Etude de l’effet d’interférence dans la tâche de Stroop au cours du vieillissement normal (collaboration Maria Augustinova & Ludovic
Ferrand, Clermont-Ferrand)
L’effet « Stroop » (Stroop, 1935) se traduit par le fait qu’un individu aura plus de difficultés et/ou prendra plus de temps pour dénommer la
couleur de l’encre avec laquelle est écrit le nom d’une autre couleur (le mot « rouge » écrit en vert) que lorsqu’il y a correspondance entre
le nom et l’encre (le mot « rouge » écrit en rouge). Cet effet très robuste est interprété par le fait que la lecture d’un mot est automatique
et irrépressible et donc que l’on ne peut pas s’empêcher de lire le mot et d’en récupérer le sens même si l’on sait que ce n’est pas la
réponse attendue. Il apparaît alors une interférence entre le sens de ce qui est lu et la perception de la couleur. Toutefois, des travaux
plus récents sont venus questionnés cette interprétation. En effet, il est apparu que l’effet Stroop présente une certaine flexibilité dans
diverses conditions telles que porter l’attention sur une seule lettre colorée (Besner et al., 1997), exécuter la tâche en présence d’une
autre personne (e.g., Huguet et al., 1999) ou encore être persuadé sous hypnose que les mots affichés ne sont qu’une simple suite de
symboles sans signification aucune (Raz et al., 2005, 2006). Au premier abord, ces résultats semblent remettre en cause le fait que
l’activation sémantique soit vraiment automatique. Toutefois, l’équipe de Clermont-Ferrand a récemment publié plusieurs études
montrant que cet effet persiste dès lors que l’on utilise une tâche de Stroop associé (par exemple, le mot « ciel », supposé activer la
couleur « bleue » écrit en vert). Ceci vient étayer l’idée que l’information sémantique est toujours activée de manière automatique et
irrépressible au cours de la lecture. Dans le domaine du vieillissement, une hypothèse interprétative est qu’une part importante du déclin
cognitif s’explique par les difficultés d’inhibition qui apparaissent chez les personnes âgées. Celle-ci est notamment étayée par des
données issues de la tâche de Stroop. Il apparaît donc capital de questionner cette interprétation en soumettant des personnes âgées à
une situation de Stroop associé. A notre connaissance, ceci n’a été examiné que dans une seule étude (Li & Bosman, 1996), auprès d’une
population âgée ayant un très haut niveau d’étude et n’étant pas examinée du point de vue d’un possible début de démence. L’objectif de
ce TER est donc de répliquer cette unique étude, en soumettant un groupe de jeunes adultes et un groupe de personnes âgées à un
protocole de Stroop classique et associé basé sur des réponses orales, tel qu’il est mis en œuvre par l’équipe de Clermont.
Tous les projets suivants sont centrés sur la mémoire épisodique et ses troubles au cours du vieillissement normal, et sous réserve de faisabilité,
dans la maladie d'Alzheimer et le stress post-traumatique. Les conceptions actuelles de la mémoire épisodique postulent qu'elle implique une prise
de conscience de l’identité propre du sujet dans le temps subjectif s’étendant du passé au futur. De ce fait, on considère qu'une bonne évaluation
de la mémoire épisodique doit s'intéresser à l'état de conscience associé à la récupération d'une information (conscience autonoétique /
noétique). Ainsi, les projets proposés (à l’exception du 1er) reposent sur la notion d'état de conscience associé à la récupération d'une information
en mémoire et sont basés sur un nouveau paradigme expérimental pour examiner la relation entre mémoire et conscience (le paradigme
Remember/Know).
Rôle des fonctions exécutives dans le déclin de la mémoire épisodique lié au vieillissement
Des travaux récents réalisés dans la laboratoire montrent que le déclin de la mémoire épisodique lié au vieillissement s'explique plus par le
déficit exécutif qui apparaît chez les personnes âgées, que par la réduction de la vitesse de traitement (Bugaïska, Clarys, et al., 2007). De
plus, nous avons montré que c'est la réduction de la capacité de mise à jour en mémoire de travail, plus que la flexibilité ou l’inhibition,
qui explique les difficultés de mémoire des personnes âgées (Clarys et al., 2009). Néanmoins, à ce stade il n’est pas encore possible de