Neuropsychologie clinique de l`émotion

Journée de Formation de
L’Association Suisse des Neuropsychologues
Neuropsychologie clinique de
l'émotion : théorie, évaluation
et prise en charge
Hôpitaux Universitaires de Genève
Salle Opéra (RdC)
Genève – 24 juin 2016
Comité d'organisation
Dre Julie Péron
Membre de la Commission Formation Continue de l’ASNP
Dr Arnaud Saj
Membre de la Commission Formation Continue de l’ASNP
«Neuropsychologie clinique de l'émotion : théorie, évaluation et prise
en charge» sera le thème de l’édition. Cette journée de formation
s’inscrit dans la vision pluridisciplinaire et transversale de l’association
faisant le lien entre les applications cliniques et la recherche
fondamentale dans le domaine du traitement des émotions. Cette
journée sera l’occasion d'échanges sur les récentes avancées
scientifiques et psychométriques dans l’évaluation et la prise en
charge des pathologies, tant en neurologie qu'en psychiatrie,
affectant le traitement des émotions.
Nous sommes très heureux de vous accueillir à Genève.
Dre Julie Péron & Dr Arnaud Saj

Quelle est la fonction de l’amygdale dans l’émotion ?
Prof David Sander
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education et le Centre
Interfacultaire en Sciences Affectives, Université de Genève
Même si les premiers modèles cérébraux des émotions tels que ceux
proposés par Cannon puis par Papez ne mettaient pas l’accent sur le
rôle de l’amygdale dans les émotions, cette structure est
progressivement devenue, à partir des années 1950, celle qui est la
plus étudiée pour comprendre les émotions humaines. Malgré la
quantité de recherches impressionnante sur cette région cérébrale,
aussi bien en neuropsychologie qu’en neuroimagerie, son rôle
spécifique est toujours extrêmement débattu. La présentation
s’intéressera à discuter les paradigmes expérimentaux qui testent la
fonction de l’amygdale en neuropsychologie et neuroimagerie, ainsi
que les implications théoriques des résultats obtenus.
Neuropsychologie de l'émotion dans la voix
Prof Didier Grandjean
Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education et le Centre
Interfacultaire en Sciences Affectives, Université de Genève
La capacité à attribuer des états mentaux émotionnels est au cœur de
nos interactions sociales. Ces compétences sont sous-tendues par un
ensemble de réseaux neuronaux permettant de construire une
représentation basée sur des informations sensorielles différentes
qu’elles soient visuelles, auditives, et olfactives. L’information auditive
sera au cœur de cette présentation. A partir d’une construction d’un
objet auditif, ce dernier peut être utilisé par l’organisme pour attribuer
et catégoriser un état de l’interlocuteur. Les mécanismes cérébraux de
base de l’audition au sein des cortex temporaux et sous-corticaux
seront discutés en lien avec leurs interactions fonctionnelles avec les
régions frontales incluant les gyri inférieurs frontaux et les régions
orbitales. Des recherches en neuropsychologie et neurosciences
incluant différents types de populations cliniques seront discutées
dans le cadre d’une meilleure prise en charge des syndromes ou
prodromes cliniques dans le domaine de l’émotion.

Troubles socio-émotionnels dans le contexte de la déficience
intellectuelle: évaluation et prise en charge
Prof. Koviljka Barisnikov
Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, Université de
Genève
La littérature rapporte une présence élevée de troubles
psychopathologiques et du comportement (environs de 38%) chez les
personnes avec une déficience intellectuelle (Rojahn and Meier, 2009).
Les études indiquent également la présence des déficits au niveau des
compétences sociocognitives (ex: lecture des expressions
émotionnelles ; connaissance des règles de comportement social,
théorie d’esprit) qui influenceraient la manière dont ces personnes
perçoivent et interprètent l’environnement ainsi que la mise en place
des réponses aux situations sociales.
L’objectif de cet exposé est de présenter la « Batterie socio-cognitive et
émotionnelle » (Barisnikov & Hippolyte, 2011), créée pour les
personnes présentant une déficience intellectuelle permettant
d’évaluer de manière intégrative les compétences sociocognitives, et
du comportement social et émotionnel. Nous présenterons également
le « Programme de rééducation des compétences socio-
émotionnelles » développé pour cette population (Lachavanne &
Barisnikov, 2013).
Références.
Barisnikov, K., Hippolyte, L., 2011. Batterie d’évaluation de la cognition sociale et émotionnelle.
In : Nader-Grosbois, N. (Ed.), La Théorie de l’esprit: Entre cognition, émotion et adaptation
sociale. De Boeck, Bruxelles, pp. 125-142.
Lachavanne, A., & Barisnikov, K. (2013). Rééducation des compétences socio-émotionnelles
des adultes présentant une déficience intellectuelle. Revue européenne de psychologie
appliquée,63(6), 345-352.
Vers une neuropsychologie clinique intégrative des troubles
émotionnels: l'exemple des patients neurostimulés
Dre Julie Péron
Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, Université de
Genève & Service de Neurologie, Hôpitaux Universitaires de Genève
La stimulation cérébrale profonde (SCP) est une technique de
neurochirurgie fonctionnelle bien acceptée pour les troubles du
mouvement et est actuellement explorée comme une option de
traitement pour divers troubles neurologiques et psychiatriques.
Cependant, des effets secondaires consécutifs à cette technique et
notamment à type de troubles affectifs peuvent être observés. Les
travaux récents mettent en évidence le caractère plurifactoriel de ces
effets secondaires. Ainsi, l'organisation anatomo-fonctionnelle des
structures cibles, l'hétérogénéité des symptômes au sein d'une même
catégorie diagnostique, la personnalité ou encore les attentes des
patients et de leurs familles vis-à-vis de la chirurgie, sont autant de
facteurs qui impactent de manière différentielle sur le devenir post-
opératoire.
Dans ce contexte, après avoir présenté la prise en charge par SCP et
ses dernières innovations, l'objectif de cette présentation va consister
à exposer les différents domaines à investiguer lors de la prise en
charge neuropsychologique entourant la SCP.
La prise en charge neuropsychologique des patients bénéficiant d'une
SCP devrait consister en une approche intégrative, prenant en compte
le niveau neuronal et cognitivo-comportemental, mais également
psychologique et environnemental, dans une démarche individualisée,
adaptée à chaque patient.

