L’IMPACT INDIRECT DU TOURISME
:
UNE ANALYSE ECONOMIQUE
par le Professeur François VELLAS
Université de Toulouse – TED AFL
3ème réunion des Ministres du Tourisme du T20
FRANCE, Paris, 25 Octobre 2011
Avertissement :
Ce rapport reflète seulement les vues de l’auteur et ne reflète pas nécessairement les vues de
l’organisation qui a commandé le rapport
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TABLE DES MATIERES
1 - DEFINITION ET METHODOLOGIE DES IMPACTS ECONOMIQUES
DU TOURISME..........................................................................................................................Page 4
1.1 - Définition des impacts directs, indirects et induits du tourisme
1.1.1 – Les effets directs
1.1.2 – Les effets indirects
1.1.3 – Les effets induits
1.2 – Méthodologie d’évaluation et Comptes Satellites du Tourisme (CST)
2 – LES IMPACTS INDIRECTS DU TOURISME DANS LES PAYS DU T20...........................Page 6
2.1 – Les effets économiques indirects du tourisme sur le PIB
2.2 – Les impacts économiques du tourisme sur l’emploi
2.3 - Les effets indirects sectoriels du tourisme
3 – LA CONTRIBUTION DU TOURISME AUX EQUILIBRES ECONOMIQUES
MONDIAUX..............................................................................................................................Page 12
3.1 – La contribution du tourisme au rééquilibrage des échanges internationaux
3.2 – La contribution du tourisme à la croissance économique
3.3 – La contribution du tourisme au développement durable
3.4 – Le tourisme, catalyseur de l’osmose économique globale entre pays
CONLUSION...........................................................................................................................Page 18
REFERENCES........................................................................................................................Page 21
ANNEXES...............................................................................................................................Page 23
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Synthèse
Le principal objectif de ce rapport est de montrer l’importance et le rôle des effets économiques
indirects du tourisme à la fois sur la croissance et le PIB, sur l’emploi et sur le commerce extérieur.
Le rôle du tourisme dans l’économie est souvent perçu comme limité au seul secteur des CHR
(Cafés, hôtels et restaurants) ainsi qu’aux agences de voyages, réceptifs et transporteurs, qui
constituent dans de nombreux pays le premier secteur des services. Cependant, l’impact
économique du secteur touristique est beaucoup plus important dans la mesure la production
des services de tourisme et de loisirs nécessite de nombreux « inputs » qui concernent l’ensemble
de la production à la fois agricole, des IAA (Industries Agro Alimentaires), et industrielle y compris la
production de biens d’équipement et le secteur du bâtiment et des travaux publics.
La mise en évidence de ces impacts indirects du tourisme est considérée comme prioritaire par les
pays du T20 ainsi que par l’OMT qui a produit des outils méthodologiques avec les CST (Comptes
Satellites du Tourisme). L’évaluation de ces impacts économiques du tourisme permet de fournir
des éléments d’appréciation pour la conduite des politiques économiques de relance face aux
crises économiques et financières internationales. Elle permet de montrer que le tourisme peut
devenir un élément moteur de la reprise en faveur d’une croissance économique stable et durable à
condition que les politiques d’accompagnement sectoriel soient mises en œuvre en considérant le
rôle central de l’activité touristique.
La première partie examine le dispositif méthodologique actuellement disponible pour
mesurer les impacts indirects du tourisme sur l’économie. Elle permet de montrer le rôle central des
méthodes de calcul basées sur les Comptes Satellites du Tourisme et indique comment les
analyses, en termes de multiplicateur, permettent de donner une évaluation globale de l’impact
économique du tourisme en distinguant les effets directs, indirects et induits.
La deuxième partie analyse le bilan des impacts indirects économiques du tourisme
sur la production (PIB), sur l’emploi et sur plusieurs secteurs. Elle permet de montrer que le
tourisme constitue un élément essentiel de la constitution du PIB et de la création d’emploi dans
l’ensemble des pays du T20. Elle illustre notamment les impacts sectoriels du tourisme sur la
fourniture de biens et de services, sur les investissements et sur les dépenses publiques.
