Département de philosophie
Plan de cours PHI 4030 : Éthique appliquée
Prof.: Dave Anctil
Local : DS-2518
Disponibilités : (*sur rendez-vous préalable).
Bureau : A-1727
Courriel : [email protected]
I. Description générale de léthique appliquée
Léthique (ou philosophie morale) est lune des deux branches principales, avec la politique, de la
philosophie pratique. De manière générale, elle doit permettre aux êtres humains de se questionner sur
les meilleures manières d’orienter l’action des individus et des groupes.
La discipline de l’éthique appliquée, comme son nom l’indique, vise plutôt à appliquer le point de vue
éthique à la réalité sociale. L’éthique appliquée se distingue donc de léthique normative, qui
s’intéresse aux fondements philosophiques des croyances morales, et de la méta-éthique, qui s’intéresse
à la nature et à la vérité des énoncés moraux.
Léthique appliquée se questionne donc sur l’applicabilité des théories morales : est-ce que, par
exemple, les prescriptions dune théorie morale sont cohérentes avec les défis pratiques rencontrés au
sein des divers contextes de laction ? Bien entendu, ces contextes de laction sont marqués par des
particularités que l’éthicien doit pouvoir relever en connaissant bien les contraintes spécifiques qui les
caractérisent. C’est pourquoi, la réflexion éthique appliquée s’est spécialisée dans plusieurs domaines :
l’éthique de la décision, qui vise à développer les contraintes morales qui simposent au sein de
la variété des contextes décisionnels, individuels et collectifs, ainsi que les ressources
philosophiques permettant de trancher les dilemmes moraux;
léthique sociale, qui recouvre un ensemble de problématiques relatives à la vie en société, à la
justice et au bien commun;
l’éthique professionnelle, qui vise à développer les notions éthiques relatives aux différents
rôles professionnels, comme la responsabilité, léquité et la probité, ainsi que la capacité à
décider en contexte dilemmatique;
l’éthique médicale, qui vise à clarifier les enjeux éthiques rencontrés par le personnel soignant
ainsi que par les chercheurs médicaux en laboratoire;
léthique environnementale, qui interroge nos rapports éthiques avec les animaux et les
écosystèmes naturels;
léthique des affaires, qui se spécialise sur les enjeux éthiques des activités économiques, sur la
responsabilité des entreprises et sur léquité des relations entre les différents acteurs
économiques.
Au sein de chacun de ces contextes de laction, les éthiciens ont ainsi développé une réflexion autonome
prenant en compte la réalité et les contraintes spécifiques sappliquant à ces domaines de laction.
Toutefois, la contribution à la réflexion éthique appliquée ne seffectue pas uniquement par des éthiciens
professionnels; la contribution des acteurs du milieu à la flexion éthique appliquée à leur domaine de
spécialité est fondamentale pour rendre cette réflexion crédible et pertinente. Cest pourquoi, si léthique
appliquée encourage la réflexion philosophique (conceptuelle et rationnelle) sur laction humaine, elle
doit aussi encourager lacquisition dinformations pertinentes sur les contextes de cette action.
II. Plan du semestre
Le présent cours est une introduction à différents domaines de léthique appliquée. Les séances et
lectures de ce cours offrent une perspective interdisciplinaire intégrant certains outils provenant des
sciences sociales aux méthodes normatives issues de la philosophie éthique. Les objectifs pédagogiques
du cours privilégient toutefois la maîtrise des instruments de la flexion éthique : les questionnements
prescriptifs (sur le bien et le juste) ont ici priorité sur les questionnements descriptifs (concernant la
nature et le fonctionnement des réalités sociales).
Ce cours encourage aussi la discussion argumentée et le débat informé sur diverses questions éthiques
d’actualité. Dès le début du semestre, les étudiants seront invités à se familiariser avec diverses
problématiques normatives et pratiques. Cette familiarisation avec les méthodes en éthique appliquée
vise la formation d’une réflexion autonome et susceptible d’être appliquée aux enjeux éthiques de la vie
en société.
Puisquil nest pas possible de survoler en un seul cours lensemble des domaines dinvestigation de
léthique appliquée, nous avons choisi délargir notre approche afin de mettre en relation certains
domaines connexes de la réflexion éthique. Pour y parvenir, nous allons intégrer les questions
appliquées de léthique à un questionnement plus général portant sur léthique sociale : entre
souveraineté individuelle et souveraineté collective, quel genre de société voulons-nous ?
