Guide Enseignant extrait de la ” mallette sur les récifs coralliens”

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Récifs coralliens :
un présent pour le futur
***
Guide
de l’enseignant
Sommaire
Introduction…………………………………………………
Contenu de la mallette………………………………………
Synopsis de la bande dessinée Un trésor sous la mer………
Synopsis du DVD Récifs coralliens : un présent pour le futur
Les récifs coralliens en Polynésie française………………...
Qu’est-ce qu’un récif corallien ? …………………………...
Le corail……………………………………………………..
L’importance des récifs coralliens………………………….
Les récifs coralliens menacés……………………………….
p. 2
p. 3
p. 3
p. 5
p. 6
p. 6
p. 7
p. 8
p. 9
Réchauffement climatique et blanchissement du corail
Augmentation des rejets de gaz carbonique
Apports en nutriments par les eaux de ruissellement
Apports en sédiments par les eaux de ruissellement
Pollution
Infestations de taramea
Urbanisation du littoral
Destruction directe
Surexploitation des ressources et surpêche
Mauvaises pratiques de pêche
Les solutions………………………………………………...
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Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Stopper l’apport excessif de nutriments et de sédiments par les eaux de ruissellement
Bannir les pratiques de pêche dévastatrices et leur trouver des alternatives durables
Créer des aires marines protégées
Réduire les rejets d’eaux usées domestiques
Aménager durablement le littoral
Promouvoir l’écotourisme
Agir maintenant………………………………………………
Reef Check………………………………………………….
Le Passeport de Citoyen de l’Océan………………………..
Pour plus d’informations……………………………………
Bibliographie………………………………………………..
Organismes partenaires……………………………………..
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p. 17
p. 18
p. 19
p. 19
p. 20
Introduction
Dans de nombreux pays insulaires et côtiers de la région tropicale, la qualité de vie des
habitants est étroitement liée à la bonne santé des récifs coralliens. La gestion durable des
récifs et des ressources piscicoles qui en dépendent ne peut être envisagée sans une démarche
complémentaire de sensibilisation et d’éducation de la population.
Récifs coralliens : un présent pour le futur est un outil de sensibilisation et d’éducation sur
les récifs coralliens destiné à tous les pays tropicaux dont les récifs sont plus ou moins
menacés. Ses objectifs sont :
- d’expliquer l’importance des récifs coralliens, les menaces liées aux activités
humaines et les actions à mettre en œuvre pour les sauvegarder,
- d’expliquer les impacts néfastes de la déforestation, de la pollution, des mauvaises
pratiques de pêche, de la surpêche et du réchauffement climatique sur les récifs
coralliens.
Récifs coralliens : un présent pour le futur comporte plusieurs supports éducatifs
multimédia, adaptés au contexte local : une bande dessinée, une vidéo sur DVD, et des outils
pédagogiques complémentaires pour les enseignants.
La diffusion gratuite de la mallette Récifs coralliens : un présent pour le futur auprès de
toutes les écoles publiques et privées de Polynésie française a été rendue possible grâce à
l’implication et au soutien de nos partenaires polynésiens (Ministère de l’éducation et de
l’enseignement supérieur de Polynésie française, Ministère du développement durable
de Polynésie française, IFRECOR – Initiative française pour les récifs coralliens, Reef
Check – Réseau Polynésie française, Moorea Dolphin Center, groupe hôtelier
InterContinental Resort & Spa, Air Tahiti et internationaux (Ocean Futures Society,
SIDSNET – Alliance des Nations Unies pour le développement des petites îles, PNUE –
Programme des Nations Unies pour l’environnement, UNESCO-IOC – Organisation des
Nations Unies pour la formation la science et la culture – Commission océanographique
intergouvernementale, ICRAN – Réseau international action pour le récif, Reef Check,
Marine aquarium council, Rock & Waterscape International Inc., NOAA – National
oceanic and atmospheric administration. Nous les en remercions chaleureusement.
Merci aussi à Jean-Michel Cousteau et à son équipe d’avoir confié à l’association te mana o te
moana l’opportunité de collaborer à cette importante mission de sensibilisation des écoliers
polynésiens.
Nous espérons que la mallette Récifs coralliens : un présent pour le futur fera prendre
conscience aux jeunes la valeur inestimable de leurs récifs coralliens, et que grâce à une
meilleure compréhension de l’écologie récifale, ils sauront changer leurs habitudes pour
protéger durablement les ressources naturelles des récifs coralliens.
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Contenu de la mallette
DVD Récifs coralliens : un présent pour le futur
Film vidéo sur les récifs coralliens (durée 20 minutes) dont les images remarquables illustrent
la beauté des récifs, leur fragilité et leur rôle dans la vie des populations locales. Introduction
par Hira Terinatoofa, jeune champion de surf international originaire de Papara, Tahiti.
Bande dessinée Un trésor sous la mer
BD en couleurs sur le problème de la surpêche et ses solutions, notamment la création de
réserves marines où les ressources piscicoles peuvent se reconstituer tout en créant un centre
d’intérêt pour l’écotourisme. Ce message éducatif est délivré par le biais d’une aventure
illustrée mêlant d’une part la biologie des récifs coralliens et des poissons, d’autre part les
relations de dépendance entre les hommes et le lagon.
Livret d’accompagnement à usage de l’enseignant comprenant les résumés du DVD vidéo et
de la BD, des notions complémentaires sur l’écologie récifale et la situation des récifs
coralliens en Polynésie française, et une liste de sites Internet.
Synopsis de la bande dessinée Un trésor sous la mer
Un trésor sous la mer traite de l’un des problèmes majeurs affectant les récifs coralliens : la
surexploitation des ressources. Pour y remédier, les populations locales peuvent créer des
réserves marines qui permettent de reconstituer les ressources en poisson. Ces aires marines
protégées constituent de surcroît des centres d’intérêt pour l’écotourisme.
Un trésor sous la mer s’emploie à transmettre ce message essentiel. Dans le récit
interviennent d’une part la biologie des récifs coralliens et des poissons, d’autre part les
relations de dépendance entre les hommes et le lagon. Comme toutes les bandes dessinées, cet
ouvrage présente des textes simples et clairs et des illustrations qui le rendent facile à lire, à
comprendre et à mémoriser.