La troisième partie porte sur l’impact du tourisme sur la réduction des déséquilibres
macro économiques globaux. Elle montre que les impacts du tourisme jouent un rôle spécifique
dans l’atténuation des déséquilibres des balances des paiements. En particulier, les exportations de
services touristiques permettent d’atténuer des situations de déficit ou d’excédent des balances
commerciales. Après la crise économique, les pays qui ont connu en 2010 une forte reprise ont
bénéficié largement du dynamisme de la demande touristique à la fois domestique et internationale
pour conforter la progression de l’ensemble de leurs économies. Dans la plupart des pays qui ont
connu une reprise plus lente, le redressement du tourisme international a vraisemblablement été
plus long à se mettre en place (il s’observe début 2011) et à contribuer à la croissance globale.
En conclusion, ce rapport suggère des pistes pour améliorer les outils de mesure des impacts
indirects du tourisme et pour que des comparaisons internationales soient initiées dans chacun des
pays du T20.
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1 – DEFINITION ET METHODOLOGIE DES IMPACTS ECONOMIQUES DU TOURISME
L
es méthodologies pour l’évaluation des impacts économiques du tourisme sont
développées au niveau mondial par l’Organisation Mondiale du Tourisme (ci-après, l’OMT) avec
l’élaboration des Comptes Satellites du Tourisme (CST). L’OMT est mandatée par les Nations Unies
comme l’organisation appropriée pour analyser, publier, standardiser et développer les statistiques
du tourisme. LOMT travaille dans ce but avec d’autres organisations telles que l’Organisation de
Coopération et de Développement Economiques (OCDE)
et la Commission européenne
(EUROSTAT).
1.1 – D
EFINITION DES IMPACTS DIRECTS
,
INDIRECTS ET INDUITS DU TOURISME
L’effet indirect du tourisme doit être distingué de l’effet direct et de l’effet induit.
1.1.1 Les effets directs concernent les dépenses réalisées dans le secteur du tourisme.
Il s’agit des dépenses classées à partir de la liste des produits caractéristiques du tourisme établie
par l’OMT et l’OCDE.
1.1.2 Les effets indirects concernent les consommations intermédiaires pour la production des
biens et services du secteur touristique. Il s’agit des biens et services que les entreprises
touristiques achètent auprès de leurs fournisseurs, ce qui constitue la chaîne d’approvisionnement
du tourisme.
Les effets indirects peuvent être particulièrement importants pour la production de produits locaux.
En effet, ce sont les entreprises, dites de première ligne, qui prennent les décisions d'achat initial et
déterminent ce que les visiteurs pourront consommer. Par exemple, si une entreprise
d'hébergement de première ligne décide d'acheter des produits locaux lorsque cela est possible, le
touriste sera à l’origine de l’achat et de la production de biens et de services dans le pays récepteur.
Par conséquent, il est important de pouvoir encourager le secteur du tourisme à fournir biens et
services produits localement afin de maximiser l'impact économique des recettes touristiques dans
un pays ou une région.
1.1.3 Les effets induits concernent les dépenses effectuées par les employés à partir des salaires
distribués par les entreprises directement en contact avec les touristes. Ils comprennent également
les consommations des entreprises qui ont bénéficié directement ou indirectement des dépenses
initiales du secteur touristique.
A titre d’exemple, les dépenses induites du tourisme concernent, pour les employés du secteur de
l’hôtellerie, les achats de biens de consommation tels que les produits alimentaires, les vêtements
ou l’équipement électronique. Pour les entreprises, il s’agit d’achats de biens d’équipement ou des
dépenses relatives au réinvestissement des bénéfices.
1.2 – M
ETHODOLOGIE D
EVALUATION ET C
OMPTES
S
ATELLITES DU
T
OURISME
(CST)
La méthodologie d’évaluation des impacts économiques indirects du tourisme est basée sur le rôle
essentiel des Comptes Satellites du Tourisme qui permettent de donner la mesure la plus précise et
la plus fiable du rôle du tourisme dans l’économie. Elle utilise les informations fournies en matière
d’impact direct par les CST et permet de faire ressortir les éléments caractéristiques les plus
significatifs pour servir de base aux politiques de développement touristique dans le but de
renforcer la croissance et lutter contre les crises.
