UN NOUVEL ÉLAN POUR L’EUROPE SOCIALE
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niveau de vie plus élevé. L’Union européenne est également une union d’États-
providence nationaux qui ont besoin, au niveau européen, de normes sociales et
d’objectifs globaux, ainsi que d’une gouvernance socio-économique plus forte.
La gouvernance mise en place dans l’UE, et plus particulièrement dans la zone
euro, est presque exclusivement axée sur des objectifs économiques et budgé-
taires. Le fait que des déséquilibres sociaux constituent une menace écono-
mique et politique pour la durabilité de la zone euro n’est pas suffisamment
pris en compte. Il existe un besoin flagrant de rééquilibrer la gouvernance.
Les déséquilibres sociaux doivent être gérés avec la même fermeté que les
déséquilibres budgétaires et macroéconomiques. Quelques progrès ont été
réalisés lors de la rationalisation du semestre européen en 2015. Ces change-
ments consistent à limiter les «recommandations spécifiques par pays» (RSP),
qui comprennent également des objectifs sociaux. Trois indicateurs en matière
d’emploi sont devenus des indicateurs clés du mécanisme d’alerte rapide dans
le cadre de la Procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques.
Il s’agit effectivement de progrès modestes si les déséquilibres sociaux ont
un impact sur les politiques macroéconomiques et budgétaires. Cela amène-
rait à intégrer pleinement la dimension sociale dans la gouvernance globale
en la transformant en une « gouvernance socio-économique». Le chômage,
la pauvreté, l’inégalité, l’inadéquation des compétences, mais également un
système de santé défaillant ou un système de retraite fragile sont des ques-
tions fondamentales dans le cadre d’un approfondissement de l’union moné-
taire européenne.
Sur le plan institutionnel, cela signifie que les différentes formations du
Conseil doivent coopérer et interagir de façon plus intense. Le conseil EPSCO
devrait être bien plus impliqué et devrait donc revoir ses méthodes de travail
et la fréquence de ses réunions. Il peut s’appuyer sur le bon travail effectué par
les deux comités, le CPS et le COEM, qui intègrent leur analyse et leurs points
de vue au processus. Dans le cadre de l’initiative de la présidence luxembour-
geoise, le conseil EPSCO a adopté des conclusions du Conseil pour une gouver-
nance favorisant une Europe plus inclusive.
Trop souvent, sur des questions sociales telles que les retraites ou les soins de
santé, la priorité est donnée à la pérennité financière et à la rentabilité, et ce
même s’il faut certes tenir compte de ces critères. Cela a été souligné par le