fre_Obad Book Cover 7/18/06 8:24 PM Page 3 Alvin Ailey, danseur et chorégraphe • Edwin « Buzz » Aldrin, astronaute • Louie Anderson, comédien, acteur • Ann-Margret, actrice • Diane Arbus, photographe • Lionel Aldridge, footballeur • Alexandre le Grand, roi • Hans Christian Anderson, auteur • Tai Babilonia, patineuse artistique • Oksana Baiul, patineuse artistique • Honoré de Balzac, écrivain • Samuel Barber, compositeur • Roseanne Barr, actrice • Drew Barrymore, actrice • James M. Barrie, écrivain • Rona Barrett, chroniqueuse • Charles Baudelaire, poète • Shelley Beattie, athlète et artiste • Ned Beatty, acteur • Samuel Becket, écrivain • Ludwig von Beethoven, compositeur • Menachem Begin, premier ministre d’Israël • Brendan Behan, poète • Irving Berlin, compositeur • Hector Berlioz, compositeur • John Berryman, poète • William Blake, poète • Charles Bluhdorn, cadre dirigeant, Gulf Western • Napoléon Bonaparte, empereur • Kjell Magne Bondevik, premier ministre de la Norvège • Robert Boorstin, écrivain, adjoint spécial du Président Clinton, Département d’État • Clara Bow, actrice • Tommy Boyce, musicien, compositeur • Cheyenne Brando, actrice • Marlon Brando, acteur • Richard Brautigan, écrivain • Van Wyck Brooks, écrivain • John Brown, abolitionniste • Ruth Brown, chanteuse • Anton Bruckner, compositeur • Art Buchwald, humoriste et éditorialiste • John Bunyan, écrivain • Robert Burns, poète • Robert Burton, écrivain • Tim Burton, artiste, réalisateur • Willie Burton, joueur de basketball • Barbara Bush, ancienne première dame • Lord Byron, poète • Helen Caldicott, activiste, écrivaine • Donald Cammell, réalisateur, scénariste • Robert Campeau, homme d’affaires • Albert Camus, écrivain • Truman Capote, écrivain • Drew Carey, acteur et comédien • Jim Carrey, acteur et comédien • Dick Cavett, communicateur • C.E. Chaffin, écrivain, poète • Ray Charles, musicien de R&B • Thomas Chatterton, poète • Paddy Chayefsky, écrivain, réalisateur • Lawton Chiles, ancien gouverneur de la Floride • Frédéric Chopin, compositeur • Winston Churchill, premier ministre de la Grande-Bretagne • Sandra Cisneros, écrivaine • Eric Clapton, musicien de blues-rock • Dick Clark, artiste de spectacle (American Bandstand) • John Cleese, acteur • Rosemary Clooney, chanteuse de jazz • Kurt Cobain, rock star • Tyrus Cobb, athlète • Leonard Cohen, poète et chanteur • Natalie Cole, chanteuse • Garnet Coleman, législateur texan • Samuel Coleridge, poète • Judy Collins, musicienne, écrivaine • Shawn Colvin, musicienne • Jeff Conaway, acteur • Joseph Conrad, auteur • Pat Conroy, écrivain • Calvin Coolidge, président des États-Unis • Francis Ford Coppola, réalisateur • Billy Corgan, musicien • Patricia Cornwell, écrivaine • Noel Coward, compositeur • William Cowper, poète • Hart Crane, écrivain • Oliver Cromwell, dictateur • Kathy Cronkite, écrivaine • Dennis Crosby, acteur • Sheryl Crow, chanteuse et musicienne rock • Richard Dadd, artiste • John Daly, golfeur professionnel • Rodney Dangerfield, comédien • Charles Darwin, explorateur et scientifique • David, roi d’Israël • Ray Davies, musicien • Thomas De Quincey, poète • Lenny Dee, musicien • Sandra Dee, actrice • Ellen DeGeneres, comédienne, actrice • John Denver, chanteur et acteur • Muffin Spencer Devlin, golfeur professionnel • Diana, princesse de Galles • Paolo DiCanio, joueur de soccer • Charles Dickens, écrivain • Emily Dickenson, poète • Isak Dinesen, auteur • Scott Donie, champion olympique (plongeon) • Terence Donovan, photographe • Michael Dorris, écrivain • Théodore Dostoïevski, écrivain • Eric Douglas, acteur • Tony Dow, acteur, producteur, réalisateur • Richard Dreyfuss, acteur • Joan Rivers, humoriste • Lynn Rivers, députée au Congrès des États-Unis • Alys Robi, chanteuse • Norman Rockwell, artiste • Theodore Roethke, poète • George Romney, artiste • Theodore Roosevelt, président des États-Unis • Axl Rose, rock star • Roseanne, actrice, écrivaine, comédienne • Amelia Rosselli, poètesse • Dante Rossetti, poète et peintre • Gioacchino Rossini, compositeur • Martin Rossiter, musicien • Philip Roth, écrivain • Mark Rothko, artiste • Gabrielle Roy, auteure • John Ruskin, écrivain • Winona Ryder, actrice • Yves Saint-Laurent, créateur de mode • May Sarton, poètesse, romancière • Francesco Scavullo, artiste, photographe • Lori Schiller, écrivaine, éducatrice • Charles Schulz, dessinateur (Peanuts) • Robert Schumann, compositeur • Delmore Schwartz, poète • Ronnie Scott, musicien • Alexandre Scriabine, compositeur • Jean Seberg, actrice • Monica Seles, joueuse de tennis professionnelle • Anne Sexton, poètesse • Linda Sexton, écrivaine • Mary Shelley, auteure • Percy Bysshe Shelley, poète • William Tecumseh Sherman, général • Frances Sherwood, écrivaine • Dimitri Chostakovitch, musicien • Scott Simmie, écrivain, journaliste • Paul Simon, compositeur, musicien • Lauren Slater, écrivaine • Christopher Smart, poète • José Solano, acteur • Phil Specter, promoteur et producteur • Alonzo Spellman, footballeur • Muffin Spencer-Devlin, golfeur professionnel • Vivian Stanshall, musicienne, écrivaine, artiste • Rod Steiger, acteur • George Stephanopoulos, conseiller politique • Robert Louis Stevenson, écrivain • Sting, chanteur et musicien • Teresa Stratas, soprano • Darryl Strawberry, base-balleur • William Styron, écrivain • Emmanuel Swedenbourg, chef religieux • James Taylor, chanteur et musicien • Kate Taylor, musicienne • Lili Taylor, actrice • Livingston Taylor, musicien • P.I. Tchaïkovski, compositeur • Lord Alfred Tennyson, poète • Tracy Thompson, écrivaine, journaliste • Dylan Thomas, poète • Edward Thomas, poète • Léon Tolstoï, écrivain • Henri de Toulouse-Lautrec, artiste • Spencer Tracy, acteur • Ted Turner, fondateur du réseau CNN • Mark Twain, auteur • Hunter Tylo, actrice • Mike Tyson, boxeur professionnel • Jean-Claude Van Damme, acteur • Vincent Van Gogh, artiste • Vivian Vance, actrice • Victoria, reine d’Angleterre • Mark Vonnegut, médecin, écrivain • Kurt Vonnegut, écrivain • Sol Wachtler, juge • Tom Waits, musicien • Mike Wallace, communicateur • Michael Warren, président, Poste Canada • George Washington, président des États-Unis • Damon Wayans, comédien, acteur, écrivain, réalisateur, producteur • Walt Whitman, poète • Dar Williams, musicien • Robin Williams, acteur • Tennessee Williams, dramaturge • Brian Wilson, rock star (membre des Beach Boys) • William Carlos Williams, médecin, écrivain • Bill Wilson, cofondateur des Alcooliques anonymes • Jonathan Winters, comédien • Hugo Wolf, compositeur • Thomas Wolfe, écrivain • Mary Wollstoncraft, écrivaine • Ed Wood, réalisateur • Natalie Wood, actrice • Virginia Woolf, écrivaine • Luther Wright, joueur de basketball • Elizabeth Wurtzel, écrivaine • Tammy Wynette, chanteuse • Bert Yancey, golfeur professionnel • Boris Yeltsine, président de la Russie • Faron Young, musicien • Robert Young, acteur • William Zeckendorf, industriel • Émile Zola, écrivain • Stefan Zweig, poète Sources : Mood Disorders Association of Manitoba, What Do All These Famous People Have in Common? (affiche), août 1999. Celebrity Meltdown, Psychology Today, décembre 1999, p. 46-49,70,78. Ikelman, Joy. Famous (Living) People Who Have Experienced Depression or Manic Depression, http://www.frii.com/~parrot/living.html Ikelman, Joy. People of the 20th Century Who Had Depression or Manic Depression, http://www.frii.com/~parrot/dead.htm fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 1 « Aider les personnes atteintes de troubles de l’humeur à mieux vivre. » fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 2 OBAD est un organisme enregistré à but non lucratif au service des consommateurs, qui encourage les personnes atteintes de troubles de l’humeur à se prendre en charge, en leur fournissant de l’information et en parrainant des groupes de soutien. Cet organisme parraine également des séminaires ainsi que des conférences sur les troubles affectifs toute l’année. Pour communiquer avec OBAD : Tél. : 1 403 263-7408 Téléc. : 1 403 266-2478 Courriel : [email protected] Site web : www.obad.ca 1019, 7e Avenue SW Calgary (Alberta) Canada T2P 1A8 Directeur de la rédaction Enn Purdmaa Directeur-rédacteur en chef Kaj Korvela, OBAD Directeur artistique Brian Hannigan, Prowess Communications Conceptrice-graphiste Claudine Hannigan, Prowess Communications fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 3 TABLE DES MATIÈRES QU’EST-CE QUE LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE? 4 HISTORIQUE DU TROUBLE BIPOLAIRE 6 CAUSES DU TROUBLE BIPOLAIRE 6 LE SPECTRE DES TROUBLES AFFECTIFS 8 FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX 11 LA MANIE 11 LA DÉPRESSION 12 LA CLASSIFICATION DES TROUBLES BIPOLAIRES 15 TROUBLE AFFECTIF UNIPOLAIRE, OU TROUBLE DÉPRESSIF MAJEUR 17 TROUBLE AFFECTIF SAISONNIER 18 TROUBLES ANXIEUX ET TROUBLE PANIQUE 19 COMMENT TRAITE-T-ON LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE? 21 LES TYPES DE TRAITEMENT 23 TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX : RÉGULATEURS DE L’HUMEUR 28 - Antidépresseurs 31 - Antipsychotiques 32 - Anxiolytiques 35 LA RÉSISTANCE AU TRAITEMENT 37 QUAND LE TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX ÉCHOUE 37 L’ÉLECTROCONVULSIVOTHÉRAPIE (ECT) 39 UNE DÉMARCHE SANTÉ 43 STRATÉGIES DE PRISE EN CHARGE 46 QUESTIONS LIÉES AU TRAVAIL 49 CONSEILS DESTINÉS À LA FAMILLE 50 QUE FAIRE EN CAS DE CRISE 52 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 4 Qu’est-ce que le trouble affectif bipolaire? Le trouble affectif bipolaire est caractérisé par la fluctuation anormale de l’humeur, qui oscille entre des périodes d’excitation marquée (manie) et de mélancolie profonde (dépression), entrecoupées de périodes de stabilité. Le trouble affectif bipolaire touche tant les hommes que les femmes. L’âge moyen des personnes au début de la maladie serait de 28 ans; toutefois, ce trouble peut également toucher des enfants, des adolescents et des personnes âgées. On estime qu’environ 3 % de la population serait atteinte de cette maladie chronique. Le terme b i p o l a i r e renvoie à la manie et à la dépression, qui sont les deux extrêmes (pôles) entre lesquels l’humeur oscille. Le terme a f f e c t i f renvoie à l’humeur et aux émotions. L’oscillation spectaculaire de l’humeur est parfois appelée épisode thymique ou saute d’humeur. La fréquence, l’intensité et la durée des épisodes thymiques varient d’une personne à une autre. En l’absence de traitement ou de soins appropriés, la fréquence des oscillations et la gravité de cette maladie chronique peuvent augmenter. Il n’est pas rare que les personnes atteintes de trouble bipolaire passent de nombreuses années à consulter des médecins, et que 3 ou 4 diagnostics différents soient posés avant qu’on arrive au bon diagnostic. L’établissement rapide du diagnostic au début de la maladie est important, car il peut permettre d’atténuer les effets de ce trouble sur la personne atteinte. Le risque de consommation abusive d’alcool et d’autres drogues se situe entre 75 et 80 % environ chez les personnes atteintes de trouble bipolaire. Les problèmes conjugaux, le chômage chronique et le suicide sont également fréquents. On pense que plus il se produit d’épisodes thymiques avant l’établissement du bon diagnostic, plus le trouble bipolaire est difficile à traiter. On dit des personnes qui ne répondent pas au traitement qu’elles sont réfractaires au traitement. 