Rapport et Proces-Verbaux des Reunions - Volume 159 - 1970

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PRÉFACE
Bien que depuis sa création l’essentiel de ses activi­
tés se soit développé dans l’Atlantique nord-est, le
Conseil International pour l’Exploration de la mer
a toujours été ouvert aux problèmes soulevés par la
connaissance des ressources exploitées dans les regions
plus méridionales, bordant le nord-ouest africain, et
il a toujours fait une large place aux travaux qui leur
étaient consacrés. C’est pourquoi, lorsqu’en 1964 les
Présidentes du Comité Atlantique, du Comité des
Poissons scombriformes et du Comité de la Sardine
le proposèrent, le Conseil décida de tenir un Sympo­
sium sur l’Océanographie et la pêche dans FAtlantique
africain, au nord de l’Equateur (Résolution 1964/7).
A la réunion statutaire de 1965, les objectifs du
Symposium furent précisées et limités à l’étude des
ressources du plateau continental africain, leurs stocks
et leur pêche, entre le détroit de Gibraltar et le Cap
Vert, la région plus au sud devant faire l’objet de
deux réunions particulières: un colloque sur l’océano­
graphie et les ressources halieutiques de l’Atlantique
tropical organisé par l’UNESCO, la FAO et l’OAU
à Abidjan en 1966 et une conférence technique de
la FAO sur les pêcheries de l’ouest-africain, à Dakar
en 1967.
L’initiative du C IEM se situait donc a un moment
et dans un contexte particulièrement favorables. Le
concours que lui apporta la FAO et la large partici­
pation que connût le Symposium, du 25 au 29 mars
1968 à l’Université de la Laguna, à Santa Cruz de
Ténérife, témoignent de l’intérêt qu’il suscita.
On en trouvera le reflet dans le compte rendu
publié en 1969 par la FAO et qui contient, outre
un résumé des contributions, les rapports établis par
chacun des présidents des sections.
Mais l’abondance et la qualité des documents pré­
sentés rendaient nécessaire la publication intégrale de
la plupart d’entre eux. On verra en effet qu’ils con­
stituent à la fois une synthèse précieuse et un apport
d’éléments nouveaux pour la connaissance d’une ré­
gion, trop seuvent méconnue jusqu’alors, mais pour­
tant remarquable par l’ampleur des phénomènes dy­
namiques que l’on y observe, la haute productivité
qui la caractérise et l’importance des pêcheries qui
s’y sont développées.
Ils montrent que le stade des études de base semble
sinon dépassé, du moins assez avancé dans la plupart
des domaines et que l’on possède suffisamment de
données pour organiser des travaux plus approfondis
destinés à mieux comprendre les phénomènes qui se
déroulent dans cette région, les processus qui les
unissent et l’influence qu’ils peuvent avoir sur la distri­
bution et l’abondance des ressources vivantes.
Si ce volume permet de faire le point de nos con­
naissance au moment où fut tenu le Symposium, il
constitute également une contribution au projet de
recherchez en commun dans le nord-est de l’Atlantique central, adopté par la C O I en 1969, et dont la
réalisation a été confiée au Conseil.
11
s’inscrit donc dans le cadre de la mise en oeuvre
d’un vaste programme scientifique et il faut souhaiter
qu’il soit le début d’une collaboration bénéfique entre
chercheurs et organisations d’Europe et d ’Afrique.
R.
L etaconnoux,
A. E. J.
W
ent
E S P E C E S D U G E N R E S E P IA D U S A H A R A E S P A G N O L
Par
R.
C. G
a r c ia
C abrera
Institut Espagnol d ’O ceanog raphie, L ab oratoire d e S an ta C ru z d e Tenerife, Espagne
L’utilisation de la seiche (« choco », « jibia » ou
« sepia » en espagnol) sur les bancs de pêche sahariens
est traditionelle pour les embarcations de pêche espag­
noles et, spécialement pour la flotte des Canaries.
Au cours des 100 dernières années la pêche de ces
mollusques a traversé des moments difficiles. Avant
d ’employer les chaluts le long du littoral africain la
seiche servait seulement comme appât pour d’autres
pêches d’un rendement supérieur sur les marchés.
Quand on a commencé à utiliser ces engins, des quan­
tités énormes de mollusques du genre Sepia ont été
réjetées à la mer, ces animaux n’étant même pas
employés pour fabriquer des farines en les mélangeant
avec des poissons.
Depuis 1936 on envoie de très grandes quantités de
seiche aux marchés espagnols de Vigo et d’Andalousie,
spécialement quand le calmar se fait rare.
Au cours de 1958, 1959 et 1960 les japonais sur­
gissent dans la zone de pêche du Sahara et la seiche
bénéficie d ’une réévaluation qui rend sa pêche ré­
munératrice.
A l’heure actuelle le nombre de bateaux qui se con­
sacrent spécialement à la pêche des seiches, calmars et
poulpes est supérieur à 200 et leur tonnage dépasse
25 000 tonnes métriques.
