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Avant-propos
2016 est une année charnière, à double titre. D’une part, elle inaugure un troisième acte du processus de
décentralisation – avec de nouveaux périmètres et de nouvelles compétences, dont on mesure encore
difficilement les conséquences pour les collectivités locales. D’autre part, cette année doit voir mis en
œuvre un volet important de la récente réforme territoriale (loi NOTRe), à travers l’élaboration
par chaque région, en concertation avec les communautés et métropoles, du schéma régional de
développement économique, d’internationalisation et d’innovation (SRDE-II).
Dans ce contexte, l’AdCF a souhaité mettre à disposition des décideurs publics locaux, et en premier lieu
de ses délégations régionales et de ses adhérents, des « portraits régionaux » constitués de quelques
éléments d’analyse qui permettent une approche comparée des régions métropolitaines et des
collectivités d’Outre-Mer. L’ambition est d’éclairer les débats qui interviendront au second semestre
2016 sur la réorganisation du développement économique local et l’élaboration des stratégies
économiques des collectivités. Chaque « portrait régional » propose ainsi :
§quelques grands indicateurs économiques à l’échelle des nouvelles régions
§une analyse sur carte des tissus productifs locaux dans les bassins d’emploi
§ un recensement des organismes concourant au développement économique dans le territoire
– notamment les agences de développement économique dont la réorganisation devra être
débattue en conférence territoriale de l’action publique (CTAP).
§ un recensement des organismes et outils concourant au service public de l’emploi – dont la
rationalisation est également prévue par la loi NOTRe.
§ les interventions de l’État (Programme d’Investissement d’Avenir, soutiens aux coopérations
inter-entreprises, contrat de plan État-Région) et les programmes européens.
Si chaque monographie pourra utilement être mobilisée dans le cadre des débats à venir, la comparaison
inter-régionale peut s’avérer utile. Trois grands enseignements semblent s’imposer :
§ La fusion des régions pouvait laisser supposer un effet de « lissage » des différences entre régions.
Force est de constater que, malgré cet effet statistique, les nouvelles régions restent marquées par
des différences significatives, notamment dans leurs trajectoires récentes. Ceci plaide pour des
stratégies régionales différenciées. Par ailleurs, l’hétérogénéité interne des régions, analysée à
l’échelle des zones d’emploi INSEE, tend naturellement à s’accroître. Il est manifeste que des
profils très distincts de bassins d’emploi se distinguent, que ce soit du point de vue des caractéristiques
de leur tissu d’activités (taille des entreprises, degré de spécialisation...) ou de leur dynamique de
croissance. Ce constat plaide pour une territorialisation des stratégies économiques régionales.
§ Les deux crises successives – la crise économique de 2008-2009 puis la crise des finances
publiques ressentie depuis 2011, ont profondément affecté les territoires, quoique de manière
différenciée : la plupart des régions ont vu à la fois leur produit intérieur brut et leur commande
publique diminuer (alors même que cette dernière est le premier levier d’intervention des collectivités
sur l’économie). Si l’économie nationale montre en 2016 de timides signes de redressement, il sera
fondamental, dans de nombreux territoires, de parvenir à transformer cette légère reprise en
développement local et en création d’emplois.
§ Les outils d’appui du développement économique et les leviers d’action des collectivités sont
nombreux. Bien qu’inégalement dotée, chaque région dispose de relais potentiels pour agir dans
les territoires. Les portraits régionaux ne recensent que certains outils du développement économique
local et que certaines formes de coopération inter-entreprise. Il en existe d’autres mais il a été
choisi de retenir ceux qui permettent une analyse comparée au niveau national. Cette forte densité
d’acteurs et de structures sera au cœur des réflexions des conférences territoriales de l’action
publique (CTAP) du second semestre 2016. En lien avec les régions et les objectifs stratégiques du
SRDE-II, communautés et métropoles devront réfléchir aux éventuels repositionnements nécessaires
de ces outils et à la clarification des rôles dans la phase de mise en œuvre opérationnelle.
Le développement
économique
en débat