Ce livre a pour mission de susciter auprès des jeunes lecteurs une réflexion sur l’importance
des récifs coralliens, et de leur fournir les connaissances de base pour en faire les garants de la
sauvegarde de leur patrimoine naturel.
L’histoire :
- jadis, de gros poissons, notamment des mérous, abondaient autour des récifs coralliens
- de nombreuses espèces de mérous se rassemblaient en grand nombre pour se reproduire
- aujourd’hui, les gros poissons se font plus rares
- seuls les plus anciens pêcheurs se souviennent de cette époque d’abondance
- les gens ont pêché trop de poissons
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- quand la pêche est pratiquée lors de ces rassemblements, la population de poissons a du mal
à compenser les prélèvements et à reconstituer les stocks
- la pêche finit par pâtir de la surexploitation des ressources
- d’autre part, des étrangers veulent développer les îles sans égard pour l’environnement et les
ressources naturelles
- souvent, les étrangers ne se rendent pas compte de la valeur des ressources naturelles et
culturelles locales
- d’importants projets de développement, dirigés par des étrangers, peuvent se révéler moins
bénéfiques pour la population que des projets de développement plus modestes pris en charge
par la population locale
- connaître la biologie des poissons peut nous aider à mieux les protéger
- les gros poissons pondent beaucoup plus d’œufs que les petits
- en protégeant les gros poissons, on permet la production d’une plus grande descendance
pour reconstituer les stocks
- les larves des poissons peuvent dériver vers des récifs voisins, et favoriser ainsi leur
repeuplement
- lorsque les poissons quittent une réserve protégée pour aller peupler les récifs voisins, on
parle « d’effet de débordement »
- les aires marines protégées, où poissons et autres ressources trouvent refuge, peuvent ainsi
permettre de repeupler des récifs désertés
- par ailleurs, l’étude des coraux permet aux populations locales de mieux comprendre le
fonctionnement de leurs récifs coralliens et d’en surveiller l’évolution
- les gens doivent travailler ensemble à l’élimination des pratiques de pêche destructrices et à
la promotion des initiatives de protection, notamment la mise en place de réserves marines où
la pêche est interdite
- la culture traditionnelle est souvent empreinte d’une grande sagesse. Dans bien des cas, les
coutumes d’hier peuvent servir de guide pour mieux respecter la nature et gérer durablement
les ressources pour les générations futures
- l’écotourisme peut constituer une ressource économique locale et une motivation
supplémentaire pour protéger les ressources naturelles
- afin d’assurer le succès de la démarche, les populations locales doivent être impliquées dans
les décisions concernant le respect du patrimoine naturel et culturel
La morale :
Les récifs coralliens, les îles et les hommes sont liés entre eux et tissent ensemble la grande
toile de la Vie. L’homme est l’une des espèces vivantes qui peuplent la planète, au même titre
que d’innombrables autres espèces. Toutes les espèces vivantes dépendent les unes des autres,
et nous, les hommes, avons l’obligation morale de protéger les espèces avec lesquelles nous
cohabitons sur Terre. En prenant soin de nos îles et de nos récifs coralliens, nous prenons soin
de nous-mêmes.
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Synopsis du DVD
Récifs coralliens : un présent pour le futur
Pour sensibiliser le public à la nécessité de protéger les récifs coralliens, le DVD Un présent
pour le futur présente une vidéo de 20 minutes dont les images remarquables illustrent la
beauté des récifs, leur fragilité et leur rôle dans la vie des populations locales. Introduction par
Hira Terinatoofa, jeune champion de surf international originaire de Papara, Tahiti.
Introduction :
- Les récifs coralliens sont indispensables aux hommes. Ils protègent les côtes des cyclones,
fournissent de la nourriture, sont source de revenus et offrent un espace de loisirs.
- Les récifs coralliens sont menacés par diverses activités humaines.
- Les récifs coralliens peuvent être sauvegardés si tout le monde travaille ensemble à leur
protection.
- Dans de nombreuses cultures traditionnelles, il existait des tapu qui protégeaient les
ressources naturelles des récifs.
Qui construit les récifs ?
- Les récifs sont formés par de minuscules animaux coralliens.
- Les coraux vivent en association avec une algue.
Les menaces :
- Le réchauffement global du climat, provoqué par une consommation excessive et
dispendieuse d’énergie, constitue une menace pour les récifs coralliens. Une infime
augmentation de la température de l’océan entraîne l’expulsion de l’algue associée au corail
(algue « symbiotique ») et le blanchiment du corail.
- Les défrichements et les terrassements entraînent des apports de terre dans le lagon, qui
affaiblissent les coraux.
- Les pratiques de pêche destructrices dévastent des récifs entiers.
- Déchets, ancres, pièges et filets égarés menacent les récifs coralliens et leur faune.
- La croissance démographique est une cause sous-jacente de la dégradation des récifs : de
plus en plus de personnes sollicitent les récifs.
Les solutions :
- Les réserves marines permettent de protéger les récifs coralliens. Dans les zones protégées,
les poissons, coquillages et crustacés grandissent et se reproduisent à l’abri de tout danger. Ils
peuvent ensuite repeupler les récifs situés à l’extérieur de la réserve.
- La surveillance des coraux aide les populations locales à suivre leur évolution et à mieux
comprendre leur rôle vital.
- L’écotourisme peut générer des revenus et des emplois sans affecter les récifs coralliens.
- L’éducation est nécessaire afin que chacun comprenne pourquoi et comment préserver les
récifs coralliens.
L’importance des espèces et de la biodiversité :
- Chaque espèce a un rôle à jouer pour maintenir les récifs en bonne santé et permettre leur
fonctionnement global.
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- Les poissons-perroquets contrôlent le développement des algues.
- Les holothuries (ou concombre des mers) « recyclent les déchets » et nettoient les récifs.
- Les éponges filtrent et nettoient l’eau.
- Les poissons nettoyeurs et certaines crevettes sont aux petits soins pour leurs « patients ».
Conclusion :
- Les récifs coralliens peuvent être sauvegardés si nous décidons vraiment de les protéger.
Nous devons tous œuvrer ensemble pour préserver nos récifs coralliens. Protéger les récifs
maintenant constitue le plus beau présent que nous pouvons offrir au futur.