Des 4 000 tonnes que l’on péchait en 1936 on est
arrivé à environ 50 000 tonnes en 1967, ce chiffre ne
représentant que les captures espagnoles débarquées
dans les ports et celles qui sont vendues aux japonais.
L’importance énorme de l’espèce étudiée du point
de vue commercial nous a incités à poursuivre une
étude de la biologie et de la pêche des espèces du
genre Sepia sur le littoral saharien. Pendant la seconde
quinzaine du mois de juillet 1967, et à la demande des
armateurs des « grands chalutiers » du port de Las
Palmas, s’embarquent sur le bateau de pêche espagnol
« Isla Alegranza » un biologiste et un préparateur du
Laboratoire Océanographique des Canaries pour
étudier la biologie et la pêche du poulpe (Octopus
vulgaris C.) et de la seiche (Sepia officinalis hierredda
R a n g ).
S’il est de fait que le Laboratoire Océanographique
des Canaries se consacre tout particulièrement depuis
plus de 12 ans à l’études des bancs de pêche sahariens,
on n ’avait toutefois pas encore étudié d’une façon
spéciale la biologie de la seiche saharienne (Sepia
officinalis hierredda R a n g ).
L’« Isla Alegranza » est un bateau de pêche très
moderne puisqu’il fut lancé à la fin de 1966. Il a une
capacité de 494 tonnes, et une puissance de 1 100
C.V. Il est construit avec une rampe en poupe et sa
longueur est de 40 mètres. L’équipage se compose de
30 hommes. La période de pêche à laquelle nous
avons assisté, commença le 15 juillet et se termina le
12 août suivant.
Z O N E D E PE C H E S
La zone où eurent lieu les pêches est située à environ
60 milles au N.O. de Villa Cisneros et à 200 milles du
port de Las Palmas. Il s’agit d’une bande limitée du
littoral saharien qui s’étend de quilques milles au
Sud du Cap Leven jusqu’à M orro Gamet, compre­
nant le littoral de Camellito, La Monja, Las Canuelas,
Barranco del Agua et la Baie de Gamet.
La pêche la plus proche de la côte s’effectua à 8
milles et la plus éloignée à 20 milles. Comme du Cap
Leven à Morro Garnet il y a seulement une distance
de 25 milles, on peut calculer que la superficie de
chalutage n’était pas supérieure à 300 milles carrés, et
pourtant, sur cette petite zone 70 navires environ
peuvent opérer en même temps. Les fonds conviennent
parfaitement au chalutage et la profondeur minime
est de 20 m à 30 au maximum. Cette zone, d ’un grand
intérêt du point de vue biologique, a toujours été très
exploitée par les chalutiers. O n la connaît depuis des
siècles sous le nom de « Plage du Pagre » à cause de
la grande quantité de Sparidés que l’on y Capturait.
Les réserves de ces poissons étant épuisées de nos jours,
ce sont les fonds de pêche qui sont le plus visités pour
la capture des seiches et des poulpes.
La nature des fonds est uniforme et ils se composent
de sables, coquillages, coquilles de bivalves entières et
non décomposées et de sables coquilliers. Certains
sables sont riches en quartz, mais d ’autres, après un
traitement à l’acide chlorhydrique, ne laissent aucune
trace minérale mais seulement une petite quantité de
matière organique.
Dans certains endroits se trouvent des phanéro­
games marines [Zostera). Cependant il y a en grande
abondance des prairies d ’algues rouges avec, parmi
d’autres espèces Gelidium, Chondrus et Coralines. Au
cours de certains chalutages on a ramassé jusqu’à 380
kilos d ’algues.
133
Espèces d u genre Sepia
Les espèces de mollusques gastéropodes et bivalves
sont très variées et abondantes.
Parmi les gastéropodes nous avons recueilli Yetus,
Murex, Dollium, Ranella, Conus, Thais, Natica,
Turritella, Patella, T roehus, Marginella, etc.
Parmi les Lamellibranches nous avons trouvé
Pecten (trois variétés), Cardium, Venus, Donax, T a ­
pes, Mytilus et Area. Certaines pêches rapportaient de
grandes quantités de Cardium edule et de Venus ver­
rucosa et, dans l’une d ’elles, nous en avons compté
jusqu’à 315 exemplaires. Une étendue de presque deux
kilomètres de fond était formée de coquilles de Car­
dium edule, presque entières.
Les crustacés étaient moins abondants mais dans
toutes les pêches nous avons capturé des crabes ermites
avec des actinies. Parmi les échinodermes on capturait
toujours des Holoturies et des étoiles de mer en gran­
des quantités. Dans une seule pêche nous avons
compté jusqu’à 200 Holoturies et 425 étoiles de mer.
Une espèce du genre Aplysia qui sécrété un liquide
rouge-violet, est très courante. Quand les exemplaires
sont nombreux ils colorent les poissons ce qui diminue
leur valeur.
