Perspectives Economiques – Juillet 2016

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Perspectives Economiques – Juillet 2016
Philippe WAECHTER Directeur de la Recherche Economique
Compte Twitter: @phil_waechter ou http://twitter.com/phil_waechter
Blog: http://philippewaechter.nam.natixis.com
La situation globale
 La croissance de l'économie globale est modérée. Il n'y a toujours pas de zone susceptible de tirer vers
le haut et dans la durée la trajectoire de l'économie globale.
 La préoccupation majeure porte sur le fait que le cycle économique se prolonge sans pour autant
engendrer de tensions nominales. Il n'y a de pressions ni sur les salaires ni sur les prix des biens et des
services. Pour ces derniers, l'indice des prix hors énergie et produits alimentaires augmente de moins
de 1% en zone Euro (0.9%) et d'un peu plus de 1% aux USA (1.6%) et au Royaume Uni (1.2%). Ces
chiffres sont loin de l'objectif de 2% des banques centrales.
 C'est ce puzzle qui forme la trame de l'activité économique globale: peu de croissance et peu d'inflation
et un risque de stagnation séculaire soit une période longue durant laquelle les ressorts de l'économie
changent à un rythme qui n'est pas connu à l'avance. Cela pourrait cependant déboucher à terme sur
une trajectoire de croissance plus robuste liée aux innovations qui, pour l'instant, n'ont pas d'impact
macroéconomique fort. L'incidence n'est que microéconomique et ce n'est pas suffisant pour permettre
une trajectoire de croissance et d'emplois plus élevée.
 L'excès d'épargne et la faible progression de la productivité ne créent pas les conditions du retour vers
une demande solide dans la durée. D'où la nécessité d'une politique budgétaire qui doit profiter des
taux d'intérêt très bas pour alimenter cette demande afin de caler l'activité sur une trajectoire plus
élevée.
La productivité faible ne permet pas de dégager un surplus et pénalise le rendement du capital. Dès
lors pour favoriser et faciliter l'investissement il est nécessaire de disposer de taux d'intérêt plus faibles
afin qu'ils soient cohérent avec le productivité. Si les taux sont trop élevés cela sera pénalisant pour les
dépenses en capital et les gains de productivité dans le futur
 La baisse des taux d'intérêt réels de long terme vient de cet excès d'épargne et de gains de
productivité trop réduits. L'abaissement des taux par les banques centrales ne fait qu'accompagner ce
mouvement ainsi que l'absence d'inflation anticipée. Modifier les taux d'intérêt des banques centrales
trop vite c'est ne plus être en phase avec ces éléments fondamentaux.
 Les banques centrales interviendront de façon coordonnée si le choc associé au Brexit présente des
risques de contagion.
2
Les conséquences du Brexit (1/2)
 Le référendum sur la sortie du Royaume Uni de l'Union
Européenne crée plusieurs niveaux d'incertitudes
 Le premier est financier avec les ajustements très marqués
observés sur la monnaie britannique et sur les taux d'intérêt
de long terme qui ont chuté partout dans le monde (voir
page 14). Cela reflétait à la fois la baisse de valeur de
l'économie britannique à l'issue du référendum en raison
d'un risque élevé de récession dès la fin de l'année 2016.
Cela a traduit aussi l'intérêt pour les investisseurs de se
positionner sur les actifs perçus comme les moins risqués.
 Le deuxième est économique. La sortie du RU modifie les
règles des échanges au sein de l'UE et sera génératrice de
perturbations, aux RU notamment puisque les entreprises
britanniques n'auront plus, a priori, accès au marché unique.
Cela va les pénaliser dans la durée (on échange avec ses
voisins (voir le graphe). L'appartenance à l'UE provoquait un
avantage spécifique dans ce modèle. Il disparaitra avec la
sortie de l'UE). Cela sera aussi négatif pour les
investissements directs au RU puisque les entreprises
internationales n'auront plus nécessairement intérêt à
investir au Royaume Uni (pour leur siège social par exemple)
puisque le marché sera réduit au RU.
