Le staphylocoque doré est une bactérie que
l’on retrouve dans les narines et sur la peau
d’environ 30% de la population sans qu’elles
ne causent de pathologie. Mais il s’agit
aussi une bactérie dite « opportuniste » qui,
si elle réussit à s’introduire ailleurs dans le
corps, peut être responsable d’intoxications
alimentaires, d’infections graves et même
de septicémies. Les infections causées par
le staphylocoque doré sont particulière-
ment redoutables à cause de son impor-
tante virulence et sa capacité à acquérir
facilement des gènes de résistance aux
antibiotiques. Facteur aggravant, elle peut
également former des biolms, une sorte
de barrière qui les protège des attaques du
système immunitaire et des antibiotiques.
Elles forment ainsi un réservoir capable de
libérer à nouveau des bactéries dans
l’organisme dès que le traitement anti -
biotique cesse.
An de mieux comprendre comment lutter
contre les infections causées par les
bactéries opportunistes, et par le staphylo-
coque doré en particulier, le laboratoire de
Patrick Linder étudie les mécanismes de
modication de l’expression des gènes des
bactéries en adaptation à leur environ-
nement. En effet, le génome d’une bactérie,
comme celui de toute cellule, transcrit son
ADN en ARN messager, qui à son tour pro-
duit les protéines nécessaires à son fonc-
tionnement. Si l’environnement change, la
bactérie doit s’adapter pour survivre, et
utilise d’autres protéines correspondant à
ce nouvel environnement. Elle doit donc
exprimer d’autres gènes qui lui permettront
de synthétiser ces protéines. Comprendre
ces mécanismes d’adaptation constitue
donc la première étape pour lutter contre
ces bactéries dangereuses.
Le groupe du pro-
fesseur Linder (équipe
de la Dre Adriana
Renzoni aux HUG et
du Dr William Kelley)
cherche également à
comprendre les méca -
nismes de résistance
aux antibiotiques. Les
infections bactérien -
nes causent en effet des millions de morts
chaque année, mais les traitements
antibio tiques sont de moins en moins effi-
caces, et de plus en plus onéreux à dévelop-
per. Il s’agit donc d’imaginer de nouvelles
stratégies thérapeutiques per met tant de
restaurer la sensibilité des bactéries aux
antibiotiques, ou d’explorer d’autres pistes
pouvant mener à des thérapies anti -
bactériennes efficaces.
Prol du chef de groupe
Patrick Linder obtient
un diplôme de biologie
de l’Université de Bâle
puis un PhD de l’Uni-
versité de Genève.
Après des séjours post-
doctoraux en Suisse et
en France, il est nom -
mé successivement
maître d’enseignement et de recherche,
professeur adjoint et, en 2007, professeur
ordinaire à la Faculté de médecine de
l’UNIGE. Ses travaux de recherche concer-
nent principalement le domaine de la géné-
tique moléculaire. Patrick Linder est aussi à
l’origine de la plateforme BiOutils, qui four-
nit aux écoles genevoises du matériel et des
compétences pour réaliser en classe des
travaux pratiques de biologie et propose
des expériences variées en génétique, bio -
logie moléculaire ou bactériologie.
Références
•Linder P, Lemeille S, Redder P. Tran -
scriptome-Wide Analyses of 5′-Ends in
RNase J Mutants of a Gram-Positive
Pathogen Reveal a Role in RNA Matura-
tion, Regulation and Degradation. PLoS
Genetics 2014;10(2):e1004207.
•Oun S, Redder P, Didier J-P, Francois P,
Corvaglia A-R, Buttazzoni E, Giraud C,
Girard M, et al. The CshA DEAD-box RNA
helicase is important for quorum sensing
control in Staphylococcus aureus. RNA
Biology 2013;10(1):157-65.
•Peter Redder, Stéphane Hausmann,
Vanessa Khemici, Haleh Yasrebi and
Patrick Linder, Bacterial versatility re-
quires DEAD-box RNA helicases FEMS
Microbiology Reviews, doi: 10.1093/fem-
sre/ fuv011
•Caroline Giraud*, Stéphane Hausmann,
Sylvain Lemeille, Julien Prados, Peter Red-
der, Patrick Linder, The C-terminal region
of the RNA helicase CshA is required for
the interaction with the degradosome
and turnover of bulk RNA in the oppor-
tunistic pathogen Staphylococcus au-
reus. RNA Biology, in press
Laboratoire Patrick Linder
Section de médecine fondamentale,
Département de microbiologie et médecine moléculaire
Faculté de médecine, UNIGE
Virulence bactérienne
et résistance aux antibiotiques
Dans la vie de tous les jours, nous sommes entourés d’une multitude
de bactéries qui, pour la plupart, sont importantes pour notre bien-
être. Les bactéries qui nous habitent, dix fois plus nombreuses que
nos propres cellules, nous aident à nous défendre contre des
pathogènes. Les bactéries opportunistes, quant à elles, sont
présentes dans une grande partie de la population sans pour autant
causer de maladies. Mais en cas d’affaiblissement de l’hôte ou si les
bactéries parviennent à coloniser une autre partie du corps, elles
peuvent être la cause de maladies graves. Le laboratoire de Patrick
Linder étudie la plus connue d’entre elles, le staphylocoque doré, ainsi
que ses facteurs de virulence et de résistance aux antibiotiques.
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