LES ESPÈ CE S
Jusqu’à ce jour nous avons pu trouver sur les bancs
de pêche sahariens, d’Agadir jusqu’au Cap Blanc, les
espèces suivantes du genre Sepia:
Sepia
Sepia
Sepia
Sepia
Sepia
Sepia
offinalis officinalis L i n n é .
officinalis hierredda R a n g .
bertheloti d ’O r b i g n y .
elegans d ’O r b i g n y .
orbignyana F e r u s s a c .
elobyana A d a m .
De ces six espèces, parfaitement identifiées, nous
devons faire remarquer que la dernière de la liste,
Sepia elobyana, a été seulement identifiée par des os
trouvés sur la plage du Cap Blanc et dans l’estomac
d’une murène (Muraena helena L.) pêchée à Las Ballenas au Nord de Giiera pendant l’été de 1965. Nous
n’avons pas vu d’exemplaires complets, mais tout
mène à croire qu’il en existe dans les eaux sahariennes.
La famille Sepiidae a é t é c r é é e par
l e g e n r e Sepia p a r L i n n é .
d ’O r b i g n y ,
SEPIA OFFICINALIS OFFICINALIS (L.)
Sepia Aristote. Livre IV page I.
Sepia Pline. Hist. Naturelle Livre 9. Chap. X X IX
page 645.
Sepia officinalis. L i n n é . 1767. Syst. Nat. Chap.
X II page 1095.
Sepia officinalis.
Sepia officinalis.
L amarck
F erussac
1822.
et d ’O r b i g n y .
Les pêcheurs confondent facilement cette espèce
avec la Sepia officinalis hierredda. On capture souvent
de grandes quantités de Sepia officinalis aux Canaries
et dans les zones proches d’Ifni. Aux mois de juillet,
août et septembre elle abonde dans l’Archipel des
Canaries, au mois de septembre et d’octobre, au nord
du Cap Juby. Il semble que la thermique marine joue
un rôle important dans la biologie de cette espèce,
tout au moins dans les eaux africaines. On n’en trouve
pas au sud des Iles Canaries où elle est remplacée par
la Sepia officinalis hierredda dans les eaux de surface
et par le reste des espèces déjà citées dans les eaux
plus profondes.
Les nageoires de cette espèce occupent toute la
longueur du corps. Les tentacules sont inégaux. Par
rapport à leur longueur, les paires de bras vont en
décroissant à partir des ventraux, qui sont les plus
grands, jusqu’aux dorsaux qui sont les plus petits. Il
n’y a pas de petits tubercules autour des yeux. Les
cercles cornés des ventouses des masses tentaculaires
sont lisses. Le rostre est presque plat. La coquille in­
terne (l’os) est moins accusée dans sa partie antérieure
que dans celle de la Sepia officinalis hierredda.
SEPIA OFFICINALIS HIERREDDA. R an g , 1837
C’est la
d’Afrique.
plus de 4
des masses
seiche de plus grande taille de la Côte
Quelques exemplaires parviennent à peser
kg. Certains exemplaires mesurent 1-5 m
tentaculaires à la fin du manteau.
Selon la synonymie classique nous avons :
Sepia hierredda. R a n g , 1837.
Sepia hierredda. F e r u s s a c et d ’O r b i g n y ,
1835-1848.
Sepia officinalis hierreda. A d a m , W., 1941.
Sepia officinalis (L), R o b s o n , 1926.
Sepia goreense. A d a m , 1941.
Sepia oculifera. A d a m , 1941.
Il s’agit de la seiche qui abonde le plus sur les bancs
canariens-africains; 99 % des pêches réalisées par 1’« Ile
Alegranza » correspondent à cette espèce que nous
allons étudier maintenant.
La plus grande que nous ayons prise, dans un lot de
108 exemplaires, a 39 cm, sur la partie dorsale du
manteau mais, comme nous l’avons indiqué, quelques
exemplaires dépassent 40 cm, mais ils n’ont pu être
étudiés.
Les dimensions sont pratiquement les mêmes entre
maies et femelles. Les jeunes exemplaires sont pro­
portionnellement plus larges que les adultes. Les bras
sont aplatis latéralement. L’extrémité distale des
134
R . C. G a rc ia C ab re ra
dorsaux, sur sa partie extérieure, est arrondie ou
légèrement carénée. Sur les dorsaux et ventraux
latéraux la carène s’amplifie petit à petit, mais c’est
sur les ventraux, là où elle est le plus développée,
qu’elle s’allonge à sa base formant une nageoire nata­
toire.
Les couches épidermiques sont très fragiles et se
déchirent facilement.
Tous les bras ont quatre séries longitudinales de
ventouses presqu’identiques sur des rangs transversaux.
Chez les jeunes seiches toutes les ventouses ont un
cercle corné denticulé. Chez les individus adultes, le
tiers basai des bras a ses ventouses avec un cercle corné
lisse. Les ventouses moyennes de la moitié des bras ont
aussi le cercle corné lisse. La partie opposée à la base
des bras a toujours le cercle denticulé. Au milieu de
la masse du bras tentaculaire les ventouses sont très
inégales et beaucoup plus grandes que les autres, elles
forment des lignes transversales de 8 ventouses. Les
latérales sont plus petites que les centrales. Chez les
grands exemplaires le cercle corné des grandes ven­
touses est lisse, et finement dentelé chez les petites.
