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Introduction :
L’intérêt de notre communication consiste à esquisser notre propre expérience dans
l’enseignement de la socio-anthropologie dans le département de langue et culture amazighes
de l’université de Tizi Ouzou, tout en montrant la manière avec laquelle se font ces
enseignements et leur contenu. Il est important aussi de replacer ces enseignements dans le
champ des enseignements du berbère aux côtés d’autres disciplines, à savoir la linguistique, la
littérature structurant fondamentalement ce champ. On terminera enfin par montrer la position
qu’occupent ces enseignements au département amazigh.
Comment les enseignements de la socio-anthropologie intègrent l’enseignement de
berbère à l’université, particulièrement au département amazigh ? Le module de socio-
anthropologie est composé en principe de deux disciplines des sciences sociales, la sociologie
et l’anthropologie, l’une des disciplines qui structurent l’option civilisation amazighe (ou
civilisation du Maghreb) aux côtés donc de la discipline d’histoire.
Les concepteurs de cette formation, langue et culture amazighes, depuis l’ouverture de
ce département en 1990, initialement la post-graduation que nous avons nous-mêmes suivie
durant la première promotion, puis la graduation dans ces deux systèmes ; classique depuis
1997 et LMD depuis 2010. La socio-anthropologie intègre les programmes de cette formation,
avec un statut d’option « civilisation amazighe » qui regroupe à cet effet, en plus de la socio-
anthropologie, l’histoire
(1)
.
1- De l’étudiant de la post-graduation en civilisation
amazighe à l’enseignant de la socio- anthropologie :
Il est intéressant ici de retracer très rapidement notre parcours dans ce département où
nous avons été au départ étudiant dans l’option civilisation amazighe, dans la spécialité de
socio-anthropologie, à l’enseignant de la socio-anthropologie dans le même département.
Notre formation de licence en sociologie s’avère une continuité dans notre cursus de
formation en socio-anthropologie du domaine amazigh, notamment avec l’ouverture du
département de langue et culture amazighes à l’université de Mouloud Mammeri de Tizi
Ouzou dont nous avions fait partie des étudiants de la première promotion.
(1)
Pour plus de détail, voir notre contribution présentée au colloque de l’AIMS-CEMA à Tanger (Maroc) du 28 juin au 2
juillet 2012 : « Le département amazigh de l’université de Tizi Ouzou (1990 -2012) : bilan critique »).
Notre soutenance, en novembre 1998, nous a offert l’opportunité, comme pour la
plupart de nos camardes ayant soutenu leur magister, d’être recrutés comme enseignants
permanents pour assurer des enseignements, chacun dans la spécialité de sa formation, bien
entendu, pour les étudiants de la graduation, une licence qui a été ouverte 7 ans plus tard,
précisément en septembre 1997. Cette licence, qui semble être une continuité de la formation
de la post-graduation, est désormais encadrée par nous-mêmes, étudiants de la post-graduation
ayant soutenu leur mémoire de magister (Hadibi & Kinzi : 2004). Pour notre cas, nous
sommes recrutés en février 1999, alors qu’on est, à cette date, en deuxième promotion de
licence, comme enseignant de socio-anthropologie et depuis cette date à nos jours, nous
assurons le même module, et ce, en plus des encadrements toujours dans la même spécialité et
à quoi s’ajoute également l’enseignement du module de méthodologie. De 1999 à 2012, on
compte 13 ans d’enseignement de la socio-anthropologie au département amazigh de
l’université de Tizi Ouzou, une durée importante nous permettant d’acquérir une expérience
pédagogique inédite dans notre carrière professionnelle et qui confectionne, en quelque sorte,
notre « personnalité pédagogique », voire même universitaire. C’est de cette expérience que
nous avons envie de parler et de la livrer aussi aux lecteurs (dont surtout les pédagogues);
quels enseignements peut-on tirer de notre expérience pédagogique dans le domaine de
l’enseignement du savoir sociologique et anthropologique, notamment lorsqu’il s’agit de
l’enseignement dans le champ berbère l’anthropologie constitue un « paradoxe
idéologique » incontournable dans la réflexion et dans les représentations des universitaires
(dits aussi berbérisants) autour de la question scientifique de la langue et de la culture
amazighes. Elle constitue d’une part un intérêt cognitif irréfutable, mais malheureusement,
souvent inavouable, et d’autre part un enjeu stratégique majeur qui constitue toujours une
source de « conflit » mais surtout d’une marginalisation non justifiable du point de vue
scientifique et éthique
(2)
.
