Projet pour l’école
Les Ceméa dès leur origine ont développé une approche
globale des questions éducatives et se sont impliqués, à
partir de 1945, tout naturellement dans le champ scolaire
(cf. page 30). futant l'idée d'être de simples prestataires, ou can-
tonnés à une définition étroite de la complémentarité au service
public d'éducation, nous proposons ici les bases d'une vision et
d'une participation à un grand projet d'éducation.
Ce travail fondamental n'est pas le fruit de la réflexion du seul
secteur École, il est bien un projet global construit par les apports
croisés et convergents de l'ensemble des champs éducatifs,
sociaux et culturels sur lesquels nous agissons.
Nous l’avons mis en avant pendant l’année 2012 lors de la
concertation sur la refondation. Il se veut mobilisateur, tant nous
pensons que l'école ne peut servir seule de telles ambitions. Le
travail que nous présentons ici rend visible la diversité des res-
sources produites par notre mouvement.
Il constitue avant tout un projet d'actions dont nous déclinons
(cf. page 28) les plus récents chantiers innovants que nous condui-
sons dans toutes des régions (de métropole et outre mer).
C'est aussi un projet (de et) « en mouvement », qui identifie
quelques questions vives (cf. page 26) remises au travail dans une
traduction exigeante et renouvelée d'utopies concrètes.
Projet pour l’école
SOMMAIRE
DES PROPOSITIONS POUR L'ÉCOLE 2
VERS L'ÉDUCATION NOUVELLE 3
- Pourquoi se référer, aujourd’hui, à l'Éducation nouvelle ? 3
- Dans la lignée de grands pédagogues 3
- Les principes qui guident nos actions dans l’école 4
- Ce qui fonde toute relation éducative 5
QUELLE ÉCOLE POUR QUELLE SOCIÉTÉ ? 6
POUR UNE ÉCOLE AU CŒUR
DE LA RÉPUBLIQUE LAÏQUE 9
- Pour une égalité des droits, des chances et… des places 9
- Garantir une inclusion réelle des enfants en situation
de handicap 10
- Affirmer que l'école éduque tout autant qu'elle instruit 11
- Penser l'école comme lieu de vie à (re)construire 12
- Donner à l'enfant le pouvoir sur son environnement, sur sa vie 13
- Affirmer l'école maternelle 14
POUR DES MÉTIERS RECONNUS, VALORISÉS 15
- Reconsidérer la pédagogie 15
- Élaborer des projets éducatifs, projets d’établissement 16
- Changer les cultures professionnelles par la formation 17
- Créer les conditions d'un travail d’équipe inter-catégoriel 18
POUR UNE ÉDUCATION GLOBALE 19
- Donner toute leur place aux parents 19
- Repenser les lieux d’éducation et les rythmes 20
- Ouvrir l'école, lieu de culture, aux autres lieux de culture 22
- Éduquer à l’environnement européen et international :
citoyenneté, solidarité et mobilité 24
- Investir l’éducation aux médias et aux écrans 25
QUELQUES QUESTIONS VIVES MISES
AU TRAVAIL… 26
EN RÉSUMÉ 27
DES INNOVATIONS DANS TOUTES
LES ACADÉMIES 28
PROPOSITIONS DE FORMATIONS 29
LES CEMÉA ET L'ÉCOLE… QUELQUES JALONS 30
LE SECTEUR ÉCOLE DES CEMÉA 32
- Le collectif de rédaction 32
Document
Le magazine des militants des Ceméa - JANVIER 2013
ÉDITORIAL
numéro spécial
Les Ceméa sont soutenus pour leur fonctionnement et leurs projets par les ministères de l’Éducation nationale, des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation
populaire et de la Vie associative, des Affaires sociales et de la Santé, des Affaires étrangères et européennes, de la Culture et de la Communication, de l’Outre-mer.
DOCUMENT REPERES & ACTIONS JANVIER 2013 - © CEMEA
Projet pour l’école
2
Les Ceméa, en tant que mouvement d'éducation,
s'attachent à apporter des contributions précises et
étayées au système éducatif et aux pratiques péda-
gogiques. Celles-ci s'inscrivent dans le courant
pédagogique de l’Éducation nouvelle, porteuse de
valeurs et de convictions, qui témoigne ici de la
modernité de sa pensée et de son capital d'expé-
riences.