Ce facteur risque de s'accentuer si le RU perd le passeport
européen. Cela sera pénalisant pour le secteur bancaire et
financier. Ce pourrait être une source de fragilité du RU dans
la durée puisqu'elle s'accompagnerait aussi d'une perte de
capital humain.
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Les conséquences du Brexit (2/2)
 Sur le plan économique encore, le compte courant
britannique est fortement déficitaire (7% du PIB fin 2015).
C'est très élevé au regard de l'histoire britannique depuis
1950. C'est élevé même par rapport aux chiffres que l'on
connaissait aux USA dans les années 80 et 90.
 Ce compte courant est financé par des flux de capitaux
financiers (achat d'actifs financiers britanniques) et réels
(investissement direct et immobilier).
En cas de sortie du marché unique, le choc d'incertitude sera
long et persistant créant une défiance vis-à-vis du RU. Qui
va alors financer le compte courant britannique? Qui a envie
de prendre ce risque? Les flux entrants vont se réduire.
C'est pour cela que ce déficit extérieur n'est pas soutenable.
Il devra se traduire soit par une dépréciation supplémentaire
de la monnaie soit par l'adoption d'un plan d'austérité afin
de réduire la demande interne et limiter ainsi le déficit
extérieur en pesant sur les importations.
Dans les deux cas le risque est celui d'une récession avec de
l'inflation. La réalité britannique sera ici. C'est pour cela que
la Banque d'Angleterre sera très réactive.
 La baisse du taux de l'impôt sur les sociétés sera un coup
d'épée dans l'eau s'il n'y a pas d'accès au marché unique
 Une incertitude politique sur le calendrier de la négociation
avec l'UE et la notification de l'article 50 même après la
nomination de Theresa May.
 Incertitude politique aussi quant aux conséquences sur le
reste de l'UE en créant un précédent.
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Dynamique globale
 L'activité économique globale évolue sur une note manquant
de vigueur.
 Les indicateurs relatifs à la production industrielle mondiale
et aux échanges mondiaux ne montrent pas d'accélération.
Le premier graphique ainsi que la production industrielle
s'accroit de 1.2% sur un an ce qui est faible au regard des
périodes récentes.
L'évolution au sein des pays développés est de -0.1% en
avril sur un an et celle des pays émergents est de 2.8%.
C'est un chiffre bien inférieur à celui que l'on observait par le
passé.
 Dans les enquêtes, les chiffres se sont redressés en juin
notamment aux USA et en zone Euro.
 Le risque de rupture de l'activité est réduit mais malgré ce
léger rebond on ne perçoit toujours pas de sources robustes
de reprise de l'activité.
 Dans les pays émergents la situation reste fragile un peu
partout même si les pays producteurs de pétrole, la Russie
notamment, sont dans une situation plus confortable avec
un baril de pétrole au voisinage de 50 dollars. Le Brésil reste
dans une situation très difficile.
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Matières Premières et taux d'intérêt
 Le prix du pétrole s'est stabilisé autour de 50 dollars le baril.
Le point bas de février était en dessous de 30 dollars.
 Depuis la situation macroéconomique apparait moins
risquée, la Chine ne sera pas une source de rupture comme
il était craint en début d'année.
Une raison de ce rebond est la plus grande réactivité de
l'offre. Plusieurs pays producteurs ont souhaité limiter l'offre
mais sans succès pour l'instant.
Dans le même temps la production américaine se réduit par
rapport à l'an dernier. A partir des données hebdomadaires
on calcule que la production américaine a reculé de -9.5%
en juin par rapport à juin 2015. C'est significatif. Cela
n'empêche pas les américains d'exporter davantage de
pétrole comme le montrait les données de mai sur le
commerce extérieur. Le chiffre d'exportations y est le pus
élevé. Cela ne gène pas la dynamique du marché mondial.
