« Pas de brunch sans fromage ! » Didier Cuche, skieur de haut niveau, associe une alimentation saine avec le plaisir de la table. Dans cette interview, il évoque ses valeurs et ses habitudes alimentaires et explique ce qui est important pour lui dans l’alimentation. Didier Cuche, à quoi vous fait penser une pomme ? Je pense instantanément à Guillaume Tell, évidemment ! D’un point de vue culinaire, cela me rappelle les gâteaux aux pommes qui nous faisions avec mes frères et sœurs et ma mère. Nous avons toujours volontiers aidé à la cuisine du restaurant familial en préparant pommes, légumes ou pommes de terre. Lorsqu’on savait que ces dernières seraient utilisées pour en faire des röstis, nous étions tout d’un coup beaucoup plus motivés. Et un morceau de fromage ? J’ai beaucoup de cousins dans le Jura bernois (dans la région du Chasseral) qui tiennent un alpage et fabriquent du fromage. Je me souviendrai toujours de la cave à fromage remplie de meules de Gruyère. On en avait toujours au frigo. Et quand mon père criait de préparer le fromage, on savait qu’une fondue était au programme. Nous nous en réjouissions. J’aime beaucoup le fromage et pas seulement parce que c’est une spécialité suisse. On ne trouve nulle part dans le monde un aussi bon fromage qu’en Suisse. D’ailleurs, un brunch sans fromage n’est pas un brunch ! Vous avez raison ! C’est aussi l’avis d’une centaine de familles paysannes qui se préparent à gâter leurs hôtes lors du Brunch à la ferme du 1er août. Que serviriez-vous à un brunch ? Plusieurs sortes de pain parce que j’adore le pain, même si je dois à présent modérer ma consommation. Ensuite, dans un bon brunch, on doit incontournablement trouver de la tresse, des œufs, un assortiment de viande, du Birchermüesli, du fromage et des gâteaux aux fruits. Pour moi le brunch se compose principalement de mets froids. Qu’est-ce qui vous plaît dans le Brunch ? On reste longtemps autour de la table entre amis en allant de temps en temps rechercher quelque chose au buffet. Cela peut durer, dans le meilleur des cas, des heures ! Celui qui va bruncher aime prendre son temps. J’apprécie et j’admire l’engagement des familles paysannes, car l’organisation d’un brunch est travail gigantesque ! Quels sont les plats que vous cuisinez ? Quand je cuisine, c’est souvent pour manger quelque chose rapidement. Lorsque je reçois des amis, je me mets en principe au grill. Je m’approvisionne toujours dans les boucheries des environs qui proposent de la viande exquise, tendre et goûteuse. On sent transpercer dans vos propos votre premier métier de boucher. Mais en fait, pourquoi boucher ? J’ai grandi à la ferme et mes parents tenaient un restaurant. J’ai beaucoup observé mon père à la tâche lorsqu’il préparait toutes sortes de mets avec de la viande de bœuf et de porc. J’ai beaucoup pu participer à la préparation de la viande en particulier les jambons à l’os et la viande que l’on fumait. Il semble que cela m’ait beaucoup plu ! Et après l’école secondaire, il fallait se décider pour un métier. Boucher était l’un des plus évidents. Mon père m’a rapidement trouvé une place d’apprentissage, ce qui n’allait pas forcément de soi, car l’entreprise devait être d’accord que je sois souvent absent pour le ski. D’ailleurs, pendant des années, je n’ai jamais eu de vraies vacances mais c’était malgré tout une belle période ! Sans fromage, pas de brunch, et sans viande, non plus ! Un brunch n’est donc pas seulement copieux, mais aussi équilibré. Qu’est-ce que cela signifie pour un sportif d’élite ? Manger sainement signifie manger de manière ciblée. C’est-à-dire obtenir un équilibre sain entre les glucides, les protéines et les fruits et légumes. Une alimentation saine doit être variée. J’aime certes avoir un morceau de viande dans l’assiette, mais j’aime aussi avoir des fruits à disposition pour les encas entre les repas. Quelle signification ont pour vous les produits issus de l’agriculture suisse ? Pour moi, les aliments issus de l’agriculture suisse sont une garantie que les animaux sont détenus dans des conditions respectueuses, par exemple. Je fais beaucoup plus confiance à des produits issus de l’agriculture suisse qu’à des produits provenant par exemple d’Amérique. Mon frère a des vaches allaitantes sur son exploitation et produit du Natura-Beef. Dans mon congélateur, il y a toujours de la viande qui vient de chez lui. Comme je suis beaucoup en route, c’est important pour moi d’avoir une bonne source d’approvisionnement pour la viande, les légumes et les autres denrées alimentaires. Ma mère a toujours planté des légumes dans son jardin pour les besoins de la famille et du restaurant. Elle a toujours fait très attention à la qualité. Pour les légumes qui manquaient, elle les achetait au marché paysan et pas dans un magasin bon marché. Cela m’a marqué. Savoir d’où viennent les produits est un agréable sentiment. Au goût, on sent comment un animal a été élevé ou comment un légume a été cultivé. Pour ce qui va nous être servi dans un restaurant, c’est une question de confiance. La confiance est, à mon avis, très importante, de nos jours. C’est essentiel ! En tant que consommateur, jusqu’à quel point êtes-vous critique ? C’est difficile à dire. Je n’analyse pas les menus méticuleusement lorsque je suis assis à la table d’un restaurant. Je suis épicurien ! Mais lorsque c’est possible, je suis critique dans le choix des restaurants. Je vais souvent spontanément manger à l’extérieur parce que je souhaite passer une soirée agréable avec mes amis. Je vais toutefois fréquemment dans les mêmes restaurants, car je connais le propriétaire et je sais qu’on y mange bien et d’où viennent les produits qui y sont apprêtés. Est-ce aussi un thème que vous aborder entre sportifs ? Tout d’abord, il y a une question de goût, de qualité ainsi que de valeurs nutritives des produits, évidemment. C’est rare que l’on discute de la provenance des aliments. Toutefois, nous sommes conscients, par exemple, que les fraises disponibles au mois de janvier ont parcouru la moitié de la Terre ! Mais on ne parle pas forcément de ces absurdités. Le fait de penser écologie a assurément du sens. Certains sportifs y sont sensibles. Maintenant que vous vous êtes retiré de la compétition, est-ce que vos habitudes alimentaires ont changé ? Comme je fais moins de sport, je grille moins de calories mais l’équilibre entre les aliments ainsi que leur qualité ont toujours autant d’importance. Néanmoins, comme je suis épicurien, je dois parfois être raisonnable pendant les repas. En effet, je mange beaucoup de bonnes choses, le chocolat en fait partie. J’apprécie aussi un bon morceau de viande sur le grill, mais je n’ai plus besoin de consommer des montagnes de viande ! Dans le fond, mes habitudes alimentaires n’ont pas changé, seulement les quantités. Chez moi, il y a aussi parfois sur la table que de la salade avec un peu de pain et un œuf. Allez-vous participer au Brunch à la ferme du 1er Août ? La question est encore ouverte. C’est au programme parce que j’ai été pendant longtemps absent mais je ne peux pas encore dire où. Ça sera probablement une décision spontanée !