucoup à mes travaux et je pense qu’il aurait été plus judicieux de m’attaquer directement aux injections. La 2ème injection quant à elle, a été comme vu précédemment bicolore, afin de bien différencier les réseaux droit et gauche. L’effet escompté n’a pas été atteint car le latex vert (destiné à la coronaire droite et injecté en premier) s’est retrouvé un peu partout au final, du fait des anastomoses existantes entre les 2 réseaux. Mais au moins cela a-t-il permis de prouver avec certitude l’existence de ces dernières. Il est à noter que l’état de la 3ème pièce (un cadavre assez jeune, n’ayant de plus pas eu le temps de s’abimer), combiné à une plus grande expérience en ce qui me concerne, m’a permis de faire de meilleures injection et dissection. Mes travaux ont retrouvé à très peu de choses près les mêmes caractéristiques des artères sinu-atriales que la plupart des articles fait à ce sujet : trajet, diamètre, et même fréquence d’apparition à droite ou à gauche. Malgré cela, une diversité beaucoup plus grande a été retrouvée concernant les autres artères de l’atrium droit (1ère pièce : en tout 4 artères atriales + 1 petite artère auriculaire 2nde pièce : en tout 1 seule artère atriale (qualité de l’injection à soupçonner) 3ème pièce : en tout 3 artères atriales). Cette tendance à une telle diversité avait été retrouvée dans les différentes sources. Pour finir, ces travaux m’ont permis d’explorer (avec plaisir, malgré quelques déconvenues) ce passionnant organe qu’est le cœur et que je connais désormais un peu mieux. Je me suis aussi rendu compte qu’outre l’importance que revêtent les artères de l’atrium droit concernant l’étiologie des troubles sinusaux, la structure de la vascularisation de l’atrium droit ne met pas tout le monde d’accord ! D’où l’intérêt de continuer son exploration encore aujourd’hui. 28 VIII. Bibliographie -GRAY Henry, Anatomy of the Human Body, 1918 -GRAY Henry; Anatomy of the Human Body, 1995 -MOORE/DALLEY, Anatomie médicale 2nde édition, 2007 -ROUVIERE H., Anatomy Humaine descriptive, topographique & fonctionelle, 15ème édition, tome II, 2002 -LJA DiDio et al, Surgical-Radiologic Anatomy, 1995, 17: 19-26 -BIAO-MING He et al, Surgical-Radiologic Anatomy, 1991, 13: 123-128 -LEKIEFFRE J. et al, Le nœud sinusal normal et pathologique, 1979 -EMC de cardiologie, Les troubles de la fonction sinusale, 11-031-A10 29