Géodynamique 2014 Unité d’introduction et de socle commun aux 5 UE optionnelles choisies au second semestre de l'année de Master 1 Pré-requis: Bases en cinématique des plaques, géophysique, géologie sédimentaire, structure du globe, géochimie OBJECTIFS: Maîtrise et connaissance quantitative et interdisciplinaire des différentes approches des Sciences de la Terre (par la géophysique, la pétrologie-géochimie, et les paléo-environnements) qui éclairent les mécanismes et les modalités des mouvements de la lithosphère (origine des forces, transmission de celles-ci au sein de la lithosphère et de l'asthénosphère) Géodynamique IN FINE : - Connaissance des observables nécessaires pour apprécier l'évolution dynamique du globe - Aptitude à reconstituer l’évolution géodynamique d’une région en faisant la synthèse des données issues d’articles spécialisés - Développement d’une réflexion sur les domaines de validité des diverses approches et les limites des modèles qui en sont issus 1 Géodynamique CONTENU: THEME 1 : Quantification des mouvements lithosphériques : méthodes d’étude (paléomagnétisme, géodésie, sismologie, paléo-environnements) et modèles cinématiques globaux et régionaux - Frontières de plaques et leur évolution THEME 2: Arguments pétrologiques, géophysiques et géochimiques en faveur du recyclage de la lithosphère et de la convection mantellique globale; modèles de convection mantellique et de couplages et interactions entre subductions, points chauds, rifts continentaux et océaniques THEME 3: Exemples régionaux d’évolution géodynamique (couples accrétionsubduction, grands décrochements, convection à différentes échelles): observations géologiques et géophysiques, modélisation des processus physiques 2014 Quantification des mouvements lithosphériques Méthodes d’étude (paléomagnétisme, géodésie, sismologie, paléo-environnements) et modèles cinématiques globaux (géologiques et actuels) et régionaux J. Deverchère, 4 h CM, 4h TD, 1h TP ; C. Grigné, 5 h CM, 4h TD 2 Consulter le PDF de Marc FOURNIER (UPMC) PLAN • 1. Introduction: rappels de notions de base (lithosphère; hypothèse des plaques rigides; types de limites; échelles de temps et d’espace…) • • • • • • 2. Distribution de la déformation aux limites de plaques 3. Mesures géologiques des mouvements de plaques actuels (rappels) 4. Mouvements de plaques relatifs et absolus 5. Mesures géodésiques spatiales: GPS, SLR, VLBI 6. Comparaison Géodésie / Nuvel 1A: implications – degré de rigidité 7. Comparaison à d’autres indicateurs: – Mesures de contraintes: WSM – Tenseurs de moment sismique – Glissement sur failles • 8. Contextes géodynamiques particuliers – Le cas du partage de déformation près des zones de subduction – Le cas des épaississements lithosphériques: conséquences – Le cas du roll-back (bassins marginaux) (TD) • 9. Perturbations de vitesse et de contraintes: divers effets transitoires • (10. Applications: Exemples à l’échelle régionale) 3 1. Introduction: rappels de notions de base (lithosphère mécanique-thermique, hypothèse des plaques rigides, types de limites, échelles de temps et d’espace) A. Notion de LITHOSPHERE MECANIQUE et THERMIQUE - limite lithosphère - asthénosphère - Lithosphère : partie supérieure crustale (~30-45 km), de composition granitique et de faible densité (environ 2800 kg/m3) - partie inférieure mantellique (80-100 km), de forte densité (3300 kg/m3) et de composition péridotitique. - Limite avec l’asthénosphère sous-jacente : diffuse, ne correspond à aucune différence chimique; différence réside dans un changement de comportement mécanique lié à l’augmentation de température en profondeur. -> Passage lithosphère -asthénosphère : essentiellement thermique , correspond à une température limite, généralement assimilée à l’isotherme 1350°C - LITH ~solide élastique, ASTH ~solide déformable à fluage lent - REMARQUE: COMPARER densité de la lithosphère mantellique (3300 kg/m3) et de l’asthénosphère (3250 kg/m3): différence infime, cependant suffisante pour faire couler la lithosphère mantellique dans l’asthénosphère (corps visqueux) si la croûte de faible densité est absente -> la présence de la croûte permet à la lithosphère de se maintenir au dessus de l’asthénosphère. -> Importance du degré de couplage crustal!!!! O. Merle, 