4 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 5 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 6 Historique du trouble bipolaire Parfois appelé psychose maniaco-dépressive, le trouble affectif bipolaire existe d’aussi loin qu’on s’en souvienne. Au deuxième siècle avant notre ère, Arétée de Cappadoce fut le premier à utiliser le mot m a n i e pour décrire les patients « qui rient, qui chantent, dansent nuit et jour, qui se montrent en public et marchent la tête couronnée de fleurs, comme s’ils revenaient vainqueurs de quelques jeux ». Il avait remarqué que, par la suite, ces gens changeaient d’humeur pour devenir « languissants, tristes, taciturnes ». Cependant, c’est Théophile Bonet qui fit le lien entre les deux humeurs extrêmes en 1686 et forgea l’expression latine manico-melancolicus. Durant les années 1830, Falret et Baillarger ont cerné et nommé les symptômes qui figurent maintenant dans bien des ouvrages et des périodiques modernes. Ces auteurs croyaient également que l’hérédité jouait un rôle dans ce qu’ils appelaient la folie circulaire. Ils ont encouragé les médecins à faire l’essai de médicaments dans l’espoir de trouver une cure contre ce mal. En 1904, le médecin allemand Emil Kraepelin élaborait un système de classification de la manie et de la dépression fondé sur les symptômes. Il a ainsi défini plus de 100 sous-types de trouble bipolaire. Emil Kraepelin Causes du trouble bipolaire Il existe plusieurs manières d’expliquer l’influence de l’équilibre chimique du cerveau sur l’humeur. Essentiellement, le cerveau a besoin de certaines substances chimiques en quantité précise pour fonctionner normalement. Le trouble bipolaire serait la manifestation d’un déséquilibre chimique dans le cerveau. Le cerveau se compose de nombreuses cellules, les neurones, qui communiquent entre elles et avec les autres cellules du corps. LES NEURONES Chaque neurone est constitué de 3 parties : le corps cellulaire, l’axone et les dendrites. Pour communiquer avec les cellules voisines, le neurone envoie des influx électriques qui déclenchent la libération de diverses substances chimiques. Ces substances chimiques (des neurotransmetteurs tels que la noradrénaline, la dopamine et la sérotonine, entre autres) sont 6 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT D fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 7 libérées par le neurone dans l’espace, ou fente synaptique, qui le sépare du neurone suivant. En réaction à la présence des neurotransmetteurs dans la fente synaptique, ce neurone est excité ou inhibé. Après que le neurone récepteur a réagi, les neurotransmetteurs qui restent dans la fente synaptique sont dégradés par une enzyme, la monoamine oxydase, ou absorbés par le neurone qui les avait libérés. L’altération du fonctionnement des neurones peut influer sur le comportement et l’état mental. Par exemple, la dépression peut s’installer quand les taux de certains neurotransmetteurs, en particulier la sérotonine et la noradrénaline, diminuent. Par ailleurs, la psychose, la schizophrénie et d’autres maladies mentales peuvent survenir si l’activité de certains neurotransmetteurs (surtout la dopamine) devient plus intense dans la fente synaptique. Le trouble bipolaire peut être causé par la fluctuation de divers neurotransmetteurs dans la fente synaptique et le neurone. L’HÉRÉDITÉ LE CHROMOSOME 22 : DÉCRYPTER LE CODE GÉNÉTIQUE On a remarqué que les troubles affectifs bipolaires et unipolaires tendaient à être plus fréquents dans certaines familles. Grâce à l’étude de jumeaux, d’enfants adoptés et de familles entières, on a constaté qu’un facteur génétique jouait très probablement un rôle dans ces maladies. Cette observation s’appliquerait tout particulièrement au trouble bipolaire, qui semble plus fréquent chez les enfants de parents eux-mêmes atteints. Si d’autres membres de votre famille sont atteints de trouble bipolaire, souffrent d’alcoolisme, de toxicomanie ou encore de dépression du post-partum, parlez-en à votre médecin. Dans la mesure du possible, mentionnez les médicaments que ces personnes ont pris et les effets indésirables qu’elles ont pu éprouver. Ces renseignements seront extrêmement utiles à votre médecin et, au bout du compte, à vous aussi. De récentes percées dans la compréhension du génome humain permettent de penser qu’une région du chromosome 22 serait responsable de la dépression, du trouble bipolaire, du trouble schizoaffectif et de la schizophrénie. Grâce à cette découverte remarquable, il se pourrait qu’on arrive à mieux comprendre le trouble bipolaire et à le combattre. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 7 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:50 AM Page 8 Le spectre des troubles affectifs Le trouble affectif bipolaire est caractérisé par la fluctuation anormale de l’humeur, qui oscille entre des périodes d’excitation marquée (manie) et de mélancolie profonde (dépression), entrecoupées de périodes de stabilité. Les chercheurs J. Hudson et H. Pope ont été les premiers à proposer la notion de spectre des troubles affectifs. Selon leur théorie, les personnes atteintes d’un trouble affectif (bipolaire, unipolaire ou schizoaffectif) tendent à avoir plusieurs des symptômes chroniques d’autres maladies. Les chercheurs ont également constaté qu’il semblait exister un lien entre les troubles affectifs et l’alcoolisme ou la toxicomanie. On pense également qu’il existe un lien entre les troubles suivants : troubles affectifs (bipolaire, unipolaire et schizoaffectif); trouble déficitaire de l’attention (TDA et TDAH, LIEN SOLIDE); troubles alimentaires; migraines; trouble obsessionnel-compulsif (LIEN SOLIDE); trouble panique (LIEN SOLIDE); et jeu pathologique. Le trouble bipolaire peut être difficile à traiter en présence d’un autre trouble comme l’abus d’alcool ou d’autres drogues, ou d’un trouble anxieux. On recourt souvent aux antidépresseurs pour traiter les troubles anxieux. Cependant, la prescription d’antidépresseurs peut être contre-indiquée chez la personne atteinte à la fois d’un trouble anxieux et d’un trouble bipolaire caractérisé surtout par des symptômes maniaques. La section suivante intitulée Double diagnostic traite des patients atteints de trouble bipolaire, qui sont également alcooliques ou toxicomanes. 8 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 9 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 10 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM LE STRESS EST-IL UNE CAUSE DU TROUBLE BIPOLAIRE? Page 11 FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX Soyez très attentif à ce qui vous arrive, car une augmentation du stress pourrait entraîner un épisode thymique. Les résultats d’études confirment en effet que le stress peut déclencher un épisode de manie ou de dépression. Le déséquilibre biochimique rend plus vulnérable aux facteurs de stress émotionnel et physique comme le manque de sommeil, une stimulation excessive, les difficultés conjugales ou les expériences de vie traumatisantes. Durant les périodes de stress, le cerveau n’arrive pas à conserver son équilibre chimique, et cette situation peut déclencher l’installation ou la réapparition d’un épisode thymique. Malgré tout, le stress en soi n’est pas la cause du trouble bipolaire. La manie La manie peut être extrêmement destructrice et nuire considérablement au fonctionnement en société et au travail. En effet, les personnes modérément dépressives ont plus tendance à demander de l’aide que les personnes qui vivent un épisode de manie. Le principal symptôme de la manie est l’euphorie, qui est un état d’exaltation et d’exubérance souvent accompagné d’irritabilité. Il est normal de se sentir enjoué, d’être de bonne humeur et d’avoir de l’entrain, mais, chez le sujet maniaque, on observe des anomalies allant de l’atteinte du jugement et de la maîtrise de soi (désinhibition) à l’incohérence des pensées et du comportement (psychose). Les symptômes peuvent influer sur les émotions, les pensées et le comportement. Non traitée, la manie modérée ou plus intense peut être extrêmement destructrice et nuire considérablement au fonctionnement en société et au travail. La personne en proie à la manie n’aura pas tendance à demander de l’aide et risque même de nier son état. Une telle situation peut mener à l’hospitalisation contre son gré. Parmi les symptômes caractéristiques de la manie figurent l’état d’euphorie persistante (high), l’irritabilité ou l’excitabilité, la modification de l’appétit, une diminution du besoin de dormir, l’hyperactivité, l’hypersexualité, la pression du discours ou les LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT- 11 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 12 associations d’idées par consonance, l’accélération de la pensée, la perte de la maîtrise de soi et du jugement, l’incapacité de mener une tâche à bien, les dépenses extravagantes, l’inflation de l’estime de soi (mégalomanie), l’impulsivité, le rire à des moments inopportuns, les pensées créatives ou bizarres, la participation à des activités risquées ainsi que les pensées ou les expériences religieuses délirantes. La dépression La tristesse et l’abattement peuvent toucher n’importe qui. Cependant, quand le sentiment de tristesse, de désespoir ou de frustration est intense, envahissant et persistant, et qu’il nuit considérablement aux activités sociales et professionnelles, on fait alors face à la principale manifestation de la dépression. Non traitée, la dépression modérée ou profonde peut entraîner des tentatives de suicide, ou des pensées et un comportement psychotiques. Parmi les symptômes caractéristiques de la dépression figurent la perte d’appétit et de poids ou, au contraire, une augmentation marquée de l’appétit et un gain de poids, de même que les troubles du sommeil, le manque d’énergie, la fatigue excessive, la lenteur du discours et des mouvements, la modification du degré d’activité, la disparition de l’intérêt ou du plaisir pour les activités habituelles, la baisse de la libido, la diminution de la capacité de penser ou de se concentrer, l’indécision, le retrait ou l’isolement social, l’altération de la mémoire et le manque de concentration, la désorganisation, l’exagération de l’autocritique, le manque d’estime de soi, le sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive qui peut atteindre des proportions extrêmes, les pensées de mort récurrentes, les idées suicidaires, les tentatives de suicide et, enfin, l’intensification ou l’altération des perceptions. 12 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 13 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 14 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 15 La classification des troubles bipolaires TROUBLE BIPOLAIRE I La personne atteinte de trouble bipolaire I a vécu au moins un épisode maniaque et, dans la plupart des cas, un épisode dépressif. Elle peut avoir éprouvé des symptômes psychotiques (idées délirantes, hallucinations) durant l’un ou l’autre des épisodes. TROUBLE BIPOLAIRE II Dans les cas les plus graves, la personne atteinte de trouble bipolaire II traverse un épisode d’hypomanie (manie modérée), mais n’a pas eu de symptômes psychotiques (idées délirantes, hallucinations) durant un épisode maniaque ou dépressif. À CYCLES RAPIDES Les Drs Ronald Fieve et David Dunner ont été les premiers à parler de cycles rapides pour décrire la survenue d’au moins 4 épisodes, maniaques, hypomaniaques, mixtes ou dépressifs, au cours d’une même année. Le trouble bipolaire évoluera par cycles rapides chez 5 à 15 % environ des personnes atteintes. On croit que l’usage de certains antidépresseurs peut contribuer à cette situation. Cette forme de trouble bipolaire répond généralement mieux à l’emploi d’anticonvulsivants qu’à celui du lithium. L’électroconvulsivothérapie (ECT) peut constituer une autre option de traitement en cas de trouble bipolaire à cycles rapides. ÉPISODE MIXTE Dans un faible pourcentage des cas, le patient semble figé dans un état de transition oscillant entre la manie et la dépression, de sorte qu’il a simultanément des symptômes dépressifs et maniaques. On parle alors d’épisode mixte. Il importe de poser le bon diagnostic pour administrer le bon traitement. Malgré sa rareté, l’épisode mixte est une des situations qu’on observe le plus fréquemment en milieu hospitalier. TROUBLE CYCLOTHYMIQUE Le trouble cyclothymique est une forme plus légère de trouble bipolaire. Il se caractérise par la succession d’épisodes de LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 15 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 16 dépression et d’hypomanie plus courts, plus irréguliers et moins intenses, qui durent habituellement quelques jours plutôt que quelques semaines. Les fluctuations de l’humeur peuvent être très rapides, à tel point que la personne peut sentir son humeur varier distinctement d’une journée à une autre. DOUBLE DIAGNOSTIC On parle de double diagnostic quand le patient est atteint d’une maladie mentale grave et qu’il a une dépendance à l’alcool ou à d’autres drogues. Cette situation se divise en 2 types : toxicomanie grave jumelée à un trouble mental grave; et usage d’alcool ou d’autres drogues nuisant au traitement d’une maladie mentale. D’après des sondages, le tiers des patients chez qui on a diagnostiqué une maladie mentale abusera éventuellement de l’alcool ou en sera dépendant, tandis qu’on diagnostiquera éventuellement une maladie mentale chez le tiers des patients qui abusent déjà de l’alcool et chez la moitié de ceux qui abusent d’autres drogues que l’alcool. Chez la personne qui vit des épisodes maniaques, le risque à vie de devenir alcoolique est plus grand que dans la population générale. La dépression majeure fait elle aussi augmenter le risque d’alcoolisme. Par ailleurs, la guérison peut être plus difficile en présence d’un double diagnostic que chez le sujet qui n’abuse pas de l’alcool ou d’autres drogues. À l’heure actuelle, il n’existe que quelques programmes de réadaptation intégrés à l’intention des personnes chez qui on a posé un double diagnostic, mais les travaux de recherche se poursuivent. Un mode de vie raisonnable contribuera certainement à l’équilibre mental. 