Voici une brève description des deux blocs thématiques :
A- L’éthique appliquée : méthodes, contextes et finalités de l’éthique en société. Le premier
volet thématique est consacré aux fondements philosophiques de la réflexion éthique appliquée.
Plus particulièrement, il vise à offrir aux étudiants des instruments fondamentaux de
linvestigation éthique qui leur permettront de développer une réflexion autonome au sein des
divers domaines de la réalité sociale. Nous développerons les notions de normes et de valeurs,
les rationalités instrumentale, axiologique et normative, les orientations morales minimalistes et
maximalistes, etc.
B- Questions déthique appliquée. Le deuxième volet thématique du cours est consacré à
différentes enjeux de léthique sociale. Nous allons, autant que possible, regrouper des
thématiques connexes. Par exemple, la prostitution (éthique sociale et éthique sexuelle) et la
vente dorganes (bioéthique et éthique des affaires) relèvent dun questionnement commun
portant sur les relations entre le corps (propriété de soi, intégrité physique et morale de la
personne) et largent (quest-il permis dacheter et de vendre ?). En plus des questions déthique
pratique, nous allons intégrer certaines notions transdisciplinaires qui nous permettent de mieux
aborder les enjeux éthiques appliqués, telles que la dépendance, lexploitation et la domination.
III. Lectures obligatoires
Les étudiants devront se procurer un ouvrage ainsi qu’un recueil de textes (disponibles à la COOP-
UQÀM) :
(1) OGIEN, Ruwen, L’éthique aujourd’hui. Maximalistes et minimalistes, Paris, Gallimard
« Folio essais », 2007.
(2) ANCTIL, Dave, Recueil de textes PHI 4030 : Éthique appliquée, session d’automne 2010.
IV. Proposition d’évaluation, critères et barème
A) Travail préparatoire au travail de session (longueur maximale : 4 pages dactylographiées à
double interligne) : 10% de la note finale. Au début du semestre, le professeur propose une
liste de thèmes en rapport avec la matière du cours. Les étudiants pourront alors choisir, parmi
ces thèmes, une problématique de recherche à approfondir de manière autonome. L’objectif de
ce premier travail est de constituer (i.) un sujet de travail de session comprenant (ii.) un plan
(thèse et argumentation générale) ainsi (iii.) qu’une bibliographie expliquée et comprenant au
moins 4 férences pertinentes au sujet du travail (NB : Une férence pertinente = un article ou
un chapitre de livre qui aborde directement l’un ou l’autre des aspects du sujet traité dans le
travail de session.)
Date limite : mercredi 6 octobre
B) Un travail de session (10 pages dactylographiées à double interligne) : 40% de la note
finale. Ce travail de recherche et de réflexion donne l’occasion à l’étudiant de développer en
profondeur une problématique dans le domaine de l’éthique appliquée à partir d’une recherche
entamée dans la première moitié du semestre. L’étudiant est aussi appelé à soutenir une thèse
explicite, informée et argumentée en s’appuyant sur des références pertinentes.
Date limite : lundi 18 octobre
C) Participation aux débats délibératifs (en classe) : 10% de la note finale. La formule du cours
vise à inciter les étudiants à participer activement à différents débats délibératifs qui seront
organisés sur différentes questions d’éthique pratique. Au total, il y aura 6 séances
(approximativement de 70 minutes) qui seront consacrées à ces discussions : 2% de la note totale
du cours sera accordée à la présence et à la participation des étudiants pour chaque séance. Cette
formule offre donc une marge de manœuvre d’un cours manqué sans nalité et, pour les plus
assidus, elle offre la possibilité d’obtenir 2% en bonus sur le total de leurs évaluations pour le
semestre.
Dates des séances de discussion délibérative : cours no. 6 à 13, du 27 septembre au 20 octobre
D) Un examen final (en classe) : 40% de la note finale. L’examen porte sur les lectures
obligatoires ainsi que sur la matière couverte lors des séances du cours. L’examen comporte 2
questions à développement valant 20% chacune. NB : Les questions seront tirées d’une liste de
questions préparatoires qui sera distribuée au préalable, en classe, durant la deuxième moitié du
semestre.
