– 2 – / 5
L’une des premières sociétés de secours mutuels sera celle des médecins. Les médecins sont exposés à l’absence de travail (forte concurrence,
pas de monopole de la santé) et les médecins en exercice peuvent permettre aux médecins en retraite de pouvoir vivre (la notion de
confraternité change à cette période).
Les sociétés de secours mutuels vont d’abord prendre en charge la maladie mais aussi assez rapidement les retraites (arrêt d’activité). Ce sont
des sociétés qui ont un cadre collectif d’abord corporatiste et qui sont organisées autour de la notion de solidarité.
Historiquement, il va y avoir des fluctuations dans la nature de ces mutuelles.
Jusque 1848, on est dans un contexte de pauvreté généralisée. L’un des aspects politique de la mutualité est qu’elle propose autre chose que
de l’assistance (pas de charité : c’est une mise en commun). À partir de 1848, un certain nombre de notables vont donc participer via des dons
aux mutuelles et du coup elles vont être entre la solidarité et la charité.
Le premier moment d’institutionnalisation politique au sens large est la charte de la mutualité en 1870. Dans cette dernière, les sociétés de
secours mutuels veulent être indépendantes du pouvoir mais elles entretiennent des liens de proximité avec le pouvoir dans la mesure où elles
contribuent à l’organisation de la cité.
La question du rapport entre la mutualité et la politique va se poser de manière récurrente.
L’État se demande et cela, dès la constitution de la charte de la mutualité, si les mutualités seront capables de participer notamment à la
gestion de la loi des retraites (qui sera votée en 1910) et les mutualités craignent que l’intervention de l’État n’empiète sur leurs initiatives.
Pourquoi cette inquiétude ?
Le principe est la solidarité. Si elles craignent une interaction trop forte, c’est qu’elle risquerait d’assujettir la mutualité aux finalités du pouvoir
politique.
Finalement, en 1870, naît cette charte et la mutualité considère que la loi va favoriser la puissance bienfaisante des mutualités.
Quel est l’argument majeur ?
Il existe, nous dit Léon Bourgeois, des obligations réciproques entre l’individu et l’État, à la fois chacun est débiteur envers la société dont il
profite et à la fois l’État doit donner à chacun le moyen d’entretenir notamment sa santé. Il propose un pacte de solidarité « selon l’équité et
garanti par la loi c’est-à-dire par la volonté générale des hommes ».
Draperie souligne le terme qu’il emploie : l’équité et non pas l’égalité.
La notion d’égalité est le fait du caractère identique des deux unités (identiques en tous points). La question de l’égalité est un statut formel de
droits.
Parler d’équité, c’est dire qu’on ne parvient à l’égalité des citoyens que si l’on peut donner à chacun selon ses besoins. C’est une juste mesure
et cela fait référence notamment au fait que tout le monde ne bénéficie pas d’une condition identique et que les membres de la société qui
rencontrent plus de détresse doivent pouvoir bénéficier de plus de secours.
Ce mouvement mutualiste va accompagner la réflexion sur la naissance d’un système de santé et sur le système de retraite. En marge de ce
mouvement mutualiste, vont se créer des dispositifs d’aide sociale et cette fois au niveau de l’État selon un principe de solidarité nationale. Ces
dispositifs sont inspirés par la mutualité. Il faut pointer la loi de 1893 qui institue une assistance médicale gratuite pour tout français malade et
privé de ressources. Cette première assistance médicale de solidarité nationale repose sur le principe d’équité.
Aujourd’hui encore, les mutuelles sont à distinguer des assurances.
Mutuelles : association collective ou chacun participe selon ses moyens sans but lucratif.
Assurance : entreprises privées avec but lucratif (naissent au milieu du XXe siècle).
C. Les modèles
Pendant la deuxième guerre mondiale, le conseil national de la résistance intègre à son programme : « un plan complet de sécurité sociale
(instituée en 1945) visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le
travail avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et l’État ». Il s’agit d’un plan concernant universellement tous les citoyens qui
vise à assurer des moyens d’existence. Il est géré par l’État mais en interaction avec les représentants des citoyens.
En France, ce plan est mis en œuvre le 19 octobre 1945 avec donc la généralisation d’un certain nombre de types de prestations. À la même
époque, au Royaume-Uni, le rapport Beveridge jette aussi les grands principes d’unification de la sécurité sociale.
En France et au Royaume-Uni, la sécurité sociale va être organisée suivant des modèles différents :
- modèle beveridgien : Anglais.
- modèle bismarckien pour le modèle français (élaboré en Prusse).
En réalité, il y a quatre grands modèles de système de santé et de protection sociale que l’on va trouver dans les différents pays occidentaux :
- Bismarckien
Modèle inspiré par la prince Otto Bismarck (homme politique prussien), cet homme proclame l’empire allemand et
devient le premier chancelier en 1871. Ce système est aussi appelé système professionnel, c’est un système dont le
financement est assuré par le travail et les cotisations sociales et géré par les représentants des entreprises et des
travailleurs. Bismarck fait voter des lois d’assurance sociale qui couvrent les risques maladies, les accidents et crée des
caisses de retraite pour les vieillards et les infirmes (lois votées entre 1883 et 1889). L’assurance maladie est liée au travail.
Le deuxième point de ce système est d’affirmer que l’État a pour tâche d’assurer le bien-être des citoyens. C’est l’État qui
fixe le cadre de l’action des caisses et qui doit redresser la situation en cas de déséquilibre financier.