Œil et Physiologie de la Vision - VII-3. 3ème partie
Selon le Pr Boespflug-Tanguy « le diagnostic de trouble primitif de développement de la
myéline du système nerveux central (pour la maladie de Pelizaeus Merzbacher) repose
sur l’association 1- d’un trouble majeur des conductions intracérébrales des potentiels
évoqués auditifs, somesthésiques et visuels contrastant avec des conductions
périphériques normales, 2- d’un hypersignal T2 diffus de la substance blanche à l’IRM
contrastant avec un signal T1 normal » cité d’après (Boespflug-Tanguy O., 2002).
Dysfonctionnements visuels
Le nystagmus est caractéristique de la maladie (Trobe, Sharpe, Hirsh & Gebarski, 1991).
Il s’agit d’un nystagmus pendulaire irrégulier, comportant une composante elliptique et
une composante verticale battant vers le haut. Associé à des hochements de tête, il peut
évoquer à tort un spasmus nutans. Il diminue avec l’âge et disparaît dans 30 % des cas
entre 2 et 5 ans. La fonction visuelle ne semble pas atteinte au début de la maladie ; le
fond d’œil est normal. Une atrophie optique ne se développe qu’à un stade plus tardif. Le
nystagmus diminue souvent au cours de l’évolution voire disparaît.
Le nystagmus pendulaire acquis s’observe dans les maladies affectant la myéline centrale telles les maladies
peroxysomales, mais aussi la sclérose en plaque, l’intoxication au toluène. Son mécanisme en est discuté (Leigh
& Zee, 2006).
Maladie de Pelizaeus Merzbacher avec manifestations apparues
vers l’âge de 4-5 mois : exemple
Histoire clinique
B. est né à 39 semaines d’aménorrhée avec un poids et une taille supérieurs à 1DS,
Apgar 10/10. Son adaptation à la vie extra-utérine est bonne ainsi que l’allaitement sans
problème de succion. Vers l’âge de 4-5 mois apparaissent des mouvements oculaires
rapides anormaux de type nystagmus horizonto-rotatoire, suivis d’un retard des
acquisitions psychomotrices. Vers l’âge de 14 mois, le neuropédiatre trouve une ataxie
franche du tronc et de la tête et des tremblements à l’exécution des mouvements
volontaires, également présents à l’âge de 2,5 ans. On observe une cassure de la courbe
staturo-pondérale vers l’âge de 15 mois malgré un bon appétit. A l’âge de 18 mois,
l’enfant se met assis seul et debout avec aide, il se déplace le long des meubles et peut
faire une dizaine de pas avec une aide bilatérale. L’enfant est souriant, mais ne dit que
quelques mots à 2,5 ans.
Le bilan psychométrique pratiqué à l’âge de 3 ans 4 mois montre un retard psychomoteur
le situant pour ses acquisitions motrices, à un niveau de développement correspondant à
l’âge d’environ 13 mois et, sur le plan du langage, à un niveau correspondant à l’âge
d’environ 2 ans. Il a une prise en charge par kinésithérapie, orthophonie et
psychomotricité.
IRM
L’IRM réalisée à l’âge de 10 mois trouve un retard de myélinisation, puis à l’âge de
22 mois, une absence de myélinisation de la substance blanche évoquant une
leucodystrophie de type PLP.
Biologie moléculaire
Elle montre que l’enfant est porteur d’une duplication complète du gène PLP1 (présence
de deux copies des exons 1 à 7), sa mère est porteuse d’une triplication du gène PLP1
(présence de trois copies des exons 1 à 7) à l’état hétérozygote, confirmant le diagnostic.
Bilan visuel
A l’âge de 3 ans, on constate un strabisme convergent alternant, un nystagmus
horizontal de faible amplitude, une hypermétropie forte et des fonds d’yeux normaux.
L’acuité visuelle n’est pas chiffrable.