16 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 17 Trouble affectif unipolaire, ou trouble dépressif majeur Le trouble affectif unipolaire désigne la fluctuation anormale de l’humeur, qui oscille entre des périodes de dépression et des périodes de stabilité. La personne atteinte ne connaît pas d’épisode maniaque. Bien que ce trouble apparaisse habituellement chez l’adulte, il n’épargne pas les adolescents et les personnes âgées, mais est plus difficile à reconnaître et à diagnostiquer chez ces personnes. Les symptômes du trouble unipolaire sont les mêmes que ceux de l’épisode dépressif en cas de trouble bipolaire, mais se divisent en sous-types selon qu’il s’agit de caractéristiques mélancoliques ou psychotiques, ou de trouble dysthymique. CARACTÉRISTIQUES MÉLANCOLIQUES La dépression est très profonde, caractérisée par plusieurs symptômes graves comme les troubles du sommeil et de l’appétit, la perte de poids et le retrait social. CARACTÉRISTIQUES PSYCHOTIQUES Ici encore, la dépression est très profonde et comporte les mêmes symptômes que l’épisode dépressif avec caractéristiques mélancoliques, de même que des symptômes psychotiques comme les hallucinations et les idées délirantes. TROUBLE DYSTHYMIQUE Il s’agit de dépression légère chronique, qui dure depuis au moins 2 ans. Cet état peut être invalidant, s’étendre sur plusieurs décennies et avoir un effet fâcheux sur la personnalité. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 17 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 18 Trouble affectif saisonnier Ce trouble se distingue de tous les autres troubles affectifs par le caractère saisonnier de ses manifestations. Ses symptômes apparaissent toujours au même moment de l’année, mais pas nécessairement tous les ans. Bien qu’il survienne parfois durant l’été, dans la majorité des cas, le trouble affectif saisonnier frappe durant les longs mois d’hiver, quand les nuits sont plus longues que les journées. On parle alors de trouble affectif hivernal. Souvent, les symptômes commencent en septembre, au moment de l’équinoxe d’automne, pour s’accentuer en octobre. Ils peuvent être subtils ou très intenses et bien évidents. Ces symptômes peuvent comprendre un sentiment de désespoir profond et de fatigue insurmontable s’étirant sur des mois, un gain de poids et d’irrésistibles envies de sucre. Le traitement de ce trouble singulier peut comprendre la prise d’antidépresseurs ou la photothérapie. De nouvelles applications révolutionnaires de la photothérapie peuvent aider à atténuer les symptômes du trouble affectif saisonnier. Les omnipraticiens peuvent maintenant prescrire cette forme de traitement. Mise en garde : Comme le traitement antidépresseur, la photothérapie peut entraîner la succession rapide d’épisodes maniaques et dépressifs ou un état de manie chez certains sujets atteints de trouble bipolaire. fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 19 Troubles anxieux et trouble panique Bien des gens atteints de troubles de l’humeur souffrent également d’anxiété. Même si les troubles anxieux laissent leurs victimes dans un état pratiquement incapacitant, ils font partie des troubles mentaux les plus répandus et les plus faciles à traiter. Vous n’êtes pas atteint de trouble anxieux si la perspective d’un événement stressant comme le fait de parler en public vous angoisse brièvement. Cette réaction est appelée anxiété réactionnelle. - Tremblements - Étourdissements SOMATIQUES - Douleurs musculaires - Fatigue (PHYSIQUES) - Transpiration abondante - Palpitations cardiaques - Moiteur et froideur des mains - Sécheresse buccale SYMPTÔMES DU TROUBLE PANIQUE TREMBLEMENTS IL EXISTE PLUSIEURS TYPES DE TROUBLES ANXIEUX - Appréhension - Irritabilité - Sensation de perte de contrôle - Nervosité PHOBIES ACCOMPAGNÉES DE CRISES DE PANIQUE La phobie correspond à une réaction de peur ou de panique envahissante face à un objet, une situation ou une activité. Bon nombre de phobies sont bien connues, comme la peur des serpents, des espaces clos (claustrophobie), de prendre l’avion et des hauteurs. D’autres phobies sont moins bien connues, comme l’agoraphobie, qui est la peur de se trouver dans un lieu public (p. ex., centre commercial ou salle de concert) d’où il est difficile de sortir rapidement. L’agoraphobie peut être invalidante et entraîner la réclusion complète de la personne chez elle. TROUBLE PANIQUE Le trouble panique se distingue par une terreur paralysante et intense, sans cause apparente. La peur s’accompagne souvent de symptômes physiques comme les palpitations cardiaques, la transpiration, les bouffées de chaleur ou les sueurs froides, la sensation d’étouffer ou de s’étrangler, et des sentiments d’irréalité. Quand les symptômes sont intenses, le sujet croit souvent qu’il est sur le point de faire une crise cardiaque ou de mourir. De courte durée, les crises de panique durent environ 1 heure. Elles peuvent toutefois être fréquentes. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 19 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 20 SYNDROME DE STRESS POST-TRAUMATIQUE (SSPT) Le SSPT peut toucher quiconque a survécu à un événement extrêmement traumatisant, comme un viol, un conflit armé ou une agression criminelle. Certaines personnes revivent l’événement sous forme de cauchemars, de terreurs nocturnes ou de rappels d’images (flash-back). D’autres perdent le contact avec leurs émotions. QUI SOUFFRE DE TROUBLES ANXIEUX? Les troubles anxieux sont plus fréquents chez les femmes que les hommes. Le trouble obsessionnel-compulsif semble toutefois frapper sans distinction de sexe. Souvent, les symptômes précurseurs apparaissent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Les phobies font exception à cette règle, car elles débutent généralement durant l’enfance pour disparaître avec l’âge. Le traitement des troubles anxieux On peut traiter les troubles anxieux avec succès en associant des médicaments et des démarches comportementales, comme l’exposition au stimulus redouté ou l’intervention cognitive. Suivant le type de trouble, les médicaments prescrits en premier lieu appartiennent habituellement à la famille des benzodiazépines (p. ex., Rivotril® et Ativan®). 20 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 21 Comment traite-t-on le trouble affectif bipolaire? Le traitement efficace du trouble bipolaire repose souvent sur l’association de plusieurs éléments parmi les suivants : PHARMACOTHÉRAPIE Les médicaments sont la clé du traitement du trouble bipolaire. La pharmacothérapie est efficace dans 75 à 80 % des cas environ. Chez les 20 % restants, elle peut entraîner une réduction notable des effets de la maladie. Même si certaines personnes moins lourdement atteintes peuvent refuser de prendre des médicaments durant une longue période (traitement d’entretien), la plupart des victimes de trouble bipolaire ont besoin de médicaments pour stabiliser leur état et préserver leur bien-être. ÉLECTROCONVULSIVOTHÉRAPIE Quand le trouble bipolaire résiste au traitement médicamenteux, l’électroconvulsivothérapie (ECT) peut faire partie d’un plan de traitement efficace. PSYCHOTHÉRAPIE Le trouble bipolaire entraîne souvent une altération considérable de la vie sociale et professionnelle. Parmi les autres problèmes secondaires à cette maladie, mentionnons le chômage, les difficultés juridiques et financières, ainsi que les problèmes conjugaux. La psychothérapie peut aider la personne aux prises avec ces difficultés à surmonter les conséquences de la maladie. CARTOGRAPHIE DES HUMEURS Le trouble bipolaire étant une affection cyclique, les épisodes thymiques peuvent être saisonniers ou suivre un rythme bien à eux. En notant votre humeur pendant une certaine période, vous pourrez cerner les moments critiques durant lesquels ces épisodes peuvent survenir. Vous pourrez ainsi adapter votre plan de traitement en prévision de ces périodes, p. ex., si vous devenez dépressif durant l’hiver, en ajoutant un antidépresseur à votre traitement dès l’automne. Vous pouvez également noter bien d’autres choses à part votre humeur : la prise de vos comprimés, vos heures de sommeil et tout facteur externe pouvant influer sur votre humeur. Plus vous en saurez sur votre état, meilleures seront vos chances de prévenir les épisodes graves ou d’en réduire la fréquence. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 21 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 22 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 23 Les types de traitement THÉRAPIE FAMILIALE ET INDIVIDUELLE INTÉGRÉE La thérapie familiale et individuelle intégrée est une démarche relativement récente dans le traitement du trouble bipolaire. Elle consiste à aider les proches du patient à comprendre que tout écart des habitudes quotidiennes, même minime, rend le patient vulnérable aux sautes d’humeur. Durant la thérapie, on insiste pour que le patient reste fidèle à sa routine quotidienne, et on encourage ses proches à l’aider à préserver son rythme social habituel. Les proches apprennent également à reconnaître les signes annonciateurs d’un épisode imminent, quand et comment intervenir. MODIFICATION DES HABITUDES DE VIE Bien des personnes atteintes de trouble bipolaire constatent qu’elles doivent changer leurs habitudes de vie pour en adopter de plus saines. Parmi les bonnes habitudes à prendre, mentionnons une alimentation équilibrée, la pratique régulière d’une activité physique, le fait de dormir suffisamment et celui d’éviter les drogues et l’alcool. ÉDUCATION L’éducation est essentielle tant pour les personnes atteintes de trouble bipolaire que pour leurs proches. En effet, vous devez être prévoyant et prendre des décisions éclairées au sujet de votre santé mentale. L’éducation aide également toute la famille à traverser plus vite le processus naturel d’acceptation de la maladie. AUTO-ASSISTANCE La participation à un groupe d’entraide formé de personnes également touchées par le trouble bipolaire est souvent nécessaire à l’efficacité du plan de traitement. Communiquez avec OBAD, en composant le 403 263-7408 si vous souhaitez devenir membre de cet organisme ou aider bénévolement d’autres personnes atteintes de trouble bipolaire. Traitement psychologique PSYCHOTHÉRAPIE Le trouble bipolaire entraîne souvent une altération considérable de la vie sociale et professionnelle. Parmi les autres problèmes secondaires à cette maladie, mentionnons le chômage, les difficultés LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 23 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 24 juridiques et financières, ainsi que les problèmes conjugaux. La psychothérapie peut aider la personne aux prises avec ces difficultés à surmonter les conséquences de la maladie. Si la cause des troubles de l’humeur est d’ordre biochimique, les manifestations et les conséquences de la maladie primitive sont souvent de nature psychologique. Plusieurs démarches thérapeutiques permettent généralement de faire face aux problèmes psychologiques secondaires à la maladie. Souvent, le thérapeute qui a une attitude compatissante et positive peut aider le patient dépressif. Cette attitude mise de l’avant par le psychologue Carl Rogers dans son approche centrée sur la personne sous-tend bien des formes de thérapie. La thérapie cognitivocomportementale, la thérapie interpersonnelle, la thérapie par le rythme social et la thérapie familiale sont d’autres démarches possibles. THÉRAPIE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE La thérapie cognitivo-comportementale vise à aider le patient à reconnaître et à modifier les schémas de pensée qui lui sont nuisibles. Ces schémas de pensée l’amènent souvent à avoir des comportements déplacés qui ont des effets fâcheux sur sa vie. Axée sur l’entretien entre le thérapeute et le patient, la thérapie cognitivocomportementale permet d’installer une série d’idées corrigées, plus rationnelles et réalistes, afin d’aider le patient à voir les choses sous un angle plus favorable. Elle contribue également à résoudre les problèmes liés aux troubles de l’humeur. THÉRAPIE INTERPERSONNELLE Pour le sujet aux prises avec un trouble affectif, il n’est pas toujours facile d’établir et de cultiver des