2- La socio-anthropologie : module de l’option civilisation amazighe ou
module d’appoint à la langue tamazight ?
Dans la conception initiale des études berbères, d’où la création d’un département de
langue et culture amazighes (Mammeri & Chaker : 1983), la socio-anthropologie constitue
une spécialité de l’option civilisation amazighe. C’est dans cet esprit-là que la formation de la
post-graduation en langue et culture amazighes a été élaborée, depuis l’ouverture de ce
département en 1990 jusqu’à 1997, fin de la post-graduation classique (voir Kinzi : 2012).
Ainsi la formation en post-graduation en langue et culture amazighes a été conçue dans trois
options structurant le mode pédagogique, scientifique et de la recherche du champ amazigh :
il s’agit en l’occurrence de l’option linguistique, option littérature et option civilisation qui
regroupe en son sein la socio-anthropologie et l’histoire. L’objectif de cette structuration est
(2)
Voir aussi comment l’anthropologie constitue un enjeu et subit la marginalité dans l’enseignement universitaire au Maroc,
Skounti Ahmed, « L’anthropologie chez soi : réflexion sur la pratique anthropologique au Maroc », Anthropologie du
Maghreb, Actes des rencontres de Marrakech, Cahiers du centre Jaques Berque N°1, 2004, pp 9-18
de vouloir (?) former des cadres de penser, enseignants et chercheurs, du domaine amazigh,
sans aucune exclusion de discipline par l’autre et sans favoritisme d’aucune option ou d’une
discipline par rapport à l’autre. L’intitulée « langue et culture amazighes » devait en effet
recouvrir tout ce champ disciplinaire, dont les options disciplinaires sont non seulement
nécessaires mais surtout nécessairement complémentaires. C’est dans cet esprit que nous
sommes formés et c’est dans cette conception des choses que nous avons voulu nous inscrire.
Mais l’option civilisation amazighe a déjà connu des tentatives de la réduire à sa juste
valeur. Les faits remontent déjà à l’année universitaire 1991/1992, l’année qui devait marquer
la spécialisation de la première promotion de magister, où le chef de département de l’époque
déclarait que désormais il n’y aura plus d’option et les étudiants doivent préparer un magister
de langue et culture amazighes d’où la tendance de la suprématie de la linguistique sur les
autres disciplines. Ceci devait constituer, à nos yeux, une première tentative de s’attaquer
ouvertement à l’option civilisation dont l’anthropologie constitue sa poutre maitresse. C’est
grâce à la contestation des étudiants, après avoir observé un mois de grève, que les choses se
sont rétablies et retournées à leur place.
Mais il a fallu attendre plutôt l’ouverture de la licence que les intentions se
concrétisent davantage. Une licence de « langue et culture amazighes » visiblement orientée
vers une licence d’enseignement, c’est ce qui peut être logique, en effet, compte tenu du
besoin social dans le domaine. Les programmes confectionnés par la Commission Nationale
Pédagogique (CPN), composée principalement des enseignants des deux départements
existants, à savoir le département amazigh de Tizi Ouzou et celui de Bougie, ont relégué la
socio-anthropologie à un module d’appoint i.e. un support pour la langue et la littérature.
