3
(« vers le haut » et « vers le bas »), par exemple dans le contexte assez particulier d’un
déplacement fluvial : a)na_ to_n r(o/on « en remontant le courant » / kata_ to_n
r(o/on « en suivant le sens du courant ».
Les deux prépositions sont aussi employées localement de façon similaire, pour un
mouvement horizontal, au sens de « parmi », dans les syntagmes a)n’/kaq’ o3milon et
a)na_ /kata_ strato/n que l’on trouve dans les épopées homériques et qui signifient « à
travers la masse (des guerriers)/ à travers la troupe ». Dans ce type d’emploi, il est plus difficile de
déceler une nuance qui permette de distinguer les deux prépositions. Nous voyons donc que les
prépositions elles-mêmes ont à la fois des significations qui les opposent et des emplois qui les
rapprochent.
Enfin, on constate en étudiant les occurrences des deux prépositions dans nos textes que
seule la préposition kata_ possède des emplois au sens figuré (notamment avec le sens de
« conformément à » dès les épopées homériques), alors que la préposition a)na/ ne présente que
des significations spatiales (et temporelles chez Hérodote), mais aucun emploi figuré.
D’autre part, notre étude aborde l’emploi adverbial des particules a)na/ et kata/, c’est-
à-dire lorsqu’elles ne sont liées ni à un verbe ni à un nom. Les emplois comme particules
adverbiales de a)na/ et kata/ sont peu nombreux, mais on trouve aussi d’autres adverbes
formés sur les particules a)na/ et kata/, à savoir a1nw, a1nwqen, a1nanta, ka/tw,
ka/twqen, kaqu/perqen et kato/pisqen. Ces adverbes sont peu représentés, mais
indiquent que les indications spatiales sont davantage marquées dans les adverbes dérivés de
a)na/ que dans ceux qui sont dérivés de kata/.
Les occurrences des deux particules en emplois indépendant nous imposent également
d’aborder le problème du statut du préverbe, puisque les préverbes du grec comme dans les autres
langues indo-européennes sont d’anciennes particules adverbiales indépendantes
2
. En effet, ainsi
que l’ont rappelé A. Meillet et J. Vendryes
3
, en indo-européen, « les mots de la phrase étaient
autonomes et indépendants les uns des autres. ». Ce n’est que par la suite que ces éléments
adverbiaux se sont rapprochés des verbes ou des noms, devenant ainsi des préverbes et des
prépositions, ce qui se vérifie pour nos deux particules a0na/ et kata/.
Ainsi, dès les plus anciens textes, les particules a0na/ et kata/ ont été employées de
trois manières : en emploi indépendant, en lien avec un verbe ou en lien avec un nom. Lorsque ces
particules se rapportent à un verbe, elles peuvent être soudées au verbe ou séparées de lui : on
parle alors de tmèse.
Il n’est pas toujours aisé de déterminer si une particule est employée comme adverbe,
comme préposition ou comme préverbe séparée du verbe, puisque l’autonomie des mots dans la
phrase indo-européenne est encore vivante en grec ancien, notamment dans la langue épique, et
donc, en ce qui concerne notre corpus, chez Homère
4
, Hésiode et dans les Hymnes homériques. On
2
Voir notamment les analyses présentes dans les ouvrages de grammaire comparée : E. Schwyzer, Griechiche
Grammatik, II, p 419 sqq ; K. Brugmann, Grundriss, II, 2, p 758 sqq ; A. Meillet, Introduction, § 193, p 358-359 ;
J. Wackernagel, Vorlesungen über Syntax, II, p 165-167.
3
Traité de grammaire comparée des langues classiques, p 572, § 840.
4
Dans sa Grammaire Homérique, P. Chantraine indique que « le texte homérique, fort archaïque, permet
particulièrement bien de montrer avec quelle souplesse s’emploient ces mots et comment leur emploi dans la phrase
peut varier. » Gr. Hom. II p 82. Il ajoute des exemples pour préciser la place que pouvaient avoir les « préverbes » par
rapport au verbe, rappelant qu’il n’est pas toujours possible de choisir entre adverbe, préverbe ou préposition.