relations humaines. Toutefois, on peut y arriver grâce à une démarche comme la thérapie du rythme interpersonnel et social. La thérapie interpersonnelle est axée sur les relations que le patient a avec autrui. De concert avec son thérapeute, le patient essaie de trouver des moyens de cultiver ses relations, en insistant sur l’établissement de rapports personnels intimes et étroits. Le fait de nouer de bonnes relations humaines contribue à normaliser la vie du patient et à réduire le stress dans ses relations interpersonnelles. THÉRAPIE PAR LE RYTHME SOCIAL La thérapie par le rythme social est axée sur les habitudes quotidiennes, notamment le sommeil, les repas et le travail. Se coucher et se lever à heures fixes pour avoir une bonne nuit de sommeil serait, dit-on, une des plus importantes mesures que la 24 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 25 personne atteinte d’un trouble affectif peut prendre pour conserver son équilibre mental. Manger sainement et rester fidèle au traitement médicamenteux font également partie de ces mesures. Les résultats d’études indiquent en effet que les personnes atteintes de trouble bipolaire sont plus sujettes aux épisodes thymiques quand leur horaire quotidien est chambardé. Les chercheurs sont également arrivés à la conclusion que le traitement médicamenteux jumelé à la thérapie interpersonnelle et par le rythme social aide à éviter l’apparition d’autres symptômes de manie ou de dépression. THÉRAPIE FAMILIALE La thérapie familiale fait partie intégrante des efforts de la famille pour aider un être cher atteint d’un trouble de l’humeur. Souvent, la maladie touche tous les membres et tous les aspects de la famille, de ses habitudes quotidiennes jusqu’à ses croyances profondes au sujet de la maladie mentale. Le thérapeute peut renseigner les membres de la famille sur le trouble bipolaire et la dépression. Il joue souvent un rôle de médiateur en facilitant la communication entre les membres de la famille et en leur fournissant des outils pour résoudre les problèmes propres à leur situation. En fin de compte, la thérapie devrait atténuer le stress que vivent les proches du patient et rétablir une impression de normalité grâce au soutien et à l’éducation. Les travaux de recherche ont permis de constater qu’on peut éviter les épisodes thymiques et/ou l’apparition de symptômes en conjuguant le bon traitement médicamenteux et la psychothérapie. Le fait de suivre une psychothérapie n’est pas synonyme de faiblesse, mais constitue plutôt une démonstration de courage, le signe que la personne atteinte d’un trouble affectif grave agit et se prend en main. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 25 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 26 Qu’est-ce qui ne cloche pas sur cette photo? Après la Seconde Guerre mondiale, les artistes de l’avant-garde new-yorkaise prenaient Paris d’assaut et étendaient leur influence sur le reste de l’Europe.En 1951, les peintres du mouvement expressionniste abstrait étaient réunis sur une photographie publiée dans le magazine Life. Rien d’étonnant à ce que 8 des 15 membres de ce mouvement aient été maniaco-dépressifs. En effet, on trouve souvent des personnes bipolaires à l’avant-garde du changement dans de nombreuses disciplines. « Bénis soient les craqués, car ils laissent la lumière les traverser. » 1. Richard Pousette-Dart 2. Willem De Kooning 3. Adolphe Gottlieb 4. Ad Reinhardt 5. Hedda Sterne 6. Willem Baziotes 7. Jackson Pollock 8. Clyfford Still 9. Robert Motherwell 10. Bradley Walker Tomlin 11. Theodore Stamos 12. Jimmy Ernst 13. Barnett Newman 14. James Brookes 15. Mark Rothko 5 2 1 3 4 6 7 8 11 12 13 9 14 15 10 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 27 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 28 Traitement médicamenteux RÉGULATEURS DE L’HUMEUR Les régulateurs de l’humeur tels que le lithium et certains anticonvulsivants (médicaments contre l’épilepsie), comme Tegretol®, Epival®, Neurontin® et LamictalMC, peuvent servir à traiter le trouble bipolaire, à cause de leur action sur les éléments du neurone, qui stabilise la transmission des influx nerveux et la libération des neurotransmetteurs. Ces agents abaissent l’excitabilité des neurones en réduisant la transmission des influx, ramenant ainsi les mouvements corporels à un état plus organisé et calme, propice à la détente ou au sommeil. Ils réduisent la propagation de l’activité neuronale et réorganisent la production des influx, la libération des neurotransmetteurs ou la réaction à ces substances, de même que la réponse du neurone post-synaptique (qui reçoit l’influx), de sorte que le système répond aux messages de manière appropriée. LITHIUM 28 Le lithium a été le premier stabilisateur de l’humeur à apparaître sur le marché. Il s’agit d’un sel présent dans la nature découvert en 1817 par un étudiant suédois en chimie. On trouve ce sel dans les roches minérales, la saumure naturelle et les eaux minéralisées ainsi que dans certains tissus végétaux, animaux et humains. Au cours des XIXe et XXe siècles, le lithium présent dans les eaux minérales des stations thermales européennes et américaines s’est révélé favoriser la santé physique et mentale. Vers la fin des années 1940, le chlorure de lithium était un substitut du sel de table populaire chez les personnes qui devaient suivre un régime pauvre en sel. En 1949, le psychiatre australien John E. Cade a été le premier à constater les effets stabilisants du lithium sur l’humeur. Poursuivant les travaux de Cade en 1957, Mogens Shou vantait les vertus du lithium en tant que régulateur de l’humeur, de sorte que cet agent devint un médicament accepté et considéré comme sûr dans le traitement du trouble bipolaire. On ne sait pas très bien comment agit le lithium. D’après les rapports d’études, entre 70 et 80 % des personnes atteintes de manie répondent à cet agent, après une période relativement courte (de 10 à 21 jours). Il faut souvent ajouter un antipsychotique ou un autre médicament d’appoint pour juguler la manie développée. Malgré son utilité, le lithium peut être toxique et nocif. En mesurant régulièrement ses concentrations dans le sang et en surveillant étroitement le traitement, on peut réduire de beaucoup le risque de toxicité. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 29 SIGNES AVANT-COUREURS DE TOXICITÉ : - tremblements plus intenses - vomissements - faiblesse - trouble de l’élocution - vision trouble - manque de coordination - acouphène - diarrhée tenace (bourdonnem ents d’oreilles) (dans ce cas, cessez de prendre le lithium et consultez i m m é d i a t e m e n t un médecin) EFFETS INDÉSIRABLES SOUVENT LIÉS À L’EMPLOI DU LITHIUM : - somnolence - dérangements d’estomac - fatigue - maux de tête - soif - troubles du sommeil Ces effets devraient disparaître d’eux-mêmes à mesure que votre corps s’habitue au médicament. S’ils persistent ou deviennent incommodants, dites-le à votre médecin. DITES-LE À VOTRE MÉDECIN SI VOUS AVEZ : - la diarrhée; - des vomissements excessifs; - une fièvre tenace; - une démarche instable. ANTICONVULSIVANTS Les anticonvulsivants (Tegretol, Epival, Lamictal et Neurontin) forment une autre gamme de médicaments qui se sont révélés utiles dans le traitement des troubles de l’humeur. Ces agents ont d’abord servi à traiter l’épilepsie. Ils sont efficaces en cas de trouble bipolaire réfractaire (difficile à traiter), à cycles rapides ou en cas d’épisode mixte. On peut les prendre avec du lithium pour renforcer l’effet du traitement. Le principal effet des anticonvulsivants est l’atténuation des symptômes de manie, mais ces médicaments ont également un effet favorable sur la dépression. Si on cesse de prendre des anticonvulsivants, il faut le faire graduellement et avec prudence durant une période de plusieurs semaines. En effet, l’abandon subit de ce type de médicament peut déclencher des convulsions. Il faut effectuer des tests sanguins régulièrement afin de vérifier que les concentrations d’anticonvulsivant ne sont ni trop basses, ni trop élevées et de déceler toute toxicité. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 29 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM TEGRETOL EPIVAL Page 30 M ME S’ILS SONT TRÈS RARES, LES EFFETS INDÉSIRABLES LIÉS À L’EMPLOI DE TEGRETOL (CARBAMAZÉPINE) PEUVENT TRE GRAVES : - hépatite - vomissements - complications cardiovasculaires - vision trouble - troubles sanguins - trouble de l’élocution - nécrose massive des cellules du foie, entraînant la perte de tout le tissu hépatique QUELQUES EFFETS INDÉSIRABLES COURANTS : - étourdissements - dérangements d’estomac - somnolence - maux de tête - perte de la coordination motrice - perte de la coordination - nausées - troubles du sommeil QUELQUES EFFETS INDÉSIRABLES SOUVENT LIÉS À L’EMPLOI D’EPIVA : - somnolence - gain ou perte de poids - étourdissements ou altérations visuelles Epival peut, dans de rares cas, nuire à la coagulation du sang. Il faut donc surveiller l’apparition de bleus et de saignements inhabituels, pour les signaler rapidement au médecin. (Même si c’est très rare, Epival peut également causer des lésions du foie, surtout si on le prend avec d’autres anticonvulsivants, et des saignements.) La plupart des effets indésirables souvent liés à l’emploi des anticonvulsivants devraient disparaître d’eux-mêmes à mesure que votre corps s’habitue au médicament. Si vous avez des convulsions, des vomissements, une sensation de faiblesse ou une éruption cutanée, si vous vous sentez dépressif ou que votre peau ou le blanc de vos yeux jaunit, parlez-en à votre médecin. Par ailleurs, les femmes qui prennent un contraceptif oral et un anticonvulsivant en même temps doivent se montrer particulièrement vigilantes. En effet, l’efficacité de la contraception peut être moins grande quand on associe ces 2 médicaments, et une grossesse imprévue peut survenir. Il ne faut pas prendre d’anticonvulsivant durant la grossesse, sauf en cas d’absolue nécessité. Demandez à votre médecin de vous parler des risques et des bienfaits du traitement durant la grossesse. Les anticonvulsivants passent dans le lait maternel en petite quantité. Avant d’allaiter, parlez-en à votre médecin. Avant de commencer à prendre un anticonvulsivant, dites à votre médecin 30 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 31 si vous avez une maladie du foie, des reins, du cerveau ou du sang. N’oubliez pas de lui parler de tous les médicaments d’ordonnance ou en vente libre que vous prenez et qui peuvent vous rendre somnolent, comme les calmants, les somnifères, les antihistaminiques, les antidouleurs (contenant des narcotiques) ou les produits contre la toux et le rhume. La consommation d’alcool ou la prise d’autres médicaments à effet sédatif durant le traitement par les anticonvulsivants peut entraîner une somnolence extrême. EFFETS INDÉSIRABLES LIÉS À L’EMPLOI DE LAMICTAL : Quand ce nouvel anticonvulsivant est arrivé sur le marché, les médecins ont augmenté la dose administrée trop rapidement, et des cas de syndrome de Stevens-Johnson (une éruption cutanée rare, mais qui peut être mortelle) sont survenus chez certains patients. De nos jours, cet effet indésirable touche 1 patient sur 1000, mais entraîne rarement la mort si on met fin au traitement rapidement. Lamictal a pris sa place parmi les médicaments utiles depuis qu’on en augmente la dose plus lentement, et le nombre de cas de syndrome de Stevens-Johnson est beaucoup moins élevé qu’avant. Toutefois, si vous remarquez une éruption cutanée, surtout autour de vos muqueuses, consultez immédiatement votre médecin. ANTIDÉPRESSEURS Les régulateurs de l’humeur sont plus efficaces contre les symptômes de manie que contre la dépression. Il se peut donc qu’on associe un antidépresseur à ces agents afin d’atténuer les symptômes dépressifs. LES GRANDES FAMILLES D’ANTIDÉPRESSEURS - Agents noradrénergiques et sérotoninergiques spécifiques : MC Remeron - Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRSN) : Effexor®, Wellbutrin® (Wellbutrin est dans une classe à part, car il s’agit plutôt d’un modulateur de l’activité de la noradrénaline et de la dopamine); - Inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) : Prozac®, Paxil®, ZoloftMC, Celexa®, Luvox®; - Antidépresseurs tricycliques (ATC) : Elavil®, Norpramin®, Tofranil®, Aventyl®, etc.; - Inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) : Parnate®, NardilMC. Durant de nombreuses années, les médecins ont prescrit les ATC en première intention malgré leurs nombreux effets indésirables tels que la sécheresse buccale, la léthargie, la vision trouble et la