Du doute au scepticisme, il n'y a qu'un pas à franchir.
Le doute existentiel :
- Suis-je certain d’exister ? (Le doute procède d’une affirmation de soi et il est paradoxal d’envisager
de douter de sa propre existence pour l’agir.)
- Qui engendre qui de l’Esprit et de la matière ? (Remettre en question nos motivations, leurs logiques
et nos certitudes morales revient à mettre en œuvre un doute radical.)
- La mort est-elle un remède contre l'absurde ? (Le doute fait table rase de toutes les opinions
jusqu’ici reçues pour dire le vrai ; il exclut de lui tout ce qui n’est pas évident ou subjectif.)
Le doute raisonnable :
- Il consiste à comparer des phénomènes ou des pensées jusqu’à faire apparaître des contresens en
présence desquels il est sage de suspendre son jugement en temps ordinaire.
- Le doute dessine une ligne de partage entre ce qui m’est propre et ce qui m'est étranger.
- L’idée de Dieu ou d’Humanité, du point de vue du doute, est une réponse grossière à bon nombre de
questions, le bien, le mal, ne sont que des affirmations péremptoires, mais néanmoins nécessaires.
- Le doute a partie liée avec la logique et la dialectique, qu’il transforme en armes acérées contre les
tenants de tout dogmatisme.
Les limites du doute :
- Le doute instaure un utilitarisme contraire à toute forme de spiritualité ou de perfectionnement moral
et intellectuel.
- L’adversaire constant du doute se cache dans le sens commun : rien n’est meilleur que de posséder
une bonne volonté.
- Le doute fait table rase de toute forme de théorie et, en dernier ressort, se tait devant le mystère de l'existence
qui n'a de sens qu'en sublimant la nature des choses.
- Paradoxalement, il n’existe pas dans la langue commune un bon et un mauvais doute comme il existe une
bonne et une mauvaise foi.
Du doute au scepticisme
- Le terme de scepticisme a fini par désigner aujourd'hui, dans la langue commune, une attitude négative
de la pensée. (Par son étymologie même (skepsis signifiant en grec « examen »), le scepticisme s'interdirait plutôt
toute position tranchée. Nous ne savons qu'une seule chose : que nous ne savons rien.)
- Celui qui doute de tout passe volontiers non pas seulement pour un esprit hésitant ou timoré, ne se prononçant
sur rien, mais pour celui qui, quoi qu'il arrive ou quoi que l'on puisse dire, se réfugie dans le dénigrement.
- Les sceptiques prennent la vie et l'expérience qu'il en ont pour seuls critères de leur conduite. (Ce
qu'en pense autrui n'affecte pas leur jugement.)
- Le scepticisme a ouvert la voie à l'empirisme qui est à l'origine de toute science dite exacte. (Empirisme :
Méthode, procédé de pensée qui ne s'appuie que sur l'expérience.)
- Les religions du livre ont véhiculé du scepticisme l'image d'un nihilisme radical. (Nihilisme : Doctrine
d'après laquelle rien n'existe d'absolu.)
Conclusion
Pour le doute comme pour le scepticisme, les phénomènes sont le critère et la mesure de toutes choses.
Ce qui place la philosophie devant l'alternative suivante : puisque la réalité empirique n'est pas une
réalité en soi saisissable, il faut affirmer ou bien qu'il n'y a pas de science possible à laquelle se réduise la
sensation, ou bien que la science porte sur une réalité intelligible ; et telle est la dernière solution
envisagée par Platon.