Date de l’examen final : mercredi 27 octobre 2010
Les principaux critères d’évaluation des travaux sont : la compréhension des concepts et notions, la
clarté et la rigueur de la réflexion et de l’argumentation, ainsi que la qualité de la langue (orthographe
et syntaxe). Tout retard injustifié dans la remise des travaux sera sanctionné suivant les directives
départementales (2% par jour ouvrable).
Précisions sur les critères d’évaluation en philosophie :
1. Justesse. La justesse est la qualité d’une idée qui rend compte fidèlement, avec exactitude, des faits,
situations ou pensées qu’elle apporte. On manque souvent de justesse en confondant les opinions et
les énoncés de fait, en définissant trop largement ou trop étroitement les termes ou les concepts qu’on
utilise. Par exemple, on manque de justesse lorsqu’on ne se réfère pas fidèlement à la pensée d’un
auteur ou au sens donné aux notions employées par l’auteur dont on parle.
2. Approfondissement. Il s’agit du degré de profondeur avec lequel est examiné une question, un sujet,
un thème ou un problème. La démarche rationnelle et philosophique vise à la compréhension des
fondements; elle ne se satisfait pas des évidences et des raisonnements superficiels. La réflexion exige
donc d’approfondir, autant que possible, l’enquête rationnelle et d’éviter, autant que possible, les
solutions faciles.
3. Suffisance. La suffisance est la qualité d’un texte qui comporte tous les questionnements, toutes les
analyses et tous les éléments nécessaires pour justifier rationnellement la conclusion visée. Affirmer
quelque chose gratuitement, sans questionnement ni approfondissement et en l’appuyant sur peu ou
aucun argument, est insuffisant. Est aussi insuffisant tout raisonnement qui ne mentionne pas les
éléments fondamentaux d’une démonstration ou qui se fonde uniquement sur des éléments
secondaires.
4. Cohérence. La cohérence est la qualité d’un développement de la pensée les idées s’enchaînent
dans un ensemble unifié et bien structuré. Un texte cohérent présente une continuité et une
progression du raisonnement dont l’enchaînement logique est correct, valide. Un texte n’est pas
cohérent s’il est décousu, s’il saute d’une idée à l’autre, s’il n’a pas d’idée directrice ou encore si les
idées qu’il défend se contredisent. Les textes sans introduction, sans conclusion ou sans fil conducteur
(idée directrice) auquel on revient périodiquement donnent au lecteur une impression d’incohérence
(le lecteur peine à comprendre où l’étudiant veut en venir).
5. Rigueur. La rigueur s’exprime dans le soin, la minutie et la précision apportés dans une
démonstration. Ainsi la rigueur est la qualité d’un raisonnement dont les arguments mènent le plus
directement et avec le plus de précision à la conclusion. On manque de rigueur en étant vague,
imprécis ou en s’éloignant du sujet. On manque aussi de rigueur lorsqu’on « meuble » un texte par des
mots qui donnent plus de « style » que de précision et de profondeur, ou par des idées qui ne servent
pas directement la thèse que l’on souhaite soutenir.
6. Pertinence. La pertinence est la qualité d’une idée particulièrement appropriée au sujet traité qui s’y
rattache de façon directe, importante, illustrative ou utile. On n’est pas pertinent et on passe à côté du
sujet traité lorsqu’on prend pour l’essentiel ce qui n’est que secondaire, accessoire ou accidentel.
7. Clarté. La clarté est la qualité d’une idée ou d’un texte immédiatement compréhensible par sa netteté
et sa précision, notamment grâce à un vocabulaire approprié. La clarté est aussi tributaire de la qualité
de la langue. On manque également de clarté si l’on se contente d’affirmations générales et abstraites
sans préciser le sens des concepts et des idées employés. On manque de clarté si on aligne plusieurs
exemples sans dire explicitement ce qu’ils ont en commun, ou encore quelle idée générale ils
devraient nous permettre de comprendre. Une phrase mal construite, des mots mal choisis sont les
sources les plus courantes d’obscurité d’un texte. Il va de soi qu’un texte incohérent ne peut être clair.
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