constipation. Les ATC agissent en retournant les neurotransmetteurs excitateurs dans la fente synaptique, pour qu’ils stimulent ou LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 31 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 32 excitent d’autres neurones. Quand leurs patients ne réagissaient pas favorablement aux ATC, les médecins prescrivaient des IMAO. L’action des IMAO repose sur le blocage des enzymes qui dégradent les neurotransmetteurs dans la fente synaptique, de sorte que ces neurotransmetteurs continuent de stimuler ou d’exciter les neurones. C’est le Dr Nathane Kline qui, le premier, a observé les propriétés antidépressives des IMAO, quand il a remarqué une amélioration de la vigilance et une légère impression d’exaltation chez des patients qui recevaient ces agents pour le traitement de la tuberculose. Malgré leur efficacité contre la dépression, les IMAO doivent être pris avec prudence, parce qu’ils peuvent avoir des effets indésirables parfois graves sur la tension artérielle. Comme ce risque d’effet indésirable peut être plus grand si on consomme certains aliments, l’emploi des IMAO comporte plusieurs restrictions alimentaires qui peuvent en faire une démarche moins souhaitable. Si on vous prescrit des IMAO, on vous remettra une liste d’aliments, de boissons et de médicaments à éviter. On a créé une deuxième génération d’antidépresseurs, les ISRS, afin d’aider les personnes qui ne répondaient pas aux ATC. Ces agents font augmenter la quantité de sérotonine dans le cerveau. Le traitement par Prozac, Paxil, Celexa, Luvox et Zoloft est maintenant considéré comme la norme thérapeutique, car ces agents sont bien tolérés et sûrs d’emploi. On utilise également les ISRS dans le traitement du trouble panique, du trouble obsessionnel-compulsif et des troubles alimentaires (anorexie et boulimie). Souvent, on prescrit les antidépresseurs durant une période de 6 à 12 mois afin d’éviter les rechutes. Il faut cesser de prendre ces agents graduellement et avec prudence, car un abandon subit du traitement peut entraîner des symptômes de sevrage comme une agitation intense, de l’anxiété et des problèmes digestifs. Chez la personne atteinte de trouble bipolaire, l’emploi des antidépresseurs seuls, sans régulateurs de l’humeur ni surveillance médicale, peut déclencher un épisode de manie. PROZAC, PAXIL, CELEXA, LUVOX, ZOLOFT QUELQUES EFFETS INDÉSIRABLES SOUVENT LIÉS À L’EMPLOI DES ANTIDÉPRESSEURS : - somnolence - difficulté à uriner - faiblesse et fatigue - constipation - vision trouble ANTIPSYCHOTIQUES Récemment, on a commencé à prescrire des antipsychotiques atypiques comme Risperdal®, Seroquel® et Zyprexa® en tant qu’appoints aux régulateurs de l’humeur, afin de supprimer les 32 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 33 hallucinations et les idées délirantes liées à la manie grave ou à la dépression compliquée de psychose. Les antipsychotiques agissent en bloquant la circulation d’un neurotransmetteur, la dopamine (et, dans le cas de certains agents, en bloquant la dopamine et la sérotonine). En modifiant la circulation de ces neurotransmetteurs, les antipsychotiques peuvent faire disparaître certains des symptômes de la maladie. L’emploi des antipsychotiques, surtout à forte dose ou durant une période prolongée, peut causer des effets indésirables graves. Ces effets touchent notamment le système nerveux et peuvent se manifester par des tremblements, de la rigidité ou de l’agitation. Parmi les autres effets possibles figurent la sécheresse buccale, le gain de poids, la somnolence, la vision trouble ou double et la sensibilité à la lumière. Communiquez avec votre médecin si vous remarquez des effets indésirables graves. Cependant, vous ne devez pas cesser de prendre vos médicaments sans en parler d’abord avec votre médecin. ANTIPSYCHOTIQUES ATYPIQUES Les antipsychotiques font partie du traitement du trouble bipolaire depuis bien des années. On les emploie souvent durant la phase aiguë de l’état maniaque (afin de calmer rapidement le patient ou de le faire dormir) ainsi qu’en présence d’une dépression majeure compliquée de symptômes psychotiques. Il est parfois nécessaire d’administrer ce type de médicament durant une longue période pour préserver l’équilibre mental du patient. Depuis l’apparition de nouveaux antipsychotiques plus efficaces et causant moins d’effets indésirables d’ordre neurologique, on prescrit ces agents plus souvent et durant de plus longues périodes. La principale raison pour laquelle on évitait d’employer les antipsychotiques plus anciens durant une longue période était le risque d’effets indésirables neurologiques chroniques et parfois irréversibles, plus particulièrement la dyskinésie (mouvements involontaires de la langue, de la bouche et, rarement, des membres) tardive (se manifestant graduellement ou survenant après plusieurs mois de traitement). Parmi les autres effets indésirables figurent la sécheresse buccale, l’hypotension (baisse de la tension artérielle accompagnée d’étourdissements), la vision trouble, la constipation et la sédation. Les effets indésirables neurologiques aigus comprennent la dystonie (contraction involontaire des muscles des mâchoires ou de la face), les tremblements et l’acathisie (impossibilité de rester immobile et difficulté à dormir). Ces effets indésirables ont poussé les psychiatres à préférer les LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 33 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 34 benzodiazépines (V a l i um ®, A t i v a n, R i v o t r i l, etc.) et à limiter la durée d’emploi d’autres antipsychotiques plus anciens, tels que l’halopéridol (H a l d ol M D), la chlorpromazine (L a r g a c t il ®), la trifluopérazine (S t e l a b id ®), la méthotrimépramine (N o z i n an ®) et la perphénazine (T r i l a f on ®). Le risque d’effet indésirable neurologique est beaucoup moins élevé avec les nouveaux antipsychotiques atypiques, tandis que la probabilité d’effet bénéfique est beaucoup plus grande. L’emploi de ces agents plus récents entraîne une amélioration du sommeil et de la cognition (amélioration de la mémoire, de la concentration, du jugement et diminution de l’impulsivité) ainsi qu’une plus grande stabilité sur les plans de l’humeur, de l’énergie et du bien-être en général. Ces effets ont été observés au cours d’une étude réalisée il y a plusieurs années, durant laquelle un patient atteint de trouble bipolaire réfractaire au traitement a répondu à la prise de C l o z a r il ®. Les bienfaits observés chez ce patient étaient si importants que le chercheur a avancé que cet agent destiné au départ au traitement de la schizophrénie serait plus utile contre le trouble bipolaire. Arrivé par la suite, R i s p e r d a l s’est révélé efficace contre les symptômes de psychose, la dépression et la manie; il entraîne l’amélioration du sommeil tant en présence de manie que de dépression et une plus grande stabilisation de l’humeur, tout en causant beaucoup moins d’effets indésirables que les antipsychotiques plus anciens. Cependant, la prise de fortes doses (de 4 à 6 mg) de ce produit peut entraîner des effets indésirables neurologiques aigus (dystonie, tremblements et acathisie). Elle cause un gain de poids moins important que l’emploi de C l o z a r i l ou de Z y p r e x a. À fortes doses, Risperdal peut faire augmenter le taux de prolactine et déclencher la lactation (production de lait) ainsi que des troubles menstruels. Zyprexa est le seul antipsychotique utilisé et vendu expressément pour traiter le trouble bipolaire (aux États-Unis, il a été homologué dans cette indication par la Food and Drug Administration). Pour obtenir cette approbation, il faut prouver l’efficacité et l’innocuité du médicament en menant de nombreuses études. Cela ne veut pas dire que l’emploi d’un médicament pour traiter une maladie donnée sans homologation n’est pas sûr et efficace, mais que pour une raison ou une autre, la société pharmaceutique qui a créé ce médicament n’a pas mené toutes les études rigoureuses nécessaires pour obtenir une telle approbation. Zyprexa offre les avantages suivants : effets anti-manie, antidépresseurs et antipsychotiques, effet favorable sur le sommeil et régulateur de l’humeur. Sur le plan des effets indésirables, 34 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 35 Zyprexa peut causer une augmentation notable de l’appétit et un gain de poids chez au moins 40 % des patients (surtout ceux qui sont minces) ainsi que de l’hypotension (baisse de la tension artérielle) chez la personne âgée. S e r o q u e l (quétiapine) est le plus récent antipsychotique atypique mis sur le marché. À cause de ses propriétés sédatives, cet agent est très utile chez le patient très agité et/ou insomniaque. S e r o q u e l est l’agent de sa classe dont l’emploi risque le moins de causer des effets indésirables neurologiques. Les données scientifiques en faveur de cet agent dans le traitement des troubles de l’humeur sont moins abondantes que pour Z y p r e x a ou R i s p e r d a l, mais S e r o q u e l est couramment utilisé en clinique, et de plus en plus de rapports d’études appuient cet usage. La large plage des doses efficaces comporte à la fois des avantages et des inconvénients. Seroquel est indiqué aux États-Unis, au Mexique et en Europe pour traiter la manie. Ici, Santé Canada a approuvé l’emploi de Seroquel seul dans le traitement des épisodes aigus de manie associés au trouble bipolaire. À l’instar des autres antipsychotiques atypiques récents, Seroquel est de plus en plus utilisé en tant que régulateur de l’humeur, tandis que ses propriétés antipsychotiques continuent d’être bénéfiques chez les personnes atteintes de troubles de l’humeur. (Dr Chris Gorman). ANXIOLYTIQUES On utilise les médicaments contre l’anxiété, comme les benzodiazépines (Rivotril, etc.), en tant qu’appoint aux régulateurs de l’humeur afin d’obtenir un effet calmant ou sédatif. Ces agents causent une réduction de la transmission des influx nerveux en bloquant l’effet des neurotransmetteurs, surtout la dopamine, sur leurs sites récepteurs. Ils apportent un soulagement relativement rapide de symptômes souvent très perturbants et pénibles, tandis que d’autres médicaments mettent plus de temps à agir sur les symptômes de manie ou de dépression. RIVOTRIL, ETC. QUELQUES EFFETS INDÉSIRABLES SOUVENT LIÉS À L’EMPLOI DES ANTIDÉPRESSEURS : - somnolence - faiblesse musculaire - vision trouble - troubles de l’élocution La somnolence et la vision trouble peuvent rendre risqué la conduite d’un véhicule ou le maniement d’une machine durant le traitement. Comme l’usage des anxiolytiques peut entraîner une dépendance et des effets indésirables graves, le patient comme le médecin doivent peser soigneusement le pour et le contre avant d’adopter ces agents. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 35 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 36 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 37 Résistance au traitement QUAND LE TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX ÉCHOUE La plupart des patients verront leur qualité de vie s’améliorer après le début du traitement. Cependant, le traitement est une affaire hautement personnelle, tout comme le trouble bipolaire est unique chez chacune de ses victimes. Aucun traitement n’est efficace chez tous les patients, tout le temps. Chez certaines personnes, il faut ajouter des médicaments ou en essayer d’autres. On estime que 20 % des personnes traitées ne répondront pas au premier médicament prescrit. La prise en charge du trouble bipolaire dure toute la vie et exige une surveillance continue. Pour que le traitement soit efficace, vous devez y participer activement. QU’EST-CE QUE LA RÉSISTANCE AU TRAITEMENT? La résistance au traitement est l’absence de réponse satisfaisante après une période d’essai, souvent après l’essai de plusieurs options différentes. Nombre de raisons peuvent expliquer l’échec, réel ou apparent, du traitement. EFFETS INDÉSIRABLES La plupart des médicaments contre les troubles de l’humeur causent des effets indésirables. La réaction et la tolérance aux effets indésirables varie d’un patient à un autre. Certains effets indésirables s’atténuent après plusieurs semaines de traitement, tandis que d’autres peuvent devenir insupportables et rendre le traitement pire que le mal. Parfois, une diminution de la dose administrée suffit à atténuer les effets incommodants. La décision de modifier le traitement doit être prise en collaboration avec votre médecin. DOSE INSUFFISANTE Chaque personne étant unique, la dose qui convient à une peut ne pas être assez forte pour une autre. Si la quantité de médicament dans le corps n’atteint pas le seuil thérapeutique, vous pouvez avoir l’impression que le traitement est inefficace. Une augmentation de la dose approuvée par votre médecin peut corriger cette impression. