Contexte.
En 57 av. J.-C., César s’attaqua aux Belges. Vainqueur des Suessions et des Bellovaques, il
gagna le pays des Nerviens. Pendant la construction du camp, une charge désorganisa les six
premières légions arrivées sur place. L'armée romaine, surprise, se trouva très vite encerclée
et les suiveurs, cavaliers et auxiliaires, s'enfuirent. La situation était presque désespérée
lorsque le lieutenant Labienus, qui était parti s’emparer du camp ennemi, informé de la
situation par les fuyards, ramena ses troupes sur le champ de bataille. Arrivèrent en plus les
soldats des deux légions qui, en queue de colonne, formaient la garde des convois.
Texte.
Horum aduentu tanta rerum commutatio est facta ut nostri, etiam qui uulneribus confecti
procubuissent, scutis innixi proelium redintegrarent, calones perterritos hostes conspicati
etiam inermes armatis occurrerent, equites uero, ut turpitudinem fugae uirtute delerent,
omnibus in locis pugnae se legionariis militibus praeferrent. At hostes, etiam in extrema spe
salutis, tantam uirtutem praestiterunt ut, cum primi eorum cecidissent, proximi iacentibus
insisterent atque ex eorum corporibus pugnarent, his deiectis et coaceruatis cadaueribus qui
superessent ut ex tumulo tela in nostros conicerent et pila intercepta remitterent: ut non
nequiquam tantae uirtutis homines iudicari deberet ausos esse transire latissimum flumen,
ascendere altissimas ripas, subire iniquissimum locum; quae facilia ex difficillimis animi
magnitudo redegerat.
César.
Vocabulaire.
- Commutatio, commutationis : changement.
- Procumbere, procumbo, procubui, procubitum : se coucher.
- Inniti, innitor, inniteris, innixus sum : s’appuyer sur.
- Redintegrare, redintegro, redintegravi, redintegratum : recommencer.
- Calo, calonis : valet.
- Conspicari, conspicor, conspicatus sum : apercevoir.
- Inermis : non armé, sans armes.
- Eques, equitis : cavalier.
- Turpitudo, turpitudinis : honte, déshonneur.
- Delere, deleo, delevi, deletum : effacer.
- Praeferre, praefero, praetuli, praelatum : se praeferre alicui : se mettre avant quelqu’un ;
vouloir le surpasser.
- Praestare, praesto, praestiti, praestatum : montrer, faire preuve.
- Insistere, insisto, institi : se placer sur.
- Deicere, deicio, deieci, deiectum : abattre -> tuer.
- Coacervare, coacervo, coacervavi, coacervatum : entasser.
- Tumulus, tumuli : tertre.
- Conicere, conicio, conieci, coniectum : lancer.
- Pilum : javelot.
- Intercipere, intercipio, intercepi, interceptum : intercepter.
- Nequiquam : en vain ; sans raison.
- Magnitudo, magnitudinis : grandeur.
- Redigere, redigo, redegi, redactum : ramener-> rendre.
Grammaire.
- tanta commutatio facta est ut :
nostri … redintegrarent ( Propositions subordonnées de
calones … occurrerent ( conséquence.
equites… se praeferrent (
- qui … procubuissent :
qui : ii qui
qui … procubuissent : subjonctif par attraction modale.
- scutis : datif complément de innixi : verbe composé du préverbe in.
- inermes : épithète détachée de calones.
- armatis :
hominibus armatis.
datif complément de occurerent verbe composé du préverbe ob.
- delerent : proposition subordonnée de but.
- legionariis militibus : datif complément de praeferrent verbe composé du préverbe prae.
- tantam virtutem praestiterunt ut :
o proximi … insisterent atque pugnarent (Propositions subordonnées
o ii (qui superessent) conicerent et remitterent (de conséquence.
- cum … cecidissent : subjonctif pour exprimer une nuance concessive.
- iacentibus : datif complément de insisterent verbe composé du préverbe in.
- ut ex tumulo : ut de comparaison : comme on les jette ex tumulo.
- ut … iudicari deberet :
proposition subordonnée de conséquence.
tournure passive impersonnelle pour traduire « on ».
