Des Nouvelles de Psychoprat N° 3 – Dossier : « Les métiers des psychologues en psychiatrie »
Dispositifs groupaux…
des séances, règles énoncées, lieux de réunion, modalités de paiement et de prise en charge éventuelle, cadre
institutionnel dans lequel est mis en place le dispositif. » (Rouchy, 2006). Les choix réalisés par le thérapeute
dans la constitution de son groupe (avec ou sans médiation, quel type de médiation, destin des productions,
groupe fermé, ouvert, semi-ouvert, groupe de patients homogènes ou hétérogènes, entretiens préliminaires ou
pas, règle de discrétion, etc...) vont dépendre des objectifs thérapeutiques recherchés et de la spécificité du
cadre institutionnel. Ainsi chacun des groupes à la Clinique et à l'hôpital de jour a son importance et sa place.
D'autre part, précisons qu'il y a de soi dans le dispositif, tel qu’il a été pensé et créé. Des éléments contre-
transférentiels anticipés (J.C. Rouchy) sont à l'œuvre dès les premiers temps de l'élaboration du dispositif
groupal. De surcroît, dans le cadre de l'utilisation de médiateur, il existe des éléments contre-transférentiels par
rapport à l'objet médiateur lui-même qu'il est utile de travailler pour ne pas faire porter au patient des histoires qui
nous appartiendraient.
Selon le dispositif mis en place, l'objet du travail de groupe ne sera pas le même. L'indication de tel ou tel groupe
sera discutée en fonction de la pathologie du patient, de la qualité de son fonctionnement psychique, et de là où
il en est dans son processus de soin. Certains groupes, notamment à médiation, s’inscrivent dans une
« indispensable légèreté du lien » (Jeammet, 1992) (Cohou, 2006) nécessaire aux patients pour lesquels la
relation duelle et la confrontation à l'intersubjectivité sont trop anxiogènes. Le groupe à médiation permet
d'enclencher une dynamique de symbolisation, sans que le rapport au thérapeute ne soit vécu comme trop
dangereux. L'objet média permet au patient de ""jouer et mettre en forme" ce qui ne peut pas l'être dans la
relation au clinicien" (Roussillon, 2010).
En hôpital de jour : « L’efficacité thérapeutique de tels dispositifs dans un tel espace dépend beaucoup de la
capacité de l‘équipe à travailler dans la cohérence » (Cohou, 2006). Le travail en équipe est effectivement un
enjeu primordial pour la cohérence des soins, comme nous allons l'aborder maintenant.
Cohérence du travail d'équipe et diversité des groupes thérapeutiques
Face à l’essor actuel des groupes de toutes sortes, le risque est de « faire » du groupe, sans penser sa pratique.
Dominique Cohou (2006) parle très justement dans son article de « groupite institutionnelle », « invasion
inflammatoire de l’espace institutionnel par des groupes sans liens entre eux ». Les groupes sont alors
juxtaposés les uns aux autres sans cohérence, sans possibilité de liaison. La diversité des dispositifs groupaux
peut être une véritable richesse pour une structure de soin, à condition qu’un travail d’articulation et de liaison
entre les différents espaces groupaux soient engagé.
Comment se construit la cohérence ?
• Par l'élaboration d'un projet pluridisciplinaire
En effet, au moment de la création de la structure de soin dans laquelle je travaille, l'équipe en place
(psychiatres, cadres de santé, psychologues, psychomotricienne, danse-thérapeute, infirmiers, aides-soignants)
a travaillé ensemble à la constitution du projet d’établissement et du cadre des soins. Une partie de l'équipe était
au travail avant même l'ouverture de la Clinique. Il y a eu donc tout "un temps sans patient", où le travail en
équipe pluridisciplinaire s’est initié et où les groupes avaient déjà leur place. Ce temps premier fut sans doute un
élément fondateur du travail en équipe. Par la suite, l’équipe paramédicale s’est enrichie, ce qui a permis de
développer de nouveaux dispositifs groupaux.
• Dans des espaces de réflexion spécifiques
D'autre part, plusieurs espaces de travail institutionnels existent et sont les lieux privilégiés pour mettre au travail
cette articulation entre les différentes prises en charge : la réunion des activités thérapeutiques (mensuelle) et les
temps de synthèse clinique (une hebdomadaire par psychiatre).