Ce document formalise les propositions des
Ceméa pour l’école, de la maternelle au lycée, dans
le cadre du service public d’éducation, défendant
avec vigueur une éducation nationale pour une
égalité des droits et des moyens sur l’ensemble du
territoire.
Il traduit des ambitions pour l'école de la répu-
blique dans une perspective de transformation
sociale et politique.
Ainsi, il constitue un « projet pédagogique et poli-
tique », les deux dimensions étant toujours indis-
sociablement liées.
Nos propositions sont constantes et réitérées, elles
fondent l’objet social de notre mouvement (notre
raison d'être) qui s’exprime dans tous les contextes
politiques.
À QUI S'ADRESSE CETTE
PUBLICATION ?
Vous êtes élu en charge de questions éducatives.
• Vous êtes parent.
• Vous êtes personnel de l'éducation nationale.
Vous êtes éducateur, animateur, intervenant sco-
laire.
Vous êtes militant de mouvements pédago-
giques.
Vous êtes étudiant, ou stagiaire, futur profes-
sionnel d'un des métiers de l'éducation.
Vous trouverez dans cette publication ce qui, pour
les Ceméa, fait sens et fait lien entre tous les acteurs
éducatifs.
Vous trouverez les idées et valeurs portées par les
Ceméa, et percevrez les contributions et coopéra-
tions qui font de ce mouvement un partenaire
compétent actif et engagé…
Des propositions
pour l'école
POURQUOI SE RÉFÉRER,
AUJOURD’HUI, À L'ÉDUCATION
NOUVELLE ?
Les apports des mouvements pédagogiques pour
faire évoluer les pratiques à l’école ont été plus ou
moins bien adaptés et surtout trop rarement
accompagnés. Un exemple flagrant : la reconnais-
sance de la parole de l’élève se trouve institution-
nalisée et réduite en “heure de vie de classe”.
Ainsi, les idées de l’Éducation nouvelle ne sont pas
encore aujourd’hui totalement mises en place, offi-
cialisées. Les outils sont souvent décontextuali-
sés, les idées vidées d'une pensée globale.
“La pédagogie nouvelle demeure toujours nouvelle,
c’est à dire n’a pas opéré la percée qu’espérait ses fon-
dateurs, sauf dans les zones complémentaires et mar-
ginales…” dit Louis LEGRAND.
Parmi nos pratiques :
- La prise en compte de la globalité de l’enfant, de
l’adolescent ;
- La pédagogie du projet ;
- Les pratiques culturelles ;
- La relation école-famille ;
- La citoyenneté accomplie en situation vraie et
non simulée ;
- La place et la valeur de la parole. Écouter et être
écouté ;
- La place de l'éducateur et ce qui fonde son auto-
rité ;
- La volonté de tendre vers l’autonomie de
l’enfant ;
- L’observation et la connaissance de l’enfant pour
identifier besoins, intérêts, et motivations ;
- La prise en compte du milieu de vie : l’environ-
nement social, familial, culturel ;
- L'importance du cadre éducatif : locaux fonc-
tionnels et adaptés aux besoins de l’élève ;
- L'apprentissage (l’élève se construit, l’éducateur
l’aide à se construire) ;
- L’expression personnelle : chacun doit pouvoir
agir sur ses conditions d’apprentissage ;
- Le collectif : l’élève apprend, se construit, avec
les autres ;
- Le plaisir, et l’envie d’apprendre ;
- L'importance de la réussite.
Il faut rappeler que :
- L'Éducation nouvelle n’est pas une pédagogie
de soin, de compensation (réservée aux élèves en
difficultés), elle est une pédagogie destinée à
tous.
- L’éducation nouvelle n’est pas réservée à
quelques éducateurs d’exception, elle est prati-
cable par le plus grand nombre.
- Plus qu’une pratique, il s’agit d’une éthique et
donc d’un engagement politique.
- En cela, les Ceméa en tant que mouvement
d'éducation nouvelle sont partenaires actifs de
l'Éducation nationale et complémentaires.
L'Éducation nouvelle devrait enrichir les pra-
tiques au sein de l’Éducation nationale.
DANS LA LIGNÉE DE GRANDS
PÉDAGOGUES
L'Éducation nouvelle défend l’idée d'une partici-
pation active des individus à leur propre forma-
tion. Elle déclare que l'apprentissage, avant d'être
une accumulation de connaissances, doit être un
facteur de progrès global de la personne.