Ceci apparait clairement dans le volume horaire attribué par semaine : 1h de cours et 1h 30 de
TD, un coefficient sur 2, ainsi que sa durée d’enseignement pour trois années sur quatre
faisant le cursus réel de la licence. A cela doit s’ajouter le problème des mémoires qui
devaient être faits dans cette option, et ce, si on tient toujours compte de ce qu’ont prévu ces
programmes qui mentionnent entre parenthèse les mémoires qui doivent être préparés
uniquement en linguistique et en littérature. C’est dans ce contexte caractérisant la
philosophie pédagogique du champ amazigh structurant l’institution universitaire, en
l’occurrence le Département amazigh, que nous devons nous inscrire en fait notre expérience
de l’enseignement de la socio-anthropologie.
3-
Qu’enseignons-nous ? Ce que prévoient les programmes et ce qui
ressort de nos orientations personnelles.
L’enseignement du module de socio-anthropologie est étalé sur trois années. Il s’agit
en fait de deux modules, sociologie et anthropologie, qui se ressemblent dans la forme, mais
qui diffèrent dans le contenu, et ce, même si on préfère dire « administrativement » et dans
l’esprit collectif du département, « la sociologie » dont elle est incluse l’anthropologie
inconsciemment s’agit-il de négation et/ ou d’un simple refus pour l’anthropologie ?
- La première année est consacrée à la sociologie générale.
- La deuxième année à l’anthropologie culturelle du Maghreb.
- La troisième année à l’anthropologie des groupes berbérophones.
Quant aux enseignants assurant ce module, on est, en principe, au nombre de trois,
diplômés de magister dans l’option civilisation amazighe et dans la spécialité socio-
anthropologie et ayant soutenu nos thèses de doctorats tous les trois en France dans le
domaine de la sociologie et de l’anthropologie. Ainsi chacun de nous s’occupe d’un niveau,
pour chaque année. Cette même structuration est aussi valable pour le nouveau système de
licence LMD d’où ces trois niveaux sont réduits sur le plan qualitatif et adaptés à la nature de
cette formation. Autrement dit, le module de socio-anthropologie est assuré uniquement sur
trois semestres et chaque semestre a son équivalent de l’année du système classique. En clair,
le premier semestre a l’équivalent de la première année classique on enseigne
l’introduction à la sociologie générale avec presque les mêmes programmes; au deuxième
semestre, c’est l’équivalent de ce qu’on enseigne en deuxième année : « anthropologie
culturelle du Maghreb » avec de gères modifications dans le contenu des programmes et,
enfin, le semestre trois, c’est l’équivalent de la troisième année avec les mêmes programmes
et avec également une légère modification dans le contenu.
Nous devons insister ici sur notre propre expérience, nous n’engageons pas sur celle
de nos collègues dans la même matière. Pour des questions de méthode et pour donner la
forme la plus intéressante à cette expérience pédagogique nous devons d’abord parler du
contenu des enseignements de ce module dans le système classique (dont l’expérience est plus
longue et plus conséquente), ensuite nous enchainons, d’une manière un peu rapide, sur celui
du nouveau système, appelé LMD, et qui est introduit, il y a maintenait deux années. Nous
devons parler des contenus des cours (cours magistraux) et ensuite des travaux dirigés,
comme des prolongements et des applications pratiques aux cours.
4- Le contenu des cours de socio-anthropologie
Il s’agit pour la première année de cours d’initiation plutôt à la sociologie générale.
Conformément aux programmes que nous avons aménagés au fil des années et aux progrès de
nos expériences, nous enseignons principalement l’objet de la sociologie et ses méthodes,
l’histoire de la discipline de la sociologie, ses précurseurs et fondateurs, depuis des classiques
jusqu’aux contemporains et clôturer le programme de l’année par les différents courants
théoriques de la sociologie (évolutionnisme, fonctionnalisme, structuralisme, diffusionnisme,
marxisme, khaldounisme, individualisme méthodologique (courant individualiste en
sociologie)). Dans cette démarche pédagogique, chaque courant correspond en fait à son
fondateur que nous avons passé en revue avec plus de détails et de considération
3
.
