
F. Rezungles
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°9 591
!Les pathologies ostéo-articulaires
sont fréquentes et augmentent
significativement avec l’âge ; il en va
de même, si ce n’est davantage, des
plaintes douloureuses. Ces douleurs
sont parfois en relation avec une lé-
sion rapidement objectivée mais les
cliniciens sont bien souvent confron-
tés à des plaintes multiples, confuses,
pour lesquelles l’étiologie est difficile
à identifier sur le seul examen soma-
tique complété ou non par des radio-
graphies standards.
La grande sensibilité de la scintigra-
phie osseuse, exploration non inva-
sive du corps entier, offre une capa-
cité d’orientation et d’évaluation dia-
gnostique puissante, facile à manier
par le médecin prescripteur qu’il soit
spécialiste ou généraliste. Ses indica-
tions chez les personnes âgées sont
identiques à celles des patients plus
jeunes, mais la fréquence et la com-
plexité du problème posé augmen-
tent avec l’âge.
La radiothérapie métabolique à visée
antalgique des métastases osseuses,
fréquemment proposée aux patients
porteurs d’un cancer primitif prosta-
tique ou mammaire ou autres,
s'adresse aussi à une population âgée
(Figure 1Figure 1
Figure 1Figure 1
Figure 1).
La réalisation d’ostéodensitométrie
biphotonique dans de nombreux ser-
vices de médecine nucléaire est aussi
majoritairement prescrite à des sujets
âgés quelle que soit l’indication.
De ce fait, les services de médecine
nucléaire accueillent de nombreuses
personnes âgées et doivent adapter
leurs protocoles, mais les résultats
fournis sont particulièrement pré-
cieux dans la prise en charge de ces
malades.
Nous ne développerons pas ici la
liste des indications qui a déjà été re-
censée et développée récemment
dans les numéros de novembre 2003,
février et décembre 2004 de la revue
"Médecine Nucléaire" [1-4] pour ne
parler que de la revue francophone,
mais nous aborderons plus spécifi-
quement l’intérêt et les contraintes
directement liés aux personnes
âgées.
ADAPTATION DES PROTOCOLES
SCINTIGRAPHIQUES
AUX PERSONNES AGEES
!La médecine nucléaire permet l’ex-
ploration fonctionnelle d’un organe
ou d’un tissu ; les modalités de réali-
sation des examens se sont adaptées
à l’état physiologique des patients in-
téressés. La qualité de la scintigraphie
dépendant du meilleur rapport signal
sur bruit, les conditions de protocole
doivent être optimisées en fonction
du problème clinique posé et des
patients examinés.
Le temps de fixation
!La biodistribution du diphospho-
nate technétié est liée au débit san-
guin squelettique et à l’activité du re-
modelage. Le turn over se ralentissant
au fil des années, l’obtention d’une
distribution osseuse de bonne qua-
lité sera plus longue à obtenir que
chez un jeune adulte.
Ainsi , le délai de fixation qui est op-
timal entre 2 à 5 heures, devra être
choisi dans sa fourchette haute, en
tout état de cause jamais avant 3 heu-
res, 4 heures étant le délai habituelle-
ment recommandé. Cette longue at-
tente doit évidemment être expliquée
aux patients et souvent à leurs fa-
milles ; elle est parfois vécue diffici-
lement et leur paraît interminable,
d’autant qu’ils voient passer avant eux
des patients arrivés bien plus tard, ce
qu'ils peuvent vivre comme une in-
justice (on m’a oublié !!).
Ce long séjour dans le service nous
impose d’aménager des salles d’at-
tente confortables et de prévoir une
surveillance spécifique de la part du
personnel du service avec des traite-
ments à administrer régulièrement
dans le cadre du suivi thérapeutique
en cours.
Le bruit de fond
!Le rapport signal sur bruit est con-
ditionné par une boisson suffisante
pour obtenir une qualité d’imagerie
optimale et pour limiter l’irradiation
des patients, seuls 60% de l'activité
injectée étant fixés sur l’os dans le
meilleur des cas. Boire abondamment
dans un laps de temps donné n’est
pas une tendance naturelle pour une
personne âgée. Cela nécessite de lon-
gues explications et surtout une sur-
veillance et des encouragements ré-
guliers de la part du personnel du
service. Une miction efficace doit
également être réalisée avant l’instal-
lation sous la gamma-caméra, et là
aussi son obtention, ni automatique
ni rapide, parfois échoue, ce qui im-
pose des adaptations d’acquisition et/
ou de traitement d’image (tomogra-
phies, masquage, …).
L’installation
!Le temps d’acquisition est toujours
relativement long, de 15 à 30 minu-
tes, temps pendant lequel le patient
ne doit pas bouger intempestivement.
Du fait de la douleur ou de leur anté-
cédent, la position peut-être difficile
à trouver puis à maintenir.
La prise en charge de ces personnes,
dont les mouvements sont souvent
très limités et dont l'autonomie est
réduite nécessite l’aide des techni-
ciens pour les installer ; le manipula-
teur a besoin de l’aide de ses collè-
gues, les manipulations étant plus ra-
pides et moins douloureuses à deux
aussi bien pour le patient que pour
le personnel même si l’utilisation du
tapis de transfert (ou rollbord) est
d’une aide précieuse. Le temps né-
cessaire à l’installation totale de ces
patients comme le temps nécessaire
à les libérer avec précaution de la ta-
ble d'examen se trouve considérable-
ment allongé et consommateur de
temps en personnel.
La radioprotection
!Les services de médecine nucléaire
sont soumis aux nouvelles normes
de radioprotection et responsables de
la gestion de leurs déchets, qu’il
s’agisse de déchets produits à l’inté-
rieur ou à l'extérieur du service
comme les couches souillées par