Les récifs coralliens en Polynésie française
Les îles polynésiennes sont nées d’une série de gigantesques éruptions volcaniques sousmarines. Elles sont groupées en cinq archipels (Société, Tuamotu, Gambier, Marquises et
Australes) orientés de la même façon, du sud-est vers le nord-ouest… À l’origine de chacun il
y a un point chaud fixe sous l’écorce terrestre. Régulièrement, à plusieurs millions d’années
d’intervalle, celui-ci s’active, forme un nouveau volcan qui perce la surface de l’océan et
devient, une fois éteint, une île haute. Les îles s’éloignent en file indienne, l’aînée en tête,
solidaires du plancher de l’océan Pacifique qui dérive vers le nord-ouest à raison de 10 cm par
an.
Au cours des millénaires, l’île haute volcanique, très lourde, s’enfonce lentement sous son
propre poids et subit l’érosion des vents et des pluies, tandis que le récif corallien qui
l’entoure croît. Ainsi, plus l’île s’enfonce, plus le lagon s’élargit. Lorsqu’il n’y a plus aucune
trace du volcan englouti, l’île continue à exister sous la forme d’un atoll, anneau corallien
entourant le lagon, qui porte quelques îlots de sable, les motu. Les atolls, dernier stade émergé
de cette évolution, ont jusqu’à 10 millions d’années et sont les îles les plus âgées.
Éparpillées sur 5,5 millions de km2 (une surface comparable à celle de l’Europe) au cœur de
l’océan Pacifique, les 118 îles de Polynésie française, dont 67 sont habitées, forment un
territoire très éclaté qui ne totalise que 3 521 km2 de terres émergées (Tahiti représente à elle
seule le tiers de cette surface). Les lagons s’étendent, par contre, sur 12 800 km2, et
comportent 2 000 km de récifs.
Qu’est ce qu’un récif corallien ?
Un récif corallien est un relief sous-marin constitué de calcaire et formé par de petits êtres
vivants appelés polypes coralliens (voir fiche Le corail). Les récifs coralliens n’occupent que
0,1 % (un millième) de la surface de la Terre, soit environ 600 000 km2. Pourtant, ils forment
un écosystème aussi productif, complexe et diversifié que celui des forêts tropicales sur terre.
Ils abritent une incroyable biodiversité : on y recense au moins 1 million d’espèces vivantes,
mais les scientifiques estiment qu’il pourrait y avoir jusqu’à 9 millions d’espèces dans les
divers récifs coralliens de la planète.
Ils constituent de véritables oasis de vie au milieu des océans : on peut trouver jusqu’à
3 000 espèces cohabitant sur un récif corallien, et il y a en moyenne 100 fois plus d’espèces
de poissons autour d’un récif corallien que dans l’océan alentour.
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Le récif remplit une multitude de fonctions pour la vie foisonnante et diversifiée qui dépend
de lui. Sa structure calcaire est tour à tour refuge pour la proie, planque pour le chasseur, abri,
nurseries, source de nourriture, lieu de ponte et habitat pour des milliers d’espèces de
poissons, coquillages, crustacés, oursins, étoiles de mer, holothuries, algues,
microorganismes…
On distingue plusieurs types de récifs :
- le récif frangeant, qui borde une terre émergée
- le récif barrière, plus large, séparé de la côte par un lagon et pouvant atteindre
plusieurs dizaines de kilomètres de large. Il forme une couronne au centre de laquelle
se trouve le reste de l’île.
- le banc récifal, construction corallienne construite en pleine mer sur un haut fond.
Le lagon, très fermé et peu profond, est un milieu particulièrement fragile car l’eau qu’il
renferme peut être faiblement renouvelée. Les passes, qui communiquent avec l’océan,
permettent de drainer vers l’extérieur une partie de ce qui se déverse dans le lagon, mais la
majorité de ce qui vient de la terre s’entrepose dedans et s’y accumule avec peu de chances
d’en sortir.
Ainsi, dans le cadre des travaux pour l’extension du port autonome de Papeete, des carottages
ont été effectués jusqu’à un mètre de profondeur, révélant la présence d’une couche de
sédiments de 60 cm d’épaisseur tapissant le plancher du lagon. Dans ces boues, on a retrouvé
des traces de tous les produits chimiques commercialisés sur le territoire au cours des
30 dernières années. On a même pu y voir l’apparition du sac plastique.
Le corail
Dans le lagon, l’acteur principal est le corail. Sans lui, il n’y aurait pas de récif… ni d’archipel
des Tuamotu !
Le corail vivant se compose d’une structure calcaire solide dont la surface est couverte de
millions de polypes. Ce sont de minuscules créatures animales constituées d’un corps en
forme de tube surmonté d’une bouche entourée de tentacules. Les polypes, carnivores,
déploient leurs tentacules la nuit pour se nourrir de plancton animal en suspension dans l’eau.
Les polypes se soudent les uns aux autres pour former des colonies. Les coraux présentent
différents aspects regroupés en quatre types : coraux branchus, coraux massifs (en forme de
boule), coraux tabulaires (en forme de table), coraux encroûtants (épousent la forme du
support qu’ils recouvrent). La croissance des coraux est extrêmement lente. Il faut 1 an pour
construire une branche de corail de 10 cm de long, et 10 ans pour construire une boule de
10 cm de diamètre. Une patate de corail de 1 mètre de diamètre est âgée d’environ 100 ans !
En s’accumulant au cours de milliers d’années, les constructions calcaires de ces colonies
constituent les récifs coralliens.
Les eaux tropicales sont exceptionnellement claires et limpides car elles contiennent très peu
de nutriments comme l’azote, le phosphore ou le fer. Pour vivre et prospérer dans ce désert
océanique, les coraux recyclent les nutriments avec l’aide de la zooxanthelle, une algue
microscopique qui vit dans leurs tissus. L’algue fabrique des sucres qui alimentent le corail.
Le corail produit des déchets, c’est-à-dire des nutriments, qui alimentent l’algue. C’est une
relation de symbiose.