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 37 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 38 DURÉE DU TRAITEMENT INSUFFISANTE À ses débuts, il se peut que le traitement ne semble pas efficace. En effet, la quantité de médicament dans l’organisme n’a pas encore eu le temps d’atteindre le seuil thérapeutique. Il faut parfois prendre certains médicaments durant au moins 1 mois sans discontinuer pour que les concentrations dans le corps soient suffisamment élevées. INOBSERVANCE La plus fréquente raison de l’échec du traitement est l’inobservance, c’est-à-dire quand le patient ne prend pas son médicament selon les directives du médecin. L’inobservance peut être causée par la maladie, car le trouble bipolaire s’accompagne souvent de confusion, de distractivité et de trous de mémoire. Si un épisode de manie survient en cours de traitement, le patient peut avoir une fausse impression de sécurité et se croire guéri, même s’il n’en est rien. Si un épisode de dépression survient en cours de traitement, le patient peut se sentir désespéré et se demander « à quoi bon » poursuivre le traitement. Dans un cas comme dans l’autre, son jugement est faussé, et il faut l’encourager à persévérer, à continuer de prendre son médicament et à consulter son médecin. Enfin, d’autres personnes trouvent que l’utilisation d’un pilulier les aide à ne pas oublier de doses. INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES DÉFAVORABLES Chez les personnes qui prennent des médicaments pour soigner d’autres maladies, l’ajout d’un agent contre une maladie mentale peut entraîner une interaction défavorable entre les médicaments. Cette interaction peut se manifester par un effet indésirable intolérable ou par une baisse des concentrations sanguines du régulateur de l’humeur, qui n’atteint plus le seuil thérapeutique. Dites toujours à votre médecin ou à votre pharmacien quels médicaments vous prenez. C ABSENCE DE RÉPONSE Une minorité de patients peut ne pas répondre à un traitement en particulier. Il ne faut pas perdre espoir devant une telle situation. Il existe en effet de nombreuses solutions de rechange possibles. Si un remède est inefficace, essayez-en un autre. 38 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 39 L’ÉLECTROCONVULSIVOTHÉR APIE (ECT) L’ECT est une option de traitement pour la personne qui ne répond pas de manière satisfaisante au traitement médicamenteux contre le trouble bipolaire et d’autres troubles mentaux. L’ECT désigne l’application durant une courte durée d’un stimulus électrique au cerveau; ce stimulus cause une convulsion. Durant les années 1940 et 1950, on a rapporté plusieurs cas d’usage abusif de l’ECT : le stimulus électrique était trop intense et était appliqué trop longtemps. Ces cas ont contribué à la mauvaise réputation de l’ECT, qui est souvent perçue comme un instrument abusif de contrôle du comportement. Or, les rapports d’études récentes indiquent que l’ECT et le lithium sont également efficaces contre la manie aiguë. Il semble également que si on a recours à l’ECT avant d’entreprendre le traitement d’entretien par le lithium durant la phase aiguë de la manie, le risque de rechute est moins grand que si on n’administre que du lithium. Durant les études portant sur le traitement de la dépression par ECT, cette démarche a manifestement entraîné sur-le-champ une atténuation à court terme des symptômes dépressifs, alors que le traitement antidépresseur avait échoué. Cependant, les taux de rechute risquent d’être élevés au cours de l’année qui suit l’ECT, à moins que le patient reçoive un traitement d’entretien par des antidépresseurs. L’ECT s’est également révélée très efficace contre la dépression compliquée d’idées délirantes. Elle est plus efficace que les antidépresseurs ou les antipsychotiques administrés seuls. Elle est aussi efficace que l’emploi d’un antidépresseur et d’un antipsychotique en association. COMMENT RÉALISE-T-ON L’ECT? En général, l’ECT est réalisée dans la salle de réveil d’un hôpital ou dans une pièce réservée à ce traitement. On met en place un dispositif d’administration dans une veine pour être en mesure de donner tout médicament qui pourrait être nécessaire durant le traitement. Les signes vitaux sont mesurés avant l’ECT, puis durant toute la durée du traitement. Le patient subit une anesthésie générale. Après avoir mis un gel conducteur et des électrodes sur sa tête, on lui administre un bref choc. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 39 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 40 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM QUELS SONT LES RISQUES LIÉS À L’ECT? Page 41 L’ECT ne doit être administrée que si elle est clairement indiquée. Il faut peser soigneusement les risques et les bienfaits de cette démarche, et les comparer à ceux d’autres options de traitement. Au fil des ans, on a perfectionné les conditions de réalisation de l’ECT, en administrant notamment des anesthésiques à courte durée d’action et des relaxants musculaires, de même que l’oxygénation d’appoint. Ces mesures ont permis de réduire la mortalité liée à l’ECT, qui est maintenant de 4,5 décès par tranche de 100 000 patients. Autrement dit, l’ECT comporte à peine plus de risques que n’importe quelle autre intervention pratiquée sous anesthésie. La convulsion provoquée par ECT peut entraîner diverses complications comme des fractures vertébrales par tassement. Avec les moyens dont on dispose aujourd’hui, le risque de telles complications a bien diminué. Immédiatement après avoir repris conscience, le patient peut être confus, avoir des pertes de mémoire passagères et mal à la tête. Le temps nécessaire pour reprendre pleinement conscience varie selon les patients. La perte de la mémoire immédiate peut être gênante et persiste souvent quelque temps après la fin d’une série normale d’ECT. La gravité de la perte de mémoire est souvent attribuée au nombre de traitements, à l’emplacement des électrodes et à la nature du stimulus électrique. Certains patients disent avoir du mal à se rappeler les événements remontant à 6 mois en moyenne avant l’ECT ou durant les 2 mois suivant l’ECT. La perception de la perte de mémoire varie largement d’un patient à un autre. L’ECT réduit également la capacité d’apprendre et de retenir de l’information nouvelle durant plusieurs semaines après la fin du traitement. D’habitude, les choses reviennent à la normale au bout de quelque temps. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 41 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 42 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 43 Une démarche santé Considérations relatives au mode de vie Bien des gens atteints de trouble bipolaire continuent de mener une vie productive et épanouie après le traitement. Grâce aux médicaments révolutionnaires employés et à l’appui de la collectivité, les effets de cette maladie ont diminué. Certains patients peuvent avoir l’impression de ne plus être euxmêmes ou d’être diminués par le traitement. La plupart des patients ont une réaction de déni : « Je vais très bien, je n’ai pas besoin de médicaments », « Je me sentais mieux avant de recevoir le traitement » ou « Je ne peux pas tolérer les effets indésirables du traitement ». Ces réactions font partie du processus normal d’acceptation. Souffrir de trouble bipolaire, c’est comme avoir n’importe quelle autre maladie grave. À cause de cette maladie, vous devez être plus attentif à vos habitudes de vie. Manger sainement, faire de l’exercice régulièrement, bien dormir, prendre les médicaments prescrits, limiter sa consommation d’alcool et d’autres drogues, et réduire le stress ne sont pas que de belles paroles, mais des mesures à observer. OBSERVANCE DU TRAITEMENT Paradoxalement, les médicaments qu’on prend pour améliorer son état entraînent parfois des effets indésirables qui font qu’on se sent plus mal en point physiquement qu’avant le traitement. Trop de gens abandonnent leur médicament pour cette raison. Sachez cependant qu’il existe de nombreux types de médicaments. Vous n’avez pas à supporter d’effet indésirable qui altère votre qualité de vie de manière inacceptable. Si vous éprouvez ce genre d’effet indésirable, parlez-en à votre médecin. Il pourra changer votre médicament ou en réduire la dose afin de rendre les effets indésirables plus supportables. CONSOMMATION D’ALCOOL ET D’AUTRES DROGUES Les travaux de recherche ont permis de constater que le fait de continuer à abuser de l’alcool et/ou de drogues, même la marijuana, peut avoir un effet défavorable sur l’évolution du trouble bipolaire. Si vous avez besoin d’aide pour abandonner l’alcool ou LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 43 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 44 d’autres drogues, plusieurs groupes et organismes peuvent vous prêter main-forte. QUALITÉ DU SOMMEIL Normalement, le sommeil vient en présence de fatigue et d’une baisse de la stimulation. Quand les influx nerveux sont trop nombreux, la désorganisation, la libération accrue de neurotransmetteurs et l’altération des fonctions cérébrales entraînent l’insomnie (difficulté à dormir). Si vous souffrez de trouble bipolaire, le manque de sommeil peut déclencher ou exacerber un épisode d’hypomanie ou de manie franche. Certains chercheurs pensent que le fait de perdre ne serait-ce qu’une nuit de sommeil pour une raison ou pour une autre peut suffire à déclencher un épisode de manie. Vous pouvez réduire la probabilité d’épisode maniaque en respectant une routine quotidienne très régulière et en demandant à vos proches de participer à vos efforts en ce sens. Vous devez absolument vous assurer que vous dormez suffisamment toutes les nuits en notant vos heures de sommeil. La plupart des gens ont besoin d’environ 6 à 8 heures de sommeil. D’après des rapports récents, la nuit optimale dure 9 ou 10 heures. Par ailleurs, le fait de trop dormir peut contribuer à vous plonger dans un épisode de dépression. ALIMENTATION Pour avoir une alimentation équilibrée, vous devez consommer des protéines lors de chaque repas, 10 portions de fruits ou de 44 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 45 légumes par jour, et 2 portions de glucides. Essayez d’éviter les aliments vides. Il peut être difficile de conserver un poids idéal, car bien des médicaments contre le trouble bipolaire font prendre du poids. Il est particulièrement important que vous buviez beaucoup d’eau pour lutter contre la fatigue. Essayez de boire de 6 à 8 verres d’eau par jour. MISE EN FORME La pratique régulière d’une activité physique doit faire partie de votre quotidien. L’exercice stimule votre métabolisme en augmentant votre apport en oxygène, donc la production d’endorphines qui favorisent une sensation de bien-être. Un exercice modéré comme la marche, la bicyclette ou la natation vous aidera à préserver votre santé mentale. Essayez de pratiquer une activité physique tous les jours durant 45 minutes. L’air frais, le soleil et les interactions sociales sont fournis en prime! LES 10 ÉTAPES À SUIVRE POUR MIEUX DORMIR: 1. Prévoyez une période de détente avant d’aller vous coucher afin de vous délasser physiquement et mentalement en oubliant les soucis de la journée. 2. Réservez votre chambre à coucher aux activités sexuelles et au sommeil; tâchez de ne pas y effectuer d’autres tâches. 3. Votre lit doit être confortable, assez grand, situé dans une pièce sombre, où la température est agréable. 4. Observez un horaire régulier en vous couchant et en vous levant tous les jours aux mêmes heures. N’allez pas au lit tant que vous n’avez pas sommeil. 5. Soyez cohérent en matière de sieste. Faites-en une tous les jours ou bien n’en faites pas du tout. 6. Faites de l’exercice régulièrement le matin ou au début de l’aprèsmidi, mais ne vous lancez pas dans une activité intense tard en soirée. Par contre, une activité légère et relaxante peut vous aider à vous détendre avant l’heure du coucher. 7. Examinez votre consommation de caféine et évitez les boissons caféinées après 14 h. De même, fumer la cigarette tard en soirée ou durant la nuit peut nuire à votre sommeil. 8. Ne prenez pas d’alcool ou de drogues comme sédatifs. Si ces substances peuvent vous aider à vous endormir, elles nuisent au sommeil et surtout au sommeil profond, parfois durant des années après qu’on a cessé d’en consommer beaucoup. 