Le visage changeant du diabète : La Thérapie médicale nutritive

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Le visage changeant du diabète :
La Thérapie médicale nutritive
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Auparavant ignoré en raison du manque de données
cliniques factuelles significatives prouvant son efficacité
dans le traitement du diabète, le rôle de la thérapie
médicale nutritive est perçu à présent sous un autre jour.
Cette reconnaissance est d'autant plus importante qu'il
existe un lien certain entre l'obésité et le diabète et que la
prévalence de l'obésité augmente globalement à un rythme
soutenu en particulier dans les pays en voie
d'industrialisation. Comme la tendance actuelle vise à une
optimisation de la qualité de la gestion de la condition, les
équipes de soins actives dans le domaine du diabète
prônent de plus en plus l'adoption d'un style de vie sain
dont l'alimentation est un des principaux éléments
constitutifs. Cet article a pour objectif de décrire de
manière détaillée la thérapie médicale nutritive et de
mettre en exergue les bienfaits pour les personnes
atteintes de diabète.
`Karmeen Kulkarni
personnes atteintes de diabète, qui
doivent savoir ce qu'elles peuvent
manger, mais aussi pour les
professionnels des soins de santé.
En effet, de nombreuses personnes
atteintes de diabète avouent que
l'alimentation demeure l'élément le plus
problématique de la gestion de leur
condition. Les anciennes habitudes
alimentaires sont tenaces. De plus, les
recommandations en matière
d'alimentation adressées aux personnes
atteintes de diabète sont parfois
inexactes, voire contradictoires, ou
proviennent de sources peu fiables.
L'apprentissage d'une alimentation saine
devrait dès lors commencer par une
correction des informations erronées.
De nombreuses idées reçues
Il n'y a pas si longtemps de cela, le menu
conçu pour les personnes atteintes de
diabète correspondait plus ou moins à
celui d'un régime amaigrissant. Les
femmes atteintes de diabète devaient
suivre un régime alimentaire équivalant à
1200 calories par jour. Les hommes
quant à eux ne pouvaient pas dépasser
1500 calories par jour.
Malheureusement, dans le contexte de
ces recommandations, ce régime était
également imposé aux enfants atteints
de diabète malgré leurs besoins
caloriques supérieurs propres à la
croissance. Ces théories eurent un
impact négatif sur de nombreuses
personnes atteintes de diabète. Si
Soins de santé
Novembre 2002 Volume 47 Numéro 3
L'alimentation et le diabète
Comme le diabète est un trouble
métabolique étroitement lié à
l'alimentation, la thérapie médicale
nutritive (TMN) s'inscrit parfaitement
dans le cadre de l'autogestion de cette
condition. Cependant, la pertinence de
cette thérapie n'a pas toujours été
reconnue en raison du manque de
recommandations alimentaires issues
de recherches cliniques valables.
L'alimentation est un sujet qui nous
concerne tous, que nous soyons
atteints de diabète ou non. Cependant,
les médias diffusent quotidiennement
de nombreux messages en vue
d'influencer nos choix alimentaires.
L'alimentation, dont l'influence sur la
qualité du contrôle glycémique est
capitale, devient pour cette raison une
véritable gageure dans le contexte
thérapeutique, non seulement pour les
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certaines d'entre elles souffraient en
raison d'un apport calorique insuffisant,
d'autres avaient l'impression d'échouer
dans leur traitement lorsqu'elles ne
parvenaient pas à perdre du poids.
La thérapie médicale nutritive
d'aujourd'hui
De nos jours, l'accent n'est plus mis sur
la perte de poids mais sur les efforts
fournis par les personnes atteintes de
diabète pour adopter des habitudes
alimentaires susceptibles d'améliorer le
contrôle de leur condition en général,
de leur glycémie, de leur taux de lipides
et de leur tension.
La TMN fonctionne pratiquement
comme un traitement médicamenteux.