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Pour leur croissance, les coraux ont des exigences bien précises concernant la température de
l’eau, la salinité et la lumière. Ils vivent dans des eaux tièdes, claires et peu profondes. Si
l’une de ces conditions change, les coraux peuvent en souffrir et disparaître. Ainsi, ils sont
absents en face des vallées en raison de l’apport d’eau douce par les rivières (cela forme les
passes), rares aux Marquises à cause d’un courant froid, et ils disparaissent au-delà d’une
certaine profondeur…
Bien que vulnérables, les coraux ont des capacités de résistance et de régénération naturelle
souvent très bonnes, mais dans certains cas, l’accumulation de multiples pressions d’origine
humaine ou naturelle les affaiblit et les détruit progressivement. C’est alors toute la faune du
lagon qui en souffre.
L’importance des récifs coralliens
Depuis des millénaires, les récifs coralliens fournissent aux habitants de Polynésie française
de quoi se nourrir. Les populations locales y pêchent du poisson et y récoltent des coquillages,
des algues et d’autres produits de la mer, s’approvisionnant ainsi continuellement en
nourriture et matériaux divers.
Les récifs coralliens protègent le littoral des îles hautes (habitations, cultures) des assauts de
l’océan. Sans leur récif, les îles seraient vite effacées par l’érosion des puissantes houles
cycloniques.
Les récifs coralliens constituent également une source de revenus pour les populations. La
pêche, mais aussi la perliculture et le tourisme, activités économiques principales de la
Polynésie française, dépendent étroitement de la bonne santé du récif corallien.
L’exploitation commerciale des ressources du récif a été une cause majeure de leur
dégradation accélérée au cours des dernières décennies. Mais depuis quelques années, les
récifs coralliens servent aussi d’attraction pour l’écotourisme. Les plongeurs viennent du
monde entier pour découvrir les merveilles d’un récif corallien foisonnant de vie et de
couleurs. Dans ces cas-là, le récif a plus de valeur protégé qu’exploité.
On sait aussi que le patrimoine biologique naturel du récif corallien peut présenter un intérêt
pour la recherche pharmaceutique. Il existe déjà des principes actifs de médicaments que l’on
extrait d’espèces liées aux récifs coralliens, et tant de découvertes restent à faire…
Enfin, les films et les reportages ont révélé au monde entier l’incroyable diversité des
créatures marines avec lesquelles nous partageons la planète. C’est peut-être là une autre
mission que remplit le récif corallien : celle de rappeler aux hommes que la nature est
exceptionnelle, qu’il est important de la préserver et qu’elle dépasse toute considération
économique.
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Les récifs coralliens menacés
Parce qu’ils sont dissimulés sous la surface de la mer, il est difficile d’évaluer le rythme et
l’étendue des dégâts qui affectent les récifs coralliens. On estime que plus de 27 % des récifs
de la planète sont déjà gravement endommagés et qu’une part encore bien plus importante est
menacée, en particulier dans les régions les plus peuplées. Cette ressource, déjà limitée, subit
actuellement une détérioration accélérée qui pourrait mener à la perte de la majorité des récifs
coralliens du monde avant la fin du siècle. Les causes sont variées et complexes.
Depuis toujours, les événements naturels comme les cyclones et les invasions de prédateurs
détériorent les récifs. Cependant, même s’ils entraînent la mort brutale de larges portions du
récif et occasionnent beaucoup de casse, ces phénomènes n’altèrent pas la qualité du milieu.
Le récif peut ensuite se régénérer, poursuivant normalement son cycle d’évolution.
Mais aujourd’hui, la majorité des changements et dégradations qui les affectent sont
imputables aux activités humaines. La croissance démographique est certainement le facteur
le plus dommageable pour les récifs coralliens, puisque chacune de ces menaces est amplifiée
par l’augmentation rapide de la population humaine et son impact sur l’environnement.
Réchauffement climatique et blanchissement du corail
Les coraux dépendent pour leur survie d’une symbiose avec une algue unicellulaire, appelée
zooxanthelle, qui vit à l’intérieur même du corps du polype. Au cours des dernières années, le
phénomène connu sous le nom de « blanchissement du corail » est devenu de plus en plus
fréquent. Le corail blanchit lorsqu’il perd son algue partenaire.
Sans la zooxanthelle, le corail ne peut s’alimenter et finit par mourir. Diverses causes peuvent
être à l’origine du blanchissement du corail. La plus grave et la plus importante est l’élévation
de la température de la mer. Un à deux degré Celsius de plus que la normale suffisent à
provoquer le blanchissement du corail. De plus, un ensoleillement intense, en particulier une
exposition importante aux rayons ultraviolets (UV) du soleil, est également néfaste pour le
corail. Plus l’élévation de température de l’eau est forte et prolongée, moins le corail a de
chances de survivre. Si les conditions ne durent pas trop, l’algue réintègre le corail, et ce
dernier survit. Mais avec le réchauffement global du climat, les épisodes de blanchissement
du corail sont plus fréquents. Selon certains chercheurs, les épisodes de réchauffement de la
température de l’eau en surface et de blanchissement du corail pourraient se reproduire tous
les ans au cours de la prochaine décennie. Le réchauffement climatique, El Nino et le trou
dans la couche d’ozone constituent donc désormais des menaces majeures pour la santé et la
survie des coraux de la planète.
Au cours des années 1997 et 1998, des phénomènes de blanchissement ont été constatés dans
toutes les mers tropicales, y compris dans des régions où le phénomène était inconnu
auparavant. Jamais le blanchissement du corail n’a eu une telle ampleur. En 1998, le
blanchissement a provoqué une forte mortalité du corail, atteignant 90 % dans certaines
régions de l’Océan Indien. Plusieurs phénomènes de blanchissement sont survenus dans les
îles de la Société et aux Tuamotu au cours des vingt dernières années.
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Augmentation des rejets de gaz carbonique
Les quantités croissantes de gaz carbonique émises par les activités humaines contribuent,
dans l’atmosphère, au réchauffement climatique global. Mais une part se dissout également
dans les océans avec pour conséquence une baisse de la quantité de carbonate de calcium
présent dans l’eau de mer. Or celui-ci est indispensable aux coraux pour construire leur
squelette calcaire qui forme les fondations du récif corallien.
