
Albert Bril / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk. Page 2
Pourquoi l’œuvre de
et de ses successeurs nous parait-elle si pâle ? Parce que le style a
manqué à tous ces écrivains qui n'étaient pas sans talent. Ils manquaient de ce don de personnalité qui fit
l'éclat de la génération suivante. La poésie et la prose qu'ils parlent est banale et emphatique. De là, leur
insuffisance à répondre à cette tâche à laquelle semblait les appeler cette période d'événements de nature à
éveiller le génie. Le style, au théâtre, a une énorme importance s'il s'agit de fonder un genre nouveau. Les
réformes littéraires se font par le style neuf plus encore que par des idées nouvelles :
En l'an XII (1801), notre théâtre faisait partie du premier arrondissement théâtral du royaume
desservi par une troupe de comédie et d'opéra. La troupe, qui se composait de vingt artistes, et l'orchestre
n'avaient guère subi de modifications.
Le mois d'abonnement comprenait douze représentations données les mardi, jeudi et dimanche, et l'on
payait, pour un mois : les hommes, quinze francs; les dames, neuf francs. Pour trois mois : quarante-cinq
francs (hommes); vingt-quatre francs (dames). Pour six mois : soixante-dix francs (hommes); quarante-cinq
francs (dames).
Les militaires isolés, jusqu'au rang de capitaine d'infanterie, payaient neuf francs.
Les fonds de loges étaient de soixante-dix livres pour six mois. Les abonnements au mois et ceux des
militaires se payaient d'avance; ceux au trimestre étaient perçus à la dix-huitième représentation, de
même que le trimestre des abonnés pour six mois.
Le vendredi, la troupe allait en excursion à Bergues.
Le 21 nivôse, le sieur Olivier donne à la salle de spectacle une représentation générale « infiniment
plus complète, plus variée que toutes celles qu'il a données dans son précédent local, qui n'était pas assez
vaste pour beaucoup de tours, d'expériences, etc., qu'il lui a été possible d'y donner »
(1)
.
L'année d'après, l'ancienne salle de la rue Nationale était devenue une maison d'éducation où « le
sieur Chifflart, indépendamment de sa classe de jour, tient une école le soir, depuis six heures jusqu'à
huit. On y enseigne l'écriture, la grammaire, l'arithmétique et le dessin »
(2)
.
Le public affluait alors à la salle Malbosc, rue Saint-Sébastien, au théâtre pittoresque et mécanique.
Ce n'était rien moins qu'un précurseur du cinématographe. Qu'on en juge :
Un ingénieux artiste y présentait différents tableaux « effets d'optique et des points de vue, choisis
dans ce que la nature et la topographie ont de plus intéressant. On y remarque la vérité et la beauté.
Tantôt c'est un lac ou un fleuve, dont la surface tranquille est traversée par des barques et des canots
dont les mouvements obéissent avec docilité aux efforts de leurs conducteurs, ou par un cygne dont les
mouvements sont doux et gracieux, soit qu'il plonge son cou dans la plaine liquide, soit quand ce bel
oiseau fend l'élément humide. Tantôt une mer calme où les vaisseaux passent majestueusement en
saluant les forts.
Tantôt ce sont des montagnes dont les cimes se perdent dans les nues et offrent les effets les plus
imposants. Ces scènes paraissent aux yeux belles comme la nature et, dans leur exécution, font
apercevoir les talents de célèbres artistes. Parmi les sujets les plus remarquables on est surtout frappé de
différentes vues de Suisse : ce sont des sites les plus curieux que l'on puisse offrir au regard d'un ami de
la nature. Nulle part on ne trouverait une aussi étonnante variété d'accidents, ni de contrastes plus
étonnants. L'artiste a animé ces tableaux par un épisode amusant : c'est un chasseur qui parcourt la
plaine, suivi de son chien qui lance un lièvre, le fait fuir rapidement; le chien s'arrête, court, revient sur
lui-même, prend les voies et suit l'animal avec une intelligence qui ferait douter de l'imitation, si tout ce
qui environne le tableau ne la rappelait au spectateur. »
C'est le 20 janvier 1806 que nous voyons apparaître sur l'affiche la première pièce napoléonienne,
dont le répertoire devint si riche alors. Elle a pour titre : Le Triomphe de Napoléon 1
er
, action théâtrale,