
CABINET Forum Med Suisse 2008;8(42):797–802 798
Aggravation
Aggravation (du latin gravis, lourd): augmenta-
tion de la gravité des symptômes d’une mala-
die [3].
Alors que dans la simulation le patient fait croire
qu’il est affecté d’un trouble en réalité inexistant,
le patient aggravant son cas présente l’intensité
de ses troubles et/ou la gravité de son problème
sous une forme exagérée que des considérations
objectives ne peuvent pas nécessairement expli-
quer à partir de la pathologie de base existante.
Un penchant tendancieux, parfois manipulateur,
est souvent perceptible.
La tendance à l’explication exagérée repré-
sente une forme atténuée d’aggravation. Nous y
sommes confrontés lorsqu’un patient exagère, à
fins de démonstration, les troubles et les pro-
blèmes existants. Dans ces cas, une question dé-
licate se pose souvent à l’expert: où placer la li-
mite entre une présentation des symptômes
appuyée, éventuellement quelque peu exagérée
mais légitime, et une tentative consciente de
tromperie?
La seule réponse possible est qu’il n’existe pas de
critère différenciateur unique. Par conséquent,
l’évaluation d’ensemble doit être établie à partir
d’une palette élargie de données provenant des
examens cliniques et de l’anamnèse.
Amplification des symptômes
(ou encore: «amplification secondaire progres-
sive»)
Il est question d’amplification des symptômes
lorsqu’on constate une augmentation successive
et retardée des troubles et des problèmes, ainsi
que de leurs conséquences sociales, augmenta-
tion qui n’est pas compatible avec les connais-
sances cliniques sur la pathologie de base (il faut
bien sûr soigneusement exclure toutes les com-
plications).
Selon Oliveri et al. [4], l’amplification des symp-
tômes se manifeste sur cinq plans distincts:
– la description des symptômes,
– le handicap fonctionnel,
– le rôle social des symptômes: ceux-ci jouent un
rôle toujours plus grand dans la vie du patient
et celle de son entourage 3profit tiré de la
maladie,
– le niveau (réduit) de participation,
– l’incohérence (entre l’anamnèse, les plaintes
et le comportement).
Autolimitation
Ce terme général peu spécifique s’applique tou-
jours dans les cas où prédomine l’impression cli-
nique de se trouver face à un patient qui ne pousse
pas l’effort jusqu’à ses vraies limites, alors que
Si la suspension de toute activité professionnelle
persiste, une évaluation du droit à l’assurance so-
ciale devient inévitable.
Aux côtés des rhumatologues, des orthopédistes
et des neurologues, les psychiatres sont de plus
en plus souvent sollicités pour une expertise,
qu’elle soit monodisciplinaire, lorsque l’anam-
nèse préalable est suffisante sur les plans soma-
tique et médical, ou encore bidisciplinaire, en col-
laboration avec les spécialistes des disciplines de
la médecine somatique impliquées, lorsqu’une
détermination holistique s’avère nécessaire pour
aboutir à une évaluation consensuelle. Lors d’un
examen psychiatrique approfondi, il est souvent
impossible de diagnostiquer une réelle maladie
psychiatrique en dehors des troubles douloureux,
de formes souvent très diverses. Selon la CIM-10,
il faut envisager le diagnostic d’un «trouble so-
matoforme douloureux chronique» lorsque les
douleurs chroniques présentent les caractéris-
tiques suivantes: elles ne peuvent pas s’expliquer
(entièrement) par un problème d’ordre soma-
tique mais elles apparaissent en relation avec des
conflits émotionnels ou des problèmes psychoso-
ciaux graves, ce qui pourrait suggérer que ces
derniers jouent un rôle causal. Cependant,
comme nous l’avons vu plus haut, ce diagnostic
ne constitue pas en soi une raison d’invalidité et
ne donne pas droit à des indemnités.
Dans ces cas, il n’est pas possible d’attribuer le
non travail du patient à des problèmes ou des
handicaps provenant directement d’un change-
ment de l’état mental, comme dans le cas d’un
état résiduel schizophrénique grave ou lors d’une
lésion organique du cerveau. L’anamnèse et le
tableau clinique de ces patients présentent
fréquemment des phénomènes que l’on pourrait
considérer comme des dysfonctions de la capa-
cité de maîtriser des problèmes ou des douleurs;
ces phénomènes peuvent néanmoins constituer
un sérieux obstacle dans le processus de réadap-
tation.
Les phénomènes considérés
individuellement
La suite de cet article présente une liste non
exhaustive de phénomènes et de mécanismes qui
s’observent avec une certaine régularité lors des
expertises faites à la demande des assurances
sociales chez des patients souffrant de douleurs
chroniques (somatoformes); suivant leur constel-
lation, ces éléments sont susceptibles de livrer
une explication psychologique à l’insuffisance de
la participation des demandeurs de rentes. Les
concepts introduits seront brièvement expliqués
afin d’établir un glossaire.
Ces concepts comprennent aussi bien des termes
techniques clairement définis et lexicalisés que
des expressions bien établies dans le jargon des
cliniciens et des experts.
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