Les propos que je vais tenir peuvent être controversés. Je voudrais vous dire que le but est d’ouvrir le
débat et de délier les langues, de rechercher des solutions ensemble. Il ne s’agit pas d’avoir raison.
Ce ne sont que des mots, et le fond de notre démarche va bien au-delà. On ne peut définir cette
démarche. On ne peut être d’accord avec elle. On peut seulement la vivre. Car c’est de la liberté qu’il
s’agit.
Nous pouvons prétendre que la banque mondiale, les lobbys, les gouvernements, les corporations,
les communistes ou les Américains sont responsables de l’état du monde, et des horreurs qui s’y
passent quotidiennement.
Si c’est le cas, alors nous sommes des acteurs passifs et impuissants, ce qui justifie l’austérité vers
laquelle le monde tend aujourd’hui.
La liberté pour nous, ce n’est pas le pouvoir d’acheter une voiture, d’aller où bon nous semble ou de
consommer ce que l’on veut. Etre libre, c’est être honnête avec soi-même. C’est laisser sortir ce que
nous avons de meilleur, ce que nous sommes vraiment, sans nous conformer à une idéologie
quelconque. On ne peut être libre sans être responsable, et nous sommes ici parce que nous
partageons le besoin d’être honnêtes. Avec les autres, mais avant tout avec nous-mêmes.
Nous sommes habitués à être jugés dès notre plus jeune âge. Puis nous apprenons à nous juger nous-
mêmes. Nous finissons par nous convaincre que la réalité est ce qui est admis par la majorité, et nous
renonçons à croire en nous, en notre capacité de créer un monde dans lequel il fait bon vivre. Nous
cessons de nous écouter, et nous acceptons le monde tel qu’il est, avec ses guerres, ses divisions, sa
laideur, sa brutalité, son avarice.
Oser exprimer ce qui est au fond de nous, même si on est qualifié de « rêveur » ou de « rêveuse »,
n’est pas une faiblesse, c’est aujourd’hui un acte de courage. La plupart des gens qui disent que ce
n’est pas réaliste justifient ainsi leur propre passivité en se déchargeant de leur responsabilité.
Nous vivons aujourd’hui une profonde crise de sens. Nous sommes les pièces d’un puzzle dont nous
plions volontairement les bords afin de pouvoir les aligner sans réfléchir et sans respecter le dessein
de la vie.
Pour dire les choses crument, il n’est pas naturel de travailler que pour de l’argent, il n’est pas
naturel de gagner de l’argent avec de l’argent, il n’est pas naturel d’élever des enfants tout seul ou
toute seule, il n’est pas naturel d’être subordonné à des personnes que l’on ne voit jamais, il n’est
pas naturel d’exploiter ni les peuples du sud, ni son voisin. Notre comportement au travail n’est pas
naturel, et beaucoup de nos rapports humains ne sont pas naturels. En tout cas selon le point de vue
des dits rêveurs.
Nous ne sommes pas des rêveurs, nous préférons simplement mourir vivants plutôt que vivre
comme des morts-vivants coupés de nos sens. Ce n’est qu’une question de priorités. On croit que
c’est une question de temps, mais c’est une illusion.
Si notre café citoyen s’appelle Etiks, c’est parce que l’éthique est un choix, et agir en éthique peut
consister, dans certaines circonstances, à s’opposer aux règles et/ou à la pensée dominantes.
Le café est ouvert depuis le mois mai, et il remplit plusieurs fonctions :