Cet environnement et la faible croissance suggère que le
chiffre de 50 est un plafond. On pourrait revenir plus bas
vers 40.
 Les taux d'intérêt ont plongé depuis la fin juin avec le risque
associé au Brexit. Cela suggère que l'environnement reste
préoccupant, les investisseurs se ruant sur le marché
obligataire afin de limiter leur risque à court terme
 Dans le même temps les banquiers centraux indiquent qu'ils
resteraient sur une stratégie accommodante pour
longtemps. Face au choc du Brexit ils ont indiqué vouloir agir
de façon coordonnée si cela était nécessaire.
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Dynamique américaine
 L'économie américaine oscille entre deux dynamiques pas
toujours cohérentes.
 La première suggère que l'économie ne suit pas une allure
très robuste. C'est ce que montre le premier graphique.
Le cycle actuel est long mais il suit une trajectoire bien endessous de celles observées depuis la seconde guerre
mondiale.
C'est ce phénomène qui implique l'absence de tensions au
sein de l'économie américaine. Cela reflète pêle-mêle une
insuffisance des gains de productivité, une investissement
peu robuste et surtout un partage de la valeur ajoutée moins
favorable au consommateur que par le passé. Dès lors, en
tendance, la consommation a eu une contribution plus
réduite.
 Dans le même temps, la conjoncture fluctue autour de cette
dynamique longue. Cela se traduit notamment par des
indicateurs d'enquêtes, des chiffres de consommation et
d'emplois qui peuvent être solides. Mais le rythme sousjacent est insuffisant.
Cela s'observe dans le deuxième graphe. Les personnes qui
souhaiteraient travailler davantage sont encore nombreuses.
C'est pour cela que le plein emploi n'est pas atteint malgré
un taux de chômage à 4.9% et qu'il n'y a pas de tensions
excessives sur les salaires.
 La croissance restera modéré un peu en dessous de 2% par
manque de sources d'impulsion pouvant caler l'économie sur
une trajectoire plus élevée.
7
Ajustements en Chine
 L'économie chinoise ne connait pas d'amélioration marquée.
Les données relatives à la consommation et à
l'investissement traduisent une progression limitée.
 Le souci majeur qui est celui de l'endettement des
entreprises (publiques principalement) qui a infléchi la
politique économique. Il était envisagé en début de
printemps de soutenir l'activité par davantage
d'endettement. Cela est cependant apparu trop déséquilibré
avec un effet trop limité sur la croissance.
Cette option n'est plus celle retenue. Cela implique que les
autorités se résignent à voir la croissance ralentir
progressivement. Cela n'a rien de choquant au regard du
stade de développement de l'économie chinoise. Elle
continuera de croitre mais à un rythme plus réduit (effet du
passage de l'économie tournée vers l'industrie à une
économie tournée vers les services)
 Ces perspectives moins rapides et le risque lié à la
réallocation de ressources que cela provoque incitent les
entreprises à diversifier leur risque. Cela se traduit par
d'importantes sorties de capitaux (voir le graphe 1)
 Le point important est que les autorités accompagnent ce
mouvement qui se traduit par une dépréciation de la
monnaie chinoise. Cela permet ainsi d'être aussi un support
de l'activité
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Inquiétudes au Japon
 L'économie japonaise connait une période conjoncturelle
difficile.
 L'activité interne tend à se contracter lorsque l'on regarde la
production industrielle et les enquêtes menées auprès des
chefs d'entreprise. Le Tankan, la grande enquête de la
Banque du Japon, ne suggère pas un rebond imminent de
l'activité.
 La question qui obnubile sur le Japon est de savoir si la
Banque du Japon peut faire davantage pour recaler la
croissance et l'inflation sur une trajectoire plus cohérente
avec les objectifs définis par les Abenomics.