En effet, à l'instar de ces traitements, la
TMN n'offre pas de recommandations
standard en matière d'alimentation. Ces
recommandations doivent être adaptées
en fonction des besoins de chaque
individu. Par conséquent, les séances de
conseils en matière de nutrition, telles
qu'elles se déroulent aujourd'hui, ne se
concentrent pas vraiment sur la
composition et la valeur nutritionnelle
des divers aliments. Elles consistent
plutôt en des discussions ouvertes
portant sur les difficultés (s'il y en a)
éprouvées par la personne atteinte de
diabète lors du choix de l'alimentation
appropriée, mais aussi sur l'impact du
choix alimentaire sur le contrôle de la
condition. Ces séances expliquent en
outre comment modifier certaines
habitudes alimentaires inadéquates.
Les thérapeutes mettent l'accent sur
la résolution de tout problème lié à
l'alimentation, définissent des objectifs
spécifiques et tentent de déterminer
d'une part si la personne est prête à
changer ses habitudes et, d'autre part,
dans quelles mesures ces habitudes
peuvent être modifiées.
Tout régime alimentaire équilibré sera
valable s'il est s'inscrit dans les
objectifs du patient. Avant d'élaborer
le programme alimentaire le plus
approprié pour une personne
spécifique, il conviendra de procéder
tout d'abord à une évaluation détaillée
de son style de vie, de ses habitudes
en matière de nutrition, de ses
objectifs métaboliques et personnels
et de son aptitude à atteindre ces
derniers.
Ce programme alimentaire destiné à la
personne atteinte de diabète peut être
élaboré de multiples façons : à partir
d'un guide alimentaire sous la forme
de pyramides ou d'assiettes divisées
en portions ; à partir d'un système
traditionnel de substitution ; du calcul
de l'apport en hydrates de carbone à un
niveau élémentaire, moyen et avancé ;
de menus hebdomadaires ou d'une
liste de recommandations personnelles
générales.Tout comme le traitement
normal du diabète, l'efficacité du
programme alimentaire peut être
évaluée au moyen d'un test de la
glycémie, du taux de lipides sanguins et
de la tension. Par la suite, les ajustements
nécessaires pourront être effectués.
Les effets de la TMN sur l'amélioration
du contrôle métabolique s'observent en
général au bout de 6 semaines. Si les
personnes atteintes de diabète de type 2
n'atteignent pas leurs objectifs
thérapeutiques au-delà de cette
période, des médicaments leur seront
alors prescrits. Cependant, ce
traitement médicamenteux ne devra
pas être perçu comme un échec.
En général, les régimes alimentaires
prescrits aux personnes atteintes de
diabète n'échouent pas. L'étude anglaise
UKPDS a démontré les effets de
l'adoption d'un style de vie sain sur une
période de près de 15 ans. En raison
du caractère progressif de la condition,
Indice de masse corporelle
L'indice de masse corporelle (IMC) permet
l'évaluation du poids corporel en fonction de
la taille. L'IMC s'obtient en divisant le poids
d'une personne en kilogrammes (kg) par la
taille en mètre au carré. Dans les pays
occidentaux, un IMC supérieur à 25.0 kg/m2
indiquera un certain embonpoint, au-delà de
30.0 kg/m2, il sera indicateur d'obésité et
au-delà de 35.0 kg/m2, il correspondra à une
obésité excessive. En Asie, les plafonds d'IMC
récemment déterminés sont moins élevés et
correspondent respectivement à 23, 25 et à
30 kg/m2.
Soins de santé
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le recours aux médicaments devient
toutefois nécessaire un jour ou l'autre.
L'alimentation, les médicaments et
l'activité physique peuvent ainsi aider
les personnes atteintes de diabète à
atteindre leurs objectifs glycémiques.