3
Les courants théoriques nous les avons organisés sous forme d’un tableau de déduction et de synthèse dans
lequel le type de courant, ses fondements et ses fondateurs ou auteurs sont organisés dans chaque case.
Quant aux travaux dirigés, nous travaillons essentiellement sur la base de fiches de
lecture à présenter oralement par chaque étudiant. C’est ce qu’on peut appeler, en effet, les
exposés. Ces textes choisis en fonction du contenu des programmes et leur intérêt
pédagogique portant principalement sur les grands auteurs de la sociologie tant classiques que
contemporains : tels que Montesquieu, Tocqueville, Comte, Durkheim, Marx, Weber, Ibn
Khaldoun, etc. et ce, pour les classiques. Pour les contemporains, nous faisons travailler sur
Bourdieu, Touraine, Mondras, Balandier, Guy Rocher, Boudon, Goffman, etc. L’intérêt de
faire travailler les étudiants sur ces textes est double : d’une part nous les incitons à découvrir
l’importance sociologique de l’auteur lui-même et d’autre part le contenu du texte va lui
permettre de s’initier à un savoir sociologique.
Pour ce qui est des enseignements de la deuxième année, il s’agit d’anthropologie
culturelle du Maghreb. Dans ce programme les cours sont orientés vers des considérations
beaucoup plus théoriques. Il s’agit, en effet, d’une forme d’aménagement et d’allègement que
nous avons établie. Nous avons plutôt orienté ces enseignements, tout en gardant l’ossature
des programmes proposés, sur la sociologie culturelle et dynamique et sur la théorie de la
culture et en réservant la dernière partie aux transformations culturelles contemporaines du
Maghreb, tout en insistant beaucoup plus, en revanche, sur l’Algérie. Autrement dit, les
questions culturelles sont au cœur de la réflexion, à la fois sociologique et anthropologique,
tout en passant en revue, les différentes écoles sociologiques et/ou anthropologiques de la
culture. Cette formation qui parait visiblement, une formation théorique et surtout
paradigmatique et conceptuelle, sera complétée par des études pratiques et illustratives, dans
le sillage des travaux dirigés. Pour ce faire, nous choisissons des textes des grands auteurs de
la sociologie et de l’anthropologie du Maghreb tout en réservant une place assez considérable
pour les sociétés berbères. L’objectif de cette démarche est primordialement de faire connaitre
et de faire découvrir des sociologues et anthropologues ayant travaillé sur des questions
culturelles et particulièrement sur les sociétés berbères. C’est l’exemple des auteurs : Pierre
Bourdieu, Abdelmallek Sayad, Mustapha Haddab, Mustapha Lachref, Mohamed Arkoun,
Camille Lacoste-Dujardin, Mouloud Mammeri, Germaine Tillon, Dominique Casajus,
Slimane Rehmani, Mohand Khellil, Youcef Nacib, André Bourgeot, Hassen Rachik, Marceau
Gast, Rachid Bellil, etc
4
. Pour la méthode, elle est toujours la même, i.e. présenter une fiche
de lecture pour un texte attribué. Ce qui semble important dans ces séances est de pouvoir
coordonner et articuler ces connaissances pratiques (ou parfois empiriques) sur une société,
sur un objet sociologique et anthropologique précis, avec des connaissances théoriques, d’où
les illustrations importantes à travers des synthèses. Cette question est aussi valable pendant
les cours théoriques dont le retour aux textes traités dans le TD constitue les meilleurs
exemples pratiques pour mettre en avant le terrain maghrébin et particulièrement la culture
4
En outre, nous faisons aussi découvrir les travaux de nos enseignants, notamment leurs mémoires de
magister : le cas du mémoire de Hadibi Mohand Akli, Kherdoussi Hassina, Abdennebi Houria, Ouled Fella
Abdennour (en langue arabe), etc.
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