Introduction générale
La crise financière de 2007 qui vient de secouer le monde interpelle tout un chacun. En effet,
elle tombe dans une situation où on ne l'attendait pas. Nul n'ignore que les deux dernières décennies
précédentes, à part quelques épisodes de crises financières (comme celles du Mexique, en 1994 et
celle asiatique, en 1997), étaient caractérisées par une croissance économique sans précédents1.
D'ailleurs, les partisans de la financiarisation mondiale et de la titrisation, en particulier les
gouvernements libéraux de Thatcher et de Reagan, ainsi que les professionnels de la finance, étaient
convaincus que, désormais, avec la révolution financière, le monde allait vivre une croissance
économique et une prospérité sans fin. Il est étonnant que, jusqu'au jour où la crise financière éclata
(en juillet 2007), tout le monde, y compris les économistes de prestige (comme Greenspan et
Bernanke, deux présidents de la Réserve Fédérale, ce dernier encore aujourd'hui en fonction, qui
sont immédiatement concernés par les événements pour avoir exercé cette fonction dans la même
période), a été pris en surprise. Quelque chose doit n'avoir pas fonctionné. De dysfonctionnements
des marchés financier, tout le monde en parle, mais les causes et les remèdes ne sont pas unanimes.
C'est cela, la première étincelle qui a mu ce travail de mémoire.
Cette première étincelle a provoqué plusieurs interrogations. En voici certaines : comment
une crise comme celle-ci a-t-elle pris tout le monde de surprise et continue-t-elle à secouer le
monde, menaçant de faire tomber les États (on connaît le drame de la Grèce, de l'Espagne, ...), sans
qu'aucun économiste ni gouvernant n'en comprenne avant les signes précurseurs, encore moins, une
fois arrivée, n'en indique une voix sûre de sortie ? Il faut savoir que ce n'est pas la première crise
financière que le monde ait connue. Mais, si les autres crises ont été vite maîtrisées, cette dernière
crise a la particularité d’être mondiale (du fait que la finance est, désormais, mondialisée, depuis les
années 1970) et plus agressive (qualitativement et quantitativement) que les autres. Qu'est-ce qui n'a
fonctionné ? Comment y remédier ?
Une étude attentive de l'histoire économique, montre que ce qui n'a pas fonctionné, est à
chercher au début du 20° siècle, quand l'économie du capitalisme financier commence à prendre les
distances par rapport à l'économie réelle (Bruni, 2009). « Ce changement de la « nature » du
capitalisme », s'il a beaucoup incité les personnes à consommer plus et à augmenter le bien-être
économique, il a, en revanche, augmenté la fragilité de l'économie. Cela fut remarqué par Keynes
1Mathieu et Sterdyniak (2009, p.2) estiment la croissance économique moyenne mondiale à 3,8% par an entre 1990
et 2007, malgré l'instabilité générale due à une série de crises financières : « après la crise de la dette des pays du
tiers-monde en 1982, sont survenues la crise du SME en 1992-1993, la crise mexicaine en 1994-1995, la crise
asiatique en 1997-1998, la crise russe et la faillite du fonds LTCM en 1998, les crises du Brésil en 1999 et en 2002,
le krach des valeurs de la nouvelle économie et la crise turque en 2000, la crise argentine en 2001-2003 ».
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