Avec les méthodes actives, on part des centres
d’intérêts de la personne, tout en l’encourageant.
L’Éducation nouvelle vise une éducation globale,
accordant une importance égale aux différents
domaines éducatifs : intellectuels et artistiques,
mais également physiques, manuels et sociaux.
Comme Gisèle de Failly l’a mis en pratique dès la
fondation des Ceméa.
L'apprentissage de la vie sociale est considéré
comme essentiel. Elle privilégie donc la coopéra-
tion entre les individus au lieu de la compétition
ou de la concurrence.
S’appuyant sur des théoriciens de l’éducation
(Cousinet, Freinet…), nos propositions pour
l’école d’aujourd’hui et de demain restent fondées
sur ces repères de l’Éducation nouvelle :
- Célestin FREINET, « Tâtonnement expéri-
mental et travail autonome »
DOCUMENT REPERES & ACTIONS JANVIER 2013 - © CEMEA
3
Projet pour l’école
Vers l'Éducation nouvelle
DOCUMENT REPERES & ACTIONS JANVIER 2013 - © CEMEA
Vers l’Éducation nouvelleProjet pour l’école
4
- Maria MONTESSORI, « Aide-moi à agir
seul
- Fernand OURY, « Pédagogie institutionnelle
sur la parole de l'enfant »
- Johan Heinrich PESTALOZZI, « Exigence
sociale et liberté naturelle »
- Adolph FERRIERE, « Reconnaissance des
écoles nouvelles »
- Fernand DELIGNY, « Regards sur les enfants
différents »
- Roger COUSINET, « Travail libre par groupe
et pédagogie du projet »
- Henri WALLON, « L'importance du milieu,
son aménagement est acte d'éducation »
- Jean PIAGET, « Connaissances sur les méca-
nismes de l'évolution de l'enfant »
- Francine BEST, « Pour une pédagogie de l'éveil
et ce qui fonde l'intérêt »
- Philippe MEIRIEU, « Méthodes actives et
pédagogie différenciée »
Mais aussi (Voir collection DVD
“l’éducation en questions” proposé par
Philippe MEIRIEU)
- Édouard CLAPAREDE
- Ovide DECROLY
- Françoise DOLTO
- Alexander S NEILL
- Paolo FREIRE
- Carl ROGERS
- Janus KORZCAK
- Ivan ILLICH
LES PRINCIPES QUI GUIDENT NOS
ACTIONS DANS L’ÉCOLE
Tout être humain peut se développer et
même se transformer au cours de sa vie. Il
en a le désir et les possibilités.
Les pédagogies progressistes s’appuient toujours
très largement sur l’analyse du travail en direction
de ceux qui en ont le plus besoin. L’éducation est
avant tout un espoir pour chacun.Plus qu’une éga-
lité des chances, c’est une véritable égalité des
droits que nous revendiquons.
Il n’y a qu’une éducation. Elle s’adresse à
tous. Elle est de tous les instants.
L’éducation globale met en synergie les différents
temps et lieux de l’éducation. Nous voulons faire
coopérer, au-delà des corporatismes, l’ensemble
des acteurs éducatifs : professionnels, volontaires,
bénévoles, ou acteurs “par nature” que sont les
parents…
Notre action est menée en contact étroit
avec la réalité.
C’est au sein de l’école publique et avec tous ceux
qui contribuent à sa mission que nous œuvrons.
L’innovation pédagogique se construit sur tous les
terrains, hors de “laboratoires” mais totalement
reliée, depuis, toujours aux recherches en sciences
de l‘éducation et dans d’autres disciplines. Nous
ne cherchons pas à nier ou contourner les diffi-
cultés du quotidien éducatif mais bien au contraire
à en faire un objet de réflexion et de mobilisation.
Tout être humain, sans distinction de sexe,
d’âge, d’origine, de convictions, de culture,
de situation sociale, a droit à notre respect
et à nos égards.
Nous sommes de tous les combats pour l’égalité et
ce dans une visée de l’éducation pour tous et tout
au long de la vie. La différence et la diversité est
une richesse du genre humain.
Le milieu de vie joue un rôle capital dans le
développement de l’individu.
Le contexte, les réalités, les cultures sont des
moteurs de la connaissance et plus globalement de
tous les apprentissages.
