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Service Intervention Recherche Jeunes A.S.B.L.
L’orientation scolaire et professionnelle dans
l’enseignement secondaire aux prises avec le
genre
Enquête qualitative auprès des Centres PMS du réseau libre subvention
Rapport final
Novembre 2009
Isabelle Poulet
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Remerciements
Je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont collaboré à la réalisation de
cette recherche.
Guy De Keyser et Paul Maurissen de la Fédération des Centres PMS libres, qui ont
répondu positivement à la proposition d’être les partenaires de Synergie pour cette
recherche et ont soutenu le projet tout au long de son déroulement.
Les membres du GRESEC (Groupe Relais interne à la FCPL pour les questions qui
touchent à l’Enseignement Secondaire), qui constituaient le comité de pilotage et ont
consacré plusieurs réunions à la discussion de mon travail. J’espère qu’ils ne me tiendront
pas rigueur de les avoir un peu pris de court à la fin de la recherche. Le temps dont ils ont
disposé pour lire le rapport avant sa remise au commanditaire était vraiment trop court. Je
leur sais gré de leur compréhension.
Tous les agents et agentes qui m’ont consacré du temps et ont accepté de me recevoir.
Mes collègues, qui se sont intéressées (et intéressé) à mon travail de recherche et ont
supporter à certains moments mon indisponibilité. Mes remerciements vont tout
particulièrement à Sophie Detournay, directrice de Synergie, pour l’intérêt qu’elle a porté à
mon travail, ses relectures attentives et son aide efficace dans la dernière ligne droite ; à
Christelle Sanchez qui m’a beaucoup aidée pour la transcription des entretiens.
Alexandra Adriaenssens, directrice chargée de mission à la Direction de l’Egalité des
Chances, et Deborah Kupperberg, attachée à la Direction de l’Egalité des Chances, pour
leurs avis éclairés lors des réunions du comité d’accompagnement et la souplesse dont
elles ont fait preuve dans la gestion des contraintes temporelles.
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1 Introduction générale
Synergie, jusqu’il y a peu était un milieu de travail entièrement féminin. Pendant plusieurs
années, nous avons travail entre femmes. Et puis, à la faveur d’un recrutement, nous
avons introduit dans notre équipe un individu de sexe masculin, un unique en son genre.
Il est unique en son genre. Voilà une expression qui peut être comprise de plusieurs
façons.
Il est le seul homme de l’équipe.
Il est le seul assistant social.
Il ne porte jamais de jupe.
Il est le seul à avoir un long passé d’intervenant dans des services sociaux du secteur
associatif.
Par son histoire personnelle, sa formation, ses compétences, ses expériences et tout ce
qu’il a déjà vécu dans sa vie, il est unique en son genre.
Mais chacune de mes autres collègues est aussi unique en son genre.
Il a été recruté pour ses qualités personnelles et ses compétences professionnelles
particulières, pour l’apport spécifique que son arrivée dans l’équipe représentait pour
notre travail. Je ne crois pas que son appartenance à la gente masculine ait représenté un
atout dans son recrutement. L’annonce de son arrivée a quand même suscité quelques
plaisanteries au cours des réunions d’équipe. Son apparence physique, ses vêtements, le
différencient un peu des autres membres de l’équipe, mais dans le travail quotidien, cela
n’a pas d’importance. Parfois on lui demande quand me s’il ne pourrait pas faire telle
petite réparation (électricité, plomberie). On a beau être pour l’égalité femme-homme, on
n’est pas toujours à l’abri des stéréotypes de genre !
***
Depuis le milieu des années 90, la Belgique comme les autres pays européens s’est
engagée à inclure dans ses politiques publiques une attention et des actions particulières
en vue de l’égalisation des chances entre femmes et hommes. Plusieurs instances
internationales l’O.N.U., le Conseil de l’Europe, la Commission européenne, se sont
emparées de la question de l’égalité entre les sexes et ont édicté des recommandations, des
conventions, des directives destinées à corriger les situations d’inégaliconstatées entre
femmes et hommes dans les différents domaines de compétence des pouvoirs publics.
Les gouvernements signataires se sont engagés à appliquer ces directives, à avancer vers la
réalisation de cet objectif. La Direction de l’Egalité des Chances (DEC) a pour missions
de promouvoir et impulser une dynamique de l’Egalité des Chances dans les matières qui sont de la
compétence de la Communauté française ; d’être un lieu de ressources ouvert à l’échange, la réflexion et la
création ; d’informer le secteur associatif, d’être à son écoute, de l’aider et le soutenir dans ses recherches et
démarches ; d’initier des expériences novatrices au service d’une politique concrète de l’Egalité des Chances,
notamment par le développement d’outils, en Communauté française.
4
C’est dans ce cadre et avec ces objectifs que la DEC a lancé, au début de l’été 2008, un
appel à projets pour encourager la recherche de genre sur les inégalités entre les filles et les garçons dans
l’enseignement en Communauté française de Belgique, afin de promouvoir l’égalité et la mixité des sexes
dans l’enseignement obligatoire et supérieur. Cet appel à projets a son ancrage au niveau
politique, dans le Programme d’action gouvernemental pour la promotion de l’égalité femmes-hommes,
de l’interculturalité et de l’inclusion sociale, dont l’objectif est d’intégrer ces trois politiques
transversales dans l’ensemble des compétences et actions de la Communau française.
L’appel à projets portait sur 3 thématiques de recherche :
- les questions liées à l’orientation,
- les questions liées à l’échec et/ou la réussite
- les autres questions liées aux inégalités entre filles et garçons dans l’enseignement de la CF
aux niveaux maternel, primaire et secondaire général, technique et professionnel, dans tous les
réseaux.