Apports en nutriments par les eaux de ruissellement
Une partie de la pollution générée par nos activités (domestiques, urbaines, industrielles et
agricoles) est évacuée par les eaux usées déversées dans le lagon. En effet, il y a peu de
communes où ces effluents sont traités dans une station d’épuration avant leur rejet dans le
milieu naturel. Les systèmes d’épuration individuels (fosses septiques, puisards) quant à eux
sont souvent déficients car mal entretenus ou sous-dimensionnés par rapport aux grandes
quantités d’eau consommées.
Les eaux usées domestiques non traitées et les eaux de ruissellement terrestres chargées
d’engrais agricoles ou de matière organique en décomposition (dans les zones défrichées pour
l’agriculture ou l’habitat) sont excessivement chargées en nutriments. Plus la population
augmente, plus ces sources de nutriments augmentent.
Or l’apport d’un surplus de nutriments dans le lagon provoque la prolifération d’algues qui
abîment l’écosystème tout entier. Les algues à croissance rapide recouvrent le récif et le
transforment en forêt sous-marine. Or les larves de coraux ont besoin d’espace libre pour se
fixer. Si cet espace est occupé par des algues, la fixation et la croissance de nouveaux coraux
se trouve limitée.
Même la zooxanthelle peut trahir son hôte quand les nutriments sont trop abondants dans
l’eau : lorsque l’azote est en excès, les zooxanthelles, au lieu d’alimenter le corail, se mettent
à se multiplier, déséquilibrant le partenariat.
L’excès de phosphore, un autre nutriment, freine la calcification et entraîne une baisse de
production du squelette calcaire des coraux.
Apports en sédiments par les eaux de ruissellement
Le développement de nouveaux lotissements sur les pentes nécessite de nombreux
terrassements à flanc de montagne. Les petits terrassements privés, souvent réalisés sans
autorisation, se multiplient également. Ailleurs, des terrains en pente sont défrichés et cultivés
sans précautions. Ces pratiques dénudent les versants. À la moindre pluie, le sol meuble, privé
de la dense végétation qui le retient avec ses racines, se trouve emporté en flot boueux vers
l’aval. Toute la terre se dépose dans le lagon qui vire du bleu au beige. Les sédiments
(particules en suspension dans l’eau) se déposent sur les coraux et ensevelissent des colonies
entières en les empêchant de se nourrir. L’eau, devenue trouble, laisse passer moins de
lumière, ce qui leur nuit également.
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Pollution
D’autre part, les eaux de pluie ruissellent en se chargeant de produits chimiques (pesticides
provenant des cultures, substances toxiques issues des décharges et des déchets abandonnés
dans la nature) avant d’atteindre le lagon. Ainsi depuis 1985, environ 40 % des eaux bordant
les plages de Tahiti sont polluées ou momentanément polluées.
Sédiments et polluants affectent considérablement la reproduction des coraux et les premiers
stades de la vie larvaire (l’étape la plus fragile dans le cycle de vie des coraux).
La pollution par les déchets domestiques solides est également préoccupante. Abandonnés en
pleine nature, les déchets laissent échapper des substances toxiques qui contaminent les
rivières et les nappes phréatiques, empoisonnent l’eau de consommation et polluent le lagon.
Ainsi, une simple pile peut tuer 1 m3 de corail (un gros bloc d’un mètre de diamètre), tandis
qu’une batterie jetée dans la nature pollue 15 m2 autour d’elle pendant plusieurs années.
Infestations de taramea
Cet autre phénomène préoccupant peut être également relié à un apport excessif de
nutriments. L’Acanthaster planci ou taramea, une étoile de mer qui se nourrit de corail
vivant, a dévasté des portions entières de récifs coralliens dans le Pacifique.
Ses larves se nourrissent de phytoplancton tandis que l’adulte dévore les polypes coralliens.
En temps normal, la pauvreté des eaux tropicales en plancton limite le développement des
larves de taramea. Mais quand la concentration de nutriments augmente, le plancton devient
plus abondant, et davantage de larves de taramea se développent, conduisant parfois à des
proliférations.
Sur la Grande Barrière de corail en Australie, des proliférations d’Acanthaster ont été
imputables à un apport en nutriments du aux activités agricoles pratiquées à des centaines de
kilomètres de là. En Polynésie française, la taramea est régulièrement présente, et des pics ont
été observés en 1997 et 2006.
Urbanisation du littoral
Les grands travaux d’aménagement et, surtout, les innombrables petits remblais individuels
modifient considérablement le rivage, souvent au détriment de l’équilibre du lagon.
À Moorea, la moitié du rivage est désormais artificielle : quais en béton, murets,
enrochements, remblais, routes et constructions… Plus de la moitié du littoral naturel de
Tahiti est détruit par les remblais. Cette part pourrait atteindre les trois-quarts dans vingt ans
avec la croissance démographique et le développement touristique.
Les travaux de remblais provoquent, comme les terrassements, des dépôts de sédiments qui
affectent les coraux voisins. Les enrochements et les murets verticaux perturbent le
mouvement naturel des vagues et modifient les courants, ce qui accentue certains phénomènes
d’érosion et de recul des plages. Mais l’impact le plus préoccupant est la destruction directe
du récif frangeant accolé au rivage et qui joue un rôle fondamental dans l’équilibre du lagon.
C’est là, dans les eaux peu profondes du récif frangeant, à l’abri des prédateurs, que les
juvéniles de presque toutes les espèces de poissons récifaux se réfugient au début de leur vie.
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Destruction directe
L’extraction de corail consiste à enlever des colonies coralliennes dans différents endroits du
lagon pour fabriquer de la soupe de corail destinée notamment à la construction de routes.
Ainsi, pour construire les routes littorales, il a fallu extraire 4,5 millions de mètres cubes de
soupe de corail dans les lagons. Ce volume de matériaux correspond à la destruction, sur 4 m
de profondeur et 100 m de large, de 10 km de récifs coralliens.
Moins pratiquée aujourd’hui, l’extraction de matériaux coralliens a été une cause majeure de
destruction des récifs frangeants en Polynésie. De plus, l’opération soulève des sédiments qui
se déposent sur les colonies voisines, et peut, en modifiant la disposition des patates de corail,
modifier les courants et accentuer certains phénomènes d’érosion qui affectent le littoral.
L’interdiction de prélever de la soupe de corail est déjà ancienne, mais des dérogations
successives font que ce matériau demeure une importante source de granulats.
