variété de mammifères marins. Parmi eux figurent notamment plusieurs espèces de dauphins, le
cachalot (Physeter catodon), la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae), le Mésoplodon
(Mesoplodon densirostris), mais aussi l’emblématique dugong (Dugong Dugon), une espèce rare et
listée comme vulnérable sur la Liste Rouge de l'UICN. Le lagon de Mayotte à lui seul est fréquenté par
17 espèces de cétacés, soit 22 % des espèces mondiales (Gargominy 2003).
Pressions existantes – La destruction directe des habitats naturels est sans nul doute la pression
majeure que connaissent les écosystèmes terrestres de Mayotte et de La Réunion. A Mayotte, la
végétation primaire a été presque entièrement détruite, à l'exception de quelques fragments qui ne
représentent que 3 % du territoire (Pascal 2002). A La Réunion, la déforestation pour la plantation de
canne à sucre au 19e siècle, puis plus récemment le développement des infrastructures et
l’urbanisation due à l’expansion démographique ont détruit près de 70 % des écosystèmes naturels.
Malgré cela, et du fait de son relief accidenté, l'île conserve jusqu'à ce jour plus de forêts primaires
que la plupart des îles océaniques de la planète, et ce patrimoine présente un intérêt mondial.
Les espèces exotiques envahissantes exercent également une pression considérable sur la
biodiversité de ces îles. En particulier à La Réunion, le nombre d’espèces végétales exotiques est
presque trois fois supérieur au nombre d’espèces indigènes. Parmi elles, la vigne maronne (Rubus
alceifolius) a pris des proportions inquiétantes et colonise le territoire à grande vitesse. La gestion de
ces espèces envahissantes est le plus grand et le plus complexe défi actuel pour la protection de la
biodiversité réunionnaise.
Les milieux marins de l’Océan Indien ne sont pas non plus épargnés par les pressions anthropiques.
La moitié des récifs coralliens de la région est dégradée (WRI), touchés notamment par la surpêche,
la pollution domestique et agricole, et la sédimentation due à l’érosion des terres. Le remarquable
lagon de Mayotte en particulier connaît une évolution inquiétante avec un envasement croissant sur
plus de la moitié de sa surface, qui affecte largement les herbiers et les récifs coralliens de l’île.
L’archipel des Chagos et les îles Éparses possèdent des récifs exempts de pressions anthropiques
directes et sont donc mieux préservés. Certains de ces récifs semblent cependant avoir été fortement
affectés par le phénomène El Niño majeur de 1998, notamment ceux de l'archipel des Chagos et de
l'île française d'Europa.
Projections climatiques pour la région – D’après le GIEC, les températures annuelles moyennes de
l’Océan Indien pourraient augmenter de 2,1°C d’ici 2100 (cf. tableau 5). Des observations aux
Seychelles témoignent déjà d’une augmentation significative de la température entre 1961 et 1990
(Easterling 2003). Les fluctuations du phénomène El Niño (cf. introduction) influent directement sur les
températures de surface des eaux de l’Océan Indien. En 1998, lors d’un phénomène El Niño majeur,
les températures des eaux de surface se sont maintenues au-dessus de 30°C pendant plusieurs
semaines sur l’ensemble de l’Océan Indien. L’impact du changement climatique sur l’occurrence du
phénomène El Niño est à ce jour incertain, mais il risque d’accentuer considérablement son ampleur
et ses impacts dans les années à venir.
En matière de précipitations, le niveau de confiance des projections du GIEC n’est pas aussi
satisfaisant que pour les températures, et les projections ne sont pas uniformes suivant les sous-
régions et les saisons. Néanmoins, le GIEC prévoit un renforcement des précipitations moyennes
annuelles dans l’Océan Indien Nord, avec notamment une augmentation au niveau des Seychelles en
été (décembre, janvier, février) et au niveau de l’archipel des Chagos en hiver (juin, juillet, août), et
une diminution des précipitations au niveau l’île de La Réunion et de l'île Maurice pendant la période
hivernale. Les précipitations extrêmes ont déjà augmenté de manière significative aux Seychelles de
1961 à 1990 (Easterling 2003). Pour l’ensemble de l’Océan Indien, le GIEC projette une augmentation
des précipitations moyennes annuelles de 3 à 5 % d’ici la fin du siècle.
Il n’existe pas de données spécifiques montrant l’impact du changement climatique sur l’incidence des
cyclones pour l’Océan Indien. Néanmoins, au niveau global, les projections annoncent que les
cyclones tropicaux vont devenir plus violents avec des vents plus forts et les précipitations plus
intenses pour l’ensemble du globe. Cette tendance va avoir une incidence directe sur l'Océan Indien
occidental, qui est déjà l'une des régions du monde les plus affectées par ce type de phénomène.
Enfin, le GIEC prévoit une élévation du niveau marin de 0,35 mètre en moyenne au niveau mondial,
et une moyenne d’élévation similaire pour l’Océan Indien (Church 2006). Il faut cependant noter que
d'une part les différents modèles utilisés présentent de larges divergences, ce qui rend les estimations
incertaines, et que d'autre part l’élévation du niveau marin n’est pas uniforme suivant les sous-régions.
De 1993 à 2001, une élévation du niveau marin significative a été observée au niveau de l’archipel
des Chagos, alors qu’une diminution significative a été mesurée à l’île de La Réunion (Church 2006).