Modifications émotionnelles et théorie de l'esprit affective dans les
dégénérescences lobaires fronto-temporales et la maladie
d'Alzheimer
Dr. Mickaël LAISNEY
Neuropsychologie et Ecole Pratique des Hautes Etudes
Unité Inserm-EPHE-UNICAEN U1077, Caen, France
Notre capacité à reconnaitre les émotions et les sentiments des autres
est un aspect central dans nos interactions avec autrui. Au-delà de
cette capacité essentiellement sous-tendue par le décodage de stimuli
sociaux, la théorie de l’esprit affective renvoie à nos habiletés à inférer
des états mentaux affectifs aux autres et à comprendre qu’ils peuvent
être différents des nôtres. L’atteinte du traitement des émotions est
un des critères diagnostiques de la variante comportementale de
dégénérescence lobaire fronto-temporale. Ces patients présentent
notamment une diminution de l’affect, une perte d’empathie avec une
indifférence affective. Des atteintes du traitement des émotions et de
la théorie de l’esprit affective ont également été rapportées chez les
patients souffrant de la forme sémantique de cette affection. Des
perturbations émotionnelles sont également observées dans la
maladie d’Alzheimer même chez les patients non déprimés et ce, dès
les premiers stades de la maladie.
La prise en charge des problèmes socio-émotionnels après un
traumatisme crânio-cérébral : une approche individualisée et
intégrative
Dr. Lucien Rochat
Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, Université de
Genève
Des problèmes socio-émotionnels sont fréquemment décrits après un
traumatisme crânio-cérébral (TCC) et peuvent entraîner un impact
négatif important sur la réinsertion familiale, sociale et professionnelle
des patients, ainsi qu’une diminution de leur qualité de vie et de celle
de leur entourage. Toutefois, malgré la prévalence et les
conséquences négatives de ces problèmes après une lésion cérébrale,
peu d’études se sont intéressées à examiner l’efficacité de stratégies
spécifiques d’intervention visant à en diminuer la fréquence et/ou
l’intensité.
Dans cette présentation, nous allons plus particulièrement illustrer la
nécessité de promouvoir une approche individualisée et intégrative de
la réhabilitation des problèmes socio-émotionnels consécutifs à une
lésion cérébrale par la présentation d’une étude de cas unique
combinant plusieurs interventions psychologiques dans le but
d’améliorer la gestion de la colère chez un patient victime d’un TCC
sévère.

Rééducation de la cognition sociale après un traumatisme crânien
Mélanie Vanberten & Delphine SONRIER
Service de Neurologie du Centre Hospitalier de Pontivy & Consultation
Mémoire du Centre Hospitaliser de Lorient, France
Interagir de façon adéquate avec autrui nécessite la mobilisation de
nombreuses compétences cognitives que l’on regroupe sous le terme
de « cognition sociale ». Chez les patients cérébrolésés, celles-ci sont
souvent perturbées, ce qui nuit à leur réinsertion sociale et
professionnelle. C’est pourquoi leur remédiation est essentielle. Nous
évoquerons notre expérience de prise en charge en groupe des
troubles de la cognition sociale auprès d’une population de patients
cérébrolésés, à travers 4 thématiques : les émotions, la
communication, le comportement et l’implicite. Pour chaque
thématique, des exercices à la fois spécifiques et collectifs sont
proposés, au travers de médias variés (photographies, histoires, films,
dessins, publicités, mises en situation, …). Cette prise en charge repose
pour les patients sur une meilleure connaissance des compétences
sociales cognitives qui entrent en jeu dans les interactions, sur une
prise de conscience de leurs propres difficultés et surtout sur une
réflexion concernant les actions possibles pour y remédier. Une
investigation est menée sur les effets d’une telle prise en charge
novatrice et individualisée.
Gestion des émotions suite à une atteinte cérébrale : s’adapter à la
nouvelle réalité
Dre Tatiana Aboulafia
Neuro-rééducation, Hôpitaux Universitaires de Genève
Tristesse, colère, anxiété…. des émotions que nous vivons au
quotidien, mais qui sont souvent à fleur de peau chez les patients
cérébrolésés. Avec l’atteinte des circuits neuronaux impliqués dans la
régulation émotionnelle, les capacités cognitives diminuées et le
changement du réseau socioprofessionnel, il est encore plus difficile
de faire face aux difficultés de la vie et de gérer ses émotions. Les
stratégies utilisées auparavant ne sont parfois plus utilisables, ni
adaptées. Aider le patient cérébrolésé à mieux réguler ses émotions
est indispensable pour la réinsertion socioprofessionnelle. Le soutien
peut se faire parallèlement à la prise en charge des troubles cognitifs
et sensitivo-moteurs.
Lors de cette conférence nous allons explorer quelques outils qui
peuvent aider les patients à faire face à leur nouvelle réalité. Les
changements majeurs sont difficiles, mais les petits changements sont
précieux.