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Dans le plan des quantités produites, la frontière des possibilités de production est
décroissante. Cela résulte de l’hypothèse de plein-emploi de toutes les ressources disponibles. En
effet, dans ces conditions, on ne peut pas augmenter la production d’un bien à partir d’une
combinaison de la frontière sans réduire la production de l’autre bien. Puisque la combinaison de
départ correspond à une production efficace pour les deux biens, l’augmentation d’une des
productions exige qu’on y consacre des moyens supplémentaires et comme on fait une hypothèse de
plein emploi, la seule façon de trouver ces moyens supplémentaires, c’est de les prendre dans l’autre
activité dont la production doit donc diminuer.
Sur le graphique, la frontière formée en reliant les combinaisons de production apparaît
concave par rapport à l’origine. Cette forme n’est pas la seule envisageable, mais elle se retrouve
souvent dans les tracés de frontières de possibilités de production en économie. La concavité de la
frontière peut en effet se relier à un ensemble plus large d’hypothèses sur les conditions de
production et elle permet des conclusions générales en évitant certaines situations particulières
nécessitant un traitement spécifique.
A ce stade de présentation des concepts et principes d’analyse, nous accepterons
l’hypothèse de concavité sans expliciter ses fondements théoriques. Il est néanmoins possible de
comprendre l’idée sous-jacente à cette forme de la frontière. L’exemple de la raffinerie peut nous y
aider. Le pétrole brut est un mélange complexe d’hydrocarbures et, pour dire les choses simplement,
le raffinage a pour objectif de décomposer ce mélange en produits pétroliers correspondant à des
catégories d’hydrocarbures bien identifiés. Si on réalise un raffinage simple à partir d’un pétrole brut
donné, on obtient une décomposition en produits (fioul et essence pour notre exemple)
correspondant aux caractéristiques naturelles du pétrole brut traité. Supposons que cette
combinaison est représentée par le point A sur le graphique. Diverses opérations complémentaires
peuvent être réalisées pour modifier le partage de la production finale. On peut comprendre
intuitivement que plus on veut s’éloigner de la répartition naturelle pour aller vers une production
renforcée de l’un des deux produits et plus les opérations complémentaires seront difficiles et
coûteuses. Ainsi à mesure que l’ on se déplace vers des combinaisons contenant plus de fioul qu’en A
(déplacement vers F), il faut mettre en œuvre de plus en plus de moyens supplémentaires pris sur la
production d’essence qui diminue donc de plus en plus fortement. Symétriquement, si l’on cherche à
obtenir plus d’essence que dans la combinaison naturelle, cette production supplémentaire
d’essence devient de plus en plus exigeante en moyens nécessairement pris sur la production de
fioul. Ainsi, quand on se déplace de A vers E, on observe une diminution progressive du supplément
d’essence associé à des réductions identiques de la production de fioul.
La frontière des possibilités de production va maintenant nous permettre d’illustrer le
concept de coût d’opportunité. Comme nous venons de le voir, les combinaisons qui forment la
frontière des possibilités de production correspondent à une production efficace. A partir d’une de
ces combinaisons, il est impossible d’augmenter la production de l’un des biens sans diminuer celle
de l’autre. Ainsi toute production supplémentaire de fioul exige de renoncer à la production d’une
certaine quantité d’essence. Cette production à laquelle on renonce constitue le coût d’opportunité
de la production nouvelle.
Pour mesurer le coût d’opportunité associé à un déplacement sur la frontière des possibilités
de production, on définit le taux marginal de transformation (TMT). Ce TMT se calcule ici comme le
rapport de la variation de production d’essence sur la variation de production de fioul lorsque l’on se
déplace sur la frontière. Pour obtenir une mesure positive, on retient en fait l’opposé du rapport. On
a donc :
Le tableau qui suit complète le tableau initial en y intégrant les calculs de TMT. Ainsi, à titre
d’exemple, on peut calculer le TMT associé à un changement de combinaison produite