La thérapie nutritive : un
instrument efficace pour la
prise en charge du diabète
Aux Etats-Unis, l'efficacité de la TMN
dans l'amélioration des résultats cliniques
du traitement du diabète et dans la
réduction des coûts de soins de santé
vient d'être démontrée. Récemment, les
participants de l'étude du Diabetes
Prevention Program (DPP) qui adoptèrent
un régime moins calorique et pauvre en
graisses accompagné de 150 minutes
d'exercices physiques hebdomadaires
modérés ont vu leur risque de
développer le diabète de type 2 diminuer
de 58 %. Une alimentation adéquate et
l'exercice physique se sont avérés dans le
cadre de cette étude plus efficaces que la
prise de médicaments.
Suite à ces résultats impressionnants, les
chercheurs ont interrompu cette étude
un an plus tôt que prévu. Au total, 3234
personnes présentant une altération de la
tolérance au glucose, âgées entre 25 et
85 ans, prirent part à cette étude d'une
durée de trois ans.Tous les participants
avaient un IMC moyen de 34 kg/m2et
étaient donc soit bien enveloppés, soit
obèses.
Les groupes minoritaires présentant une
prévalence particulièrement élevée de
diabète de type 2 (les Afro-américains, les
Hispano-américains, les Américains
d'origine asiatique, les insulaires du Pacific
et les Indiens d'Amérique) constituaient
45 % de la totalité du groupe de cette
étude.
Les participants de cette étude furent
répartis aléatoirement en trois groupes
différents : un groupe pour lequel on
pratiqua une altération radicale du style
de vie, un groupe suivant uniquement un
traitement médicamenteux (la
metformine) et un groupe placebo
(groupe de contrôle). Le premier groupe
reçut des informations en vue d'adapter
l'alimentation en tenant compte des
besoins propres à chaque culture. Il dut
également pratiquer une activité
physique, des tests d'autosurveillance,
apprendre à fixer des objectifs et à
résoudre des problèmes durant 16
séances réparties sur 24 semaines. Dans
les deux autres groupes, les participants
furent invités à rencontrer
individuellement un responsable sur une
base mensuelle et à prendre part à des
séances de recyclage et de motivation
périodiques. Le groupe suivant un
traitement médicamenteux et le groupe
de contrôle reçurent aussi des
informations et participèrent à une
séance de conseils d'une demi-heure en
matière d'alimentation et d'exercices
physiques.
Le groupe d'intervention sur le style de
vie est parvenu à atteindre les objectifs
de l'étude. Les participants de ce groupe
ont perdu 7 % de leur poids, soit environ
7 kg, au cours de la première année et
ont maintenu une perte de poids
moyenne de 5 % tout au long de l'étude.
Ces résultats positifs furent obtenus
indépendamment du sexe des
participants et de leur origine ethnique.
Les individus obèses peuvent donc déjà
atteindre un poids normal et être en
bonne santé rien que par une altération
du style de vie.
Une application plus large
Cette année, l'ADA a actualisé ses
recommandations en matière
d'alimentation sur la base des données
factuelles disponibles et d'opinions
d'experts. Cependant, ces
recommandations ne sont utiles que si
elles sont mises en application par les
personnes atteintes de diabète. En effet,
ce sont ces dernières qui doivent en fin
de compte prendre les décisions
nécessaires quant à leur alimentation
quotidienne.
Etant donné que la thérapie nutritive et
l'éducation sont actuellement
principalement axées sur l'aptitude à
résoudre des problèmes et à planifier les
repas de manière intelligente, les
personnes atteintes de diabète devraient
parvenir à atteindre leurs objectifs
comportementaux, métaboliques et de
qualité de vie de manière encore plus
efficace.
`Karmeen Kulkarni
Le Dr Karmeen Kulkarni est coordinateur
au Diabetes Center du St Mark's Hospital,
Salt Lake City, Utah, Etats-Unis.
Lectures conseillées
Franz MJ, et al. Evidence-based nutrition
principles and recommendations for the
treatment and prevention of diabetes
and related complications (Technical
Review). Diabetes Care 2002; 25:
S136-S138.
The new shape of Medical Nutrition
Therapy. Diabetes Spectrum 2000; 3.
The Diabetes Educator 1992; 5 (numéro
spécial sur l'alimentation).
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