 Le graphique 2 montre la défiance des investisseurs vis à vis
de la politique économique japonaise.. La Banque du Japon
ne peut pas faire davantage; son taux de référence est à 0.1% et les achats d'actifs qu'elle a mis en œuvre se
traduisent par la détention, par la BoJ, d'un tiers du marché
de la dette publique japonaise. Les investisseurs considèrent
qu'elle n'ira pas plus loin et en conséquence, ils viennent sur
le yen provoquant ainsi une appréciation de la monnaie
nippone.
 Cela implique qu'il faut mettre en place une politique
budgétaire plus volontariste pour apporter à l'activité
l'impulsion dont elle aurait besoin. Le gouvernement Abe y
songe. Il a déjà repoussé le moment où il remontera le taux
de la TVA. Il faudra beaucoup plus.
9
Reprise en zone Euro
 Depuis que la demande interne privée est moins contrainte,
la croissance reprend au sein de la zone Euro.
Sur la période allant de 2008 jusqu'au début de l'année
2013, cette demande privée a été conditionnée par le choc
de la crise puis par l'ensemble des politiques restrictives
mises en place. C'est lorsque celles-ci se sont desserrées
que cette demande de consommation et d'investissement a
pu repartir progressivement à la hausse.
 C'est pour cela qu'il faut être très attentif à l'alerte mise par
Bruxelles sur les déficits excessifs au Portugal et en
Espagne. Le retour rapide vers l'équilibre budgétaire ne se
traduira pas par une croissance plus robuste car
l'ajustement se fera d'abord sur les ménages et les
entreprises et donc sur la demande interne privée.
 A court terme, alors que les indices conjoncturelles sont
cohérents avec une croissance voisine de 1.5%, la question
porte sur l'impact de la sortie du Royaume Uni de l'Union
Européenne. Le RU est un client important de tous les pays
de la zone. Donc un changement dans les règles du
commerce avec ce pays aura forcément un impact surtout si
ce pays est en récession comme on doit l'imaginer pour
2017. Si la demande interne privée au sein de la zone Euro
continue d'être robuste, l'impact sera limité puisque l'intérêt
de la dynamique vertueuse de la demande interne privée est
d'amortir les chocs. En outre, plus le RU tardera à notifier
l'article 50 plus les entreprises auront la capacité de
réallouer leurs ressources à l'export vers d'autres
destinations
10
Inflation toujours réduite
 Les taux d'inflation suivent toujours une trajectoire éloignée
des objectifs des banques centrales.
 Celles-ci souhaitent que l'inflation converge vers 2% et ce
n'est clairement pas le cas actuellement.
 Au cours des prochains mois, il y aura une remontée de ces
taux en raison de la stabilisation des prix du pétrole. La
contribution négative du prix de l'énergie va
progressivement s'estomper et le taux d'inflation va
converger vers le taux d'inflation sous-jacent (hors prix de
l'énergie et prix alimentaires).
 Ceci étant, l'absence de tensions fortes et durables,
notamment sur le marché du travail, se traduit par un taux
d'inflation sous jacent qui est au voisinage de 1%, et un peu
en dessous en zone Euro. On restera très éloigné de la cible
des banques centrales.
 Aux USA, le cycle est plus avancé, mais pour autant les
pressions inflationnistes sont toujours réduites. L'indice des
prix sous-jacent ne progresse que de 1.6% en mai. Il
faudrait une accélération plus conséquente des salaires pour
voir l'inflation effectivement s'accélérer. Ce n'est pas encore
le cas même si l'on voit les taux de salaire progressivement
s'accélérer mais cela est pour l'instant insuffisant.
La Fed ne s'alertera que lorsque l'inflation s'accélèrera
effectivement au-delà de la cible de 2%.
11
Anticipations d'inflation limitées
 Les anticipations d'inflation continuent de plonger.
 Sur les marchés financiers les investisseurs ne croient pas à
une accélération rapide des taux d'inflation tant en zone
Euro qu'aux USA. A l'exception de la fin 2008, après le choc
Lehman, les anticipations n'ont jamais été aussi réduites.