Les piétinements répétés sont également néfastes pour le récif, ainsi que les ancres des
bateaux. Les plongeurs peuvent également dégrader le récif en s’y accrochant ou en palmant.
Surexploitation des ressources et surpêche
On parle de surexploitation des ressources quand les quantités prélevées dépassent la capacité
naturelle du milieu à fournir. Cela entraîne un appauvrissement des stocks, parfois
dramatique. Les exemples ne manquent pas et dans les îles de la Société, l’histoire s’est déjà
répétée pour le corail noir, les bénitiers, et d’autres espèces de coquillages et crustacés
aujourd’hui protégés par la réglementation. Bien souvent, les problèmes se posent quand on
commence à faire le commerce des espèces.
Pour pouvoir se reproduire et régénérer son espèce, un poisson doit avoir atteint un certain
âge donc une certaine taille. Il est important de respecter la taille minimale recommandée
pour chaque espèce et de relâcher une femelle crustacé qui porte des œufs sous son abdomen,
sous peine de voir peu à peu le lagon se dépeupler. La réglementation, qui définit les périodes
autorisées à la pêche, ne doit donc pas être vue comme une contrainte mais comme un outil
pour aider les pêcheurs à préserver durablement leurs ressources.
La disparition progressive des poissons pêchés sans discernement n’est pas la seule
conséquence de la surpêche. En effet, les récifs coralliens sont des communautés d’espèces à
l’organisation complexe, où chaque créature a un rôle important, occupe une niche écologique
donnée et contribue à un écosystème sain et productif. Parfois, plusieurs espèces sont
responsables de la même tâche, pour éviter que la disparition d’une espèce ne déstabilise
complètement l’écosystème récifal. En voici une illustration.
Dans les Caraïbes, les poissons perroquets et poissons chirurgiens herbivores, infatigables
brouteurs d’algues, ont été surexploités. Or les algues se développent plus vite que le corail et
peuvent facilement l’emporter sur ce dernier en occupant l’espace et en empêchant la fixation
des larves de coraux. De plus, elles peuvent asphyxier les coraux en les recouvrant. Les
poissons herbivores jouent donc un rôle important dans le contrôle de la croissance des algues
et le maintien des conditions optimales pour la croissance des coraux. Bien que la surpêche ait
réduit les effectifs des poissons perroquets et des poissons chirurgiens, les oursins herbivores,
non consommés par les hommes, ont réussi à lutter contre l’envahissement du récif par les
algues jusqu’au début des années 1980. En 1981-1982, une épidémie décima 99 % des oursins
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dans les Caraïbes. Les oursins étaient la dernière solution de rechange pour contrôler les
algues… Sans eux, les algues proliférèrent rapidement, recouvrant les coraux et entraînant un
important déclin des récifs coralliens dans les Caraïbes.
Comme le montre cet exemple, la surexploitation d’une ou de deux espèces seulement suffit à
déclencher des perturbations en chaîne qui peuvent avoir des impacts à très vaste échelle. A
l’heure actuelle, on ne sait pas tout des liens très étroits entre les différentes espèces de
poissons et l’équilibre global du récif. Mais il est déjà clair que la surpêche a de multiples
impacts sur les récifs de la planète.
Mauvaises pratiques de pêche
Pêcher en trop grande quantités est dommageable pour l’écosystème récifal, mais pêcher avec
de mauvaises techniques de pêche peut l’être encore davantage. Certaines techniques sont
interdites parce qu’elles dévastent le lagon, ou permettent de prendre beaucoup de poisson
aujourd’hui mais plus rien demain… Or des générations d’autres pêcheurs auront encore
besoin des ressources du lagon pour se nourrir.
La pêche à l’explosif est répandue à travers tout le pacifique Sud, l’Asie du sud-est et l’Océan
Indien. Dynamite ou explosifs faits maison tuent radicalement et sans discernement les
poissons, mais aussi le récif lui-même et de nombreuses autres espèces sans intérêt pour la
pêche. Tous les environs sont dévastés, parfois pour seulement un seau de poissons
comestibles.
Pour satisfaire la demande croissante en poissons d’aquarium et en poissons vivants,
notamment pour le marché d’Asie du sud-est, les pêcheurs recourent à des substances
chimiques toxiques comme le cyanure. Au moyen d’une bouteille, ils empoisonnent le récif
pour paralyser le poisson et, avec lui, les autres habitants du récif. Le récif n’est pas démoli à
l’explosif, mais tout autant dénué de vie.
En Polynésie française, dynamite, air comprimé, électricité, poisons (dont l’eau de javel),
barre à mine, scaphandre autonome, senne tournante et filet maillant pour la pêche thonière
sont désormais proscrits. En se conformant aux techniques de pêche autorisées par la
réglementation, on permet le renouvellement de la ressource pour pouvoir pêcher encore
longtemps.
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Les solutions
De la même manière que les menaces qui pèsent sur l’avenir des récifs sont variées, il n’y a
pas une solution unique. La protection et la restauration des récifs requiert un ensemble
d’actions, un effort global mobilisant tant les communes que les pays, tant les industries que
les particuliers.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
À l’échelle planétaire, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites pour ralentir
le réchauffement climatique global, responsable du blanchissement du corail et de
l’augmentation du niveau de la mer. Chaque individu doit agir à son niveau en limitant sa
consommation d’énergie.
Stopper l’apport excessif de nutriments et de sédiments par les eaux de ruissellement
Les défrichements pour l’agriculture ou l’habitat et la déforestation provoquent l’apport
excessif de nutriments et sédiments sur les récifs coralliens. Des solutions existent au niveau
des gouvernements de chaque pays et des institutions internationales, pour contrôler la
croissance démographique, gérer durablement les forêts et les terres agricoles afin de stopper
l’érosion du sol, éviter la surfertilisation des cultures.
Au niveau individuel, nous devons effectuer les terrassements dans le respect de la
réglementation (nécessité d’une étude d’impact, permis de terrassement), de même que les
défrichements et abattages d’arbres, et éviter d’entreprendre de gros travaux de terrassement
en période de fortes pluies.
