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l’Amérique Latine continentale et des Caraïbes. En plus, des études contemporaines suggèrent
que leur utilisation serait en hausse (Aguilar 2005).
Ce phénomène, connu comme ‘la pluralisation du verbe haber’, a motivé plusieurs études dans
des différents pays et régions comme le Mexique, Venezuela, Cuba, Colombie, Chile, Porto Rico,
Costa Rica, et même l’Espagne. (Bentivoglio et Sedano 1987, Castillo-Treyes 2007, Claes
2014a/b, 2015, DeMello 1991, Díaz-Campos 2003, Gómez-Molina 2013).
Plusieurs études sur le sujet ont conclu que l’utilisation de ces formes plurielles du verbe
impersonnel haber représente un changement linguistique dans la langue où une forme personnel
du verbe existentiel haber surgit (Claes 2014a, Díaz-Campos 2003). En effet, quelques auteurs
suggèrent même que le phénomène est si répandu qu’il devrait devenir une forme acceptée
comme grammaticale par la Real Academia de la Lengua Española (Gómez Torrego 2003).
Cependant, toutes les études ne sont pas d’accord. On trouve aussi des arguments qui suggèrent
que la pluralisation du verbe haber est un phénomène qui représente de la variation stable dans la
langue (Claes 2014, Quintanilla-Aguilar 2009). Une étude de Quintanilla-Aguilar (2009)
explique que l’utilisation de ces formes plurielles des verbes impersonnels est fréquente dans
l’espagnol depuis le 17ème siècle.
Dans ce projet j’ai deux objectifs principaux. Le premier objectif est de déterminer si les
caractéristiques sociales et linguistiques de l’utilisation de ce phénomène ressemblent aux
caractéristiques d’un changement linguistique en progrès (Labov 2001) ou d’une variable stable
dans la langue (Labov 2001, Trudgill 1968). Pour cette première partie du travail, je me
concentre sur les variétés de l’espagnol des Caraïbes. Spécifiquement j’utilise des corpus de
quatre villes : La Havane, Cuba; Holguín, Cuba; San Juan, Porto Rico; et Caracas, Venezuela.
Dans la deuxième partie du projet je vise à déterminer si le phénomène de la pluralisation
de haber diffère entre les variétés de l’espagnol des Caraïbes et les variétés de l’Amérique Latine
continentale. Pour accomplir cet objectif je fais une comparaison entre les facteurs sociaux et
linguistiques qui conditionnent le phénomène dans les quatre villes des Caraïbes mentionnés
antérieurement, et les facteurs qui conditionnent le phénomène dans trois villes de l’Amérique
Latine continentale : Bogotá, Colombie; Lima, Perú; et La Paz, Bolivia. Cette comparaison
donnera une perspective plus générale du phénomène et les différences qui peuvent exister entre
les variétés de l’espagnol des Caraïbes et de l’Amérique Latine continentale.
1.1 Méthodologie
1.1.1 Les corpus utilisés
Pour la première partie de ce projet j’utilise des corpus qui représentent quatre villes des
Caraïbes: Un corpus composé de 41 entrevues de la ville d’Holguín, Cuba (Tennant et al. 2006),
un corpus composé de 29 entrevues de La Havane, Cuba (Gonzales Mafud et al. 2010), un corpus
de la ville de Caracas, Venezuela avec 38 entrevues et 48 locuteurs (Rosenblat et al. 1979), et un
corpus composé de 23 entrevues de la ville de San Juan, Porto Rico (Morales et Vaquero 1990).
Pour la deuxième partie de ce projet j’utilise trois corpus qui représentent les variétés de
l’espagnol de l’Amérique Latine continentale : Un corpus de Bogotá, Colombie composé de 70
locuteurs, (Instituto Caro y Cuervo 1986); un corpus de La Paz, Bolivia composé de 91 locuteurs
(Marrone 1992); et un corpus de Lima, Perú composé de 21 locuteurs (Caravedo 1989).
La longueur de chaque entrevue dans ces corpus est entre 30 minutes et une heure et
demie. Lorsqu’on considère les quatre corpus des Caraïbes ensemble pour la première partie du
projet on a 140 locuteurs, dont 71 sont des femmes et 69 sont des hommes. Pour la deuxième
partie du projet, lorsqu’on considère les trois villes de l’Amérique Latine continentale ensemble
on a 184 locuteurs, dont 83 sont des femmes et 101 sont des hommes. Je présente les détails de
l’information démographique des corpus dans la page suivante (Tableau 1).