- latissimum…altissimas…iniquissimum : superlatifs absolus à traduire en français par le
positif précédé de si.
- tantae virtutis : génitif de qualité.
- quae : pronom relatif de liaison : et ea.
Commentaires.
1. Dans ce texte, César dépeint le courage exceptionnel des Gaulois.
a) Cette démarche est-elle habile dans un ouvrage de propagande?
Oui. Plus la victoire est difficile, plus elle procure de mérite.
b) Comment ce courage s’explique-t-il?
1) Par la volonté de vaincre l'ennemi.
2) Par la philosophie de vie du Gaulois:
a) Le Gaulois, noble (1) s’entend, naît et vit pour combattre (2). Il est toujours
armé; sans cela, on ne le considère pas comme un homme.
b) Dans ce contexte, la première vertu pour un Gaulois est la vaillance.
c) La mort au combat lui assure dans l'Au-delà :
de prendre place auprès de ses ancêtres sous la protection des dieux.
une vie nouvelle avec tout ce dont il a rêvé:jeunesse, force, victoires,
gloire et richesse.
2. Le texte laisse deviner le plus grand défaut du Gaulois. Quel est-il?
Le manque de tactique : leur combat est un long assaut désordonné.
3. Cette croyance d’une récompense éternelle et divine pour une mort au combat est-elle
le seul fait de civilisations antiques ?
Non.
a) A la fin de la Seconde Guerre mondiale des pilotes japonais se précipitaient sur des
cibles ennemies avec des avions chargés d’explosifs, convaincus de gagner par là leur
salut éternel.
b) Dans la guerre toute récente entre l'Irak et 1’Iran, des adolescents iraniens sont partis au
combat, à la fierté de leurs parents, persuadés par les religieux que leur mort pour la
patrie les transformait en martyrs assurés d'une récompense dans l'Au-delà.
Plus de 100.000 enfants de moins de 16 ans - certains ont même été faits prisonniers à
l'âge de 9 ans - ont été envoyés au combat. Une monstrueuse boucherie où des milliers
d'enfants et d'adolescents ont été envoyés en première ligne pour faire sauter les lignes
et se lancer, grenade à la main, au-devant des mitrailleuses ennemies.
"Il n'est pas une seule école, une seule ville qui soit exemptée du bonheur de faire la
guerre, de boire le savoureux élixir de la douce mort du martyr, afin de vivre
éternellement au paradis d'Allah'" pouvait-on entendre à Radio Téhéran, en 1980, ou
lire dans le quotidien "Etelaat".
Notes.
(1) La société gauloise.
La société gauloise est faite de riches et de pauvres. La classe intermédiaire, la classe moyenne,
n’existe pas.
Les pauvres.
1. Les esclaves.
Les Gaulois utilisaient des esclaves dont la situation était comparable, tout en étant moins
nombreux, à celle des esclaves des peuples méditerranéens.
2. Les hommes libres.
Ils survivaient pour assurer la subsistance des riches. Travailleurs des champs, artisans,
domestiques, ils étaient couverts de dettes, grevés d’impôts et en bute aux vexations des
aristocrates qu’ils devaient encore remercier d’assurer leur protection. Leur condition, aux
dires de César, était comparable à celle des esclaves.
Mieux considérés étaient les hommes de guerre, les ambacts ( « ceux qui sont autour »),
corps d’élite dévoués au noble envers lequel ils s’engageaient par serment et qu’ils servaient
jusqu’à la mort.
Cette masse formait la clientèle des puissants. Elle n’avait aucun droit et n’était consultée en
rien. Tout au plus pouvait-elle faire entendre sa voix en accordant sa confiance de préférence
à tel ou tel noble qui paraissait disposé à réaliser ses aspirations.
Les riches.
La fortune issue de la propriété foncière et le nombre de leurs clients assuraient la puissance des
nobles, seuls titulaires des magistratures, des commandements militaires et, donc, de toute
l’autorité.
Retour «1».
(2) Des conflits fréquents opposaient les tribus et, à l’intérieur de chaque tribu, les nobles se
querellaient sans cesse. Chacun pouvait en arriver à grouper la foule de ses clients et à
provoquer une guerre civile.
Retour « 2 ».
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