La membrane buccale possède sept pointes mais les
ventrales ne sont pas visibles chez les femelles adultes
à cause du développement des plis qui servent à fixer
les spermatophores des mâles. Dans cette partie trans­
formée de la membrane buccale il y a une paire de
petites ouvertures des réceptacles séminaux; le pli de
la membrane les rend peu visibles. Chez le mâle, le
bras ventral gauche se transforme en hectocotile; à sa
base se trouvent quelques ventouses normales, mais
immédiatement elles se réduisent et sont distantes les
unes des autres.
L’extrémité du bras est normale. Cette particularité
anatomique est un signe sûr pour la détermination du
sexe des exemplaires.
La coquille intérieure est ovale et allongée, un peu
acuminée antérieurement et avec une pointe postérieure
tout à fait libre de chitine. Il n’en est pas ainsi pour la
Sepia officinalis officinalis.
L a face dorsale de l’os est rugueuse et légèrement
bombée avec deux légères élévations latérales et une
centrale, alignées longitudinalement et peu marquées.
La face de la coquille qui est contre l’intérieur du
corps présente une zone striée qui, chez les adultes, est
légèrement supérieure à la moitié. Chez les jeunes
seiches la coquille est proportionnellement plus longue
que chez les adultes et la zone striée plus courte.
Reproduction
et p o n t e
Les oeufs de S. officinalis hierredda sont gros,
d’environ 8 à 10 millimètres de grand diamètre, et
placés pendant la ponte, sur des branches d ’algues,
Zostera, de coraux, des éponges ou matériaux arbores­
cents et déjà morts, du fond marin.
Ceux qui nous servent d ’exemple et que nous avons
observés sont munis d’un pédoncule qui les unit aux
pédoncules des autres, ou directement à la branche
du support de gorgonidé d ’une teinte sombre.
Ils ont une forme ovoïde et sont d’un noir intense.
L a grappe a 387 oeufs. Chaque oeuf possède trois
membranes, l’extérieure de couleur noire intense et la
plus interne presque transparente. En les déchirant
jaillit un liquide intérieur où surnage la larve de la
seiche déjà parfaitement formée dans les oeufs mûrs.
En plaçant la grappe d’oeufs dans un seau plein d ’eau
salée on observe que quelques-uns s’ouvrent libérant
la petite seiche à l’état de larve qui a de 7 à 8 mm et
nage rapidement; elle parvient à vivre jusqu’à une
heure dans la cuve sans que l’on change l’eau. Quand
l’augmentation de la température est rapide, elle meurt
rapidement mais survit si l’on maintient des tempéra­
tures de 18° C.
Alors que les larves de poulpe mènent une vie
planctonique pendant quelques jours, celles de seiche
s’adaptent immédiatement à la vie benthique et se
mettent à l’abri, dans les accidents du fond, de leurs
ennemis séculaires. Ce fait est d’une très grande im­
portance pour le développement de l’espèce puisque
les courants normaux des eaux littorales n ’ont pas une
très grande influence sur la distribution des larves.
Quand arrive l’époque de la reproduction le mâle
acquiert une coloration intense, variée et brillante. Il
semble que les couleurs nuptiales du mâle influent sur
l’occouplement des sexes. Quand la m aturité sexuelle
du mâle survient, celui-ci laisse ses spermatophores
formés à travers le bras hectocotilisé dans la membrane
buccale de la femelle et non dans la cavité palléale
comme les poulpes.
Nous n’avons pas trouvé que les mâles soient
supérieurs aux femelles en taille. Les exemplaires
étudiés dans le lot et appartenant au dit sexe, atteignent
d’assez grandes tailles. Evidemment les exemplaires de
plus grand poids ne sont pas toujours des mâles.
Les oeufs se déposent petit à petit dans la partie
latérale et postérieure de la femelle. Presque tous les
exemplaires étudiés étaient pleins d ’oeufs ou de
spermatophores. Nous en avons trouvé quelques-uns
avec des glandes vides mais tout indiquait que la ponte
avait eu lieu quelques jours avant ou peut-être depuis
plus longtemps.
Bien entendu, chez les femelles les oeufs ne sont pas
en liberté dans la cavité palléale, mais ils sont unis
par une fine membrane qui se déchire avec facilité en
coupant le manteau pour les mettre à nu. Ensuite,
avant la ponte, ils passeront par une glande spéciale
qui les protégera avec des membranes d’une teinte
sombre.
135
Espèces d u genre Sepia
Données biométriques
Si les mesures de tailles et de poids présentent cer­
taines difficultés chez les poulpes, par contre pour les
seiches on les réalise plus facilement et l’erreur est
bien moindre. Cependant il ne nous semble pas
prudent de rapporter les poids et la longueur totale,
vu le grand développement des bras tentaculaires. Au
lieu de la taille totale nous avons préféré la longueur
du manteau en sa partie dorsale bien que nous don­
nions la longueur totale.