Nous avons choisi de travailler sur la question de l’orientation. Pour des raisons
pragmatiques prise en compte du budget et du temps imparti à la recherche, inter-
connaissance et expérience de collaboration préalables avec la Fédération des Centres
PMS Libres (FCPL) – la question de l’orientation scolaire et professionnelle nous a
semblé abordable et pouvoir constituer un objet de recherche à notre portée. Nous avons
proposé à la FCPL d’être notre partenaire de terrain pour cette recherche. Ses
responsables ont accepté de soutenir notre recherche en nous facilitant les contacts avec
les CPMS et en constituant un comité de pilotage interne chargé de suivre les travaux et
de réagir aux propositions de recherche. Faute de temps de part et d’autre, le suivi a
parfois été un peu lointain et les conditions d’urgence imposées aux réactions n’ont pas
non plus été idéales, mais ce comité de pilotage a é d’une grande aide pour le
déroulement de la recherche.
Synergie n’est pas un lieu spécialisé dans les études de genre. Nous avions déjà approché
la question dans nos activités de formation continuée à destination des travailleurs
sociaux. Le sujet nous intéressait. Quelques unes d’entre nous avaient eu l’occasion de
travailler sur le genre à quelques occasions, mais nous ne nous considérons pas comme
des spécialistes de la question du genre. Réaliser cette recherche se présentait comme une
occasion d’approfondir notre connaissance de la question, et elle le fut.
Synergie n’avait pas non plus une connaissance spécifique de l’orientation scolaire et
professionnelle, juste une certaine familiari avec le monde professionnel des CPMS.
Cette recherche s’annonçait donc comme une exploration en terrain peu connu.
Comment ? Sous quelles formes ? Selon quelles modalités est-on confronté à la question
du genre quand on travaille en CPMS ? quand on travaille l’orientation scolaire et
professionnelle avec des élèves de l’enseignement secondaire ? Pour rétrécir le champ
d’investigation et l’inscrire dans des limites raisonnables, nous avions déci de nous
borner à l’enseignement secondaire ordinaire.
Nous avions tout à apprendre de l’orientation et encore beaucoup à apprendre du genre.
Ce travail de recherche m’a été confié et, à partir de maintenant, je m’exprimerai à la
première personne du singulier car il est évident que bien que membre d’une équipe, le
travail de recherche comporte une indéniable dimension personnelle.
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Il est assez vite apparu, dès la période de rédaction du projet de recherche, que le genre
n’était pas une question prioritaire pour les Centres, ni même pour la Fédération. Rien
d’explicite sur le sujet ne figurait dans les documents consultés pour préparer le projet. La
philosophie contenue dans la charte de la FCPL et dans ses notes de réflexion sur
l’orientation indiquait toutefois une ouverture, à travers les préoccupations pour l’égalité
et l’émancipation sociale exprimées dans ces documents.
La méthodologie et les étapes du dispositif de recherche ont été conçues pour coller au
caractère exploratoire de la démarche :
- d’abord une phase quantitative procédant par questionnaire auprès de tous les CPMS du
réseau libre intervenant dans les établissements d’enseignement secondaire ordinaire de la
Communauté française afin d’obtenir une vue générale de la manière dont le genre est
appréhendé dans les Centres, en matière d’orientation.
- ensuite une phase qualitative, par entretiens collectifs successifs avec des équipes CPMS
intéressées et volontaires pour entreprendre une démarche d’analyse plus approfondie de
diverses manifestations de la problématique du genre, de situations « représentatives » du
travail en CPMS une dimension de genre serait présente. S’agissant d’une recherche
exploratoire, je voulais aborder la question de manière ouverte.
Ce dispositif est inspiré d’une pratique de recherche-action présente de longue date à
Synergie et du travail réalisé dans le domaine du genre et du travail social par l’Institut
Cardijn en 2006-2007
1
.
Comme souvent, la confrontation des intentions à la réalité oblige à revoir les plans et à
modifier les stratégies. J’ai composer avec les réalités et les résistances du terrain.
Résistance qui doit être comprise non pas, comme on le présente parfois, en termes de
résistance au changement – formule passe-partout qui met sur le dos du terrain les
difficultés rencontrées et permet d’économiser l’analyse des obstacles mais comme le
fait de se heurter à des difficultés et à des contraintes avec lesquelles il faut négocier. Une
problématique de recherche, c’est aussi ça : comment le « terrain », composé d’acteurs
humains et non humains, réagit à une proposition, comment il se laisse ou non approcher,
intéresser, mobiliser, enrôler dans une entreprise de recherche.
Un problème est un obstacle rencontré sur le chemin, la méthode est le chemin qu’on
parvient à trouver pour gocier avec les obstacles rencontrés. Le chemin
méthodologique a donc été réaménagé de manière à épouser les aspérités du terrain.
Mon projet de questionnaire a été revu à la baisse, en fonction des avis du comité de
pilotage mis en place par la FCPL. Pour beaucoup de praticiens dans le travail social, les
Centres PMS en font partie, un questionnaire, c’est du papier, ça prend du temps, ça
détourne fâcheusement des activités en cours, pour on ne sait trop quel usage. Parfois
aussi, les questionnaires évoquent les contrôles administratifs et cela ne contribue pas à les
rendre sympathiques.
Malgré cet effort de concision et de recentrage, le succès de masse n’a pas éau rendez-
vous. Réponses rares et succinctes, lentes à me parvenir. J’ai mettre au point une
stratégie de contournement et trouver des activités qui bien que non prévues au départ
me permettraient d’avancer dans mon exploration et de transformer le temps d’attente
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Genre et travail social, n° spécial de la revue Travailler le social, en collaboration avec L’Université des femmes, N° 41/2008.
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