9. Si vous avez faim durant la soirée, prenez une petite collation ou un verre de lait. Manger un repas lourd avant de se coucher peut causer des malaises et nuire au sommeil. 10. Par-dessus tout, ne forcez pas la note! Si vous n’arrivez pas à dormir, ne restez pas couché à faire de l’angoisse et à compter les moutons. Allez dans une autre pièce et lisez, regardez la télévision ou faites quelque chose d’autre pour vous détendre. Ne retournez au lit que lorsque vous sentez le sommeil vous gagner. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 45 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 46 Stratégies de prise en charge ÉTABLIR UNE RELATION THÉRAPEUTIQUE AVEC LE MÉDECIN Il n’y a pas si longtemps, les victimes de trouble bipolaire étaient littéralement attachées et enchaînées dans des établissements qui n’étaient guère plus que des prisons pour malades mentaux. Heureusement, des pionniers humanistes comme le médecin français Philippe Pinel ont entrepris de mettre fin à cette forme de barbarie. Pendant ce temps, à Londres, le public pouvait visiter le tristement célèbre asile de Bedlam moyennant des frais d’entrée et observer le traitement inhumain qu’y subissaient ses pensionnaires. Ce n’est qu’au XXe siècle que les rapports modernes entre patient et médecin se sont développés. Malheureusement, ce rapport était presque toujours unilatéral, car le psychiatre prenait les décisions thérapeutiques. Dans cette situation malsaine, le médecin tenait le rôle fâcheux de parent omniscient pour le patient toujours soumis. À l’occasion d’une conférence sur le trouble bipolaire tenue récemment à Pittsburgh, l’idée dominante mise de l’avant annonçait l’émergence d’un empirisme de collaboration entre les patients atteints de trouble bipolaire et les prestataires de soins cliniques — un partenariat thérapeutique. Les principes de l’empirisme de collaboration visent à assurer une relation de collaboration plus étroite entre les patients bipolaires et leurs médecins. Le patient et le médecin sont en fait des partenaires dans le traitement. De plus, les patients ont plus de chance d’influer sur leur propre traitement médicamenteux. Les progrès réalisés par le patient durant sa thérapie dépendent de la qualité de la relation qu’il entretient avec son thérapeute. Ce point serait même plus important que le type de thérapie entreprise. Vous ne pouvez pas vous en sortir seul, mais vous seul pouvez faire quelque chose pour vous en sortir. Cela peut sembler contradictoire, mais c’est vrai. Si vous ne prenez pas les moyens nécessaires pour vous renseigner sur votre maladie, vous serez toujours à la merci de son évolution capricieuse. Et les personnes atteintes comme vous de trouble bipolaire sont une des meilleures sources d’information à ce sujet, car elles ont vécu la même chose que vous. 46 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 47 L’échange entre personnes aux prises avec un même problème est le principe qui sous-tend les groupes d’entraide comme les Alcooliques anonymes. Après avoir parlé avec d’autres personnes qui ont les mêmes questions et craintes que vous, vous commencerez à défendre votre propre cause. Vos droits individuels demeurent les mêmes après l’annonce du diagnostic, mais les moyens de protéger et de revendiquer ces droits changent souvent. PERSÉVÉRANCE Le patient doit être disposé à s’engager dans un processus pour améliorer son état. CONSIDÉRATION POSITIVE INCONDITIONNELLE Le thérapeute, médecin ou intervenant ne juge pas le patient. INTROSPECTION Le patient est capable de comprendre les effets de sa maladie, de ses attitudes et de ses comportements sur sa vie. BONNE RELATION Le patient et le médecin semblent avoir des atomes crochus. EMPATHIE Le médecin essaie de comprendre la situation et les sentiments du patient du point de vue de ce dernier. HONNÊTETÉ Le patient peut parler franchement de ses symptômes ou de sa situation. AUTHENTICITÉ Le médecin a une attitude honnête et manifeste un intérêt réel pour le patient. MOTIVATION Le patient aspire à se sentir mieux et à améliorer sa situation. CONFIANCE Le patient considère la relation thérapeutique utile, et le médecin constate le désir de changement du patient. CONFIDENTIALITÉ Le médecin garde pour lui ce qui a été dit en entrevue avec le patient, sauf si la sécurité du patient ou d’autres personnes est menacée. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 47 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 48 Conseils de survie ENTOUREZ-VOUS D’UN SOLIDE RÉSEAU DE SOUTIEN Vous devez vous bâtir un bon réseau de soutien, autrement dit, vous entourer de personnes qui ont vos intérêts et votre bien-être à cœur, des personnes en qui vous avez confiance et que vous respectez. Pour que ce réseau soit efficace, vous devez accepter de recevoir des commentaires sur votre état mental et l’aide qu’on vous offre. Il peut arriver que vous ne soyez pas assez bien pour vous rendre compte que vous êtes en plein épisode de manie ou de dépression. STRUCTUREZ VOTRE VIE GESTION DU TEMPS À cause de la nature même du trouble bipolaire, il est très important que votre vie soit structurée. Vous devez donc vous coucher et vous lever à heures fixes, manger à heures fixes, faire de l’exercice régulièrement et inclure des activités sociales à votre horaire. Évitez de vous en mettre trop sur les épaules. Durant l’épisode maniaque, la personne sous-évalue souvent le temps qu’il lui faudra pour accomplir une tâche ou un projet et s’expose à une grande pression pour s’exécuter. Quand elle est dépressive, elle manque souvent d’énergie ou de motivation pour garder un horaire régulier. Elle entre alors dans un cercle vicieux : moins elle arrive à en faire, plus elle se sent mal. Vous devez donc essayer de concentrer votre énergie sur l’objectif visé. N’oubliez pas que vous n’accomplirez rien si vous tombez malade. PRÉPAREZ UN BUDGET ET GESTION DU BUDGET Si votre revenu est fixe ou limité, vous auriez peut-être intérêt à recourir aux services de budgétisation et de gestion financière offerts par divers organismes communautaires. Ces services peuvent vous aider à vivre selon vos moyens et à éviter les soucis et le stress qu’entraînent les factures impayées. APPRENEZ À VIVRE SELON VOS MOYENS SOYEZ PRÉVOYANT : PRENEZ DES DÉCISIONS FINANCIÈRES AVANT LA SURVENUE D’UN ÉPISODE Si vous avez fait des dépenses inconsidérées durant un épisode maniaque, il serait peut-être bon que vous examiniez la possibilité de confier la gestion de vos finances à quelqu’un d’autre. Peutêtre aussi voudrez-vous vous fixer des limites en faisant baisser la limite de votre carte de crédit et le retrait maximal dans votre compte de banque. Il est déjà assez difficile de se remettre d’un épisode de manie sans avoir à faire face à des pertes financières évitables. 48 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 49 QUESTIONS RELATIVES AU TRAVAIL Une des questions qui revient le plus souvent durant les rencontres des membres d’OBAD est : « Dois-je parler de ma maladie à mon employeur? » En toute honnêteté, il est bien difficile de répondre à cette question. Durant de nombreuses discussions à ce sujet, nous avons pu répertorier maints exemples concrets différents. Il arrive parfois qu’après avoir divulgué leur état, des employés soient congédiés ou qu’on leur mette des bâtons dans les roues au travail. À l’opposé, certains employeurs se montrent compréhensifs et aident leur employé du mieux qu’ils peuvent. Pour l’employeur, le choix n’est vraiment pas facile à faire, surtout s’il est à la tête d’une petite entreprise qui dépend lourdement de chacun de ses employés. Si vous devez vous absenter longtemps à cause de la maladie, votre employeur n’a pas toujours les moyens de vous remplacer au pied levé. Voici le meilleur conseil que nous puissions vous donner : essayez de vous trouver un emploi qui vous offre suffisamment de latitude pour que vous puissiez composer avec votre état. La deuxième question le plus souvent posée durant les réunions de l’OBAD est la suivante : « Dois-je parler de ma maladie à mes collègues? » La mission d’OBAD est de faire en sorte que les troubles mentaux ne soient plus considérés comme des maladies honteuses, mais les préjugés sont encore bien ancrés. Si vous décidez de vous confier à un collègue, vous vous exposez à des commérages plutôt déplaisants. Il est humain de vouloir partager vos soucis avec autrui, mais le trouble bipolaire vous rend vulnérable aux préjugés. Le travail peut vous aider à avoir une meilleure estime de vous et à vous intégrer dans la collectivité. Reconnaissez vos limites. Choisissez un métier ou une profession qui convient à vos talents uniques. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 49 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 50 Conseils destinés à la famille POINTS À RETENIR La maladie mentale n’est la faute de personne, et vous ne pouvez pas guérir l’être cher qui en est atteint. Même si l’être cher est fidèle à son traitement, des épisodes thymiques peuvent survenir. Trouver le bon médicament et la bonne dose peut prendre du temps. De plus, les symptômes de la maladie peuvent changer au fil du temps et exiger la modification du traitement. Malgré tous vos efforts, il se peut que les symptômes s’aggravent. Vous devez distinguer l’être cher de sa maladie. Aimez cette personne, détestez sa maladie. Distinguez aussi les effets indésirables du traitement de la maladie ou de l’être cher. Vous ne gagnerez rien à négliger vos propres besoins. Prenez soin de vous, assurez-vous que votre vie est épanouissante et riche. Ne prenez pas sur vos épaules l’entière responsabilité de l’être cher. Il se peut que vous ayez à évaluer votre engagement affectif. Vous n’avez aucune raison d’avoir honte parce qu’un membre de votre famille est atteint d’un trouble mental causé par un déséquilibre neurochimique. Il est naturel d’éprouver des émotions fortes comme le déni, le chagrin, la culpabilité, la peur, la colère, la tristesse, la peine et la confusion. La guérison vient de pair avec l’acceptation et la compréhension. Donnez à l’être cher et aux autres membres de la famille le temps de vivre le processus d’acceptation à leur propre rythme. Accordez-vous également du temps pour accepter la situation. Vous voudrez peut-être réévaluer vos attentes. Il se peut que vous perceviez les réussites de l’être cher différemment de celles des autres membres de la famille, mais vous ne devriez pas cesser d’avoir des attentes sous prétexte que les capacités de cette personne sont limitées. Il est donc important de poser des bornes et d’éliminer les obstacles. N’ayez pas peur de demander à l’être cher s’il a des idées suicidaires. N’oubliez pas que toute tentative de suicide est un appel à l’aide. Souvent, la personne tente d’échapper aux 50 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 51 conséquences de sa maladie et se sent désespérée. Sa pensée et son jugement peuvent être altérés : elle ne comprend peut-être pas que les symptômes de sa maladie déforment sa vision du monde. Ne faites jamais obstacle à la communication ouverte. N’oubliez pas que l’irritabilité et les comportements inhabituels peuvent être des symptômes de la maladie : vous ne devez pas vous sentir visé par ces comportements. Laissez l’être cher prendre ses propres décisions dans la dignité. Ne soyez pas condescendant ni paternaliste, montrez-vous plutôt encourageant. RECONNAÎTRE LA SURVENUE IMMINENTE D’UN ÉPISODE Pour réduire au minimum les effets et les conséquences de la manie et de la dépression, il faut être en mesure de reconnaître l’installation imminente des épisodes thymiques. La reconnaissance rapide peut permettre d’éviter une atteinte grave de la vie sociale et professionnelle. Elle peut aider à réduire au minimum les retombées négatives sur les relations humaines et l’unité familiale. En reconnaissant et en traitant les épisodes dès les premiers stades, on peut aider la personne à mener une vie saine et productive. Même si l’être cher prend des médicaments, il se peut que les traitements prescrits n’éliminent pas tous les épisodes de manie ou de dépression. Vous pouvez aider cette personne en reconnaissant les changements marqués de son comportement. Les facteurs qui peuvent déclencher la survenue d’un épisode peuvent être liés à l’environnement, au stress ou à des habitudes de vie malsaines. L’augmentation ou la modification de la consommation de substances psychotropes (qui altèrent l’humeur), p. ex., des stimulants ou des dépresseurs comme la caféine, la nicotine, l’alcool, les médicaments d’ordonnance et