P O ID S , T A IL L E S , SEXE E T M A T U R IT E S E X U E L L E C H E Z LA
s e ic h e
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( Sepia
officinalis hierredda)
L ongueur
Poids Longueur
dorsale m anteau (en gr.) totale
(en m m.)
(en mm.)
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39
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45
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52
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100
100
100
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330
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Sexe
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M âle
Femelle
Femelle
Femelle
Femelle
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sexuelle
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2
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N°
Poids Longueur
Longueur
dorsale m ante (en gr.) totale
(en mm.)
(en mm.)
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800
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2 900
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2 800
3 400
360
380
390
395
400
420
440
540
-
390
410
430
390
430
440
440
470
415
470
400
480
460
500
470
445
540
415
470
490
470
590
520
510
504
550
480
550
550
520
520
505
580
575
590
530
630
750
780
790
840
750
753
730
740
865
902
810
820
890
859
910
870
960
Sexe
Femelle
Femelle
Femelle
M âle
Femelle
Femelle
Femelle
M âle
M âle
Femelle
M âle
M âle
Femelle
Femelle
Femelle
Mâle
Femelle
Femelle
Femelle
Mâle
M âle
M âle
Femelle
M âle
Femelle
Femelle
Mâle
Mâle
M âle
Femelle
M âle
Femelle
Mâle
M âle
Femelle
Femelle
Femelle
Femelle
Femelle
Femelle
M âle
M âle
M âle
Femelle
Femelle
Femelle
Femelle
Femele
Femelle
Femelle
Femeile
M âle
Femelle
M âle
M âle
Femelle
Mâle
Femelle
M âle
Femelle
Mâle
Mâle
M âle
M aturité
sexuelle
2
4
5
3
5
4
4
Vide
?
5
Vide
Vide
Vide
5
4
5
Oeufs abimés
5
5
Vide
Vide
Vide
5
4
5
4
Vide
5
5
5
3
5
5
Vide
Vide
D
500 oeufs
Pas
Pas
Pas
Pas
Pas
Pas
Pas
Pas
déterm inée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
V ide
5
Pas déterm inée
Pas déterm inée
5
Pas
Pas
Pas
Pas
Pas
déterminée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
déterm inée
5
Vide
Vide
Vide
5
Vide
Vide
5
136
R . C. G a rc ia C a b re ra
La maturité sexuelle donnée de 1 à 5; 1 veut dire
que les glandes commencent à grossir, 2 qu’on les
observe déjà parfaitement, 3 qu’elles se trouvent au
moyen terme de la maturation, 4 qu’elles sont presque
sur le point d’arriver à leur développement maximum
et 5 que la ponte commence a avoir lieu.
Le mot « vide » indique que les oeufs ou sperma­
tozoïdes ont été expulsés de la cavité palléale. Dans ce
cas les glandes se trouvent détendues et molles.
Chez les exemplaires de petite taille, le point d’inter­
rogation indique qu’il n’y a pas d ’indices clairs de
glandes. La séparation des mâles et des femelles est
douteuse puisque le dimorphisme sexuel n ’apparait
pas encore clairement.
Comme on peut l’observer, sur 108 exemplaires 46
sont des mâles et 62 des femelles. En réalité il y a trop
peu d ’échantillons pour pouvoir affirmer une pré­
dominance des femelles sur les mâles, mais tout sem­
ble indiquer qu’il en est ainsi.
Il est facile d ’observer que la maturation sexuelle
Tailles
H a p p o rt
T a ille -P o id s
4 00
300
des exemplaires se réalise d’une façon évidente quand
ils atteignent des tailles de 8 à 10 centimètres (lonqueur du manteau) ce qui correspond à 22-24 centi­
mètres de longueur totale, en comptant la longueur
des deux longs bras.
Comme la croissance est très rapide tout permet de
supposer qu’avant un an de vie dies sont déjà à même
de se reproduire.
Chez un bon nombre d’exemplaires du lot nous ne
donnons pas la maturité pour ne pas les abîmer. C’était
différent pour les poulpes car, pour passer dans les
tunnels de congélation, il fallait leur ôter leurs viscères
et les nettoyer.
Pour les seiches il faut seulement les nettoyer car
elles vont directement au march sans leur avoir ôté
auparavant les viscères.
Presque 70 % des exemplaires avaient leurs glandes
reproductrices sur le point d’arriver à maturité. Beau­
coup venaient de le faire.
Pour établir le rapport entre la longueur du manteau
et le poids, nous avons groupé les exemplaires de deux
en deux centimètres. Il est impossible de les grouper
en tenant compte de la longueur totale à cause de la
constitution spéciale de l’animal dont les longs bras
ont une longueur qui dépend toujours de la force avec
laquelle on tire sur eux, pour les mettre sur l’appareil
de mensuration (Fig. 63).
