de nombreux cas d'inceste, en déclarant que le souvenir de ce genre d'acte n'est en fait, le
souvent, qu'un fantasme.
La méthode donne les résultats escomptés :
nombreux sont les patients qui se découvrent,
soudainement et sous les
encouragements des thérapeutes, un passé de victime d'abus sexuels.
Souvent aussi, le patient raconte avoir été entraîné contre sa volonté dans des rituels
sacrifices humains à la clé. Les victimes qui se découvrent en grand nombre prennent le nom de
survivants » et s'organisent en groupes de soutien et associations, participent à des talk-
télévisés, écrivent des livres où elles racontent leur calvaire (comme Sybil , vendu à plus d'un million
d'exemplaires et adapté au cinéma). Elles contribuent ainsi à la propagation du TPM.
Les familles accusées, regroupées au sein de la FMSF contestent «
l'exactitude de souvenirs
"réprimés" d'abus sexuels commis dans
l'enfance, rapportés par des adultes souvent plusieurs
décennies après les faits, et pour lesquels il n'existe aucune corroboration » . Martin
James Randi, célèbres pour avoir démasqué la prétendue mémoire de
l'eau de Jacques Benveniste,
donnent leur appui à la FMSF, qui reçoit le soutien du magazine rationaliste Skeptical Inquirer .
Les dangers de la technique hypnotique sont décrits par Fred Frankel, ancien président de la
internationale d'hypnose et professeur à la faculté de médecine de Harvard, membre de la FMSF : «
les études en laboratoire ont montré de
façon répétée que l'hypnose pouvait accroître le nombre de
souvenirs, certains peuvent être exacts, mais un nombre probablement équivalent ne l'est pas. De
plus, l'hypnose amène le sujet à une confiance accrue en ses souvenirs,
indépendamment du fait qu'ils
sont vrais ou faux. Des éléments suggérés sous
hypnose sont incorporés au sein de souvenirs
considérés [par le patient] comme véridiques quoique faux(3) . »
Force de la suggestion. Elizabeth Loftus (elle aussi membre de la FMSF), professeur de
et de droit à l'université de Seattle, aujourd'hui présidente de
l'Association américaine de psychologie,
se penche sur ces phénomènes de
suggestion. Elle évoque volontiers une anecdote du psychologue
suisse Jean Piaget*, qui raconte comment il fut longtemps persuadé, à tort, d'avoir été
son landau par sa nourrice. Dans une expérience dite « du centre commercial »,
plusieurs personnes si elles se souviennent
s'être perdues dans un tel centre dans leur enfance, après
avoir vérifié que ce n'était pas le cas. Il lui suffit souvent d'insister quelques fois pour que les
déclarent se souvenir effectivement de l'incident, et parfois même rajouter d'eux-
détails(4). Et d'écrire que les thérapeutes du TPM ne font pas autrement. A quoi les « survivants
rétorquent qu'un souvenir d'abus sexuel est tellement traumatisant qu'il ne peut être assimilé à un
pseudo-abandon dans un supermarché. Toute comparaison et tout travail
expérimental seraient donc
vains. « Pendant un trauma, le système de la mémoire explicite est complètement hors service »
déclare Connie Kristiansen, professeur de psychologie à l'université de Carlton au Canada.
auteurs avancent même que l'hippocampe, structure cérébrale impliquée
dans la mémoire explicite,
serait plus petit chez les personnes qui ont été victimes d'abus dans leur enfance(5).
Loftus est un personnage clé dans
le débat. Elle intervient comme expert dans de nombreux procès.
Dans sa lutte contre les faux souvenirs, elle en vient à contester la possibilité que des
aussi traumatisants que ceux décrits par les « survi- vants »
puissent être refoulés complètement. Elle
doute qu'ils puissent disparaître sans
laisser de trace pendant des dizaines d'années. La question reste
en débat. Les exemples sont difficiles à interpréter. La plupart proviennent de personnes qui
longue histoire dans les services de psychiatrie ou d'aide sociale. Loftus a elle-
personnelles de s'intéresser au sujet. Elle aurait été abusée par un baby-
sitter à l'âge de six ans. A 14
ans, sa mère se suicida. Trente ans plus tard, alors qu'elle n'avait gardé qu'un souvenir confus
l'événement, son oncle lui révéla que c'est elle-même qui avait retrouvé sa mère noyée.
Forme d'hystérie ? C'est sans doute les allégations de
crimes sataniques qui sonnent le glas de la
personnalité multiple. Comme l'écrit Ian Hacking : «
Certains praticiens de la thérapie, envahis par
le flot des victimes qui prétendaient avoir subi des rites sataniques, ne pouvaient en
De l'avis même de Frank Putnam,
dépit de pratiquement une décennie d'allégations
La mémoire et l'oubli : "Le syndrome des faux souvenirs"
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