les stupéfiants, peut également révéler l’existence d’un problème. Ne jugez pas l’être cher : les personnes qui tentent d’atténuer les effets de la maladie mentale abusent souvent de certaines substances. Cependant, ce comportement va à l’encontre du traitement prescrit, car il réduit l’efficacité des médicaments et peut se solder par un épisode thymique. LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 51 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 52 What to do in a Crisis ÉCOUTEZ Laissez l’être cher exprimer son désespoir et ventiler sa colère. Si on lui en donne l’occasion, il se sentira mieux après. C’est sa manière d’appeler à l’aide. MONTREZ DE L’EMPATHIE Vous obtiendrez des résultats plus rapides si vous abordez la situation calmement, sans juger et avec patience. N’hésitez pas à demander à l’être cher s’il se sent suicidaire. Vous ne risquez pas de lui mettre des idées dans la tête; vous l’aidez en lui montrant que vous vous souciez de lui, que vous le prenez au sérieux et qu’il a raison de vous confier sa peine. Ne banalisez pas ses problèmes. Le simple fait de dire comment il se sent atténuera chez l’être cher l’impression de solitude et d’isolement. Il trouvera en vous la confirmation d’être compris. ÉVALUEZ LA SITUATION Les 3 critères suivants permettent de reconnaître 95 % des personnes suicidaires: LE PLAN, LES MOYENS ET LE CHOIX DU MOMENT. PLAN : L’être cher a-t-il pensé à la manière de réaliser son projet suicidaire? MOYENS : A-t-il les moyens de mettre son plan à exécution? CHOIX DU MOMENT : A-t-il déjà prévu une date ou un moment particulier pour passer à l’acte? Sachez quand demander de l’aide. Ne faites pas cavalier seul si 52 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 53 l’être cher prend une surdose. Demandez-lui ce qu’il a pris et en quelle quantité, et communiquez avec le centre antipoison de votre localité. Si le préposé du centre juge qu’une intervention médicale est appropriée, conduisez l’être cher à l’hôpital le plus près ou faites le 911. Si vous pensez que l’être cher traverse un épisode maniaque, dites-le-lui en lui donnant des exemples qui montrent comment son comportement a changé. Demandez-lui s’il a pris les médicaments qu’on lui a prescrits. Encouragez l’être cher à consulter un professionnel. Rappelez-lui que, quand il entre dans une phase maniaque, il lui arrive souvent de ne pas s’en rendre compte. L’être cher peut se mettre sur la défensive en vous entendant. Faites-lui comprendre que vous vous inquiétez pour lui. Si vous pensez qu’il délire ou qu’il a des hallucinations, communiquez avec l’hôpital le plus proche. Questions familiales SURVEILLEZ LE COMPORTEMENT DE L’ÊTRE CHER Surveillez le comportement de l’être cher sans pour autant vous montrer envahissant ou indiscret. Les personnes qui ont des symptômes de manie nieront probablement que quelque chose ne tourne pas rond. Les personnes dépressives cherchent souvent à s’isoler de leur famille. Elles ont surtout besoin d’avoir l’assurance que vous les aimez toujours. Surveillez l’apparition de toute conduite téméraire ou qui peut menacer la sécurité de l’être cher ou d’autrui. Soyez attentif aux dépenses extravagantes et aux achats compulsifs. Ce comportement peut annoncer un épisode maniaque. Soyez attentif au vocabulaire de l’être cher, car il peut lui aussi annoncer l’imminence d’un épisode thymique. Si vous remarquez que l’être cher parle très rapidement, il est peut-être hypomaniaque. Il importe que vous reconnaissiez les symptômes pour ce qu’ils sont et que vous demandiez à l’être cher comment il se sent afin d’établir s’il a un problème ou s’il s’agit seulement d’une fluctuation normale de l’humeur LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT 53 fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 54 ENTRETENEZ DES RAPPORTS ÉTROITS Dites à l’être cher que vous l’aimez et montrez-le-lui. Prenez-le dans vos bras quand il en a besoin. Traitez-le avec dignité et respect. Ne l’excluez pas des réunions et des sorties familiales, mais sachez reconnaître que parfois les symptômes de la maladie ou les effets indésirables du traitement peuvent l’empêcher de participer à ces activités. Si l’être cher ne vit pas sous le même toit que vous, appelez-le régulièrement. Offrez-lui de l’aide. S’il n’a pas d’automobile, proposez-lui de l’emmener faire ses courses ou son lavage à la buanderie. Préparez des repas que vous congèlerez et qu’il pourra réchauffer chez lui. 54 LE TROUBLE AFFECTIF BIPOLAIRE : PAS À PAS VERS LE RÉTABLESSEMENT fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Page 55 « Grâce à OBAD, je ne me porte pas si mal. » DÉPRESSION TROUBLE BIPOLAIRE En faisant un don, vous pouvez recevoir la quatrième édition revue et corrigée de notre ouvrage intitulé Pas à pas vers le rétablissement. Communiquez avec notre groupe de soutien : The Organization for Bipolar Affective Disorder ou [email protected] L’impression de la présente édition revue et corrigée a été rendue possible grâce au soutien financier de la Calgary Health Region. Produit grâce à une subvention inconditionnelle à l’éducation d’AstraZeneca. fre_Obad Book.qxd 8/29/06 9:51 AM Notes ÉDITION REVUE ET CORRIGÉE EN 2005 Page 56 fre_Obad Book Cover 7/18/06 8:24 PM Page 3 Alvin Ailey, danseur et chorégraphe • Edwin « Buzz » Aldrin, astronaute • Louie Anderson, comédien, acteur • Ann-Margret, actrice • Diane Arbus, photographe • Lionel Aldridge, footballeur • Alexandre le Grand, roi • Hans Christian Anderson, auteur • Tai Babilonia, patineuse artistique • Oksana Baiul, patineuse artistique • Honoré de Balzac, écrivain • Samuel Barber, compositeur • Roseanne Barr, actrice • Drew Barrymore, actrice • James M. Barrie, écrivain • Rona Barrett, chroniqueuse • Charles Baudelaire, poète • Shelley Beattie, athlète et artiste • Ned Beatty, acteur • Samuel Becket, écrivain • Ludwig von Beethoven, compositeur • Menachem Begin, premier ministre d’Israël • Brendan Behan, poète • Irving Berlin, compositeur • Hector Berlioz, compositeur • John Berryman, poète • William Blake, poète • Charles Bluhdorn, cadre dirigeant, Gulf Western • Napoléon Bonaparte, empereur • Kjell Magne Bondevik, premier ministre de la Norvège • Robert Boorstin, écrivain, adjoint spécial du Président Clinton, Département d’État • Clara Bow, actrice • Tommy Boyce, musicien, compositeur • Cheyenne Brando, actrice • Marlon Brando, acteur • Richard Brautigan, écrivain • Van Wyck Brooks, écrivain • John Brown, abolitionniste • Ruth Brown, chanteuse • Anton Bruckner, compositeur • Art Buchwald, humoriste et éditorialiste • John Bunyan, écrivain • Robert Burns, poète • Robert Burton, écrivain • Tim Burton, artiste, réalisateur • Willie Burton, joueur de basketball • Barbara Bush, ancienne première dame • Lord Byron, poète • Helen Caldicott, activiste, écrivaine • Donald Cammell, réalisateur, scénariste • Robert Campeau, homme d’affaires • Albert Camus, écrivain • Truman Capote, écrivain • Drew Carey, acteur et comédien • Jim Carrey, acteur et comédien • Dick Cavett, communicateur • C.E. Chaffin, écrivain, poète • Ray Charles, musicien de R&B • Thomas Chatterton, poète • Paddy Chayefsky, écrivain, réalisateur • Lawton Chiles, ancien gouverneur de la Floride • Frédéric Chopin, compositeur • Winston Churchill, premier ministre de la Grande-Bretagne • Sandra Cisneros, écrivaine • Eric Clapton, musicien de blues-rock • Dick Clark, artiste de spectacle (American Bandstand) • John Cleese, acteur • Rosemary Clooney, chanteuse de jazz • Kurt Cobain, rock star • Tyrus Cobb, athlète • Leonard Cohen, poète et chanteur • Natalie Cole, chanteuse • Garnet Coleman, législateur texan • Samuel Coleridge, poète • Judy Collins, musicienne, écrivaine • Shawn Colvin, musicienne • Jeff Conaway, acteur • Joseph Conrad, auteur • Pat Conroy, écrivain • Calvin Coolidge, président des États-Unis • Francis Ford Coppola, réalisateur • Billy Corgan, musicien • Patricia Cornwell, écrivaine • Noel Coward, compositeur • William Cowper, poète • Hart Crane, écrivain • Oliver Cromwell, dictateur • Kathy Cronkite, écrivaine • Dennis Crosby, acteur • Sheryl Crow, chanteuse et musicienne rock • Richard Dadd, artiste • John Daly, golfeur professionnel • Rodney Dangerfield, comédien • Charles Darwin, explorateur et scientifique • David, roi d’Israël • Ray Davies, musicien • Thomas De Quincey, poète • Lenny Dee, musicien • Sandra Dee, actrice • Ellen DeGeneres, comédienne, actrice • John Denver, chanteur et acteur • Muffin Spencer Devlin, golfeur professionnel • Diana, princesse de Galles • Paolo DiCanio, joueur de soccer • Charles Dickens, écrivain • Emily Dickenson, poète • Isak Dinesen, auteur • Scott Donie, champion olympique (plongeon) • Terence Donovan, photographe • Michael Dorris, écrivain • Théodore Dostoïevski, écrivain • Eric Douglas, acteur • Tony Dow, acteur, producteur, réalisateur • Richard Dreyfuss, acteur • Joan Rivers, humoriste • Lynn Rivers, députée au Congrès des États-Unis • Alys Robi, chanteuse • Norman Rockwell, artiste • Theodore Roethke, poète • George Romney, artiste • Theodore Roosevelt, président des États-Unis • Axl Rose, rock star • Roseanne, actrice, écrivaine, comédienne • Amelia Rosselli, poètesse • Dante Rossetti, poète et peintre • Gioacchino Rossini, compositeur • Martin Rossiter, musicien • Philip Roth, écrivain • Mark Rothko, artiste • Gabrielle Roy, auteure • John Ruskin, écrivain • Winona Ryder, actrice • Yves Saint-Laurent, créateur de mode • May Sarton, poètesse, romancière • Francesco Scavullo, artiste, photographe • Lori Schiller, écrivaine, éducatrice • Charles Schulz, dessinateur (Peanuts) • Robert Schumann, compositeur • Delmore Schwartz, poète • Ronnie Scott, musicien • Alexandre Scriabine, compositeur • Jean Seberg, actrice • Monica Seles, joueuse de tennis professionnelle • Anne Sexton, poètesse • Linda Sexton, écrivaine • Mary Shelley, auteure • Percy Bysshe Shelley, poète • William Tecumseh Sherman, général • Frances Sherwood, écrivaine • Dimitri Chostakovitch, musicien • Scott Simmie, écrivain, journaliste • Paul Simon, compositeur, musicien • Lauren Slater, écrivaine • Christopher Smart, poète • José Solano, acteur • Phil Specter, promoteur et producteur • Alonzo Spellman, footballeur • Muffin Spencer-Devlin, golfeur professionnel • Vivian Stanshall, musicienne, écrivaine, artiste • Rod Steiger, acteur • George Stephanopoulos, conseiller politique • Robert Louis Stevenson, écrivain • Sting, chanteur et musicien • Teresa Stratas, soprano • Darryl Strawberry, base-balleur • William Styron, écrivain • Emmanuel Swedenbourg, chef religieux • James Taylor, chanteur et musicien • Kate Taylor, musicienne • Lili Taylor, actrice • Livingston Taylor, musicien • P.I. Tchaïkovski, compositeur • Lord Alfred Tennyson, poète • Tracy Thompson, écrivaine, journaliste • Dylan Thomas, poète • Edward Thomas, poète • Léon Tolstoï, écrivain • Henri de Toulouse-Lautrec, artiste • Spencer Tracy, acteur • Ted Turner, fondateur du réseau CNN • Mark Twain, auteur • Hunter Tylo, actrice • Mike Tyson, boxeur professionnel • Jean-Claude Van Damme, acteur • Vincent Van Gogh, artiste • Vivian Vance, actrice • Victoria, reine d’Angleterre • Mark Vonnegut, médecin, écrivain • Kurt Vonnegut, écrivain • Sol Wachtler, juge • Tom Waits, musicien • Mike Wallace, communicateur • Michael Warren, président, Poste Canada • George Washington, président des États-Unis • Damon Wayans, comédien, acteur, écrivain, réalisateur, producteur • Walt Whitman, poète • Dar Williams, musicien • Robin Williams, acteur • Tennessee Williams, dramaturge • Brian Wilson, rock star (membre des Beach Boys) • William Carlos Williams, médecin, écrivain • Bill Wilson, cofondateur des Alcooliques anonymes • Jonathan Winters, comédien • Hugo Wolf, compositeur • Thomas Wolfe, écrivain • Mary Wollstoncraft, écrivaine • Ed Wood, réalisateur • Natalie Wood, actrice • Virginia Woolf, écrivaine • Luther Wright, joueur de basketball • Elizabeth Wurtzel, écrivaine • Tammy Wynette, chanteuse • Bert Yancey, golfeur professionnel • Boris Yeltsine, président de la Russie • Faron Young, musicien • Robert Young, acteur • William Zeckendorf, industriel • Émile Zola, écrivain • Stefan Zweig, poète Sources : Mood Disorders Association of Manitoba, What Do All These Famous People Have in Common? (affiche), août 1999. Celebrity Meltdown, Psychology Today, décembre 1999, p. 46-49,70,78. Ikelman, Joy. Famous (Living) People Who Have Experienced Depression or Manic Depression, http://www.frii.com/~parrot/living.html Ikelman, Joy. People of the 20th Century Who Had Depression or Manic Depression, http://www.frii.com/~parrot/dead.htm