Mesdames et Messieurs de l’Alliance pour les droits des créateurs,
Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes à une époque de grands
bouleversements technologiques. Ces derniers ont comme conséquence immédiate de
remettre en question plusieurs aspects de notre vie et un de ces aspects a été
particulièrement médiatisé : la reproduction des œuvres de beaucoup d’artistes. Un bon
nombre de personnes et de regroupements nous mettent en garde contre les dangers d’une
pratique semblable. Personnellement, je suis fortement en désaccord avec leur opinion et
considère la reproduction comme étant très positive. Elle pourrait amener plusieurs
changements bénéfiques tant sur la plan moral que sur le plan économique.
Tout d’abord, il faut aborder la question sous un angle strictement théorique,
puisque la plupart des fervents défenseurs du copyright affirment que le piratage bafoue
le droit à la propriété intellectuelle. Une journaliste de La Presse, Lysiane Gagnon,
résume bien ce point de vue : « Le concept de propriété intellectuelle n’existe presque
plus lorsqu’on a accès instantanément, et gratuitement, à n’importe quelle information,
d’où qu’elle vienne. » On ne peut nier l’assertion de Mme Gagnon, mais nos opinions
diffèrent dans la mesure elle croit que cette propriété est un droit inaltérable. Selon
moi, le concept de possession, qu’elle soit intellectuelle ou matérielle, est à la source de
bien des maux du monde moderne et, de surcroît, il propage l’idée bourgeoise que la
culture ne devrait être accessible qu’aux plus fortunés. En somme, je crois sincèrement
que la reproduction amènera une manière de penser nouvelle et meilleure qui mettra l’art
à la portée de tous.
En second lieu, on doit se pencher sur les répercussions monétaires des actes
visant à s’approprier sans autorisation le travail des créateurs. Leur multiplication
inquiète tant l’industrie du disque que des menaces de poursuite ont été lancées. Or ces
grandes compagnies peuvent très bien faire parler leurs statistiques comme elles le
désirent dans le but de nous faire croire que le téléchargement les tue à petit feu.
Lorsqu’une œuvre circule, elle touche un plus grand public et, à long terme, ses ventes
augmentent. En tant qu’artistes mais plus spécialement en tant qu’adultes, vous n’êtes
peut-être pas conscients, Mesdames et Messieurs les membres de l’Alliance pour les
droits des créateurs, que nous, les adolescents, téléchargeons beaucoup de musique pour
découvrir les groupes que nous aimons et dont nous nous ferons un plaisir d’acheter toute
la marchandise disponible. Par ailleurs, cela est confirmé par un groupe d’écrivains
italiens nommé Wu Ming qui a choisi de publier gratuitement ses livres sur le Web en
plus des exemplaires en librairies et qui assure que ses ventes n’en sont que meilleures.
En somme, plus une œuvre rejoint le public, plus elle se vend bien.
En définitive, il est clair que la reproduction instaure une modification positive de
nos valeurs tout en promouvant efficacement les artistes et leurs créations. Je vous
rappelle donc une fois pour toutes, Mesdames et Messieurs les membres de l’Alliance
pour les droits des créateurs, le bien-fondé de cette nouveauté. D’après moi, elle permet à
un plus grand nombre de gens de découvrir des œuvres qui pourraient faire avancer
l’humanité.
Le piratage
Membres de l’Alliance,
La montée du matérialisme dans notre société nous pousse toujours à détenir plus de
biens pour le moins possible. Quoique favorable pour l’économie, cette nouvelle réalité
nous aveugle parfois et nous entraine avec elle dans la vague de la consommation
massive et facile. Le téléchargement gratuit d’œuvres artistiques dans Internet constitue
le meilleur exemple de ce nouveau péché irrésistible. Voulant satisfaire leurs besoins de
consommateur, trop de gens oublient que la musique, en particulier, ne leur appartient pas
et qu’ils ne détiennent aucunement le droit d’en profiter sans en payer le prix. Afin de
faire valoir mon point de vue, je vous parlerai, membres de l’Alliance, de l’énorme perte
d’argent causée par ce fléau, du manque de respect que ce phénomène engendre envers
les artistes et de la supposée publicité gratuite et efficace que procure le téléchargement
sur Internet.
En premier lieu, les sites comme « Kazaa » handicapent grandement l’industrie de
la musique. Les chiffres le prouvent. En 2002, il s’est vendu 250 millions d’albums en
moins. Depuis 1999, une chute de 450 millions de dollars, 23% des ventes, a été notée au
Canada. Les gens qui téléchargent des fichiers musicaux sur Internet ne réalisent pas
l’ampleur de leurs actes. Ils se disent que les artistes détiennent suffisamment d’argent et
que leur « petit » vol n’occasionnera pas de grands malheurs. Ils vont même jusqu’è se
consoler en se disant que les artistes récupéreront l’argent perdu lorsqu’ils feront des
spectacles. C’est tout faux. Les musiciens ne se produisent pas plus en concert qu’avant
l’apparition de ces sites Internet. Autrefois, ils gagnaient leur salaire par la vente de leurs
albums et par les billets vendus. Aujourd’hui, il ne leur reste plus que la scène pour
gagner de quoi vivre cemment. Pour faire une histoire courte, membres de l’Alliance,
l’industrie de la musique s’appauvrit en même temps que tous ces artistes qui doivent
maintenant se contenter d’une seule source de revenue.
En second lieu, le téléchargement gratuit représente, selon moi, le pire manque de
respect envers les artistes. Comment pouvons-nous aimer quelqu’un et le voler en même
temps? Les pirates ont une attitude très contradictoire à ce sujet. Ils téléchargent une
chanson en admettant qu’ils l’aiment bien, mais refuse de payer l’artiste qui se cache
derrière. Allez demander à ces pirates s’ils approuvent ou désapprouvent l’esclavage. La
plupart vous répondront qu’ils le désapprouvent. Pourtant, en ne payant pas leurs artistes
préférés, ils les considèrent comme des esclaves. En d’autres mots, musiciens travaillent
avec acharnement pour nous offrir leur cœur et leur musique. Ils méritent donc, autant
que quiconque de recevoir un salaire pour leur service rendu à la communauté.
En troisième lieu, permettez-moi, membres de l’Alliance de désapprouver tous ces
pirates qui insinuent que le téléchargement gratuit dans Internet reste le meilleur moyen
de publicité pour les artistes. Il y a environ deux ans de cela, avant que je réalise à quel
point le téléchargement nuit aux artistes, j’utilisais régulièrement « Kazaa ». Toutes les
fois que je m’y connectais, je savais exactement ce que je cherchais. J’avais donc déjà
entendu les chansons que je venais voler ailleurs que dans Internet, que ce soit à la radio,
à la télévision ou chez un ami. Je savais donc déjà que j’aimerais cette chanson. Si ce
genre de site n’avait pas existé, je me serais rendue chez mon disquaire, j’aurais demandé
à écouter le disque et je l’aurais probablement acheté. À vrai dire, ces sites de piratage
n’offrent aucune publicité. Ils ne représentent ni plus ni moins qu’un magasin de disques
à la portée d’un clic.
En tout état de cause, il m’apparait évident, membres de l’Alliance, que la perte
d’argent, le manque de respect et la publicité non existante démontrent clairement que le
téléchargement gratuit dans Internet constitue un fléau à combattre. Malheureusement,
trop de gens ne partagent pas mon avis et nous n’arriverons à rien si ce n’est pas toute la
société qui s’unit dans cette lutte.
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