 La principale dissonance sur ces anticipations d'inflation
provient du Royaume Uni où les attentes ont été réévaluées
à la hausse après le référendum et la baisse marquée de la
monnaie.
 Ce qui est aussi à souligner est que les anticipations
d'inflation des acteurs de l'économie décrochent aussi vers le
bas.
 On l'observe notamment via l'enquête de l'Université du
Michigan aux USA. L'inflation attendue à 5 ans par les
ménages américains est sortie, par le bas, du corridor qui
était observée depuis 1995.
 Cela engendre potentiellement une dynamique de
négociations salariales qui ne favorise pas les pressions à la
hausse des salaires, ne créant ainsi pas d'illusion nominale
ce qui peut avoir tendance à déprimer la demande des
ménages.
12
Politiques monétaires
 Dans cet environnement de croissance modérée, les
politiques monétaires vont rester très accommodantes.
 Dans un cadre où la politique budgétaire a toujours un rôle
réduit dans le soutien à l'activité il est nécessaire que les
banques centrales maintiennent une politique
accommodante.
 Tant qu'il n'y aura pas de tensions inflationnistes marquées,
les banques centrales n'auront pas d'intérêt à durcir le ton.
Rappelons que la politique monétaire a un impact
asymétrique. Une remontée trop précoce serait pénalisante
pour l'activité alors que le contexte de croissance est peu
dynamique. Une remontée plus tardive fait prendre un
risque sur une inflation un peu plus forte. L'arbitrage doit
s'orienter vers une stratégie plutôt plus tardive que trop
rapide.
 Sur la partie longue des taux d'intérêt, outre la perception
d'un risque plus limité sur cet actif après le référendum sur
le Brexit (chute rapide des taux d'intérêt en fin de période
sur le graphe), il n'y a pas d'anticipations quant à un
changement rapide de la stratégie des autorités monétaires.
 La Banque d'Angleterre va réduire ses taux d'intérêt au
cours de l'été (dès le 14 juillet?) et mettra en œuvre une
politique de quantitative easing afin de peser sur la partie
longue des taux d'intérêt limitant ainsi l'impact économique
du Brexit.
13
La Banque Centrale Européenne
 La Banque Centrale Européenne reste sur la ligne d'une
politique monétaire accommodante dans la durée.
 Elle ne souhaite pas modifier sa stratégie tant qu'elle n'aura
pas observé les effets de celle-ci sur l'activité et l'inflation.
 Cela signifie que le taux d'intérêt à 0% sur le refi est là pour
durer et que le taux de facilités de dépôts à -0.4% va rester
sur ce niveau encore un bon moment.
 Pour changer de trajectoire de taux d'intérêt il faudrait que
la BCE note une amélioration sur la dynamique de
l'économie de la zone Euro. Il faudrait que son taux
d'épargne baisse ce qui se verrait par une réduction dans la
durée de l'excédent courant, une hausse de la productivité
et des anticipations d'inflation plus élevées.
 Cela laisse du temps à la BCE, probablement jusqu'à la fin
de la décennie.
 Dans ce cadre, elle continuera d'acheter des actifs financiers
même si cela commence à poser d'importants problèmes
puisqu'en Allemagne, en Irlande ou encore au Portugal le
stock d'actifs à acheter est devenu trop réduit. Il est
probable qu'une nouvelle clé de répartition sera mise en
œuvre créant ainsi la possibilité de mettre en place
implicitement un marché européen des obligations
souveraines.
14
La Federal Reserve
 L'élément clé de la Federal Reserve est qu'elle ne souhaite
pas intervenir trop rapidement. Elle ne veut pas agir trop tôt
au risque de fragiliser l'activité. Dès lors tant qu'il n'y aura
pas une inflation durablement plus élevée que son objectif
de 2% elle sera réticente à intervenir.
