Coup d`oeil - 79 - Étude sur la santé mentale et le bien

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Coup d’oeil
sur la recherche et l’évaluation
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79
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201
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ÉTUDE SUR LA SANTÉ MENTALE ET LE BIEN-ÊTRE DES ADULTES QUÉBÉCOIS :
UNE SYNTHÈSE POUR SOUTENIR L’ACTION
Ce bulletin présente les principaux
résultats d’une étude traçant le portrait
de la santé mentale et du bien-être de
la population québécoise à partir des
données de l’Enquête sur la santé dans
les collectivités canadiennes, cycle 1.2
(ESCC 1.2). Cette enquête a été menée
en 2002 par Statistique Canada auprès
de 36 984 répondants de 15 ans et plus
vivant au sein d’un ménage privé dans
les provinces canadiennes (5 332 au
Québec).
Grâce aux données de l’ESCC 1.2 et à
la collaboration de plusieurs chercheurs
et organismes (dont le Centre de
recherche Fernand-Séguin), l’Institut
de la statistique du Québec (ISQ) a
produit, depuis 2008, des brochures
sur la santé mentale au travail, sur les
troubles mentaux et la toxicomanie
ainsi que sur l’utilisation de services et
la consommation de médicaments. Les
travaux ont été menés à l’initiative de
la Direction de la surveillance de l’état
de santé du MSSS qui les a financés
conjointement avec la Direction de
la santé mentale et le Service des
toxicomanies et des dépendances ainsi
qu’avec l’apport de l’ISQ.
Cette étude s’est conclue avec la
publication, en mai 2010, du document
« Étude sur la santé mentale et le
bien-être des adultes québécois : une
synthèse pour soutenir l’action », produit
afin d’aider les planificateurs dans leur
prise de décision; un portrait chiffré basé
sur quelques indicateurs-clés a été publié
en même temps. À partir du document
synthèse, sont dabord présentés des faits
saillants pour chaque thème retenu et
des comparaisons entre le Québec et le
reste du Canada (données standardisées
selon le sexe et l’âge). Viennent ensuite
les principales implications pour les
politiques et les interventions.
Faits saillants et comparaisons interprovinciales
En 2002, près des trois quarts des adultes
québécois évaluent leur santé mentale
comme très bonne ou excellente, les
hommes davantage que les femmes.
Les Québécois sont proportionnellement
plus nombreux que les résidents du
reste du Canada à faire cette évaluation
positive, mais aussi à présenter un
niveau élevé de détresse psychologique.
Cette détresse se retrouve plus souvent
chez les femmes, les 15-24 ans et les
personnes faisant partie d’un ménage
à revenu inférieur, alors que le stress
quotidien élevé est plus fréquent chez
les 25-44 ans et les personnes disposant
d’un ménage à revenu supérieur. Par
ailleurs, comparativement aux autres
groupes d’âge, les 65 ans et plus
bénéficient en moindre proportion d’un
soutien social élevé.
En 2002, la population québécoise en
emploi (15-74 ans) est plus touchée
par la détresse psychologique élevée,
le faible soutien social au travail et
l’insécurité d’emploi que celle des
autres provinces. Elle est cependant
moins souvent exposée à une faible
autonomie de compétence, une forte
demande psychologique et des efforts
physiques intenses. Ces contraintes
psychosociales de travail sont toutes
associées à un niveau élevé de détresse
psychologique parmi la population en
emploi, en particulier chez les femmes.
On note aussi, en relation avec le faible
soutien social au travail, une proportion
plus forte de personnes en emploi ayant
subi une dépression majeure (mesurée
sur douze mois).
Environ 23 % de la population québécoise
de 15 ans et plus a présenté, au cours de
la vie, au moins un des troubles étudiés,
soit un trouble anxieux (trouble panique,
phobie sociale, agoraphobie) ou de
l’humeur (dépression majeure, manie),
et 8 % sur une période de douze mois.
Les pensées suicidaires et la tentative
de suicide touchent respectivement
14 % et 3,5 % des adultes québécois
durant leur vie. Ces proportions sont
toutes plus importantes parmi la
population féminine. Par ailleurs, la
consommation
excessive
d’alcool
et l’usage de substances illicites
concernent en plus forte proportion les
hommes et les jeunes de 15 à 24 ans;
ces derniers sont aussi plus nombreux
à faire un usage combiné de l’alcool
et du cannabis ou un « polyusage »
incluant d’autres substances illicites.
En 2002, la dépendance à l’alcool
touche
proportionnellement
moins
de personnes au Québec que dans
le reste du Canada, mais l’usage du
cannabis y est plus répandu. Enfin,
les données de l’ESCC 1.2 montrent
que plusieurs problèmes sont liés au
suicide : les personnes qui ont pensé au
suicide ou tenté de se suicider au cours
de leur vie sont proportionnellement plus
nombreuses que les autres à présenter un
trouble de l’humeur ou une dépendance
à l’alcool ou à des substances illicites.
D’autre part, l’enquête met en évidence
la présence concomitante de troubles
mentaux et de toxicomanie : la proportion
des personnes qui consomment des
substances illicites ou montrent une
Coup d’oeil sur la recherche et l’évaluation est un bulletin ponctuel qui présente des informations sur les études effectuées, financées
ou suivies par la Direction générale adjointe de l’évaluation, de la recherche et de l’innovation.
dépendance à ces substances ou à
l’alcool sur douze mois est plus élevée
parmi celles qui présentent un trouble
anxieux ou de l’humeur.
