Les villes et la croissance verte PRINCIPAUX ÉLÉMENTS La croissance des villes a des incidences tant sur la qualité de l’environnement que sur la compétitivité nationale. Les villes sont très motrices pour le PIB national et les grands centres d’innovation, et affichent en général, par le jeu de la spécialisation, des niveaux de productivité supérieurs à la moyenne nationale. d’énergie et de ressources. Dans un monde d’abord urbain, elles consomment ainsi 60 à 80 % de l’énergie mondiale et sont donc responsables d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre. La forme urbaine a son importance : moins la ville est dense, plus elle consomme d’énergie pour l’électricité et les transports. Densification urbaine et baisse des émissions de CO2 par habitant vont clairement de pair. Les villes ont une taille adaptée aux marchés d’écoproduits et aux investissements à grande échelle dans les infrastructures vertes. Grâce à de meilleures synergies, les coûts à court terme des politiques environnementales urbaines sont moins élevés qu’à l’échelon national. Les politiques locales de réduction de la pollution renforcent le pouvoir d’attraction des villes, qui est un pan essentiel de leur compétitivité, en particulier dans les économies placées assez haut dans la chaîne de valeur. 1. La densification urbaine va de pair avec la baisse des émissions de CO2 imputables aux transports 7 000 États-Unis 6 000 Émissions de CO 2 par habitant pour le transport en 2006 (kg de CO 2 /nombre d’habitants) Les villes sont aussi grandes consommatrices 5 000 Canada 4 000 3 000 Australie Nouvelle-Zélande Finlande Danemark Belgique Italie FranceGrèce Allemagne Portugal Mexique 2 000 Irlande Norvège Autriche Japon République tchèque Corée Hongrie 1 000 République slovaquePologne Turquie 0 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 Densité urbaine en 2005 (nombre d’habitants/km 2 ) 6 000 Source : base de données régionales de l’OCDE ; AIE (2008), Émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie, OCDE/AIE, Paris. Les villes jouent un rôle charnière dans les stratégies nationales et mondiales de croissance verte. 2. Le losange de la croissance verte pour les villes « Verdissage » des services collectifs et des achats publics Les villes et les régions promeuvent la croissance verte grâce à toute une série d’outils innovants qu’il convient d’activer simultanément afin d’en libérer les complémentarités pour l’action publique : o « Verdissage » des investissements et des achats publics : infrastructures, construction, transports, réseaux de communication et services collectifs. o Soutien aux industries locales plus vertes : plus grande éco-efficience de la production, aide à l’éclosion des jeunes entreprises vertes, formation de la main-d’œuvre locale. o Sensibilisation des consommateurs grâce à des actions éducatives et à des baisses tarifaires des technologies vertes. o Activation de la recherche ; développement des pôles technologiques verts qui deviendront à terme les moteurs de la croissance économique verte des villes. Soutien en faveur d’industries plus vertes Sensibilisation des consommateurs Recherche et applications innovantes Les politiques de compacité urbaine peuvent contribuer à la croissance verte et nettement réduire la consommation d’énergie. Les « villes compactes » exemplaires arborent des liaisons de transport, des stratégies foncières mixtes et des services urbains de qualité. Les politiques de densification et les redevances de congestion peuvent avoir, grâce à l’innovation technique, des effets positifs durables sur l’économie ; il en va ainsi par exemple de transports publics de qualité plus efficients qui, répondant aux besoins économiques et reliant mieux les travailleurs à l’emploi, accroissent la productivité des entreprises. Pour de plus amples informations : www.oecd.org/urban/2010roundtable Le passage à une société plus durable sobre en carbone nécessitera d’importants investissements initiaux. Pour favoriser la croissance verte dans les villes, il faut de nouveaux instruments financiers tels que l’utilisation urbaine des marchés de carbone, des mécanismes locaux de plafonnement et d’échange, et des aides prenant la viabilité écologique en compte. 3. Les collectivités locales et régionales dépensent presque autant d’argent pour l’environnement que les instances nationales 6.0% 5.0% On pourrait « verdir » les sources existantes de recettes urbaines : des redevances de congestion et des péages routiers peuvent réduire l’usage de la voiture et financer des infrastructures vertes ; des redevances énergétiques locales alourdissant le coût des gaspillages d’énergie peuvent renforcer l’efficience ; et des taxes immobilières peuvent mettre un coup d’arrêt à l’étalement urbain et commencer à favoriser le développement du noyau des villes et des zones entourant les nœuds de transport. Dépenses nationales et infranationales de protection de l’environnement dans les pays de l’OCDE (2005) 4.0% 3.0% 2.0% 1.0% 0.0% Les financements privés auront leur importance : des partenariats public-privé pourraient stimuler la croissance verte urbaine, mais doivent être transparents et clairement pris en compte. Administration nationale Administration des États Collectivités locales Source : base de données des Statistiques des recettes publiques de l’OCDE. Les gouvernements ont un rôle central à jouer pour accroître la capacité d’action des villes en matière de croissance verte. Il faut combler le fossé qui sépare les conceptions nationale et locale de la croissance verte. Les programmes nationaux ne prennent pas en compte les éléments spatiaux de cette croissance, ni la contribution actuelle des villes à celle-ci. Les stratégies urbaines de croissance verte sont souvent des projets écologiques phare isolés dépendant de cycles politiques courts, alors même que la croissance économique durable à long terme nécessite une démarche systématique, englobant toute la ville et plurisectorielle. Les gouvernements pourraient « verdir » la finance urbaine en reformulant la fiscalité et les aides visant les échelons infranationaux de manière à corriger les incitations aux comportements non écologiques et à récompenser les villes qui génèrent des gains environnementaux au-delà de leurs frontières. Aide technique, financements et mutualisation des connaissances sont nécessaires pour mener des projets infrastructurels de grande envergure – réseaux intelligents, trains à grande vitesse, R-D verte, etc. – et pour aider les villes à mesurer l’impact économique et environnemental des initiatives de croissance verte. Supprimer les obstacles à l’action publique, prévenir toute concurrence interrégionale déloyale et favoriser la « course en avant » suppose de fixer aux niveaux national et international des objectifs et des normes de référence solides en matière d’environnement. Les villes ont par ailleurs besoin d’une certaine flexibilité pour pouvoir réagir de manière innovante au niveau de la politique urbaine et faire ensuite monter ces solutions en puissance. La croissance verte n’est pas indifférente à la manière dont sont jaugées les émissions de carbone et la qualité de l’environnement. Les politiques urbaines de croissance verte tireraient parti de signaux de prix et de normes tarifaires à l’échelon national – par le biais par exemple de taxes carbone ou d’autres mécanismes de tarification. Il convient de mieux suivre les répercussions des politiques menées. Pour pouvoir comparer les pratiques optimales et mesurer la croissance et les emplois verts, il faut disposer d’un jeu commun d’indicateurs environnementaux et économiques urbains. L’hétérogénéité des méthodologies d’une ville à l’autre va à l’encontre de toute velléité de suivi et d’évaluation des progrès réalisés en matière de croissance verte. Toute stratégie urbaine de croissance verte doit comprendre des jeux de données, des informations sur les marchés et des analyses de l’économie locale propres à mieux faire comprendre la relation entre consommation énergétique, émissions locales et activité économique. L’accès des autorités nationales à de telles informations peut alimenter les stratégies tant urbaines que nationales. Contacts : Lamia Kamal-Chaoui ([email protected]) et Alexis Robert ([email protected])