Bannir les pratiques de pêche dévastatrices et leur trouver des alternatives durables
L’usage de produits chimiques et d’explosifs par les pêcheurs locaux est désormais interdit en
Polynésie française et dans de nombreux pays de l’Indo-Pacifique. Dans les pays les plus
touchés, des associations travaillent avec les communautés locales pour trouver des solutions
alternatives au techniques de pêche destructrices. Malheureusement, elles manquent souvent
de moyens pour mener à bien leur mission.
En Polynésie française, la réglementation concernant la pêche dans le lagon indique
également des périodes tapu et rahui, des tailles minimales à respecter pour certaines espèces
et les méthodes de pêche autorisées. Les pêcheurs polynésiens doivent la respecter pour
pratiquer une pêche durable.
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Créer des aires marines protégées
Les ressources de la mer ne sont pas inépuisables. Pour que le stock reste abondant, il faut que
les quantités de poissons qui reviennent naturellement compensent ce que l’on a prélevé. Cela
dépend de la capacité des espèces à se reproduire, et des possibilités qu’on leur laisse de se
reproduire. Les anciens Polynésiens l’avaient bien compris. C’est exactement ce qu’ils
faisaient en pratiquant le rahui, une coutume respectant les impératifs de la nature : interdire
la pêche dans certaines zones pour permettre le renouvellement de la ressource. À notre
époque, établir des aires marines protégées suit le même principe. La première aire marine
protégée en Polynésie française se trouve à Moorea (octobre 2004 : Plan de Gestion de
l’Espace Maritime - PGEM).
Dans le monde, de plus en plus de réserves marines sont créées pour protéger les ressources
du récif et assurer aux prochaines générations des ressources suffisantes. À l’intérieur de ces
aires marines protégées, des zones où tout prélèvement est interdit servent de refuge pour des
espèces commerciales surexploitées qui peuvent ainsi se reproduire à l’abri et reconstituer
leurs effectifs. Il a été prouvé que dans ces zones refuge, les poissons, crustacés et coquillages
atteignent des tailles plus grandes, vivent plus longtemps et de ce fait produisent plus de
jeunes que dans des zones non protégées. Par un effet dit « de débordement », leurs larves se
déplacent et vont repeupler des zones adjacentes dépeuplées où la pêche devient meilleure.
Réduire les rejets d’eaux usées domestiques
Il est indispensable de réduire l’impact des rejets d’eaux usées domestiques le long du le
littoral. Avec l’augmentation de la population, la quantité d’eaux sales qui se déversent sur le
récif augmente de plus en plus. À petite échelle, des systèmes de traitement des eaux usées
par lagunage ont donné de bons résultats. En plus, les boues récoltées peuvent servir d’engrais
pour enrichir les sols cultivés, naturellement pauvres en nutriments sous les tropiques, et les
jardins. Mais pour des populations plus nombreuses (zones urbaines), des systèmes
d’assainissement collectifs et des stations d’épuration s’imposent.
Aménager durablement le littoral
L’aménagement du littoral doit se faire en respectant l’environnement marin, c’est-à-dire en
préservant les mangroves et les récifs frangeants. Ces derniers constituent des nurseries pour
les juvéniles de nombreuses espèces lagonaires, dont certaines ont une valeur commerciale.
Les gouvernements doivent prendre les mesures nécessaires et les promoteurs immobiliers,
ainsi que les particuliers, doivent respecter les lois et les réglementations en vigueur. Dans ce
domaine, le civisme de chacun est particulièrement important, notamment lors de la
réalisation de remblais sur une propriété privée (respect des démarches obligatoires, obtention
des autorisations).
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Promouvoir l’écotourisme
La beauté des récifs coralliens attire de nombreux plongeurs. Parfois, leur manque de
précautions peut avoir un impact néfaste sur l’état des récifs, toutefois bien moins
préoccupant que l’impact plus large des sédiments, des nutriments, de la surpêche et du
réchauffement climatique. Les plongeurs peuvent respecter une charte de bonnes pratiques
pour limiter leur impact sur les récifs coralliens.
De plus en plus conscientes des enjeux de la préservation des récifs coralliens, certaines
structures hôtelières ou touristiques font des efforts pour traiter et réutiliser leurs eaux usées et
veiller aux doses d’engrais épandus sur les espaces verts. Mais ce n’est pas encore la majorité
et beaucoup reste à faire.
Au niveau individuel, chacun doit appliquer les bons gestes pour préserver l’environnement
marin. Par exemple, ne pas collecter de coquillages qui sont importants pour l’équilibre de
l’écosystème et servent de domiciles aux bernard-l’hermite ; ne pas marcher sur le corail ni
s’y accrocher en plongée ; ne pas jeter l’ancre sur des coraux mais sur fond de sable ; ne pas
jeter ses déchets dans la nature ; contrôler le bon fonctionnement de son moteur pour
minimiser les rejets d’huile et de carburant dans les eaux côtières…
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Agir maintenant
Diverses menaces pèsent sur l’avenir des récifs coralliens. L’optimisme reste de rigueur, mais
la situation n’en n’est pas moins préoccupante, et le sera encore davantage si des évènements
comme le blanchissement du corail viennent à se produire chaque année.
Nous devons agir dès maintenant. Que faire ?
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Créer des réserves marines où les populations de poissons, coquillages et crustacés
peuvent se reconstituer
Ne pas jeter de déchets dans la nature, traiter les eaux usées et lutter contre l’érosion
pour éviter que les eaux de ruissellement ne déversent polluants et sédiments le long
des côtes
Sensibiliser et éduquer le plus largement possible les populations afin que tout le
monde comprenne comment fonctionnent les récifs coralliens et combien chaque
espèce est importante pour maintenir le récif vivant et en bonne santé
L’éducation à l’environnement est indispensable à la survie de nos récifs coralliens et de tous
les écosystèmes naturels, donc également à notre survie.
Nos fabuleux récifs coralliens peuvent se rétablir, mais seulement si nous les y aidons. Notre
existence en dépend et nous devons les protéger, pour notre bien-être et celui des générations
futures.
Reef Check
Reef Check est un programme international qui travaille avec les communautés locales, les
gouvernements, les associations et les entreprises pour assurer le suivi scientifique,
l’amélioration et la préservation de la santé des récifs coralliens. Reef Check a pour missions
la sensibilisation du public, la création d’un réseau mondial d’équipes bénévoles formées pour
assurer une surveillance régulière du corail, et le soutien aux initiatives locales en faveur de la
protection ou de la réhabilitation des récifs.
