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Sur les 25 tumeurs diagnostiquées, 20 (80%)
ont une localisation précise. Pour les 5 restants, les
fragments envoyés, trop petits, n’ont pas permis
de porter un diagnostic de localisation. Le tableau
IV montre la topographie des tumeurs selon leur
type histologique.
Tableau IV : Les cancers de l’intestin grêle selon leur
topographie
Aspects thérapeutiques
Vingt-quatre malades ont subi une intervention
chirurgicale d’urgence au cours de laquelle la
plupart des tumeurs ont été découvertes. Sur les 5
malades dont les données cliniques étaient
incomplètes, 3 ont été traités par une résection
intestinale segmentaire avec anastomose iléo-iléale.
Un malade a subi une laparotomie exploratrice
permettant de faire un prélèvement ganglionnaire
en vue d’un diagnostic histopathologique. Le dernier
cas a reçu un traitement médical du syndrome de
Mallory Weiss : alginate de sodium et bicarbonate
de sodium (Gaviscon*) et cisapride (Prepulsid*).
Pour ces 5 malades, une cure de polychimiothérapie
adjuvante a été envisagée (Adriablastine*,
Endoxan*, Oncovin* et Prednisolone*). Deux
malades ont reçu cette cure, les 3 autres n’ont pas
pu en bénéficier pour cause financière, religieuse
ou dégradation de l’état général.
Aspects évolutifs
Les suites opératoires étaient simples dans tous
les cas, aucune mortalité opératoire n’a été
observée. Sur les deux malades qui ont reçu une
polychimiothérapie adjuvante, un malade décède
brutalement 45 jours après son hospitalisation. Il
était à sa sixième séance de chimiothérapie instituée
à la suite d’une rétention aiguë d’urine et d’une
polysérite probablement d’origine néoplasique.
Sur le second, il a été constaté une amélioration
notable des signes cliniques après deux cures de
chimiothérapie. Le contrôle effectué un an après le
début de traitement pour ce dernier a permis de
constater une évolution favorable de son état selon
les dires de sa famille. Au contrôle suivant, le malade
a été perdu de vue.
Sur les 3 malades qui n’ont pas pu bénéficier de
la chimiothérapie, le premier décède après 15 jours
d’hospitalisation à la suite d’un état de choc sans
Type histologique Duodénum Jéjunum Iléon Diffuse Total (%)
LMNH 4 - 2 2 8 (40)
Adénocarcinome 3 1 2 - 6 (30)
Tumeur carcinoïde 3 - - - 3 (15)
Léiomyosarcome -1--1 (5)
Schwannome malin ---11 (5)
Tumeur secondaire --1-1 (5)
Total (%) 10 (50) 2 (10) 5 (25) 3 (15) 20 (100)
avoir reçu la chimiothérapie. Les deux autres ont
été perdus de vue dès leur sortie de l’hôpital.
COMMENTAIRES ET DISCUSSION
Le taux de fréquence de 5,4% des cas de cancer
de l’intestin grêle rapportés ici est nettement
supérieur à celui de Tissot et de Potet qui ont trouvé
un taux variant de 1 à 1,6% des cancers digestifs
[1,8,9]. Il est voisin de celui retrouvé par Naef (3-
6%) [10]. Quoi qu’il en soit, les cancers de l’intestin
grêle sont des tumeurs rares et de diagnostic
difficile.
Dans la série étudiée, le cancer du grêle apparaît
à un âge très jeune, l’âge moyen au moment de
diagnostic est nettement inférieur à ceux rapportés
par de nombreux auteurs qui ont trouvé une
moyenne d’âge variant de 41 à 70 ans [9,11,12,13].
D’ailleurs, cette situation a été déjà rapportée par
Ayite qui a avancé que, malgré sa rareté en Afrique,
la moyenne d’âge de découverte du cancer de
l’intestin grêle est nettement inférieure à celle des
européens [9]. La prédominance masculine notée
par la plupart des auteurs [1,14,15] est contradictoire
à celle de la série étudiée où une légère
prédominance féminine comme dans les séries de
Ayite [9] et de Ngowe [16] est notée.
La séméiologie très vague et non spécifique des
tumeurs du grêle rend difficile leur diagnostic
préopératoire [7]. Des difficultés ont été rencontrées
dans l’analyse de la clinique : les renseignements
mentionnés dans les dossiers sont très succincts ou
incomplets. Seule un peu plus de la moitié des
dossiers étudiés comportait des renseignements sur
le motif d’hospitalisation.
Mis à part les résultats des examens anatomo-
pathologiques, 80% des dossiers des malades n’ont
pas pu être retrouvés. Les observations détaillées
de 2 malades au CenHoSoa et des 3 autres au
CHUA/HJRA ont pu être retrouvées.
La manifestation clinique d’un cancer du grêle
se présente sous un aspect très variable. Elle peut
être révélée soit par des signes cliniques
chroniques, réalisant un syndrome sub-occlusif [9],
soit par des signes abdominaux aigus. Comme décrit
par d’autres auteurs [9,16], il a été constaté, ici,
que l’urgence abdominale prédomine dans plus de
la moitié des cas observés. La séméiologie la plus
évocatrice d’une obturation intestinale partielle
intermittente rythmée par le repas ou syndrome de
König [1] n’a été retrouvée que dans 13,3% des
cas seulement.
La douleur abdominale représentait le signe
clinique le plus fréquent. Ces données confirment
celles des autres auteurs [17]. Parfois, elle est