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A l’inverse, d’autres anomalies cérébrales ont fa
it
– expérience et recul aidant – la preuve de leur bénignité
:
sont classés dans cette catégorie les dilatations ventriculaires modérées, certains kystes arachnoïdiens, les
méningocèles. Le neuropédiatre peut intervenir, à la demande de l’équipe obstétricale, pour informer et
organiser le suivi.
Le cas le plus difficile est représenté par les anomalies pour lesquelles le pronostic reste incertain comme les
agénésies calleuses, les anomalies vermiennes, certaines dilatations ventriculaires pour n’en citer q
ue
quelques
-unes. Le neuropédiatre est ici particulièrement impliqué, d’une part par son expérience concernant
ces pathologies, visant à établir des groupes homogènes de patients, en préciser ainsi le pronostic et
favoriser la recherche génétique. L’autre versant est la prise en charge des enfants nés après un diagnostic
prénatal d’anomalie cérébrale et décision des parents de poursuivre la grossesse : le suivi régulier permet de
mettre en place le cas échéant les aides les mieux appropriés pour optimiser l
e développement.
L’APPORT DE L‘EXAMEN
FŒTOPATHOLOGIQUE
Anne
-
Lise DELEZOIDE
-
Service de Biologie du Développement
-
Hôpital Robert Debré
–
Paris
L’objectif principal de l‘examen fœ topathologique après Interruption Médicale de Grossesse (IMG)
pour anomalie cérébrale, est d’établir le diagnostic de la pathologie fœ tale : 1) préciser l’anatomie
macroscopique et microscopique de la malformation détectée en anténatal; 2) décrire les anomalies
cérébrales éventuellement associées 3) effectuer un bilan exhaus
tif des autres malformations et/ou lésions du
fœ tus et de son placenta . Cet examen est indispensable au conseil génétique, et, avec lui, seul garant d’une
prise en charge adaptée des grossesses ultérieures du couple.
Le bilan fœtopathologique est particu
lièrement contributif dans le cadre des anomalies cérébrales
: la
sémiologie anténatale ne correspond le plus souvent qu’à des symptômes non spécifiques (microcéphalie,
dilatation ventriculaire, holoprosencéphalie…), recouvrant des pathologies d’étiologies très diverses, que
seuls des examens complémentaires (biologie, virologie, histologie) peuvent discriminer. De plus, les
malformations de l’encéphale sont souvent détectées précocemment, ou au contraire ne se manifestent que
tardivement, et leur caractère péjoratif amène rapidement à une indication d’IMG ; à une époque de la
grossesse où une analyse échographique fine est techniquement limitée, et sans grand intérêt pour la
décision obstétricale, renforçant l’importance du bilan post
-
natal.
L’analyse par le fœ topathologiste des cerveaux malformés ayant fait l’objet d’explorations
morphologiques poussées en anténatal permet en outre des confrontations imagerie-
anatomie,
indispensables à l’auto-formation et à l’auto-évaluation des médecins et de leurs techniques, et par là, aux
progrès de la médecine fœtale.
Surveiller les grossesses à risque de lésions cérébrales
MENACE D’ACCOUCHEMEN
T PREMATURE (MAP) ET
INFLAMMATION
:
CONSEQUENCES PRATIQU
ES
Véronique ZUPAN, service de Néonatologie, hôpital Antoine Béc
lère, 92141 Clamart cedex
Les phénomènes infectieux et inflammatoires jouent un rôle très important dans les ruptures prématurées des
membranes (RPM) et les déclenchements prématurés du travail. Les causes infectieuses de MAP sont
largement prédominantes avant 30 semaines. Dans le cas des RPM, l’infection amniochoriale peut être la
cause de la rupture mais aussi sa conséquence. Les colonisations vaginales anormales (notamment à
mycoplasme) pourraient faire le lit des RPM et des MAP.
Ces même phénomènes infectieux et inflammatoires sont impliqués dans la survenue de lésions cérébrales
notamment chez les grands prématurés (des données récentes montrent que les paralysies cérébrales de
l’enfant à terme sont aussi corrélées à des phénomènes inflammatoires périn
atals). Il existe schématiquement
2 situations responsables de 2 types de lésions fort distinctes
:
- la chorioamniotite avec infection fœ tale aiguë responsable d’une détresse vitale fœ tale et néonatale : le
risque est celui d’une hémorragie intraventriculaire voire d’un infarctus hémorragique périventriculaire ; il est
corrélé aux troubles hémodynamiques et concerne surtout (mais non exclusivement) les extrêmes
prématurés.
- la chorioamniotite avec ou sans infection fœ tale mais sans détresse vitale immédi
ate (signes inflammatoires
biologiques plus que signes infectieux) : le risque est celui d’une leucomalacie périventriculaire et concerne
spécifiquement les prématurés de moins de 32 semaines.
Le diagnostic des phénomènes infectieux et inflammatoires in utero reste difficile. Les signes classiques de
chorioamniotite sont souvent trop tardifs. Parmi les divers marqueurs biologiques proposés pour la
surveillance des MAP et RPM, la CRP reste sans doute l’un des plus utiles en pratique quotidienne.
En quelques années, la modification des prises en charge obstétricales a considérablement amélioré le
pronostic cérébral des prématurés nés dans un contexte de MAP ou RPM : transferts in utero, antibiothérapie
systématique en phase aigue, suivi biologique et bactériologique, corticothérapie anténatale, utilisation
mesurée des tocolytiques. La voie d’accouchement la plus adaptée reste discutée.
Le traitement des vaginoses bactériennes a potentiellement un intérêt prophylactique vis-à-vis des MAP mais
les résultats des e
ssais thérapeutiques sur ce sujet sont assez contradictoires.