donneur d?ordre sera de dessiner le portrait d?un candidat idéal, une sorte de mouton à cinq
pattes. Dès ce premier temps, il ne faut pas se contenter de prendre la commande sans l?avoir
confrontée à la réalité du marché du travail, être pragmatique et appeler à hiérarchiser la
demande entre le « must-have » et le « nice-to- have ». Ce premier dialogue doit être vrai ; c?est
un gage de succès durable dans le processus de recrutement. Ce qui est valable en amont l?est
aussi en aval, au moment de l?entretien avec le candidat. Il s?agit de lui dresser le portrait
véridique du poste. Ne pas lui cacher, par exemple, un historique chahuté, préciser les risques,
ne pas embellir outre mesure? Mais tout de même « vendre » le poste. Dire la vérité est
important, la manière de la présenter compte aussi. Nous adoptons encore la même attitude
quand nous devons présenter les candidats retenus aux clients : il ne faut pas survendre, taire tel
aspect, ne pas hésiter à émettre des réserves? La pérennité ne se réalise que si la vérité n?est
pas cachée. Le « parler vrai » est une garantie d?efficacité.
Entre un candidat qui sait se vendre et un candidat qui ment, comment parvenez-vous à discerner la
vérité ?
Un CV avec des éléments flous me met la puce à l?oreille. Il faut certes se présenter sous son
meilleur jour, mais tout ce qui y est inscrit doit être exact. La relation de confiance est capitale !
Essentielle ! Longue à obtenir, un détail peut la détruire. Mais c?est l?entretien et surtout la prise de
références qui me permettent de vraiment sentir le candidat, d?évaluer si tel élément va
jusqu?au défaut ou si c?est juste une manie acceptable, de recouper, de pondérer, d?avoir un
mode d?emploi de la personne.
Comment savez-vous que vous avez décidé en vérité, choisi le candidat le plus juste ?
Je ne présente que les candidats qui, selon moi, peuvent réussir dans le poste. C?est ensuite le
client qui choisit. Mais il me revient d?expliquer à la personne n° 2 pourquoi elle n?a pas été choisie.
Le feed-back aux candidats non retenus est bien l?entretien le plus subtil, et il arrive qu?on faillisse
ici à l?obligation de vérité? Quand les arguments sont factuels, comme « votre niveau d?anglais est
insuffisant », « votre compétiteur était plus expérimenté » , c?est facile. Or, quand il s?agit de
savoir-être, de style personnel, de comportement, c?est plus délicat, il faut du discernement. Si
c?est un élément fondamental de la personne, il n?y a pas d?intérêt à le mettre en avant ; si, en
revanche, ce sont des éléments que le candidat peut changer, si ça peut lui être utile, je le dis : il
faut du courage, être en forme aussi, pour trouver les mots justes, rester dans une posture de
bienveillance. Propos recueillis par Clotilde Pruvot
Relecture théologique
L?art de décider en vérité, selon la règle de saint Benoît
Frère Guillaume Jedrzejczak, o.c.s.o., président de la Fondation des Monastères, nous invite à
poursuivre notre réflexion sur l?art de décider en vérité selon la règle de saint Benoît.
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Parole d'expert