Fondé en 1996, le programme Reef Check est désormais actif dans plus de 82 pays à travers
le monde. En Polynésie française, où la surveillance des récifs coralliens s’impose comme
une évidence dans le cadre d’une gestion durable de l’espace et des ressources, Reef Check
organise régulièrement des formations pour le suivi des coraux.
Le principe de la méthode Reef Check est de permettre la réalisation de relevés sur les
organismes fixés ou vivant près du fond et sur les poissons par des personnes n’ayant pas de
connaissances préalables en écologie récifale. La technique de terrain est simple et
rapidement assimilable, les organismes cibles pris en compte dans les comptages sont faciles
à reconnaître et sont en nombre limité. Les bénévoles participent à une formation encadrée
par un scientifique, puis réalisent chaque année le relevé de la portion de lagon qu’ils ont
choisi de surveiller. Les informations ainsi recueillies sont analysées et alimentent des bases
de données locales et internationales sur les récifs coralliens.
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Le Passeport de Citoyen de l’Océan
L’océan mondial est formé de toutes les mers et océans de la planète qui communiquent entre
eux pour n’en former qu’un. Mais celui-ci se dégrade de plus en plus rapidement. Devant les
menaces que cette détérioration fait peser sur l’environnement de la planète et la Vie sur
Terre, les membres du Réseau Océan Mondial ont décidé de réagir en créant le statut de
Citoyen de l’Océan.
Le Réseau Océan Mondial rassemble des aquariums, centres de sciences, musées, associations
et ONG, organisations éducatives ou environnementales du monde entier. Ces organismes
touchent chaque année 200 millions de personnes.
En prenant conscience de la situation, en agissant concrètement à travers des petits gestes
quotidiens, chaque Citoyen de l’Océan peut ainsi contribuer à préserver la mer, à mieux gérer
les ressources marines, pour offrir un avenir viable aux générations futures. Plus nous serons
nombreux à agir, plus longtemps et mieux nous bénéficierons des ressources de l’océan
mondial.
Ce passeport invite chacun à œuvrer en faveur du développement durable, avec des millions
d’autres personnes à travers le monde. Il fournit des idées de gestes et d’actions pour
contribuer à préserver l’océan. Régulièrement, le Passeport doit être visé par une Ambassade
de l’Océan (comme l’association te mana o te moana pour la Polynésie française).
QUELQUES IDEES DE GESTES ET D'ACTIVITES :
- Ne pas jeter ses déchets en dehors des endroits appropriés.
- Pour faire des courses, emporter un panier ou un carton. Eviter d’utiliser des sacs en
plastique jetables.
- Acheter de préférence des produits qui comportent peu d’emballages.
- Trier ses déchets.
- Collecter les piles usagées et les déposer dans un conteneur prévu à cet effet. Faire de même
pour les batteries et huiles usagées.
- Participer ou organiser le nettoyage d’un site ou d’une plage.
- Organiser une action d’information sur l’Océan, à l’école ou auprès d’un groupe de parents
et d’amis.
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Pour plus d’informations
Jean Michel Cousteau’s Ocean Futures Society – www.oceanfutures.org
te mana o te moana – www.temanaotemoana.org
Programme pédagogique Ocean Futures Society Ambassadeurs de l’Environnement –
www.aote.org
Reef Check International – www.reefcheck.org
Reef Check Polynésie française – www.proscience.pf/action.php?page=3_141_142
IFRECOR – www.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=259
CRIOBE – http://webup.univ-perp.fr/ephe/criobe.htm
Ministère du Développement Durable - Polynésie française – www.environnement.gov.pf
Ministère de l’Education - Polynésie française – www.education.gov.pf
Direction de l’Enseignement Primaire – www.dep.pf
Ministère de la Pêche - Polynésie française – www.peche.gov.pf
Ministère du Tourisme - Polynésie française – www.tourisme.gov.pf
Société Environnement Polynésien – www.sep.pf
Moorea Dolphin Center – www.mooreadolphincenter.com
Réseau Océan Mondial - Passeport de Citoyen de l’Océan – www.reseauoceanmondial.org
International Coral Reef Action Network (ICRAN) – www.coralreeffund.org
Longitude 181 Nature - Charte internationale du plongeur responsable –
www.longitude181.com
Bibliographie
Coral reefs need our help » by Jean-Michel Cousteau, Ocean Explorer and
Environmentalist, extrait de « Sustainable Reefs – A global initiative », Ocean Futures
Society.
100 gestes simples pour préserver notre fenua, Ministère du Développement durable de
Polynésie française.
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Organismes partenaires
• Ocean Futures Society
• te mana o te moana
• Ministère de l’éducation et de l’enseignement supérieur
de Polynésie française
• Ministère du développement durable de Polynésie française
• IFRECOR
• Reef Check
• Moorea Dolphin Center
• InterContinental Resort & Spa
• Air Tahiti
• SIDSNET
• PNUE
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• UNESCO-IOC
• ICRAN
• Marine Aquarium Council
• Rock & Waterscape International Inc.
• NOAA
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La mission d’Ocean Futures Society est d’explorer les océans de notre planète, de
sensibiliser le grand public, dans le monde entier, à la nécessité de protéger les mers, en
mettant en évidence le lien vital qui unit l’homme à la nature et en faisant comprendre le
rôle déterminant du système aquatique planétaire dans la préservation de toutes les
formes de vie sur terre. « Protéger les océans, c’est se protéger soi-même »
RECHERCHE…
te mana o te moana participe à des études et des projets de recherche sur la faune et
la flore marine polynésienne et l’écosystème insulaire, en partenariat avec d’autres
associations et des universités.
CONSERVATION…
te mana o te moana met en place des programmes de protection et de suivi des
espèces marines (cétacés, tortues, poissons, coraux). L’association gère également la
clinique des tortues marines installée au sein de l’hôtel InterContinental Resort & Spa
Moorea.
EDUCATION…
te mana o te moana sensibilise le public, les populations locales et plus spécialement les
enfants, au travers de programmes pédagogiques contribuant à une meilleure
connaissance du patrimoine local et de sa fragilité.
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