Th. Pourcher et al.
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°4 239
ment de suivre les cellules exprimant
le NIS, une fois réimplantées dans des
animaux, par des techniques d’ima-
gerie. L’imagerie est associée à ces
travaux en permettant de suivre tou-
tes les étapes de l’irathérapie génique.
Les études limitant l’utilisation du NIS
uniquement à un rôle de gène rap-
porteur feront l’objet du chapitre sui-
vant. La stratégie utilisée comporte
plusieurs étapes : le transfert du gène
NIS, les tests d’accumulation d’iode
in vitro ou par imagerie in vivo pour
suivre l’expression du NIS après
transfert de son gène NIS et les essais
de radiothérapie métabolique.
De nombreux essais de transfert du
gène du NIS dans des lignées cellu-
laires cancéreuses d’origines très di-
verses ont été effectués : de la peau
[25, 26], de la prostate [26-32], du co-
lon [25, 29, 32-35], des ovaires [25,
26], du foie [25, 30, 36, 37], de la thy-
roïde [34, 38-40], du sein [26, 29, 41,
42], du col de l’utérus [29], de cellu-
les gliales [34, 43-48], du poumon
[29, 49, 50], du rein [26], du pancréas
[51], de cellules myélomateuses [52]
et du pharynx [53]. Dans la majorité
des travaux publiés, le transfert du
gène NIS a été effectué sur les cellu-
les cultivées in vitro et les cellules
modifiées ont été implantées chez
l’animal. Dans des travaux plus ré-
cents, la vectorisation du gène NIS a
été effectuée vers des lignées dérivées
de myélome multiple après injection
intraveineuse de virus recombinant
dérivés du virus de la rougeole [52].
De même, le transfert du gène NIS a
été réalisé sur des hépatocarcinomes
induits chimiquement par injection
des particules virales dans la veine
porte [54]. Le contexte de ces der-
nières expériences est plus proche
d’une éventuelle thérapie génique
chez l’homme puisque les cellules
tumorales étaient préalablement im-
plantées chez l’animal et modifiées
pour l’expression du NIS in vivo dans
une seconde étape.
Afin d’introduire le gène du NIS dans
les cellules cibles, des techniques de
transfection in vitro suivies de la sé-
lection de clone exprimant de façon
stable le transporteur ont été souvent
utilisées [27, 28, 33-35, 37-39, 41, 43,
45, 47, 49, 51, 55]. Toutefois, des par-
ticules virales recombinantes portant
le gène du NIS ont été rapidement
élaborées. Dès 1999, Mandel et ses
collaborateurs ont publié un travail
utilisant un rétrovirus recombinants
pour dériver des clones stables ex-
primant le NIS [25]. En 2000, Boland
et ses collaborateurs ainsi que Cho
et son équipe ont montré que des
adénovirus recombinants permettent
d’induire des expressions transitoi-
res du NIS dans des cellules [29, 44].
D’autres travaux ont mis à profit des
rétrovirus [26, 30-32, 36, 40, 46, 48,
50] ou des adénovirus [32, 35, 42,
53, 54] recombinants pour vectoriser
le gène du NIS. Plus récemment, l’uti-
lisation de virus recombinants de la
rougeole a permis de cibler plus spé-
cifiquement la vectorisation vers un
type cellulaire [52].
La transcription du gène du NIS in-
troduit, dans la plupart des expérien-
ces, était sous le contrôle d’un pro-
moteur induisant un haut niveau
d’ARNm dans la plupart des types
cellulaires. Toutefois, dès 1999,
Spitzweg et ses collaborateurs ont
publié un premier travail utilisant un
promoteur spécifique des cellules de
la prostate [27] et plus récemment un
autre promoteur a été utilisé pour
cibler l’expression dans cet organe
[56]. Un promoteur spécifique a été
également utilisé pour des lignées
dérivées de cancers neuro-endocri-
nes du pancréas [51]. Un travail ré-
cent illustre aussi la possibilité de
mettre à profit des systèmes CRE/lox
pour obtenir des systèmes d’expres-
sion permettant à la fois d’obtenir une
haute spécificité et d’induire de forts
niveaux d’expression [57].
Des capacités d’accumulation ont été
ainsi induites et mesurées in vitro. En
fonction du type cellulaire dans le-
quel est exprimé le NIS, d’importan-
tes variations de la capacité d’accu-
mulation d’iode ont été observées [25,
26, 29, 34]. Ces différences résultent
probablement de l’existence de ré-
gulations, agissant sur l’expression du
NIS, variables d’une lignée à une autre.
Ces régulations peuvent intervenir au
niveau des différentes étapes de la
synthèse du NIS. D’une part, au ni-
veau transcriptionnel, par des ni-
veaux d’ARNm moins élevés consé-
cutifs à une efficacité variable suivant
la cellule hôte du promoteur contrô-
lant le gène du NIS. D’autre part, des
résultats expérimentaux indiquent
que le NIS subit d’importantes régu-
lations au niveau post-transcrip-
tionnel. Ces régulations modulent
notamment sa présence à la mem-
brane plasmique de la cellule et cette
localisation est essentielle pour sa
fonction de transport. Dans ce con-
texte, une publication récente a mon-
tré que le NIS de rat induisait une
accumulation d’iode supérieure à
celle induite par le NIS humain quand
il était exprimé avec les mêmes vec-
teurs dans les mêmes cellules tumo-
rales [26]. Les deux protéines sont
très proches, mais nous avons mon-
tré que l’expression de la protéine
de rongeur induisait chez différents
types cellulaires de plus hauts ni-
veaux de transporteur actif que la
protéine humaine (données non pu-
bliées). Malgré l’ensemble de ces fac-
teurs de variabilité, les accumulations
obtenues sont souvent suffisan-
tes pour détruire les cellules in vitro
[25, 28, 29, 31, 35, 37, 47, 51].
Dans la plupart des essais réalisés sur
des animaux, des lignées cellulaires,
dérivées de cellules tumorales et dans
lesquelles l’expression du NIS a été
introduite, ont été implantées chez
des souris. Les accumulations d’iode
catalysées par ces cellules ont pu être
visualisées sur l’animal vivant par
imagerie à l’aide de gamma-caméras.
Les origines des lignées tumorales
sont diverses.
Ces mesures ont été suivies d’expé-
riences de radiothérapie métabolique
chez l’animal. Des lignées cellulai-
res de différentes origines ont été tes-
tées : thyroïdiennes [55], du col de
l’utérus [29], prostatiques [28, 32],
pulmonaires [49], du pharynx [53], de
cellules myélomateuses et hépati-
ques [37]. Les premières expérien-
ces réalisées n’ont généralement pas
aboutit à une réduction de la masse
des cellules implantées [29, 55]. To u-
tefois, celles réalisées sur des lignées
dérivées de la prostate publiées en
2000 par Spitzweg et ses collabora-
teurs ont permis d’obtenir des réduc-
tions des cellules implantées [28]. Il
doit être toutefois noté que la dose