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La méthodologie des CST développée par l’Organisation Mondiale du Tourisme est indispensable
pour obtenir des données de mesure précise de l’impact du tourisme. A coté de l’analyse en termes
de Compte Satellite du Tourisme, il est possible d’établir une évaluation des impacts attendus du
tourisme en calculant les effets multiplicateurs du tourisme.
Le concept de CST est fondé sur les principes de la comptabilité nationale qui représentent un
cadre intégré de statistiques permettant la mesure de la production nationale d’un pays à partir de
la contribution de chaque secteur de l’activité économique. Le Compte Satellite du Tourisme est
élaboré en prolongeant le système de comptabilité nationale afin de pouvoir estimer l’importance
économique spécifique du tourisme. Le CST est basé sur les tableaux « Entrées - Sorties » qui
mesurent l’activité des producteurs et des acheteurs de biens et de services dans les différentes
branches et industries.
Le CST permet, ainsi, de déterminer une évaluation de la consommation touristique, de la
production touristique et d’estimer la valeur ajoutée du tourisme dans l’économie d’un pays.
Le lien entre le CST et les effets indirects doit, ainsi, être établi à partir du tableau de synthèse le
plus important du CST qui est le tableau VI des « Recommandations sur le cadre conceptuel du
Compte Satellite du Tourisme (CST), 2008 ». S’il ne permet pas de calculer immédiatement les
effets indirects, il comporte les deux rubriques nécessaires à leurs évaluations :
Les consommations Intermédiaires déjà réparties selon les branches impactées
Les salaires versés
De ce fait, le CST du fait de sa conception constitue une étape nécessaire pour mesurer les
effets indirects et induits du tourisme avec les Consommations Intermédiaires et les salaires issus
de la production touristique. Ces deux résultats prévus par le CST doivent être utilisés via des ratios
et/ou un Tableau d’Echange Interbranches, pour générer une nouvelle « vague » de PIB, d’emplois,
de recettes fiscales et d’exportations.
Cependant, il convient de remarquer que le CST mesure uniquement le PIB direct, par opposition
au PIB indirect. Le PIB indirect intègre les effets économiques indirects de l’activité touristique (par
exemple la fabrication des produits de toilette destinés aux hôtels). Or, ces effets indirects peuvent
être très importants, ils dépassent le cadre strict du CST qui est axé sur le PIB découlant de la
production de biens et de services consommés directement par les touristes. Les effets indirects
peuvent être calculés à partir de modèles d’impact économique fondés sur l’utilisation du CST.
Le CST permet d’évaluer également l’emploi lié au tourisme. Dans ce cas, l’emploi généré par le
tourisme comprend uniquement les emplois directement attribuables au tourisme. Ainsi, pour le
secteur des services de restauration, seuls les emplois directement reliés au tourisme sont
dénombrés dans le CST comme des emplois créés par le tourisme ou attribuables au tourisme. En
revanche, les emplois générés par l’agriculture pour la production destinée aux activités touristiques
de restauration (emplois indirects) ne sont pas inclus.
Ainsi, le CST regroupe à la fois la consommation et la production touristiques. Il permet
d’évaluer la proportion de l’activité proprement touristique (issue des déplacements
touristiques) des branches caractéristiques du secteur touristique. Dédié et construit
principalement pour l’évaluation de l’effet économique direct, soit le PIB touristique, il ne
s’attache pas au calcul des effets indirects. Néanmoins il comporte les rubriques
nécessaires à leur évaluation, telles qu’elles ressortent du schéma général de présentation
des différents impacts économiques avec les Consommations Intermédiaires (déjà réparties
selon les branches impactées) et les salaires.
Ainsi le CST dans sa conception initiale comporte les éléments essentiels de base pour
mesurer les effets indirects et induits du tourisme en reconstituant la branche tourisme.
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