200
D IS T R IB U T IO N DES T A IL L E S
100
50
500
N
14
^
H istogra m m e de fréquence “
Longueur
2 cm., 1 à 4 cm.
4 cm., 1 à 6 cm.
6 cm., 1 à 8 cm.
8 cm., 1 à 10 cm.
10 cm., 1 à 12 cm.
12 cm., 1 à 14 cm.
14 cm., 1 à 16 cm.
16 cm., 1 à 18 cm.
18 cm., 1 à 20 cm.
20 cm., 1 à 22 cm.
22 cm., 1 à 24 cm.
24 cm., 1 à 26 cm.
26 cm., 1 à 28 cm.
28 cm., 1 à 30 cm.
30 cm., 1 à 32 cm.
32 cm., 1 à 34 cm.
34 cm., 1 à 36 cm.
36 cm., 1 à 38 cm.
38 cm., 1 à 40 cm.
.. .
. ..
.. .
. ..
. . . ----. . . ___
...
...
...
...
.. .
...
. . . ----...
...
...
. . . ___
...
T o ta l ..................................
Tailles
(cm )
Figure 63. R a p p o rt sur la taille et le poids d u Sepia officinalis
hierredda, S ahara (en haut), et histogram m e de fréquence de
tailles d u Sepia officinalis hierredda, S ahara (en bas).
Fréquence:
3
9
12
7
3
14
13
12
10
8
2
2
4
4
2
1
I
0
1
108
Ce repport de fréquences présente le fait curieux de
ce que le nombre d’éxemplaires de 8 à 12 centimètres
est très petit, 10 exemplaires seulement, et justement
de ceux qui sont dans leur première m aturité sexuelle.
A la vue de l’histogramme de fréquences, même en
tenant compte du nombre réduit d’éxemplaires mesu­
Figure 64. Masses tentaculaires d ’après A dam . 1. Sepia officinalis hierredda R a n g . 2. Sepia bertheloti
d ’O r b ig ny .
d ’O r b ig ny . 3. Sepia elegans
4. Sepia orbignyiana F errussac . 5. Sepia elobyana A da m . 6. Sepia officinalis officinalis L i n n é .
rés, il semble imprudent d’affirmer que la seiche se
reproduit toute l’année. De ce dont il n’y a aucun
doute c’est qu’au cours de tout le mois de juillet et
d’août on trouve des exemplaires mûrs en grande
quantité, mais de là a affirmer le reste il y a un abîme.
Q uand les biologistes qui ont étudié les seiches afri­
caines, opinèrent sur la reproduction constante, ils
n’avaient pas tenu compte de ce que les seiches qui
habitent le plateau continental saharien, sont très
semblables dans leur jeune âge. O r les tailles de quel­
ques-unes, comme Sepia elegans, étant plus petites ils,
ont considéré comme mûres des petites tailles d ’autres
espèces.
Effectivement Sepia elegans commence sa maturité
sexuelle à 3 cms. de longueur dorsale. Chez Sepia
orbygnyana la maturité est à 5 ou 6 cms., et chez Sepia
bertheloti un peu plus.
Nous n ’avons pu malheureusement observer qu’un
très petit nombre d’exemplaires et si nous avons une
base pour affirmer ce qui est dit plus haut nous ne
pouvons pas fonder notre avis sur des faits d’une
rigueur scientifique absolue. C’est pourquoi la seconde
étape de cette étude a pour but d’arriver à la con­
naissance de la biologie reproductrice de toutes les
seiches sahariennes.
Si tous les exemplaires recueillis ont été groupés sur
le même graphique taille/poids, nous devons cependant
admettre qu’à chaque chalutage la taille des captures
était assez uniforme; quelquefois nous avons pris
surtout des petits exemplaires, d ’autres fois seulement
des grands ou des moyens. Les populations annuelles
ne sont pas complètement mélangées comme chez le
poulpe; ici, il semble qu’il y ait une prédominance de
tailles dans les différentes zones.
Donc, si rien ne s’oppose à ce que la relation poids/
taille soit d’une grande rigueur biologique, il n’en est
pas de même pour l’histogramme de fréquences. On a
l’impression qu’il y a trois modes d’abondance ou
plutôt quatre. Pouvons nous dire qu’à un an les jeunes
seiches arrivent à peser 200 gr., à deux ans 500 gr. à
trois ans 950 gr., et à quatre ans 3 500 gr.? Il
semble qu’on puisse déduire de l’histogramme de fré­
quence que les seiches, comme leurs proches parents
les poulpes, se reproduisent seulement une fois par an.
138
R . C. G arcia C a b re ra
Il n ’y a aucun doute que les influences des tempéra­
18° C. pour les meilleures captures et de 18° à 19°
tures sur la maturité de la seiche doivent être m ani­ pour les mauvaises.
festes et que la reproduction de l’espèce doit être
Les quantités de seiches pêchées au cours des jours
soumise à l’existence de certaines températures des où nous avons été à bord de 1’« Ile Alegranza » furent
eaux de surface des fonds de pêche.
les suivantes:
La croissance doit être très rapide et la nature du
21 j u i l l e t .......................