2001, http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-erosion-thermique.xml 1. Introduction: rappels de notions de base (lithosphère mécanique-thermique, hypothèse des plaques rigides, types de limites, échelles de temps et d’espace) Limite thermique variable en profondeur: mécanismes, conséquences - Erosion thermique (A): point chaud ou remontée de matériel profond à la base de la lithosphère -> manteau à T° élevé (+ 100 - 200°C) -> isotherme à 1350°C remonte vers la surface -> partie profonde de lithosphère lentement transformée en asthénosphère (diffère de l’extension lithosphérique !!!) - Conséquences: (1) Transformation du manteau lithosphérique en asthénosphère de moindre densité : engendre un déséquilibre isostatique, à l’origine d’un soulèvement de la région affectée par cette érosion thermique – phénomène réversible (ordres de grandeurs de temps: plusieurs millions d’années); (2) changement de résistance mécanique (Te baisse) - Autres sources possible de remontées asthénosphériques (A) (A) O. Merle, 2001, http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-erosion-thermique.xml 4 1. Introduction: rappels de notions de base (lithosphère mécanique, hypothèse des plaques rigides, types de limites, échelles de temps et d’espace) - Concept de tectonique des plaques: ACCRETION – PLAQUES COMPOSITES, RIGIDES au premier ordre Implications: Equilibre entre création-destruction - Les plaques transmettent les contraintes sur de grandes distances sans se déformer -> leurs mouvements relatifs sont pris en compte à leurs limites - Trois types de limites (constructives, destructives, conservatives) – Failles transformantes (6 classes) - Notion de vitesses relatives entre plusieurs plaques – Triangle des vitesses - Sur la sphère: notion de pôles et de vecteurs de rotation -> mouvement relatif entre 2 plaques adjacentes évolue le long de la limite de plaques Mouvements de plaques à la surface de la Terre: (a) Lignes de latitude et de longitude de rotation (petits et grands cercles) (b) Type de limites entre deux plaques (B fixe) 5 1 PACIFIQUE Principales plaques 2 EURASIE 3 AFRIQUE 4 ANTARCTIQUE 5 INDE-AUSTRALIE 6 7 8 9 AMERIQUE DU NORD AMERIQUE DU SUD NAZCA PHILIPPINE 10 ARABIE 11 COCO 12 CARAIBE 2 postulats: Plaques rigides – Frontières étroites Déformation: échelles de temps et d’espace des phénomènes 6 2. Distribution de la déformation aux limites de plaques Activité sismique 7 Dimension des limites de plaques diffuses [Gordon and Stein, 1992] 3. Mesures géologiques des mouvements de plaques actuels: rappel Aperçu historique • • • • Les modèles cinématiques sont apparus juste après le concept de tectonique des plaques pour décrire leurs mouvements relatifs. Le Pichon [1968]; Chase [1972; 1978]; Minster & Jordan [1978]; DeMets et al. [1990; 1994] Modèles “géologiques”: Tous ces modèles utilisent: 1. Age et position des anomalies magnétiques des océans; 2. Direction des failles transformantes; 3. Vecteurs glissement des séismes Modèles géodésiques: depuis le milieu des années 90, des vitesses angulaires relatives entre plaques ont pu être mesurées par des techniques géodésiques Smith et al. [1994]; Larson et al. [1997]; Crétaux et al. [1998] La plupart des modèles cinématiques globaux font deux hypothèses de base: • Plaques rigides • Limites de plaques étroites • Modèles cinématiques récents: Kreemer et Holt [2001]: prise en compte de 3000 vecteurs vitesse dans les zones de déformation et des vitesses angulaires entre 25 plaques rigides 8 MESURE GEOLOGIQUE des mouvements de plaques actuels Principes: QUE MESURER? - Failles transformantes: (1) sur petits cercles –> utiles pour trouver le pôle entre 2 plaques adjacentes (2) Vitesses constantes le long de cette frontière - Dorsales: (1) Pas nécessairement perpendiculaires à la direction d’extension… (2) Taux d’accrétion: change en fonction du sinus de la distance angulaire au pôle -> pôle de rotation et vitesse angulaire peuvent être déterminés MESURE GEOLOGIQUE des mouvements de plaques actuels Principes: QUE MESURER (suite)? - Mécanismes au foyer: Direction et sens de mouvement relatif -> Localisation du pôle, direction du mouvement Mouvements « à terre » sur limites de plaques: Décalages de marqueurs -> Mouvement relatif local Mouvements de plaques « instantanés » à l’échelle