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JANÉ Loïc & MERCIER Simon 2°C
La révolution des États allemands 1848
Révolutionnaires triomphant sur les barricades le18 mars 1848 à Berlin.
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La plupart des soulèvements de 1830 n'aboutissent pas et sont réprimés. Cependant, les
mouvements libéraux et nationaux ne disparaissent pas. En 1848, une nouvelle vague de
révolutions touche l'Europe tout entière. Quels sont les résultats de ce « printemps des
peuples » ?
I) Causes
Pour les Allemands, la question allemande a toujours eu deux aspects : c’était à la fois une
question territoriale et une question constitutionnelle. Ou, pour être plus précis, la question
du rapport entre l’unité et la liberté. Le problème de la « petite Allemagne » ou de la
« grande Allemagne » était au cœur de la question territoriale. Si l’on parvenait à instituer
un Etat national allemand en lieu et place du Saint Empire romain germanique, celui-ci
devait-il inclure l’Autriche germanophone ; ou bien pouvait-on envisager une solution sans
ces territoires ? La question constitutionnelle concernait surtout les rapports entre le peuple
et le trône. Qui devait détenir le pouvoir dans une Allemagne unifiée : les représentants élus
par le peuple ou les princes, c’est-à-dire le plus puissant d’entre eux ?
L’unité et la liberté furent pour la première fois à l’ordre du jour lors des guerres de
libération contre Napoléon. L’empereur des Français fut vaincu mais la victoire sur la
domination étrangère ne donna aux Allemands ni un pays uni ni un gime libéral dans les
Etats composant la Confédération germanique, créée en 1815 pour remplacer l’ancien
Empire. Mais la volonté d’unité et de liberté ne pouvait plus être étouffée. Elle s’exprimait à
nouveau au début des années 1830, après que les Français aient obtenu de haute lutte une
monarchie libérale lors de la révolution de juillet 1830. Et même si le pouvoir traditionnel
parvint à se maintenir en Allemagne, les libéraux et les démocrates ne renoncèrent pas pour
autant à leur combat. Inspirée par l’exemple français de février 1848, la révolution éclata
également en Allemagne en mars de la même année : les forces qui se savaient aller dans le
sens du progrès historique réclamaient une fois de plus l’unité et la liberté.
Selon les vœux de l’Assemblée nationale de Francfort, l’Etat allemand, à la tête duquel
devait régner Frédéric Guillaume IV de Prusse, aurait été un Etat constitutionnel libéral, avec
un Parlement fort contrôlant le gouvernement. En tant qu’empereur allemand, Frédéric
Guillaume IV devait renoncer à être roi de grâce divine et se concevoir comme un exécutant
de la volonté du peuple souverain. Des exigences que le descendant des Hohenzollern rejeta
définitivement le 28 avril 1849. La révolution avait échoué, elle n’avait apporté aux
Allemands ni l’unité, ni la liberté.
La principale cause des révolutions de 1848 tient à la volonté des peuples de former un
État national. En Italie et en Allemagne, les peuples sont divisés. Dans l'Empire autrichien, les
Hongrois et les Slaves sont dominés. Partout se développent des mouvements nationalistes
qui adoptent généralement des idées libérales.
Les mutations économiques jouent aussi leur le. La révolution industrielle renforce le
pouvoir économique de la bourgeoisie. Celle-ci souhaite participer plus activement à la vie
politique des États qu'elle fait prospérer. Les milieux ouvriers réclament aussi plus de
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démocratie et de protection sociale. Enfin, une crise économique due aux mauvaises
récoltes et à la surproduction industrielle génère d'importants mécontentements.
Après l'élection du pape Pie IX (1792-1878) considéré à tort comme libéral, des émeutes
en faveur de l'unité éclatent en Italie dès janvier 1848. En France, la crise économique et
l'agitation républicaine aboutissent à la volution de février 1848 : Louis-Philippe est
chassé, la IIe République est proclamée. Ces troubles se propagent à l'Europe entière.
II. Le « printemps des peuples »
En mars 1848, des manifestations libérales sont organisées à Prague ; c'est ensuite au tour
de Vienne de se couvrir de barricades. L'empereur Ferdinand est contraint d'accorder la
liberté de la presse et de promettre une constitution. Après cette première victoire, les
différentes nationalités (Tchèques, Hongrois, Croates) qui composent l'Empire d'Autriche
demandent davantage d'autonomie. On envisage de transformer l'Empire en un État fédéral.
