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Schweizer Personalvorsorge · Prévoyance Professionnelle Suisse 
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XX·12
La nécessité  
d’une vision politique
La prévoyance professionnelle doit répondre à de nouveaux défis. 
 David Pittet, président de l’IGaSG, estime que le rapport  
du Conseil fédéral sur l’avenir du 2e pilier manque de vision politique.
Pittet David
Président de la Communauté d’intérêts  
des institutions de prévoyance autonomes 
collectives et communes (IGaSG)
«L’avenir du 2e pilier ne se 
résume pas au niveau du  
taux de conversion minimum 
en 2022 …»
Le système du 2e pilier est souvent 
critiqué pour ses frais administratifs 
exorbitants. Qu’en est-il des frais  
pour les institutions regroupées dans 
l’IGaSG 
Je crois qu’il faut être prudent quand on 
évoque la question des frais. Si les frais de 
gestion de fortune sont effectivement très 
élevés et surtout peu «transparents» ou 
peu «apparents», comme l’a montré un 
récent rapport de l’OFAS, je ne crois pas 
que l’on puisse décrire les coûts de la ges-
tion administrative comme exorbitants. De 
gérer un système comme le 2e pilier, cela 
coûte, et ça coûte forcément beaucoup 
plus cher que de gérer l’AVS, qui est un 
système centralisé géré en répartition.
Les IP communes et collectives, de 
par leur taille et le fait qu’elles s’adressent 
à de nombreux employeurs, offrent en 
général un niveau de coût intéressant, 
voire très attractif pour les IP communes 
de grande taille. Dans un marché très 
concurrentiel, la question des frais sera 
toujours plus importante dans le choix 
d’une solution de prévoyance.
Que pourraient faire les institutions  
de prévoyance (IP) autonomes collec-
tives et communes afin de baisser 
leurs coûts?
Pour les frais de gestion de fortune, le 
rapport est très clair en insistant sur la 
nécessité d’une plus grande transparence 
sur les produits financiers et ce qui les 
accompagne (commissions, rétroces-
sions, coûts cachés ou induits, niveau de 
fees multiples, etc.). 
Pour les frais de gestion administra-
tifs, la croissance de la taille des institu-
tions, d’une part, et les progrès technolo-
giques, d’autre part, devraient logique-
ment faire baisser les coûts à l’avenir. Un 
bémol néanmoins, il faut que le législateur, 
la surveillance et les tribunaux restent rai-
sonnables dans leurs exigences. Le ré-
cent arrêt du TFA du 10 avril 2012, dit ar-
rêt «AXA Stiftung Berufliche Vorsorge 
Winterthur», illustre parfaitement cette 
problématique: comment des principes de 
droit (en l’occurrence, la protection des 
données) appliqués de manière doctrinaire 
peuvent engendrer des coûts supplémen-
taires importants sans plus-value évidente 
pour l’assuré.
Je perçois une certaine schizophrénie 
dans l’attitude de nos autorités actuelle-
ment, en exigeant une baisse des coûts 
d’une main et renforçant les exigences lé-
gales et les complications administratives 
de l’autre. De ce point de vue, on peut juger 
très négativement l’action du Conseiller 
fédéral Burkhalter, issu pourtant d’un parti 
qui veut lutter contre la bureaucratie …
Le Conseil fédéral a publié un rapport 
sur l’avenir du 2e pilier qui n’a majori-
tairement été jugé que peu utile. 
Qu’en pensez-vous en tant que prési-
dent de l’IGaSG ?
Je ne me prononcerai pas sur son utilité, 
mais sur le fait qu’il est largement insatis-
faisant. C’est un inventaire technique (par 
ailleurs plutôt bien fait) mais qui manque 
cruellement de vision politique et de pers-
pectives. Comme pour la réforme structu-
relle, on a l’impression que le Conseil 
 fédéral a laissé la bride sur le cou à son 
administration et perdu la maîtrise de la 
monture.
Nous avons besoin d’une vision poli-
tique sur l’avenir de nos assurances so-
ciales. Elle manque cruellement et, du 
coup, on se confine dans des débats tech-
niques. L’avenir du 2e pilier ne se résume 
pas au niveau du taux de conversion mini-
mum en 2022 …
Quels sont selon-vous les réels défis 
auxquels les IP autonomes collectives 
et communes devront faire face pen-
dant les prochains mois? 
Le défi principal auquel font face les IP 
actuellement est de trouver des sources 
de rendement acceptable de la fortune. 
L’environnement économique, la crise eu-
ropéenne, la menace d’une bulle immobi-
lière sont des éléments d’inquiétude. Si le 
rendement des actifs financiers ne re-
trouve pas rapidement un niveau moyen 
acceptable à long terme (disons entre 4% 
et 5%), les IP vont être dans des situations 
très difficiles et il faudra s’attendre à des 
adaptations systémiques.  n
Interview: 
Anne Yammine
L’interview a été conduite par écrit.