 On observe dans le second graphique la façon dont les
membres du comité de politique monétaire ont modifié
fortement leurs anticipations. Le graphique montre ici le
changement entre les réunions de mars et de juin 2016. Il
montre que la médiane des anticipations en 2017 et 2018 se
déplacent de façon spectaculaire vers la gauche. Un
mouvement d'une ampleur similaire avait déjà été observé
entre les réunions de décembre 2015 (lorsque la Fed avait
remonté son taux de référence) et celle de mars 2016.
 De la sorte, il n'y a plus qu'une hausse attendue en 2016.
 Le plus préoccupant est la baisse de l'anticipation à long
terme du taux des fed funds. Le premier graphe montre que
cette attente était de 4.25% au début de l'année 2012, elle
n'est plus que de 3% lors de la réunion de juin 2016.
 La banque centrale américaine a des ambitions de plus en
plus réduites quant à la performance attendue de l'économie
américaine que ce soit sur la croissance ou sur l'inflation. A
long terme, la Fed nous dit, qu'à une prime de risque prêt,
elle ne réussira pas à satisfaire à la fois son mandat sur la
croissance et celui sur l'inflation: 3% est trop faible pour cela
15
Taux de change
 Après des mouvements importants mais de sens opposé à
partir de la mi-2014, les taux de change effectifs du dollar et
de l'euro se stabilisent.
 Le dollar avait cependant connu une forte appréciation en
début d'année. Cela avait été une source d'inquiétude pour
la Fed, lui laissant ainsi la possibilité de reporter une
éventuelle remontée de ses taux de référence. Elle ne voulait
pas en rajouter.
On notera encore sur la politique monétaire américaine
l'opposition qui existe parfois entre les membres de la
Federal Reserve, organisme central basé à Washington, et
les membres des banques fédérales régionales. Les premiers
prennent davantage en compte l'économie globale et les
contraintes qui s'y attachent que les seconds qui sont
davantage centrés sur leurs contraintes locales.
 Les anticipations de politique monétaire entre la BCE et la
Fed conduisent à un taux de change qui devrait être compris
entre 1.1 et 1.15.
Cela traduit le statu quo des deux côtés de l'Atlantique.
16
Prévisions
USA
Japon
Zone Euro
Royaume Uni
Chine
France
2012
2.2
1.7
-0.8
1.2
7.8
0.6
Fin d'année
Croissance moyenne
2013
2014
2015
2016
1.5
2.4
2.4
1.8
1.4
-0.1
0.6
0.6
-0.2
0.9
1.5
1.6
2.2
2.9
2.2
1
7.5
7.4
6.8
6.4
0.4
0.2
1.2
1.5
2017
1.9
1
1.5
-0.5
6.2
1.3
Politique Monétaire
2012
2013
0-0.25
2014
Inflation Moyenne
2013 2014
2015
1.4
1.4
0.3
0.4
2.7
0.8
1.4
0.4
0.0
2.6
1.5
0.0
2.6
2.0
1.4
0.9
0.5
0.0
2016
1.5
0.3
0.2
0.3
2.2
0.2
2017
1.9
0.8
1.0
1.2
1.8
0.9
Taux d'intérêt de long Terme (10 ans)
Japon
0.1
0.1
0.1
0.1
-0.1
-0.1
0.8
0.7
0.3
0.25
2016
2017
1.3 -1.6 1.3-1.6
-0.3;-0.1 -0.3;-0.1
Zone Euro
0.75
0.25
0.05
0.05
0
0
1.2
1.95
0.5
0.63
-0.2; 0.1 -0.2; 0.1
Royaume Uni
0.5
0.5
0.5
0.5
0
0
1.8
3.1
1.8
1.96
0.3-0.6
USA
0-0.25
2012
1.9
0.0
2.5
2.8
2.6
2.0
2015
2016
2017
0-0.25 0.25-0.5 0.50-0.750.75-1.00
2012
2013
2014
2015
1.7
3
2.2
2.27
0.3-0.6
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