Les révoltes gagnent bientôt les États allemands. De nombreux souverains, dont le roi de
Prusse, promettent des constitutions libérales. Une assemblée constituante représentant
tous ces États allemands est élue : le parlement de Francfort siège à partir de mai 1848.
Quelle forme donner à la future Allemagne unifiée ? Les discussions sont vives. En
janvier 1849, il est décidé d'en exclure l'Autriche. Enfin, en mars 1849, une constitution est
adoptée. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV est élu « empereur des Allemands ».
Les troubles en Autriche encouragent les partisans de l'unité italienne. Le roi de Piémont
décide de chasser définitivement les Autrichiens : il est battu en juillet 1848. L'agitation se
renforce ; les Républiques de Venise, de Florence et de Rome sont proclamées entre
août 1848 et janvier 1849.
III. L'échec des révolutions et le retour à l'ordre
En Autriche, cependant, l'armée restaure le pouvoir monarchique. L'empereur Ferdinand
est contraint d'abdiquer, au profit de son neveu François-Joseph qui organise la réaction. Les
différents mouvements nationalistes et libéraux sont brisés. Les Hongrois résistent avec
acharnement mais sont vaincus à l'été 1849. Les Autrichiens ont en effet reçu l'aide des
Russes qui craignent une extension des troubles en Pologne.
En Allemagne, le roi de Prusse refuse la couronne qui lui est offerte et le parlement de
Francfort est dispersé en avril 1849. Les différentes républiques qui tentent de se constituer
sont écrasées. La volonté d'unification reste pourtant intacte. Frédéric-Guillaume IV est
tenté d'accepter le titre d'empereur d'Allemagne si toutefois celui-ci lui est donné par les
princes allemands (et non plus par les « barricades »). L'Autriche exige un strict retour à la
situation d'avant 1848.
En 1849, les républicains italiens sont écrasés par le roi de Naples et par le pape. Les
troupes autrichiennes reprennent position à Venise et en Italie centrale. Les patriotes
italiens se réfugient dans le royaume de Piémont, qui seul conserve une Constitution
libérale.
L'échec général est à l'absence de coordination entre les différents mouvements, au
ralliement de la bourgeoisie au pouvoir (par peur des idéaux socialistes) et à la passivité de la
paysannerie. Enfin, la jeune République française est gouvernée par des conservateurs qui
refusent d'aider les révolutions et aident militairement le pape à reconquérir ses territoires.
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II) Déroulement
Or faire simultanément de l’Allemagne un Etat national et un Etat constitutionnel
représentait un objectif plus ambitieux que celui des révolutionnaires français en 1789. Car
ces derniers avaient affaire à un Etat national même s’il n’était encore que « prémoderne »
auquel ils voulaient donner des fondements nouveaux. Quiconque souhaitait l’unité et la
liberté pour les Allemands devait d’abord déterminer ce qui relevait de l’Allemagne. Le
premier Parlement librement élu, l’Assemblée nationale qui se tint dans la Paulskirche à
Francfort, considérait qu’un Etat national allemand devait englober la partie germanophone
de la monarchie des Habsbourg. Ce n’est qu’à partir de l’automne 1848 que la majorité des
députés admit qu’il n’était pas en leur pouvoir de faire éclater cet empire réunissant des
peuples divers. On ne pouvait imposer un Etat national regroupant la « grande Allemagne »
(et donc englobant l’Autriche), seul un Etat national constitué de la « petite Allemagne »,
sans l’Autriche, était possible à savoir, dans l’état des choses, un empire dirigé par un
empereur héréditaire prussien.
Dans les États allemands, la vieille Confédération germanique et son organe suprême, la
Diète, instrument de la domination autrichienne, semblent disparaître sans coup férir.
Partout s'installent les « ministères de mars ». Dans certains États, la révolution consiste en
une simple passation des pouvoirs, en un remaniement ministériel opéré en douceur au
profit des dirigeants de l'opposition bourgeoise et modérée. C'est le cas de la Saxe, de la
Hesse, du Wurtemberg. Ailleurs, il faut forcer la décision, comme en Bavière, où le roi
Louis Ier abdique. L'aile marchante du parti révolutionnaire est assez composite. Artisans,
étudiants et petit-bourgeois des villes, groupées dans des associations démocratiques,
constituent le gros de la troupe. Les Turner, sociétés de gymnastique paramilitaires et
d'esprit pangermaniste, se chargent des opérations de rue et des assauts contre les palais et
les bâtiments administratifs.