L’éducation doit se fonder sur l’activité,
essentielle dans la formation personnelle et
dans l’acquisition de la culture.
Nous cherchons à permettre à chacun d’être acteur
de sa propre éducation, par des mises en situations
authentiques et qui font sens pour l’enfant et le
jeune.
L’expérience personnelle est un facteur
indispensable du développement de la
personnalité.
Les apprentissages, auxquels nous attachons une
grande importance, relèvent d’une somme d’expé-
riences et de parcours qu’il faut, au sein même de
l’école, reconnaître et valoriser. L’école doit deve-
nir un formidable lieu d’ouverture à des pratiques
culturelles diversifiées.
La laïcité, c’est l’ouverture à la
compréhension de l’autre dans
l’acceptation des différences et dans le
respect du pluralisme.
C’est aussi le combat pour la liberté d’expression
de chacun et contre toute forme d’obscurantisme,
de discrimination, d’exclusion et d’injustice. La
recherche de la mixité à tous les niveaux, l’effort
de cultures partagées constituent les seules voies de
la concorde républicaine. L’École doit être très
claire sur cette composante fondamentale. La
citoyenneté est trop souvent rangée au rang de
mots d’ordre ou d'approches moralisantes.
Les Ceméa sont
partenaires de cette
collection : Pédagogues
du monde entier aux
éditions Fabert
Vers l’Éducation nouvelle
CE QUI FONDE TOUTE RELATION
ÉDUCATIVE
Les sciences humaines (dont celles de
l'éducation) ont objectivé la nécessité
de ruptures avec les pédagogies
traditionnelles. Un solide corpus de
référence permet sur des bases solides,
de relier théorie et pratiques
pédagogiques.
Pour des pédagogies différenciées
L’enfant, l’adolescent, est un être à part entière. Il
faut qu’il puisse construire sa personnalité dans
toutes ses composantes : intellectuelles, affectives,
sociales, motrices, créatrices… Il doit pouvoir
apprendre peu à peu à mieux se connaître, et à
exercer son esprit critique pour choisir et décider
ses actes de façon responsable.
Chaque être est unique, et est traversé par les
contradictions de la société dans laquelle il vit.
Chacun en est influencé différemment positive-
ment et négativement – selon des capacités, des
parcours, des processus, des rythmes très diversi-
fiés. Il y a donc obligation pour l’école de recon-
naître chacun dans son originalité et de prendre en
compte ses origines sociales, ses expériences de vie
individuelles, son propre rapport à autrui et au
monde.
L’élève est un enfant, un adolescent mis en rapport
avec le savoir par des adultes professionnels ; en ce
sens, il est évidemment au centre du système édu-
catif. On enseigne à un groupe d’élèves - que l’on
appelle une classe - mais c’est chaque élève qui
apprend, avec son histoire, ses goûts, ses projets
immédiats ou lointains, ses acquis et ses expé-
riences antérieurs. Tenir compte de cette diversité
est au cœur du métier d’enseignant.
L’apprentissage des savoirs et la
socialisation sont indissociables
La forte dimension affective, le poids du regard des
autres (celui des pairs et celui des adultes) pèsent
énormément dans le rapport aux apprentissages.
Aussi, toute situation qui permet à l’enfant, à
l’adolescent de se construire (ou reconstruire) une
image positive de lui-même, l’encourage-t-elle à
persévérer et à progresser. De même, toute situa-
tion qui lui permet de trouver positivement sa
place dans le groupe, d’en tirer toutes les richesses
et non pas d’y être nié, écrasé, est fondatrice du
développement positif de la personnalité et de son
être social.
La complexité de la relation éducative entre
l’adulte et le jeune
Car elle est sous-tendue par l’affectivité. En cela,
l’autorité est aussi indispensable que l’affection
pour la construction de la personne. Or, l’enfant,
l’adolescent, se construit en s’opposant. L’adulte,
avec autorité, doit faire opposition en cas de néces-
sité. L’enseignant (le personnel éducatif) est dépo-
sitaire de l’autorité, ce qui ne signifie pas que cette
autorité soit reconnue ; le statut ne suffit pas.
L’autorité se réfléchit, se construit, s’acquiert pro-
gressivement ; elle manifeste du respect aux élèves
et exige le respect de leur part.
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Projet pour l’école
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