635 kg.
fond doit avoir un rapport étroit avec elle. Chez les
22 j u i l l e t .......................
180 kg.
seiches capturées dans les eaux du Médano dans l’île
23
j
u
i
l
l
e
t
.......................
635
kg.
de Tenerife, nous avons observé, qu’ à égalité de taille,
24
j
u
i
l
l
e
t
.......................
280
kg.
les exemplaires qui avaient vécu dans les fonds sablon­
155 kg.
25 j u i l l e t .......................
neux, riches en crustacés et mollusques et couverts de
26
j
u
i
l
l
e
t
.......................
360
kg.
prairies de Zoster a et Posidonia, pesaient davantage.
27
j
u
i
l
l
e
t
.......................
90
kg.
Les pêcheurs insulaires appellant ces prairies sous28 j u i l l e t .......................
70 kg.
marines des « Sebadales ».
29 j u i l l e t .......................
660 kg.
Dans les chalutages de 1’« Ile Alegranza », les cap­
.......................
585
kg.
30
j
u
i
l
l
e
t
tures de seiches augmentaient légèrement quand il y
31 j u i l l e t .......................
1 865 kg.
avait de grandes prairies d ’algues rouges.
Nous devons anticiper maintenant que sur dix
Total . . . . 5 657 kg.
seiches de l’espèce Sepia officinalis hierredda, prises
dans les eaux du Médano, aucune ne conservait alors
La capture totale de seiches de F« Ile Alegranza »
sa cavité palléale avec les oeufs. Elles étaient complète­ pendant la campagne a été de 28 000 kilogrammes.
ment vides. Il est vrai que les conditions ambiantes
La moyenne de pêche par journée pendant les 11
des eaux canariennes sont différentes de celles des jours de notre séjour atteignit 514 kg. L a moyenne par
côtes africaines.
jour de campagne de 1’« Ile Alegranza » fut de 700 kgs.
L’alimentation des seiches est semblable à celle des Les patrons de pêche calculent que la quantité de
poulpes. La seiche de notre étude se capture d’habitude seiches pêchées est de 15 % de la pêche totale de
dans les fonds qui vont de 20 à 60 mètres. Dans les céphalopodes. Les seiches ne souffrent aucune perte
chalutages de 120 mètres on peut capturer aussi des de poids pendant leur préparation puisqu’elles passent
seiches de cette sorte mais ce n’est pas fréquent, puisque au tunnel de congélation sans aucune préparation. On
de toutes les seiches sahariennes c’est celle qui est la les nettoie seulement avec de l’eau salée. On a constaté
plus côtière. De 80 à 120 m il semble que Sepia berthe­ que les pertes de poids à cause de la congélation sont
loti abonde le plus. A des profondeurs supérieures c’est de 15 à lOOgr. pour chaque caisse de 30 kg.
Sepia elegans. La répartition de Sepia orbignyana
n’est pas bien définie mais elle est très abondante.
SEPIA B E R T H E L O T I d ’O r b ig ny , 1838
En février, mars, avril et mai la seiche abonde dans
Sepia bertheloti, F e r u s s a c et d ’O r b i c n y , 1935
les fonds de 10 à 20 brasses. Ce sont les meilleurs mois
Acanthosipion bertheloti, R o c h e b r u n e , 1884
de pêche.
Sepia
rnercatoris, A d a m , W., 1937
Les pêcheurs « soupçonnent » que toutes les seiches
ne sont pas semblables. Celles qu’ils nomment « du
Cette Sepia est très abondante dans toute l’Afrique
dehors » ou « d ’en haut » sant, à égalité de taille, occidentale. On la trouve couramment dans l’archipel
beaucoup plus lourdes que celles « du bas » ou «de canarien et elle arrive jusqu’au Sud du fleuve Congo.
l'intérieur». Effectivement, il semble que Sepia ber­ Dans les eaux d’Abidjan (Côte d ’ivoire) nous les avons
theloti dont le m anteau dorsal a 10 cm. de long, pèse vues et capturées par centaines pendant le mois de
autant qu’un exemplaire de Sepia officinalis hierredda mars de 1965. Cette espèce vit à une plus grande
de 15 cms. de taille.
profondeur que hierredda et officinalis. Si pour la S.
Les seiches, bien plus agiles que les poulpes s’échap­ hierredda nous considérons comme fonds propices
pent avec facilité des poches des filets quand les ceux de 15 à 60 mètres, pour la S. bertheloti ce sont
chaluts sont traînés avec une très grande lenteur.
ceux de 70 à 140 mètres.