À vrai dire, le déferlement des jacqueries, de ces soulèvements paysans contre les
redevances seigneuriales qui éclatent entre Main et Necker dès janvier 1848 a été pour
beaucoup dans la rapide capitulation des princes les plus intransigeants. Berlin, le dernier
bastion de l'absolutisme, cède après la sanglante insurrection du 18 mars. Frédéric-
Guillaume IV entérine le vote, par le Landtag prussien, des libertés fondamentales. Qui plus
est, le Landtag vote un projet d'Assemblée nationale élue au suffrage universel, consacrant
par là le triomphe apparent d'un mouvement national et unitaire, aux antipodes de la
politique traditionnelle d'intérêts dynastiques des Hohenzollern. Ce mouvement, héritier des
grandes batailles patriotiques de 1813 et de 1817, revigoré par la crise franco-allemande de
1840, avait pris naissance en Bade dès février 1848. À Mannheim d'abord, à Heidelberg
ensuite, des réunions enthousiastes de bourgeois libéraux et radicaux avaient débouché sur
un projet de réforme des institutions fédérales. Un Pré parlement (Vorparlament) est élu,
destiné à mettre sur pied une Chambre panallemande, à abroger le statut de la
Confédération et, par là, à rayer de l'histoire le particularisme germanique.
La révolution prit la double forme d'un mouvement national unitaire et d'une révolution
démocratique. L'appel national partit d'Heidelberg d'une cinquantaine de patriotes. La
convocation d'un Parlement constituant fut décidée, le gouvernement alors affolé laissa faire
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et la Diète se sépara. Les princes, pris de peur devant les mouvements populaires, se
pressèrent d'accorder les libertés clamées par leurs sujets. C'est le 18 mars, suite à des
affrontements sanglants entre manifestants et la troupe, que la révolution éclata. La lutte se
poursuivit toute la nuit et était encore indécise quand Frédéric-Guillaume IV (1840-1861)
promit à ses "chers Berlinois" de retirer ses troupes.
La révolution prit la double forme d'un mouvement national unitaire et d'une révolution
démocratique. L'appel national partit d'Heidelberg d'une cinquantaine de patriotes. La
convocation d'un Parlement constituant fut décidé, le gouvernement alors affolé laissa faire
et la Diète se sépara. Les princes, pris de peur devant les mouvements populaires, se
pressèrent d'accorder les libertés clamées par leurs sujets. C'est le 18 mars, suite à des
affrontements sanglants entre manifestants et la troupe, que la révolution éclata. La lutte se
poursuivit toute la nuit et était encore indécise quand Frédéric-Guillaume IV (1840-1861)
promit à ses "chers Berlinois" de retirer ses troupes.
III) Conséquence
Ce n’est pas un hasard si le terme de Realpolitik devint, quelques années après la révolution
de 1848, un véritable slogan politique. La carrière internationale de cette expression
commença avec un essai de l’auteur libéral Ludwig August von Rochau, publié en 1853 sous
le titre Grundsätze der Realpolitik. Angewendet auf die staatlichen Zustände Deutschlands
(Les principes de la Realpolitik appliqués au contexte étatique de l’Allemagne). En fait,
l’Assemblée de la Paulskirche avait déjà fait de la Realpolitik en ignorant le droit à
l’autodétermination d’autres peuples (les Polonais du grand-duché prussien de Posnanie, les
Danois du Schleswig du Nord, les Italiens du « Tyrol romand »), décidant de tracer les
frontières du futur Empire allemand là cela servait le soi-disant intérêt national de
l’Allemagne. Se faisant, elle accordait pour la première fois plus d’importance à l’unité qu’à
la liberté. La liberté des autres nations devait encore s’incliner devant l’objectif de l’unité
allemande.
Dans l'Allemagne occidentale la révolution détermina la structure démocratique des Etats
qui avaient déjà une constitution, elle amena en quelques points une agitation paysanne et
ouvrière et surtout elle amorça le mouvement national pour l'unité allemande. Les Etats de
la Confédération germanique instaurent un parlement allemand.
Frédéric-Guillaume IV commença par convoquer une Assemblée nationale, mais il ne tarda
pas à entrer en conflit avec et, devant l'exemple de l'Autriche qui avait écrasé la révolution
de Vienne, il dissout l'Assemblée et met Berlin en état de siège. Mais l'absolutisme ne fut pas
réintroduit comme il le fut en Autriche, une Constitution octroyée par le roi fut promulguée
en janvier 1850, la Constitution de 1850 qui resta en vigueur jusqu'en 1918.
Un Landtag (=Parlement) est établit, composé de 2 chambres (Chambre des
Seigneurs et Chambre des députés). Mais en réalité ce furent les riches qui élirent les
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