Selon l’ESCC 1.2, le dixième de la
population de 15 ans et plus a utilisé au
moins une ressource à des fins de santé
mentale sur douze mois, les hommes
moins que les femmes; les plus consultés
sont les médecins de famille (4,8 %)
et les psychologues (3,7 %). En 2002,
ces derniers le sont davantage que
dans le reste du Canada, contrairement
aux psychiatres qui sont consultés en
moindre proportion au Québec. Environ
le cinquième des personnes présentant
exclusivement des problèmes de
toxicomanie ou des troubles anxieux
a consulté, soit nettement moins que
les personnes souffrant de troubles
de l’humeur seulement (50 %) ou d’un
trouble de l’humeur associé à un trouble
anxieux (71 %). Les personnes ayant des
besoins non comblés d’aide font surtout
face à des problèmes d’acceptabilité
et requièrent principalement de l’aide
en thérapie et en information sur les
troubles émotionnels et les traitements
ou services disponibles. Enfin, la
consommation
de
médicaments
psychotropes (sauf les antidépresseurs)
est plus répandue chez les 65 ans et plus
que chez leurs cadets, notamment pour
les aider à dormir (17 %).
Implications pour la prise de décision
Compte tenu des groupes à risque et
des barrières à l’utilisation de services
en santé mentale et toxicomanie, il
apparaît profitable de poursuivre, à long
terme, les campagnes d’information
et de sensibilisation qui permettent
de lutter contre la stigmatisation et la
discrimination, d’en élargir la portée aux
dépendances ainsi qu’aux problèmes
liés au suicide, et de les harmoniser aux
plans national, régional et local. Moins
enclins à consulter que les femmes, les
hommes gagneraient à bénéficier d’une
attention particulière afin de vaincre
leurs préjugés à l’égard des problèmes
eux-mêmes et de la possibilité de les
traiter. Le milieu de travail peut aussi
encourager les personnes aux prises
avec ces problèmes à consulter et à faire
connaître l’existence d’interventions
efficaces.
Le
recours
plus
fréquent
aux
omnipraticiens et aux psychologues
à des fins de santé mentale confirme
l’importance de hiérarchiser les services
afin de favoriser l’intégration des troubles
mentaux courants aux soins de première
ligne. Deux enjeux de taille ressortent : la
capacité d’intervention en première ligne
et l’utilisation des services spécialisés.
Comme le propose le projet Cible Qualité
du réseau Qualaxia, l’amélioration de la
qualité des soins et services de première
ligne en santé mentale pourrait être
effectuée en s’inspirant du modèle de
gestion des maladies chroniques. Par
ailleurs, l’intérêt de la thérapie comme
type d’aide requise et comme intervention
démontrée efficace incite à sonder les
avenues permettant de faciliter l’accès
aux traitements psychothérapeutiques.
Les résultats relatifs à la comorbidité
font ressortir la nécessité d’accroître
la collaboration à l’échelle du système
de santé ainsi que la coordination des
cas au plan local entre les réseaux
spécialisés de la santé mentale, celui
de la toxicomanie et de première ligne.
Dans ce contexte, parmi les approches
adoptées où à développer, il faut noter
les incitatifs favorisant la disponibilité de
psychiatres répondants et les expériences
de formation croisée entre spécialistes
en santé mentale et en toxicomanie.
Les résultats de l’ESCC 1.2 suggèrent
l’exploration de plusieurs thèmes de
recherche, notamment en lien avec la
comorbidité et les besoins d’aide en santé
mentale. Il importe aussi de générer
des données précises et récurrentes
pour soutenir l’exercice de surveillance
et la planification des services. La
reconduction de l’ESCC Santé mentale
et bien-être, projetée pour 2012, devrait
permettre d’observer l’évolution des
principaux indicateurs; divers aspects
méthodologiques (dont la taille de
l’échantillon) sont à examiner en fonction
des besoins du Québec. D’autres avenues
pourraient aussi être considérées sur le
plan des méthodes, comme l’utilisation
de données administratives, ou sur celui
des thèmes, comme la santé mentale
des enfants.
RÉDACTION : Francine Bernèche, Direction des statistiques de santé, ISQ, et Jacques Rhéaume, Direction de la recherche et de
l’innovation, MSSS.
Référence
Pour en savoir plus sur les cinq publications de l’étude sur la santé mentale et le bien-être des adultes québécois, veuillez
consulter le site Web de l’Institut de la statistique du Québec :
http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/sante/index.htm#sante_mentale
À propos du bulletin Coup d’oeil...
Des exemplaires imprimés de ce bulletin et sa version électronique sont disponibles au secrétariat de la Direction de la recherche et de
l’innovation (DRI, MSSS) auprès de Laurence Savard-Paquet - 418 266-7056 - [email protected].
Un accès à la version électronique du bulletin est également disponible sur l’intranet Réseau à l’adresse suivante : http://reseau.msss.
rtss.qc.ca/appl/rtss/coupoeil.nsf/liste?openview
Éditique : Laurence Savard-Paquet et Mireille Asselin, DRI, MSSS
Coordonnateur du Coup d’oeil : Jacques Rhéaume - 418 266-7067 - [email protected]
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