de quelques années: - VLBI - GPS - SLR (dont Doris) - Géodésie terrestre 9 Estimation du mouvement actuel des plaques: NUVEL-1 - ~300 taux d’accrétion + 120 directions de transformantes océaniques + 800 vecteurs glissement de séismes V=ωxR V vitesse linéaire ω = Vitesse de rotation R = distance à l’axe eulérien V = ω x r sinθ r = rayon de la Terre θ = distance angulaire pôle-point -> Modèle géologique « instantané » (moyenne sur 2-3 Ma) Figure: Vecteurs de rotation pour le mouvement relatif instantané actuel de paires de plaques NUVEL1A (De Mets et al., 1990, 1994) 4. Mouvements de plaques relatifs et absolus • Modèles relatifs de mouvements entre plaques basés sur des données géologiques et moyennés sur qq millions d’années – RM2 (Minster & Jordan, 1978) – NUVEL-1, NUVEL-1A (DeMets et al., 1990, 1994) • Modèles absolus basés sur les données des modèles relatifs - Deux hypothèses: 1. les plaques (lithosphère) ayant un mouvement d’ensemble négligeable sur le manteau (condition de non-rotation: NNR) 2. des points chauds ayant des mouvements négligeables par rapport au manteau Dans les deux hypothèses: UN pôle de rotation d’une seule plaque est estimé, les autres pôles sont déduits par addition de vecteurs Altamimi ECOLE D’ÉTÉ, FORCALQUIER, 28 AOÛT 2003 10 Calcul du mouvement relatif à une limite de plaque Pôle de rotation, vitesse angulaire connus pour plaques adjacentes: Direction et magnitude de mouvement relatif déduit en tout point Passage à 3 plaques - Evolution des points triples - Etc… (cf cours C. Grigné) Calcul de mouvement absolu: -> NNR-NUVEL1A Vitesses souvent exprimées dans un cadre NNR = “no-net-rotation” = façon arbitraire de représenter les vitesses sans référence à une plaque particulière (lithosphère “moyenne”): Définition de “NNR” par Holt et al., 2004 : “kinematically defined reference frame in which the global integral of the cross product of the velocity with the radial vector is zero” Mouvements de plaque absolus (suite) - Plaques -> pas de points fixes à la surface du globe… - Points chauds -> alignement d’îles océaniques volcaniques intraplaque - Hypothèse: le manteau bouge beaucoup plus lentement que les plaques -> manteau supposé fixe - Ex: Hawaï -> Mouvement absolu du Pacifique -> Mouvement absolu de toutes les autres plaques déduit - Idem pour autres points chauds -> Test de la validité de l’hypothèse (points chauds fixes) (cf. cours G. Chazot) 11 Mouvements absolus de plaques déduits des points chauds (3 derniers millions d’années: modèle « Hot Spot ») ou du modèle « NNR »: différences jusqu’à 3 cm/an Si on retranche la cinématique relative de la cinématique globale: Même rotation nette de toutes les plaques autour d’un pôle à haute latitude (max. 2 cm/an à 90° du pôle) 8 cm/an DERIVE GLOBALE VERS L’OUEST ? : Quelles sont les plaques « rapides »? Quel est leur point commun? 1 PACIFIQUE 2 EURASIE 10 cm/an vers le Nord-Ouest 1 cm/an vers l'Est 3 AFRIQUE 4 ANTARCTIQUE 2 cm/an vers le Nord Tourne sur elle-même 5 6 7 8 7 cm/an vers le Nord 1 cm/an vers l'Ouest 1 cm/an vers le Nord 7 cm/an vers l'Est INDE-AUSTRALIE AMERIQUE DU NORD AMERIQUE DU SUD NAZCA 9 PHILIPPINE 10 ARABIE 11 COCO 8 cm/an vers l'Ouest 3 cm/an vers le Nord-Est 5 cm/an vers le Nord-Est 12 CARAIBE 1 cm/an vers le Nord-Est 12 LECTURES D’ARTICLES POUR MARDI 16 DECEMBRE Thème: rôle des slabs dans la transmission des forces aux limites de plaques Principe: 1. TOUT LE MONDE LIT DANS LES 3 ARTICLES: 1. LE RESUME 2. LA CONCLUSION 3. LES FIGURES ET LEGENDES 2. CHAQUE GROUPE DE 3 ETUDIANTS LIT L’ARTICLE EN PRENANT DES NOTES 3. CHAQUE GROUPE PRESENTE ORALEMENT LES PRINCIPAUX RESULTATS AUX AUTRES (temps de parole équivalents) et CRITIQUE LES CONCLUSIONS DES AUTEURS (qu’est-ce qui est convaincant et clairement établi, qu’est-ce qui paraît plus douteux) 4. S’EN SUIT UNE DISCUSSION ET ECHANGES D’AVIS LECTURES D’ARTICLES POUR MARDI 16 DECEMBRE 1. LALLEMAND et al., 2005: On the relationships between slab dip, back-arc stress, upper plate absolute motion, and crustal nature in subduction zones Marine et Ruth 2. NISHIKAWA et IDE, 2014: Earthquake size distribution in subduction zones linked to slab buoyancy Nicolas et Aubéry + Abdel 1. BRUN et FACCENNA, 2008: Exhumation of high-pressure rocks driven by slab rollback Damien et Marie + Geoffrey 13