Au cours des pêches de 1’« Ile d ’Alegranza » quand
nous nous éloignions de la côte et qu’on chalutait à
30 m., quelques exemplaires apparaissaient déjà. Les
P r o d u c t i o n en p o i d s des s e i c h e s
plus grands exemplaires capturés n ’atteignent pas
Les plus grandes captures de seiches correspondent
175 mm. de longueur de manteau. Les femelles sont
aussi aux plus grandes prises de poulpes.
de plus petite taille, et il semble qu’elles abondent da­
Les eaux du fond étaient à la température de 17° à vantage que les mâles.
Espèces d u genre Sepia
Les bras dorsaux sont les plus longs, viennent
ensuite les ventraux et les plus courts sont les dorsauxlatéraux.
Les masses tentaculaires sont munies de membranes
protectrices peu développées et d’une membrane
natatoire bien développée. Les ventouses sont presque
semblables et sont disposées en séries transversales
obliques de 8; elles ressemblent à celles qui sont situées
dans le même organe de Sepia officinalis officinalis,
mais elles sont moins inégales.
Les deux sexes de cette espèce ont des petites taches
et à l’intérieur se trouvent de petits tubercules. Tout
est à la base des nageoires. Chez les mâles on trouve
les taches sur les tentacules.
Proportionnellement l’os est plus large que chez
S. officinalis hierredda. La partie dorsale est plus
bombée et munie d’une elevation moyenne finement
rugueuse. Les zones chitineuses latérales sont très
larges. La pointe postérieure n’est pas couverte. La
face ventrale de la coquille est peu bombée.
Cette espèce se pêche avec les mêmes engins que les
autres espèces du genre et les pêcheurs la confondent
avec S. officinalis hierredda.
SEPIA ELEG ANS d ’O r b i g n y , 1826
Sepia elegans, F e r u s s a c et d ’O r b i g n y , 1839
Rhumbosipion elegans, R o c h e b r u n e , 1884
Sepia ruppellaire, H o y l e , 1886
Sepia bisserialis, V e r a n y , 1851
Sepia italica, Risso, 1854
Cette espèce s’étend de la Méditerranée jusqu’ à
l’Afrique du Sud. On la trouve presque toujours à des
profondeurs supérieures à 150 m. quoiqu’on la capture
dans des chalutages moins profonds. Elle vit dans des
eaux plus profondes que S. officinalis hierredda et S.
bertheloti. Elle est de plus petite taille que S. berthe­
loti puisqu’un mâle adulte bien développé n’atteint
pas 75 mm. de longueur dorsale de manteau.
Les bras sont carénés extérieurement. Ils ont une
longueur semblable bien que les ventraux soient
légèrement plus grands. De prime abord ils semblent
égaux. La place des ventouses dépend du sexe, chez la
femelle les bras dorsaux et latéraux ont à leur base
cinq paires de ventouses. Les ventraux peuvent avoir
deux, trois et quatre paires. Chez le mâle, les mêmes
bras ont douze paires de ventouses.
139
La masse tentaculaire est tres courte avec un nom­
bre de ventouses qui varie de 75 à 85. Celles qui sont
situées au milieu sont très grandes par rapport aux
autres. Chez la femelle on trouve la membrane buccale
très soudée avec l’ouverture d un receptacle seminal.
La coquille intérieure est très svelte et gracile, d une
légère teinte rose sur sa partie dorsale.
SÉPIA ORBTGNTANA FÉRUSSAC, 1826
Acanthosipion orbignyanum, R o c h e b r u n e , 1884
Sépia d’Orbygniana, D e l l e C h i a j e , 1841
Sépia d’Orbigny, C h u n , 1913
Sépia orbygnyana, A d a m , W., 1951
Cette espèce vit habituellement dans des eaux d une
profondeur qui varie de 150 à 350 mètres. On la cap­
ture d’habitude au cours des pêches profondes de
merlu, près du talus continental.
Ses tentacules sont très faibles. Les bras sont presqu
égaux mais sont plus longs chez le mâle. La masse
tentaculaire est assez petite en comparaison avec les
autres espèces. Les membranes protectrices sont larges
et la natatoire dépasse la longueur de la masse tenta­
culaire. Celle-ci possède environ 90 à 100 ventouses
mais celles du milieu sont de plus grande taille. Elles
sont placées sans symétrie. La coquille est un peu plus
large chez la femelle et orangee sur la partie dorsale.
Elle est légèrement granulée et les bords latéraux
chitineux sont peu développés.
SEPIA ELOBTANA, A dam , 1941
Sepia élobyana, A d a m , W., 1941. Céphalopodes,
page 33. Bruxelles 1952.
Nous n’avons pas pu étudier un exemplaire complet
de cette espèce. Nous avons seulement vu les coquilles
internes dont nous avons fait mention.
L’os est très acuminé dans sa partie antérieure et
arrondi postérieurement. Il a la partie dorsale arrondie
et très régulière, dépourvue de pointe postérieure et
avec une granulation fine et réticulée. L a partie ven­
trale est striée et plate avec un sillon au milieu.
L’exemplaire trouvé dans l’estomac d’une murène
ne permet pas, à cause de son état de décomposition
et de la cassure de la coquille, d’affirmer qu’il s’agit de
cette espèce.
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